Texte grec :
[6] Μνήσθητι τοῦ Δεσπότου·
ὅτι Πλούσιος ὢν, ἐπτώχευσε δι´ ἡμᾶς. Ἐὰν ἄφρονά
σε καὶ ἀμαθῆ προσαγορεύσῃ, ὑπομνήσθητι τῶν
Ἰουδαϊκῶν ὕβρεων, αἷς τὴν ἀληθινὴν σοφίαν ἐλοιδορήσαντο·
Σαμαρείτης εἶ, καὶ δαιμόνιον ἔχεις. Ἐὰν
μὲν οὖν ὀργισθῇς, ἐβεβαίωσας τὰ ὀνείδη· τί γὰρ
ὀργῆς ἀφρονέστερον; ἐὰν δὲ μείνῃς ἀόργητος, ᾔσχυνας τὸν ὑβρίσαντα,
ἔργῳ τὴν σωφροσύνην ἐπιδειξάμενος. Ἐῤῥαπίσθης; καὶ γὰρ καὶ ὁ Κύριος. Ἐνεπτύσθης; καὶ γὰρ ὁ Δεσπότης ἡμῶν. Οὐ γὰρ ἀπέστρεψε
τὸ πρόσωπον ἀπὸ αἰσχύνης ἐμπτυσμάτων.
Ἐσυκοφαντήθης; καὶ γὰρ καὶ ὁ κριτής. Περιέῤῥηξάν
σου τὸν χιτωνίσκον; Ἀπέδυσάν μου καὶ τὸν Κύριον,
καὶ διεμερίσαντο τὰ ἱμάτια αὐτοῦ ἑαυτοῖς. Οὔπω κατεκρίθης,
οὔπω ἐσταυρώθης. Πολλά σοι λείπει, ἵνα
φθάσῃς αὐτοῦ πρὸς τὴν μίμησιν.
Τούτων ἕκαστον ὑποτρεχέτω σου τὴν διάνοιαν, καὶ καταστελλέτω
τὴν φλεγμονήν. Αἱ γὰρ
τοιαῦται προπαρασκευαὶ καὶ διαθέσεις, οἷον πηδήματα
τῆς καρδίας καὶ σφυγμοὺς ἀφαιροῦσαι, εἰς
εὐστάθειαν καὶ γαλήνην τοὺς λογισμοὺς ἐπανάγουσι.
Καὶ τοῦτό ἐστιν ἄρα τὸ ὑπὸ τοῦ Δαβὶδ εἰρημένον· ὅτι Ἡτοιμάσθην,
καὶ οὐκ ἐταράχθην. Δεῖ
τοίνυν τὸ μανικὸν καὶ ἔκπληκτον κίνημα τῆς ψυχῆς
καταστέλλειν τῇ μνήμῃ τῶν μακαρίων ἀνδρῶν ὑποδειγμάτων·
πῶς ὁ μέγας Δαβὶδ πράως ἠνείχετο τῆς
παροινίας τοῦ Σεμεεί. Οὐ γὰρ ἐδίδου καιρὸν τῇ ὀργῇ
κινηθῆναι, πρὸς τὸν Θεὸν μεταφέρων τὴν ἔννοιαν·
ὅτι Κύριος εἶπε, φησὶ, τῷ Σεμεεὶ καταρᾶσθαι τὸν
Δαβίδ. Διόπερ ἀκούων αἱμάτων ἀνὴρ, καὶ ἀνὴρ
παράνομος, οὐκ ἐκείνῳ ἐχαλέπαινεν, ἀλλ´ ἑαυτὸν
ἐταπείνου, ὡς κατὰ τὴν ἀξίαν αὐτῷ τῆς ὕβρεως
ἀπαντώσης. Δύο δὴ ταῦτα περίελε σεαυτοῦ,
μήτε σεαυτὸν μεγάλων ἄξιον κρίνῃς, μήτε ἀνθρώπων
τινὰ παρὰ πολὺ ἐλαττοῦσθαί σου κατὰ τὴν ἀξίαν
νομίσῃς. Οὕτω γὰρ οὐδέποτε ὁ θυμὸς ἐν ταῖς ἐπαγομέναις
ἡμῖν ἀτιμίαις ἐπαναστήσεται. Δεινὸν μὲν
τὸν εὐεργετηθέντα, καὶ ταῖς μεγίσταις ὑπόχρεων χάρισι,
πρὸς τῷ ἀχαρίστῳ ἔτι καὶ ὕβρεως καὶ ἀτιμίας
κατάρξαι. Δεινὸν μὲν, ἀλλὰ τῷ ποιοῦντι μεῖζόν ἐστι
κακὸν ἢ τῷ πάσχοντι. Ἐκεῖνος ὑβριζέτω· σὺ δὲ μὴ
ὑβρίζου. Γυμνάσιόν σοι πρὸς φιλοσοφίαν ἔστω τὰ
(p. 365) ῥήματα. Ἐὰν μὴ δηχθῇς, ἄτρωτος εἶ. Ἐὰν δὲ καὶ
πάθῃς τι τὴν ψυχὴν, ἐν σεαυτῷ κάτασχε τὸ λυπηρόν.
Ἐν ἐμοὶ γὰρ, φησὶν, ἐταράχθη ἡ καρδία μου· τουτέστιν,
οὐ διεδόθη πρὸς τὸ ἔξω τὸ πάθος, ἀλλ´ οἷόν
τι κῦμα εἴσω τῶν αἰγιαλῶν κατακλασθὲν ἐστορέσθη.
Καθησύχασόν μοι τὴν καρδίαν ὑλακτοῦσαν καὶ ἀγριαίνουσαν.
Αἰδείσθω τὰ πάθη τοῦ ἐν σοὶ λόγου τὴν ἐπιφάνειαν,
ὥσπερ τὸ ἐν παισὶν ἄτακτον ἀνδρὸς
αἰδεσίμου παρουσίαν. Πῶς ἂν οὖν ἐκφύγοιμεν τὴν ἐκ τοῦ
ὀργίζεσθαι βλάβην; Ἐὰν πείσωμεν τὸν θυμὸν μὴ
προλαμβάνειν τοὺς λογισμοὺς, ἀλλὰ τούτου πρῶτον
ἐπιμελώμεθα, ὡς μηδέποτε αὐτὸν προεκτρέχειν τῆς
διανοίας· ἔχωμεν δὲ ὥσπερ ἵππον ὑπεζευγμένον
ἡμῖν, καὶ οἷον χαλινῷ τινι τῷ λόγῳ καταπειθῆ, μηδαμοῦ
τῆς τάξεως ἐκβαίνοντα τῆς οἰκείας, ἀγόμενον
δὲ ὑπὸ τοῦ λόγου, ἐφ´ ὅπερ ἂν καθηγῆται.
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Traduction française :
[6] Rappelez-vous votre Maître qui étant riche est devenu pauvre a cause de nous
(I. Cor. 8. 9). Vous traite-t-on de fou et d'ignorant ? rappelez-vous les injures dont les
Juifs ont accablé la Sagesse éternelle : Vous êtes un Samaritain, et vous êtes possédé
du démon (Jean. 8. 48). Si vous vous irritez, vous confirmez le reproche, car rien de
plus insensé que la colère : si vous restez tranquille, vous couvrez de
confusion celui qui vous insulte, par la sagesse que vous faites paraître. On vous a
frappé sur la joue; le Seigneur y a été aussi frappé. On vous a couvert de crachats ;
notre Maître en a été aussi couvert: Il n'a pas détourné son visage de ceux qui le
couvraient de crachats (Is. 50. 6). Vous avez été calomnié ; le souverain juge l'a été
aussi. On a déchiré votre vêtement, les Juifs ont dépouillé mon Sauveur et ont
partagé sa tunique. Alors n'avez pas encore été condamné, vous n'avez pas encore
été crucifié. Il vous manque beaucoup de traits pour parvenir à être sa parfaite image.
Que toutes ces réflexions entrent dans votre âme et en guérissent l'enflure. Ces
sentiments dont vous serez pénétré d'avance, calmeront dans l'occasion les saillies de
votre coeur, et le mettront dans une situation tranquille et paisible. C'est là ce que dit
David par ces mots : Je me suis préparé et je n'ai pas été troublé. (Ps. 118. 60). Il
faut donc vous représenter les exemples des Saints, pour vous apprendre à réprimer
la violence des mouvements de votre âme. Avec quelle douceur le grand David
supporta-t-il l'insolence de Seméï ! Sans se laisser emporter à la colère, il prenait cet
affront comme de la main de Dieu : C'est le Seigneur, dit-il, qui a commandé à Seméï
de maudire David (2. Rois. 16. 10). Aussi, lorsqu'il l'appela homme de sang, homme
pervers, il ne se fâcha pas contre lui, mais il s'humilia lui-même comme méritant
l'injure qu'on lui adressait. Bannissez de votre âme deux sentiments; n'ayez pas une
grande idée de vous-même, et ne croyez pas les autres fort au-dessous de vous. Par-là,
votre esprit ne se révoltera jamais lorsqu'on prétendra vous faire un affront. C'est
une chose indigne, lorsqu'on a revu un service de quelqu'un et qu'on lui a les
obligations les plus essentielles, de joindre l'insulte et l’outrage à l'ingratitude. Oui,
cela est indigne ; mais c'est un plus grand mal pour celui qui est l’auteur de l'offense
que pour celui qui en est l’objet. Que votre ennemi vous insulte; mais vous, ne soyez
pas insulté. Que les injures soient pour vous une excellente école oui vous appreniez
la patience. Si vous ne vous piquez pas de ce qu'on vous dit, vous n’avez reçu aucune
blessure. Si vous en ressentez de la peine, renfermez du moins cette peine au-dedans
de vous-même. Mon cœur a été troublé au-dedans de moi (Ps. 142), dit David.
C'est-à-dire j'ai empêché que les mouvements de mon coeur ne parussent au-dehors;
ce sont des flots que j'ai retenus, et à qui je n'ai point permis de se répandre hors du
rivage. Apaisez votre esprit lorsqu'il se soulève et s'irrite. Que vos affections violentes
respectent la présence de votre raison, et rentrent dans l'ordre comme une troupe
d'enfants à la vue d'une personne respectable. Comment donc éviterons-nous les
suites funestes de la colère, ce sera si nous l'empêchons de prévenir la raison; si nous
avons soin de la retenir dès que nous en sentons les premières atteintes; si nous nous
l'assujettissons connue un cheval fougueux, en la rendant docile à la raison comme à
un frein, en ne lui permettant pas de s'écarter des bornes, de s'éloigner du guide qui
la conduit.
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