Texte grec :
[15] Οὐκ ἔχων τοίνυν ὅ τι ποιήσει λοιπὸν ὁ πολέμιος,
ἐπὶ τὴν τῆς ἀρχαίας ἐπιβουλῆς
ἔρχεται μνήμην, καὶ τὴν τοῦ γυναίου διάνοιαν ὑποσύρας
εἰς ἀσεβῆ γνώμην καὶ βλάσφημον, δι´
ἐκείνης σαλεύειν ἐπειρᾶτο τὸν ἀθλητήν. Καὶ ἡ μὲν
πρὸς τὸν μακρὸν χρόνον ἀπαγορεύσασα, τῷ
δικαίῳ παρίστατο, κάτω νενευκυῖα, καὶ τὰς χεῖρας
ἐπὶ τοῖς ὁρωμένοις συγκρούουσα, καὶ τοὺς τῆς εὐσεβείας
αὐτῷ καρποὺς ὀνειδίζουσα, καὶ καταλέγουσα
μὲν τὴν παλαιὰν εὐθηνίαν τῶν οἰκείων, ὑποδεικνύουσα
δὲ τὰ παρόντα κακὰ, καὶ οἷον ἐξ οἵων ἔλαχε βίον, καὶ
τίνα τῶν πολλῶν θυσιῶν ἐδέξατο παρὰ τοῦ Δεσπότου
μισθὸν, ἔλεγέ τε ἀεὶ τῆς μὲν τῶν γυναικῶν ὀλιγοψυχίας
(p. 561) ἄξια ῥήματα, ταράξαι δὲ πάντα ἄνδρα δυνάμενα,
καὶ περιτρέψαι καὶ γενναίαν διάνοιαν· πλανῆτις
γὰρ καὶ λάτρις περιέρχομαι, ἡ βασιλὶς δουλεύω,
καὶ πρὸς τὰς τῶν ἐμῶν οἰκετῶν χεῖρας ἠνάγκασμαι
βλέπειν, καὶ τρέφουσα πάλαι πολλοὺς, ἀγαπητῶς ἐκ
τῶν ἀλλοτρίων παρατρέφομαι νῦν· καὶ ὅτι καλὸν εἴη
καὶ χρήσιμον, ἀσεβέσι χρησάμενον ῥήμασιν ἑαυτὸν
τῆς γῆς ἐκτεμεῖν, τὸ τῆς τοῦ κτίσαντος ὀργῆς ἀκονήσαντα ξίφος,
ἢ διακαρτεροῦντα πρὸς τὰ δεινὰ, τὸν
ἐν τοῖς ἀγῶσι μόχθον ἑαυτῷ καὶ τῇ συνοικούσῃ μηκύνειν.
Ὁ δὲ, ἐπὶ τούτοις τοῖς ῥήμασιν ἀχθεσθεὶς, ὡς
ἐπ´ οὐδενὶ τῶν προτέρων κακῶν, καὶ θυμοῦ τὸ βλέμμα
πληρώσας, καὶ πρὸς τὴν γυναῖκα καθάπερ πρὸς
πολεμίαν ἀποστραφεὶς, τί φησιν; Ἵνα τί ὡς μία τῶν
ἀφρόνων γυναικῶν ἐφθέγξω; Κατάθου, φησὶν, ὦ γύναι,
τὴν συμβουλήν. Μέχρι τίνος τὴν κοινὴν ἐν οἷς λέγεις
ὑβρίζεις ζωήν; Ἐψεύσω καὶ τὴν ἐμὴν, ὡς οὐκ ηὐχόμην,
ἀναστροφὴν, διέβαλες ἐν οἷς ἐλάλησας καὶ
τὸν ἐμὸν βίον. Ἐξ ἡμισείας ἠσεβηκέναι νενόμικα
νῦν, ἐπειδήπερ ἓν μὲν σῶμα ἀμφοτέρους ἡμᾶς
ὁ γάμος ἐποίησε, σὺ δὲ εἰς βλασφημίαν κατέπεσες.
Εἰ τὰ ἀγαθὰ ἐδεξάμεθα ἐκ χειρὸς Κυρίου, τὰ κακὰ
οὐχ ὑποίσομεν; Ἀνάμνησον τῶν φθασάντων σεαυτὴν ἀγαθῶν. Ἀντισήκωσον τὰ κρείττω τοῖς χείροσιν.
Οὐδενὸς ἀνθρώπων ὁ βίος διόλου μακάριος. Τὸ διὰ
παντὸς εὖ πράττειν μόνου Θεοῦ· Σὺ δὲ, εἰ τοῖς παροῦσιν
ἀλγεῖς, ἀπὸ τῶν προλαβόντων σαυτὴν παραμύθησαι.
Νῦν δακρύεις, ἀλλ´ ἐγέλασας πρότερον· νῦν
πτωχεύεις, ἀλλ´ ἐπλούτησας πρότερον. Ἔπιες τὸ
διειδὲς νᾶμα τοῦ βίου, καὶ τὸ θολερὸν τοῦτο πίνουσα
καρτέρησον. Οὐδὲ τὰ τῶν ποταμῶν ῥεύματα διόλου
φαίνεται καθαρά. Ποταμὸς δὲ, ὡς οἶσθα, ὁ βίος ἡμῶν,
ῥέων ἐνδελεχῶς καὶ κύμασιν ἀλλεπαλλήλοις πληρούμενος.
Τὸ μὲν γὰρ αὐτοῦ προέῤῥευσεν ἤδη, τὸ
δὲ ἔτι πορεύεται· καὶ τὸ μὲν ἄρτι προέκυψε τῶν
πηγῶν, τὸ δὲ μέλλει· καὶ πρὸς τὴν κοινὴν ἅπαντες
τοῦ θανάτου σπεύδομεν θάλατταν. Εἰ τὰ ἀγαθὰ ἐδεξάμεθα
ἐκ χειρὸς Κυρίου, τὰ κακὰ οὐχ ὑποίσομεν;
Ἀναγκάζομεν τὸν κριτὴν ὅμοια χορηγεῖν πράγματα
δι´ αἰῶνος ἡμῖν; Διδάσκομεν τὸν Δεσπότην, ὅπως χρὴ
διεξάγειν τὸν ἡμέτερον βίον; Αὐτὸς τῶν οἰκείων
ψήφων ἔχει τὴν ἐξουσίαν. Ὅπως βούλεται τάττει
τὰ καθ´ ἡμᾶς. Σοφὸς δέ ἐστι, καὶ τὸ λυσιτελοῦν ἐπιμετρεῖ
τοῖς οἰκέταις. Μὴ περιεργάζου τοῦ Δεσπότου τὴν κρίσιν.
Ἀγάπα μόνον τὰ παρὰ τῆς αὐτοῦ σοφίας οἰκονομούμενα.
Ὅπερ ἂν δῷ σοι, τοῦτο δέχου μεθ´ ἡδονῆς.
Δεῖξον ἐν τοῖς ἀλγεινοῖς, ὡς καὶ τῆς εὐφροσύνης
ἀξία τῆς πρόσθεν ἐτύγχανες. Ταῦτα ὁ Ἰὼβ λέγων,
ἀπεκρούσατο καὶ ταύτην τοῦ διαβόλου τὴν προσβολὴν,
καὶ τελείαν αὐτῷ τῆς ἥττης αἰσχύνην ἐπήγαγε.
|
|
Traduction française :
[15] Le démon ne sachant plus quelles mesures prendre, se rappela son ancien
stratagème: il inspira à la femme de Job des pensées impies ; et la portant à
blasphémer contre Dieu, il se servit d'elle pour essayer d'ébranler un athlète toujours
invincible. Après avoir longtemps balancé, elle se présenta enfin devant son époux, et
se prosternant en terre, se battant les mains à la vue de son état malheureux, elle le
fit souvenir de son ancienne prospérité à laquelle elle opposa ses infortunes présentes
; elle lui fit un tableau des tristes changements qui il avait éprouvés, et lui demanda
quelle récompense il avait reçue du Seigneur pour toutes ses offrandes et ses
sacrifices ; enfin elle lui adressa des discours dignes de la faiblesse d'une femme,
mais qui étaient capables d'émouvoir l'homme le plus généreux, de renverser son
courage. J'erre maintenant, lui disait-elle, comme une vagabonde et comme une
esclave, moi qui me suis vue adorée comme une reine : je dépends du caprice de
mes serviteurs, je suis abandonnée à leurs soins et à leurs libéralités, moi qui étais
assez riche pour nourrir une multitude d'hommes. Il vaudrait mieux, lui disait-elle
encore, t'arracher à la vie en te plaignant amèrement au Seigneur et en irritant son
courroux par tes blasphèmes, que de prolonger par ta patience les peines de tes
combats pour toi et pour ton épouse. Ces paroles aigrirent Job plus que tous les maux
qu'il avait soufferts. Ses yeux se remplirent d'indignation, et se tournant vers sa
femme comme vers une ennemie : Pourquoi, lui dit-il, as-tu parlé en femme insensée ? renonce à me donner de pareils conseils (Job. 2. 10). Jusques à quand
outrageras-tu par tes discours notre union étroite ? tes propos peu mesurés
retombent sur moi et me couvrent de honte. Il me semble que je suis de moitié dans
tes impiétés, parce que le mariage a fait de nous deux un seul corps. Tu es tombée
dans le blasphème: Si nous avons reçu les biens de la main du Seigneur, pourquoi
n'en souffrirons-nous pas les maux (Job. 2. 10)? Souviens-toi de la prospérité dont
tu as joui. Compense le bonheur par le malheur. Est-il un homme dont la vie soit
constamment heureuse ? il n'y a que Dieu dont la félicité soit inaltérable. Si tes
disgrâces présentes t'affligent, console-toi par les avantages qui ont précédé. Tu
pleures maintenant : tu as été auparavant dans la joie ; tu es pauvre : tu as été riche
; tu as puisé le plaisir dans une source claire et limpide : aie le courage de puiser la
peine dans une eau trouble et bourbeuse. Le cours des fleuves n'est pas toujours pur.
Notre vie ressemble à un fleuve qui coule sans interruption, et dont les flots se
pressent mutuellement. Une partie de ces flots est déjà écoulée, l'autre coule encore;
une partie est sortie de la source, l'autre va en sortir; et nous nous précipitons tous
vers une mer commune, vers la mort. Si nous avons reçu les biens de la main du
Seigneur, pourquoi n'en recevrons-nous pas les maux ? Forcerons-nous le souverain
Juge à nous dispenser toujours également le bonheur? lui apprendrons-nous à régler
le cours de notre vie ? Il est le maître de ses volontés, il nous gouverne comme il lui
plaît; infiniment sage, il mesure à ses serviteurs ce qui leur est utile. N'examine point
trop curieusement les jugements de Dieu : soumets-toi aux dispositions de sa
sagesse. Reçois avec joie tout ce qu'il t'envoie. Montre dans les afflictions que tu étais
digne de ta félicité précédente. C'est ainsi que Job repoussa la dernière attaque du
démon, et que, par une nouvelle victoire, il acheva de le couvrir d'opprobre.
|
|