Texte grec :
[5] Ὅτι παρώξυνε κατάρξας; Καὶ ποίας τοῦτο
συγγνώμης ἄξιον; Οὐδὲ γὰρ ὁ πόρνος, ἐπὶ τὴν ἑταίραν
τὴν αἰτίαν μετατιθεὶς ὡς πρὸς τὴν ἁμαρτίαν
διερεθίσασαν, ἧττον τῆς κατακρίσεως ἀξιοῦται.
Οὔτε στέφανοι χωρὶς ἀνταγωνιστῶν, οὔτε πτώματα
χωρὶς ἀντιπάλων. Ἄκουε τοῦ Δαβὶδ λέγοντος· Ἐν
τῷ συστῆναι τὸν ἁμαρτωλὸν ἐναντίον μου, οὐχὶ
παρωξύνθην, οὐδὲ ἠμυνάμην, ἀλλ´ Ἐκωφώθην καὶ
ἐταπεινώθην, καὶ ἐσίγησα ἐξ ἀγαθῶν. Σὺ δὲ παροξύνῃ μὲν
ὡς ἐπὶ φαύλῃ τῇ λοιδορίᾳ· μιμῇ δὲ πάλιν
ὡς ἀγαθόν. Ἰδοὺ γὰρ ἔπαθες ἃ ἐγκαλεῖς. Ἢ τὸ μὲν
ἀλλότριον κακὸν ἐπιμελῶς καταβλέπεις; τὸ δὲ σεαυτοῦ αἰσχρὸν
οὐδαμοῦ τιθεῖς; Πονηρὸν ἡ ὕβρις;
φεῦγε τὴν μίμησιν. Οὐ γὰρ δὴ τὸ ἕτερον κατάρξαι ἱκανὸν
εἰς παραίτησιν. Δικαιότερον μὲν οὖν, ὡς
ἐμαυτὸν πείθω, καὶ ἐπιτεῖναι τὴν ἀγανάκτησιν,
διότι ὁ μὲν οὐκ εἶχε τὸ σωφρονίζον ὑπόδειγμα· σὺ
δὲ, βλέπων ἀσχημονοῦντα τὸν ὀργιζόμενον, οὐκ ἐφυλάξω
αὐτοῦ τὴν ὁμοίωσιν, ἀλλ´ ἀγανακτεῖς καὶ χαλεπαίνεις καὶ ἀντοργίζῃ·
καὶ γίνεταί σου τὸ πάθος ἀπολογία τοῦ προλαβόντος.
Αὐτοῖς γὰρ οἷς ποιεῖς, κἀκεῖνον αἰτίας ἀφίης, καὶ σεαυτὸν κατακρίνεις.
Εἰ μὲν γὰρ πονηρὸν ὁ θυμὸς, τί οὐκ ἐξέκλινας τὸ κακόν;
εἰ δὲ συγγνώμης ἄξιον, τί χαλεπαίνεις τῷ θυμουμένῳ;
Ὥστε, εἰ δεύτερος ἦλθες πρὸς τὴν ἀντίδοσιν,
οὐδέν σε τοῦτο ὀνήσει. Οὐδὲ γὰρ ἐν τοῖς στεφανίταις
ἀγῶσιν ὁ κατάρξας τῶν παλαισμάτων, ἀλλ´ ὁ ὑπερβαλλόμενος
στεφανοῦται. Καὶ κατακρίνεται
τοίνυν οὐχὶ μόνον ὁ καθηγησάμενος τοῦ δεινοῦ, ἀλλ´
ὁ καὶ πονηρῷ ἡγεμόνι πρὸς τὴν ἁμαρτίαν ἐξακολουθήσας.
Ἐὰν πένητά σε προσείπῃ, εἰ μὲν ἀληθῆ
λέγει, κατάδεξαι τὴν ἀλήθειαν· εἰ δὲ ψεύδεται, τί
πρὸς σὲ τὸ λεγόμενον; Μήτε πρὸς ἐπαίνους χαυνωθῇς
τοὺς ὑπὲρ τὴν ἀλήθειαν· μήτε πρὸς ὕβρεις ἀγριανῇς
τὰς οὐχ ἁπτομένας σου. Οὐχ ὁρᾷς τὰ τοξεύματα, πῶς
τῶν μὲν στεῤῥῶν καὶ ἀντιτύπων πέφυκε διεκπίπτειν,
ἐν δὲ τοῖς ἁπαλοῖς καὶ ὑπείκουσι τὴν ὁρμὴν ὑπεκλύειν;
Τοιοῦτον δή τι νόμιζε εἶναι καὶ τὸ τῆς λοιδορίας.
Ὁ μὲν ἀντιβαίνων εἰς ἑαυτὸν καταδέχεται· ὁ δὲ ἐνδιδοὺς
καὶ ὑπείκων ἐν τῇ ἁπαλότητι τοῦ τρόπου τὴν
ἐπ´ αὐτὸν φερομένην πονηρίαν διέλυσε. Τί δέ σε
ταράσσει ἡ προσηγορία τοῦ πένητος; Μνήσθητι τῆς
φύσεως σεαυτοῦ· ὅτι γυμνὸς εἰς τὸν κόσμον εἰσῆλθες,
γυμνὸς καὶ ἀπελεύσῃ. Τί δὲ γυμνοῦ πενιχρότερον;
Οὐδὲν ἤκουσας δεινὸν, ἐὰν μὴ σεαυτῷ οἰκειώσῃς
(p. 364) τὰ εἰρημένα. Τίς ποτε ἀπήχθη διὰ πενίαν εἰς δεσμωτήριον;
Οὐ τὸ πένεσθαι ἐπονείδιστον, ἀλλὰ τὸ μὴ
φέρειν εὐγενῶς τὴν πενίαν.
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Traduction française :
[5] Direz-vous qu'un autre vous a irrité en commençant? Cette raison est-elle
suffisante ? Le fornicateur qui se rejette sur la courtisane qui l’a excité au crime, n'en
est pas moins condamné au jugement de Dieu. Il n'y a ni couronnes, ni défaites, sans
adversaires. Ecoutez David: Lorsque les pécheurs, dit-il, s'élevaient contre moi, il ne
dit pas, j'ai été irrité, j'ai cherché à me venger ; mais, je me suis tu, je me suis
humilié, je n’ai pas même cherché à me défendre par des raisons solides (Ps. 38. 2).
Vous, vous êtes irrité d'une injure comme si c'était quelque chose de mauvais, et vous
l'imitez comme si c'était quelque chose de bon. Vous tombez dans la faute que vous
ne pouvez souffrir. N'avez-vous donc des yeux que pour voir les excès des autres,
tandis que vous êtes indifférent sur les vôtres propres? L'insolence est un mal ?
gardez-vous de l'imiter. Dire qu'un autre a commencé, cela ne suffit pas, je le répète,
pour votre excuse. Je crois même que vous serez plus inexcusable, parce que l'autre
n'a point eu devant les yeux d'exemple qui pût le rendre sage, tandis que vous, qui
voyez l'état ridicule où la colère met un homme, au lieu d'éviter de lui ressembler,
vous vous fâchez, vous vous indignez, vous vous irritez, vous justifiez par vos
emportements celui qui s'est emporté le premier. Votre conduite le décharge de toute
faute et vous condamne vous-même. Si la colère est un mal, pourquoi ne pas éviter
ce mal ? si elle est pardonnable, pourquoi vous fâcher contre celui qui s'y livre ? Ainsi,
je le répète, dire que vous n'avez pas commencé, que vous n'avez fait que repousser,
cela ne vous servira de rien. Dans les luttes des athlètes, ce n'est pas celui qui a
commencé le combat, mais celui qui a vaincu son antagoniste, qui est couronné. Dans
un sens contraire, ce n'est pas seulement celui qui commence le mal, mais celui
encore qui suit un mauvais guide dans le péché, qui est condamné. Si l'on vous
reproche d'être pauvre et que vous le soyez réellement, ne vous offensez point de la
vérité: si vous êtes riche, le reproche ne vous regarde pas. Ne soyez ni enflé des
fausses louanges qu'on vous donne, ni irrité des fausses injures qu'on vous adresse.
Ne voyez-vous pas que les flèches pénètrent dans les corps fermes et qui résistent,
mais qu'elles perdent toute leur activité dans les corps mous et qui cèdent ? Croyez
qu'il en est de même de l'invective. Celui qui va au-devant en reçoit l'atteinte ; celui
qui cède et se retire détruit toute la force de la méchanceté qui l'attaque avec fureur.
Pourquoi vous chagriner tant d’être traité de pauvre ? Souvenez-vous de votre nature;
songez que vous êtes entré nu dans le inonde, et que vous en sortirez nu (Job. 1. 21).
Or, est-il rien de plus pauvre qu'un homme nu ? L'injure n'est offensante
qu'autant que vous la prenez pour vous seul. Personne n'a été traîné en prison pour
sa pauvreté. Ce n'est pas une chose honteuse que d’être pauvre, mais il est honteux
de ne pas supporter la pauvreté généreusement.
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