HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur le mépris du monde

τι



Texte grec :

[10] Βουλευσώμεθα τοίνυν, ἀγαπητοὶ, περὶ ἑαυτούς τι φιλάνθρωπον, καὶ τὸ τῆς εὐπορίας ἄχθος, εἴπερ ὅλως ἐθέλοιμεν ποιήσασθαι κέρδος ἡμέτερον, πολλοῖς διανείμωμεν, οἳ βαστάσουσί τε αὐτὸ περιχαρῶς, καὶ τοῖς τοῦ Δεσπότου κόλποις, ἀσύλοις ταμείοις, ἐναποκλείσουσιν, Ὅπου σὴς οὐκ ἀφανίζει, οὐδὲ λῃσταὶ διορύττουσιν, οὐδὲ κλέπτουσι. Δῶμεν ἐξουσίαν ὑπερχυθῆναι βουλομένῳ πρὸς τοὺς δεομένους τῷ πλούτῳ. Μὴ παραδράμωμεν τοὺς ἐν ὀφθαλμοῖς ἡμῶν ἔτι καὶ νῦν κειμένους Λαζάρους, μηδὲ τῶν ψιχίων τῆς ἡμετέρας τραπέζης ἀρκούντων αὐτοῖς εἰς κόρον βασκήνωμεν· μηδὲ, τὸν ἀνήμερον ἐκεῖνον ζηλώσαντες πλούσιον, πρὸς τὴν αὐτὴν ἐκείνῳ τῆς γεέννης φλόγα μετέλθωμεν. Ἐπεὶ πολλὰ μὲν τοῦ Ἀβραὰμ δεηθησόμεθα τότε, πολλὰ δὲ ἑκάστου τῶν βεβιωκότων καλῶς· οὐδὲν δὲ ἔσται κέρδος ἡμῖν τῆς βοῆς· Ἀδελφὸς γὰρ οὐ λυτροῦται, λυτρώσεται ἄνθρωπος; Ἐρεῖ δὲ ἕκαστος ἐκείνων ἡμῖν κεκραγώς· Μὴ ζήτει φιλανθρωπίαν, ἢν αὐτὸς ἐφ´ ἑτέρων ἠγνόησας· μηδὲ βούλου λαβεῖν οὕτω μεγάλα σὺ τῶν ἐλαττόνων φεισάμενος. Ἀπόλαυε τούτων ὧν ἐν τῷ βίῳ συνέλεξας. Δάκρυε νῦν, ἐπειδὴ τότε δακρύοντα τὸν ἀδελφὸν ὁρῶν οὐκ ἠλέησας. Ταῦτα ἐροῦσι, καὶ δικαίως, ἡμῖν. Δέδοικα δὲ ἐγὼ, μὴ καὶ πικροτέροις ἡμᾶς τούτων βάλωσι ῥήμασιν, ἐπειδὴ καὶ νικῶμεν ἐκεῖνον, ὡς ἴστε, τῇ πονηρίᾳ τὸν πλούσιον. Οὐδὲ γὰρ φειδόμενοι καθάπαξ πλούτου, τοὺς ἐῤῥιμμένους χαμαὶ παρατρέχομεν ἀδελφοὺς, οὐδὲ τοῖς παισὶν ἢ τοῖς ἄλλοις οἰκείοις τὴν εὐπορίαν φυλάττοντες, ἀποκλείομεν τοῖς δεομένοις τὰς ἀκοάς· ἀλλὰ τὴν δαπάνην μετατιθέντες ἐπὶ τοῖς χείροσι, καὶ τὸ φιλότιμον ἀκόνην πονηρίας ποιούμενοι τοῖς ταύτην ἐπιτηδεύουσι. Πόσαι γὰρ ἢ πόσοι τῶν ἐνίων περιεστήκασι τράπεζαν! οἱ μὲν αἰσχροῖς ῥήμασι τὸν ἑστιάτορα θέλγοντες, οἱ δὲ ἀτόποις βλέμμασί τε καὶ σχήμασι τὸ τῆς ἀκρασίας ἐκκαίοντες πῦρ· οἱ δὲ τοῖς εἰς ἀλλήλους σκώμμασι γέλωτα τῷ κεκληκότι κατασκευάζειν ἐθέλοντες· ἄλλοι δὲ ἐψευσμένοις ἐπαίνοις ἀπατῶντες αὐτόν. Καὶ οὐ τὸ μὲν οὕτως ἑστιαθῆναι λαμπρῶς μόνον κερδαίνουσιν, ἀλλὰ καὶ τὰς χεῖρας πεπληρωμένας πολυτελῶν δώρων κατάγουσι, καὶ μανθάνουσι παρ´ ἡμῶν, ὅτι λυσιτελεῖ μᾶλλον τῶν ἀρετῶν τὰ τοιαῦτα μετιέναι καὶ πράττειν αὐτοῖς. Εἰ δὲ παρασταίη πένης ἡμῖν, (p. 556) μόλις ὑπὸ τοῦ λιμοῦ καὶ φθεγγόμενος, ἀποστρεφόμεθα τὸν ὁμοφυῆ, βδελυττόμεθα, μετὰ σπουδῆς ἀποτρέχομεν, ὥσπερ δεδοικότες μὴ καὶ τῆς δυσπραγίας αὐτῆς ἐκ τοῦ σχολαίτερον βαδίσαι μετάσχωμεν. Καὶ, εἰ μὲν εἰς γῆν νεύσοι, τὴν συμφορὰν αἰσχυνόμενος, ὑποκρίσεως εἶναι λέγομεν ἐργάτην αὐτόν· εἰ δὲ μετὰ παῤῥησίας προσβλέψοι διὰ τὸ βαρὺ τοῦ λιμοῦ κέντρον ἡμᾶς, ἀναιδῆ πάλιν καλοῦμεν καὶ βίαιον. Καὶ, εἰ μὲν τύχοι καλυπτόμενος ὑγιέσιν ἐσθήμασιν δεδωκότος τινὸς, ὡς ἄπληστον ἀπελαύνομεν, καὶ ὀμνύμεθα προσποιεῖσθαι πενίαν αὐτόν· εἰ δὲ σκεπάζοιτο σεσηπόσι ῥακίοις, ὡς ὀδωδότα πάλιν διώκομεν, καὶ οὔτε τὸ τοῦ κτίσαντος ὄνομα ταῖς ἱκετηρίαις ἐκεῖνος ἀναμιγνὺς, οὔτε τὸ μὴ τοιούτοις πάθεσι περιπεσεῖν ἡμᾶς ἐξορκῶν συνεχῶς, δύναται τὴν ἀνελεῆ κάμψαι προαίρεσιν. Διὰ ταῦτα ὑφορῶμαι βαρύτερον τῆς γεέννης τὸ πῦρ ἤπερ ἐκεῖνος ὁ πλούσιος.

Traduction française :

[10] Ayons donc, mes frères, ayons de l'humanité envers nous-mêmes ; et, si nous voulons que nos richesses nous profitent, distribuons-les à beaucoup d'autres qui les porteront avec joie, et qui les déposeront dans le sein du Seigneur, comme dans un asile inviolable, où elles ne seront ni rongées par les vers, ni déterrées et enlevées par les voleurs (Matth. 6. 20). Nos biens voudraient se répandre sur les indigents ; ne les retenons pas, ne dédaignons pas tant de Lazares qui sont encore aujourd'hui sous nos yeux (Luc. 16. 20) ; ne leur envions pas les miettes qui tombent de notre table, et qui suffisent pour les rassasier ; n'imitons pas la cruauté du mauvais riche, de peur que nous ne soyons condamnés comme lui aux flammes éternelles. Nous implorerons alors le secours d'Abraham et de tous les saints, mais ce sera inutilement. Si le frère, dit David ne rachète pas son frère, un simple homme le rachètera-t-il (Ps. 48, 8) ? Ils nous rebuteront tous et nous diront ; Ne vous attendez pas à une bonté que vous n'avez pas eue pour les autres ; ne prétendez pas recevoir des biens immenses, lorsque sons avez refusé des biens modiques. Jouissez de ce que vous avez amassé pendant votre vie. Pleurez maintenant, puisque vous n'avez pas eu compassion de votre frère qui pleurait. Voilà ce qu’ils nous diront, et avec beaucoup de justice : je crains même qu'ils ne nous fassent des reproches encore plus sanglants, puisque nous sommes encore plus coupables que le mauvais riche. Non, ce n'est point pour épargner nos richesses que nous dédaignons nos semblables étendus par terre ; ce n'est point pour les laisser à nos enfants où à nos proches, que nous fermons l'oreille aux prières de l’indigent ; mais nous les consumons en dépenses criminelles, et nous excitons au crime, par une libéralité dangereuse, des personnes qui n’y sont déjà que trop portées d'elles-mêmes. Que d'hommes et de femmes n'entourent pas la table de certains riches, soit pour les amuser par des propos libres, soit pour allumer en eux le feu de l'incontinence par des regards et des gestes indécents ! Les uns se font mutuellement des railleries piquantes, pour provoquer à rire celui qui les a invités ; les autres le trompent par de fausses louanges. Un festin magnifique n'est pas le seul avantage qu'ils en retirent, ils rapportent encore leurs mains pleines de riches présents ; ce qui leur fait dire qu'ils trouvent mieux leur compte à flatter les riches qu'à pratiquer la vertu. Un pauvre se présente-t-il à nous, qui ne peut presque parler tant il est abattu par la faim ; nous en avons horreur, quoiqu'il partage notre nature ; il nous cause du dégoût ; nous passons fort vite, comme si nous appréhendions de participer à sa misère en le voyant trop longtemps. La honte de son état misérable lui fait-elle baisser les veux? nous le traitons d’hypocrite : nous parle-t-il avec liberté, parce que la faim le presse ? nous disons que c'est un effronté, un homme violent : se trouve-t-il vêtu d'un bon habit qu'on lui a donné? nous le rebutons comme s'il était insatiable, et nous lui reprochons de contrefaire le pauvre : ses vêtements sont-ils vieux et en lambeaux ? nous l'éloignons encore à cause de la mauvaise odeur qu'il exhale. C'est en vain qu'il mêle le nom du Créateur dans ses supplications ; c'est en vain qu'il conjure le Ciel de nous épargner de pareilles infortunes, il ne peut fléchir notre âme impitoyable. C'est-là ce qui me fait craindre que nous ne soyons plongés dans des flammes plus dévorantes que le mauvais riche.





Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Site de Philippe Remacle

 
UCL |FLTR |Itinera Electronica |Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Responsable académique : Alain Meurant
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 6/04/2009