HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur la colère

κτίσεως



Texte grec :

[7] Ἔτι γὰρ πρὸς πολλὰ τῶν τῆς ἀρετῆς ἔργων ἐπιτήδειον ἡμῶν τῆς ψυχῆς τὸ θυμοειδὲς, ὅταν, ὥσπερ τις στρατιώτης, παρὰ τῷ στρατηγῷ τὰ ὅπλα θέμενος, ἑτοίμως ἐπὶ τὰ παραγγελλόμενα τὰς βοηθείας παρέχηται, καὶ σύμμαχος ᾖ τῷ λόγῳ κατὰ τῆς ἁμαρτίας. Νεῦρον γάρ ἐστι τῆς ψυχῆς ὁ θυμὸς, τόνον αὐτῇ πρὸς τὴν τῶν καλῶν ἔνστασιν ἐμποιῶν. Εἰ γάρ ποτε λάβοι αὐτὴν ὑφ´ ἡδονῆς ἐκλυθεῖσαν, οἱονεὶ βαφῇ σιδήρου στομώσας, αὐστηρὰν αὐτὴν καὶ ἀνδρείαν ἐκ μαλακῆς ἄγαν καὶ ἀνειμένης ἐποίησεν. Οὐ γὰρ, εἰ μὴ θυμωθείης κατὰ τοῦ πονηροῦ, δυνατόν σοι μισῆσαι αὐτὸν ὅσον ἄξιον. Δεῖ γὰρ, οἶμαι, τὴν ἴσην σπουδὴν ἔχειν περί τε τὴν ἀγάπην τῆς ἀρετῆς καὶ περὶ τὸ μῖσος τῆς ἁμαρτίας. Πρὸς ὅπερ μάλιστα χρήσιμος ὁ θυμός· ἐπειδὰν οἷον κύων ποιμένι, οὕτως ὁ θυμὸς τῷ λογισμῷ παρεπόμενος, πρᾶος μένῃ καὶ χειροήθης τοῖς ὠφελοῦσι, καὶ εὐανάκλητος τῷ λογισμῷ, πρὸς μὲν τὴν ἀλλοτρίαν καὶ φωνὴν καὶ ὄψιν ἐξαγριούμενος, κἂν θεραπείαν ἔχειν δοκῇ, τοῦ δὲ συνήθους αὐτῷ καὶ φίλου ἐμβοήσαντος, ὑποπτήσσων. Αὕτη ἀρίστη ἐστὶ καὶ ἔμμετρος τῷ φρονίμῳ τῆς ψυχῆς μέρει παρὰ τοῦ θυμοειδοῦς ἡ συνεργία. Ὁ γὰρ τοιοῦτος ἀδιάλλακτος ἔσται τοῖς ἐπιβούλοις καὶ ἄσπονδος· μηδέποτε τὴν πρὸς τὸ βλάπτον φιλίαν καταδεχόμενος, ἀλλὰ τὴν ἐπίβουλον ἡδονὴν ὥσπερ τινὰ λύκον ὑλακτῶν ἀεὶ καὶ σπαράσσων. Τοιοῦτον μὲν δὴ τὸ ἀπὸ θυμοῦ ὠφέλιμον τοῖς εἰδόσι μεταχειρίζεσθαι. Ἐπεὶ καὶ τῶν ἄλλων δυνάμεων ἑκάστη παρὰ τὸν τρόπον τῆς χρήσεως ἢ κακὸν ἢ ἀγαθὸν τῷ κεκτημένῳ γίνεται. Οἷον, τῷ ἐπιθυμητικῷ τῆς ψυχῆς ὁ μὲν εἰς ἀπόλαυσιν σαρκὸς καὶ τῶν ἀκαθάρτων ἡδονῶν ἀποχρησάμενος βδελυκτὸς καὶ ἀκόλαστος, ὁ δὲ ἐπὶ τὴν ἀγάπην τοῦ Θεοῦ τρέψας, καὶ τὴν ὄρεξιν τῶν (p. 368) αἰωνίων ἀγαθῶν, ζηλωτὸς καὶ μακάριος. Καὶ πάλιν τὸ λογιστικὸν ὁ μὲν καλῶς μεταχειριζόμενος φρόνιμός ἐστι καὶ συνετός· ὁ δὲ ἐπὶ βλάβῃ τῶν πλησίον ἠκονημένος τὸν νοῦν, κακεντρεχής ἐστι καὶ κακοῦργος. Μὴ δὴ οὖν τὰ πρὸς σωτηρίαν ἡμῖν δεδομένα παρὰ τοῦ κτίσαντος ἀφορμὴν ἑαυτοῖς ἁμαρτίας ποιήσωμεν. Οὕτω δὴ καὶ ὁ θυμὸς, ὅτε δεῖ, καὶ ὡς δεῖ κινούμενος, ἀνδρίαν ποιεῖ καὶ ὑπομονὴν καὶ ἐγκράτειαν· παρὰ δὲ τὸν ὀρθὸν λόγον ἐνεργῶν, μανία γίνεται. Διὰ τοῦτο καὶ ἡμᾶς ὁ Ψαλμὸς νουθετεῖ· Ὀργίζεσθε, καὶ μὴ ἁμαρτάνετε. Καὶ ὁ Κύριος τῷ μὲν ὀργιζομένῳ εἰκῆ τὴν κρίσιν ἐπανατείνεται· τὸ δὲ ἐφ´ ἃ δεῖ κεχρῆσθαι τῇ ὀργῇ, ὡς ἐν φαρμάκου εἴδει οὐ παραιτεῖται. Τὸ γὰρ, Ἔχθραν θήσω ἀνὰ μέσον σου καὶ τοῦ ὄφεως· καὶ τὸ, Ἐχθραίνετε τοῖς Μαδιηναίοις, διδάσκοντός ἐστι κεχρῆσθαι τῷ θυμῷ ὥσπερ ὅπλῳ. Διὰ τοῦτο Μωϋσῆς ὁ πάντων ἀνθρώπων πραότατος, ἐκδικῶν τὴν εἰδωλολατρείαν, τὰς τῶν Λευϊτῶν χεῖρας πρὸς τὸν τῶν ἀδελφῶν φόνον ἐξώπλισε. Θέσθω, φησὶ, τὴν ῥομφαίαν ἕκαστος ἐπὶ τὸν μηρὸν αὐτοῦ, καὶ διέλθετε ἀπὸ πύλης εἰς πύλην, καὶ ἀνακάμψατε διὰ τῆς παρεμβολῆς· καὶ ἀποκτείνατε ἕκαστος τὸν ἀδελφὸν αὐτοῦ, καὶ ἕκαστος τὸν πλησίον αὐτοῦ, καὶ ἕκαστος τὸν ἔγγιστα αὐτοῦ. Καὶ μετ´ ὀλίγα· Καὶ εἶπε, φησὶ, Μωϋσῆς· Ἐπληρώσατε τὰς χεῖρας ὑμῶν σήμερον τῷ Κυρίῳ, ἕκαστος ἐν τῷ υἱῷ αὐτοῦ, καὶ ἐν τῷ ἀδελφῷ αὐτοῦ, δοθῆναι ἐφ´ ὑμᾶς εὐλογίαν. Τί δὲ τὸν Φινεὲς ἐδικαίωσεν; Οὐχ ἡ δικαία ὀργὴ κατὰ τῶν πορνευσάντων; ὃς, τὰ πολλὰ ἐπιεικὴς ὢν καὶ πρᾶος, ἐπειδὴ εἶδε τὴν πορνείαν τοῦ Ζαμβρὶ καὶ τῆς Μαδιανίτιδος ἀναφανδὸν καὶ ἀπηρυθριασμένως γινομένην, οὐδὲ συγκαλυπτόντων αὐτῶν τῆς αἰσχύνης τὴν ἀσχήμονα θέαν, οὐκ ἀνασχόμενος, εἰς δέον ἐχρήσατο τῷ θυμῷ, δι´ ἀμφοῖν ἐλάσας τὸν σειρομάστην. Σαμουὴλ δὲ τὸν Ἀγὰγ τὸν βασιλέα τοῦ Ἀμαλὴκ ὑπὸ τοῦ Σαοὺλ παρὰ τὸ πρόσταγμα τοῦ Θεοῦ περισωθέντα οὐχ ὑπὸ δικαίας ὀργῆς εἰς μέσον ἀγαγὼν κατεφόνευσεν; Οὕτω γίνεται πολλάκις ὁ θυμὸς ἀγαθῶν πράξεων ὑπηρέτης. Ἠλίας δὲ ὁ ζηλωτὴς, πεντήκοντα καὶ τετρακοσίους ἄνδρας ἱερεῖς τῆς αἰσχύνης, καὶ τετρακοσίους ἄνδρας ἱερεῖς τῶν ἀλσῶν, ἐσθίοντας τράπεζαν Ἰεζάβελ, λελογισμένῳ θυμῷ καὶ σώφρονι εἰς ὄφελος παντὸς τοῦ Ἰσραὴλ ἐθανάτωσε. Σὺ δὲ ὀργίζῃ τῷ ἀδελφῷ σου εἰκῆ. Πῶς γὰρ οὐκ εἰκῆ, ἄλλου ἐνεργοῦντος, ἄλλῳ χαλεπαίνων αὐτός; Καὶ ποιεῖς τὸ (p. 369) τῶν κυνῶν· οἳ τοὺς λίθους δάκνουσι, τοῦ βάλλοντος οὐ προσαπτόμενοι. Ὁ ἐνεργούμενος ἐλεεινός· ὁ δὲ ἐνεργῶν μισητός. Ἐκεῖ τὸν θυμὸν μετάθες ἐπὶ τὸν ἀνθρωποκτόνον, τὸν τοῦ ψεύδους πατέρα, τὸν ἐργάτην τῆς ἁμαρτίας· τῷ δὲ ἀδελφῷ καὶ συμπάθησον, ὅτι, ἐὰν ἐπιμείνῃ τῇ ἁμαρτίᾳ, μετὰ τοῦ διαβόλου παραδοθήσεται τῷ αἰωνίῳ πυρί. Ὥσπερ δὲ τὰ ὀνόματα διάφορα θυμοῦ καὶ ὀργῆς, οὕτω καὶ τὰ ὑπ´ αὐτῶν σημαινόμενα πλεῖστον ἀλλήλων διαφέρει. Ἔστι γὰρ θυμὸς μὲν οἷον ἔξαψίς τις καὶ ἀναθυμίασις ὀξεῖα τοῦ πάθους· ὀργὴ δὲ ἔμμονος λύπη καὶ ὁρμὴ διαρκὴς πρὸς τὴν τῶν ἠδικηκότων ἀντίδοσιν, ὥσπερ ὀργώσης τῆς ψυχῆς πρὸς τὴν ἄμυναν. Εἰδέναι οὖν χρὴ, ὅτι κατ´ ἀμφοτέρας τὰς διαθέσεις πλημμελοῦσιν οἱ ἄνθρωποι· ἢ μανικῶς καὶ ἐμπλήκτως κατὰ τῶν παροξυνόντων κινούμενοι, ἢ δολερῶς καὶ ἐπιβούλως τοὺς λυπήσαντας ἐνεδρεύοντες· ἅπερ ἀμφότερα φυλακτέον ἡμῖν.

Traduction française :

[7] Au reste, la vertu irascible nous est fort utile dans la pratique des bonnes oeuvres, lorsque, semblable à un soldat qui marche sous son capitaine, elle est toujours prête à obéir aux ordres qu'on lui donne, et à secourir la raison contre le péché. La colère est comme le ressort de l'âme ; elle lui donne de la force pour entreprendre et soutenir les bonnes actions. Si elle la trouve énervée et amollie par le plaisir, elle la fortifie comme le fer par la trempe; elle la rend ferme et courageuse, de faible et languissante qu'elle était. Si vous n'êtes animé d'indignation contre le vice, vous n'aurez jamais pour lui la haine qu'il mérite ; car on doit le haïr avec la même ardeur qu'on doit chérir la vertu. La colère nous est infiniment avantageuse, lorsque, assujettie à la raison et soumise à sa voix comme le chien du berger, elle est douce et traitable pour ceux qui en tirent service; elle menace, en quelque sorte, des yeux et de la voix tout étranger qui voudrait la flatter, tandis qu'elle est craintive et obéissante pour celle qu'elle connaît et qui est son amie. Tel est l'excellent secours que la partie irascible de l’âme peut procurer à la partie sage et prudente. Elle nous fait déclarer une guerre irréconciliable à tous ceux qui veulent nous nuire, sans nous permettre de lier jamais avec eux aucun commerce. Elle bannit les plaisirs perfides, et les poursuit comme le chien poursuit le loup. Tels sont les avantages que retirent de la colère ceux qui savent en bien user. Il en est de même des autres puissances de l’âme, qui deviennent bonnes ou mauvaises selon l'usage qu'on en fait. Par exemple, si on se sert de la faculté concupiscible pour se plonger dans les plaisirs des sens, on est infâme et abominable ; si on la tourne vers l'amour du Seigneur et le désir des biens éternels, on est aussi heureux qu'admirable. La partie raisonnable elle-même est susceptible de bien ou de mal. Si on en use légitimement, on est prudent et sage ; si on se sert de son esprit pour nuire à ses frères, on est rusé et dangereux. Prenons donc garde que les facultés qui nous ont été données par le Créateur pour notre salut, ne deviennent entre nos mains des instruments de péché. Ainsi la colère, employée quand il faut et comme il faut, produit la patience, la force et la constance ; elle devient fureur et folie, si elle s'éloigne de la droite raison. C'est pour cela que le psalmiste nous donne cet avertissement : Mettez-vous en colère et ne péchez pas (Ps. 4. 5). Le Seigneur qui menace du jugement celui qui se met en colère sans raison (Matth. 5. 22), ne rejette pas la colère dont on use comme d'une arme. Ces paroles: Je mettrai de l'inimitié entre vous et le serpent (Gen. 3. 15); et ces autres: Soyez ennemis des Madianites (Nomb. 25. 17), nous apprennent qu'on peut se servir de la colère comme d'une arme. Aussi Moïse, le plus doux des hommes (Nomb. 12. 3), voulant punir l'idolâtrie, arma-t-il les mains des lévites pour le meurtre de ses frères. Que chacun de vous, dit-il, s'arme d'une épée, qu'il passe au travers du camp d'une porte à l'autre, et qu'il tue son frère, son parent, celui qui lui est le plus proche (Exod. 32. 27 et 29). L'Ecriture ajoute un peu plus bas : Alors Moïse leur dit: Vous avez consacre aujourd'hui vos mains au Seigneur, en les baignant dans le sang de votre fils et de votre frère, afin que vous receviez la bénédiction. Qu'est-ce qui a justifié Phinées ? N'est-ce point sa juste colère contre les fornicateurs ? Doux et humain par caractère, lorsqu'il vit Zambri s'abandonner publiquement à une Madianite, sans rougir de son crime infâme, sans chercher même à le cacher, il ne put souffrir cette impudence, et obéissant à l’impulsion d'une colère légitime, il perça à la fois les cieux coupables (Nomb. 25). Samuel, transporté d'un juste courroux, n'a-t-il pas égorgé, en présence de tout le monde, Agag, roi d'Amalec que Saül avait épargné contre les ordres de Dieu (1. Rois. 15. 33) ? Ainsi la colère est souvent un moyen pour faire de bonnes actions. Le prophète Elie, animé d'un saint zèle, d’une colère sage et réfléchie, a fait tuer, pour l'avantage de tout lsraël, quatre cent cinquante prêtres de Baal ; avec quatre cents hommes qui servaient aux sacrifices sur les hauts-lieux, et qui mangeaient à la table de Jézabel (3. Rois. 18. 19 et suiv.) Pour vous, vous vous mettez en colère sans sujet contre votre frère. Oui, sans sujet, puisque vous vous fâchez sans cesse contre lui, lorsque c'est le démon qui agit par lui. Vous faites comme les chiens qui mordent la pierre qu'on leur jette, sans toucher à celui qui l'a jetée. Celui qui est poussé par le démon est à plaindre; le démon qui le pousse est seul haïssable. Tournez donc votre colère contre ce cruel assassin des hommes, ce père du mensonge, cet auteur du péché : mais ayez pitié de votre frère, parce que, s'il persiste dans sa faute, il sera livré avec le démon aux flammes éternelles. Quoique la colère et l'indignation soient souvent prises l'une pour l'autre, on peut dire qu'elles diffèrent de nom et d'effet. L'indignation est un mouvement de l’âme vif et subit: la colère est une douleur permanente, un transport plus durable, qui nous excite à la vengeance et à rendre le mal qu’on nous a fait. Les hommes pèchent en ces deux manières: ou ils se laissent emporter à une fureur soudaine contre ceux qui les irritent, ou ils emploient l'intrigue et l’artifice pour surprendre ceux qui les ont offensés: il faut éviter l’une et l’autre.





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Dernière mise à jour : 3/04/2009