Texte grec :
[8] Ὁ μὲν οὖν ἄριστα βουλευόμενος, τῆς ψυχῆς ὅτι
μάλιστα φροντίσει, καὶ τοῦτο διὰ πάντων πειράσεται
σώζειν εἰλικρινές τε καὶ γνήσιον· τῆς σαρκὸς
δὲ ἢ λιμῷ τηκομένης, ἢ κρυμῷ καὶ θάλπει προσπαλαιούσης,
ἢ νόσοις ἀλγυνομένης, ἢ πασχούσης τι
παρά τινων βίαιον, ὀλίγον ποιήσεται τὸν λόγον,
τὸ τοῦ Παύλου φωνῶν ἐφ´ ἑκάστου τῶν δυσχερῶν,
καὶ φθεγγόμενος· Εἰ καὶ ὁ ἔξωθεν ἡμῶν ἄνθρωπος
φθείρεται, ἀλλ´ ὁ ἔσωθεν ἀνακαινοῦται ἡμέραν
καθ´ ἡμέραν. Καὶ οὔτε τοὺς ὑπὲρ τοῦ ζῇν κινδύνους
προϊόντας ὁρῶν, φανήσεται δεδιὼς, ἀλλ´ ἑαυτῷ λέξει
θαῤῥῶν· Οἴδαμεν, ὅτι, ἐὰν ἡ ἐπίγειος ἡμῶν οἰκία
τοῦ σκήνους καταλυθῇ, οἰκοδομὴν ἐκ Θεοῦ ἔχομεν, οἰκίαν ἀχειροποίητον, αἰώνιον ἐν τοῖς οὐρανοῖς. Εἰ δέ τις ἐθέλοι
φείδεσθαι καὶ τοῦ σώματος, ὡς μόνου κτήματος ἀναγκαίου ψυχῇ,
καὶ συνεργοῦντος αὐτῇ πρὸς τὸ ζῇν ἐπὶ
γῆς, μικρὰ πρὸς τὰς τούτου χρείας ἐπιστραφήσεται,
καὶ ὥστε συνέχειν μόνον αὐτὸ, καὶ τῇ τῆς ψυχῆς ὑπηρεσίᾳ
διὰ μετρίας ἐπιμελείας ἐῤῥωμένον τηρεῖν, μὴ μέντοιγε ἐπιτρέπειν
ὑπὸ κόρου σκιρτᾷν. Εἰ δὲ ἴδοι ποτὲ ταῖς τοῦ πλείονος
καὶ πέρα τοῦ λυσιτελοῦντος ἐπιθυμίαις φλεγόμενον,
βοήσει πρὸς αὐτὸ τὸ τοῦ Παύλου νομοθετῶν· Οὐδὲν
(p. 552) εἰσηνέγκαμεν εἰς τὸν κόσμον τοῦτον· δῆλον,
ὅτι οὐδὲ ἐξενεγκεῖν τι δυνάμεθα. Ἔχοντες δὲ
διατροφὰς καὶ σκεπάσματα, τούτοις ἀρκεσθησόμεθα.
Ταῦτα μὲν γὰρ ἐπᾴδων αὐτῷ συνεχῶς καὶ
βοῶν, εὐήνιόν τε αὐτὸ καὶ κοῦφον ἀεὶ πρὸς τὴν οὐράνιον
ὁδοιπορίαν ἐργάσεται, καὶ μᾶλλον εἰς τὰ προκείμενα κτήσεται
συνεργόν· εἰ δὲ ὑβρίζειν αὐτὸ συγχωρήσοι, καὶ πάντων ἐφ´ ἡμέραν ἐμπίπλασθαι, καθάπερ τι θηρίον ἀνήμερον, ὕστερον
ταῖς βιαίοις αὐτοῦ πρὸς γῆν ἀνθολκαῖς συνεπισπασθεὶς,
κείσεται στένων ἀνόνητα. Καὶ πρὸς τὸν Δεσπότην ἀχθεὶς,
καὶ τῆς ἐπὶ γῆς πορείας τῆς ἐνδοθείσης αὐτῷ τὸν
καρπὸν ἀπαιτούμενος, εἶτα οὐκ ἔχων δοῦναι, θρηνήσει μακρὰ, καὶ σκότος οἰκήσει διηνεκὲς, πολλὰ τῇ
τρυφῇ καὶ τῇ ταύτης πλάνῃ μεμφόμενος, ὑφ´ ἧς τὸν
τῆς σωτηρίας ἐσυλήθη καιρόν· οὐδὲν δὲ ἐκ τῶν δακρύων
ἔτι κερδαίνων. Ἐν γὰρ τῷ ᾅδῃ τίς ἐξομολογήσεταί
σοι; φησὶν ὁ Δαβίδ.
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Traduction française :
[8] Celui qui est sage aura le plus grand soin de son âme ; il ne négligera aucun
moyen pour tâcher de la conserver pure et intacte : mais que le corps souffre la faim
ou la soif, le froid ou le chaud ; qu'il soit attaqué de maladie ; que la violence lui fasse
essuyer quelque autre mal, il ne s'en mettra guère en peine ; dans tous les malheurs
qui l'accableront, il prononcera ces paroles de l'Apôtre : Encore que dans nous
l'homme extérieur se détruise, cependant l’homme intérieur se renouvelle de jour en
jour (2. Cor. 4. 16). A la vue des périls qui menaceront sa vie, il ne sera pas effrayé;
mais il dira avec confiance : Nous savons que si cette maison terrestre, où nous
habitons comme en une tente, vient de se dissoudre, Dieu nous donnera dans le ciel
une autre maison, une maison qui ne sera point faite par la main des hommes, et
qui durera éternellement (2. Cor. 5. 1). Que si l'on veut ménager le corps comme la
seule possession nécessaire à l’âme, comme un instrument dont elle a besoin pour
vivre sur la terre, on ne s'occupera de ses besoins qu'autant qu'il faut pour le
conserver, pour qu'il ait la force de servir l'âme ; on ne lui permettra point des excès
qui le rendraient insolent. Si on le voit s'enflammer de désirs immodérés et nuisibles,
on lui adressera ce précepte de saint Paul : Nous n'avons rien apporté dans ce inonde
; il est évident que nous n'en pouvons aussi rien remporter. Pourvu que nous ayons
de quoi nous nourrir et de quoi nous couvrir, nous devons être contents (1. Tim. 6. 7).
En répétant sans cesse ces paroles à notre corps, nous le rendrons plus docile, plus
léger pour le voyage céleste, plus propre à remplir les fonctions convenables. Mais si
nous lui permettons de s'emporter insolemment, si nous le remplissons tous les jours
comme une bête féroce, entraînés avec lui vers la terre comme par un pesant
fardeau, nous resterons étendus, nous gémirons en vain : et lorsque nous paraîtrons
devant le Seigneur ; lorsqu'il nous demandera, sans que nous puissions les lui
présenter, les fruits du voyage qu'il nous aura accordé sur la terre, nous nous
lamenterons, nous habiterons des ténèbres éternelles, accusant les plaisirs qui nous
auront séduits, qui nous auront dérobé le temps du salut. Nos pleurs seront alors
inutiles. Qui est-ce qui confessera votre nom dans les enfers, dit David (Ps.6.6.)?
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