Texte grec :
[5] Τοῦτο γὰρ δήπου γνώριμον οἶμαι καὶ νηπίοις πᾶσιν,
ὡς οὐδὲν τῶν ἐν τῷ βίῳ τερπνῶν, ἐφ´ οἷς οἱ
πλείους μεμήνασιν, ἡμέτερον ὄντως ἐστὶν, ἢ γίνεσθαι
πέφυκεν· ἀλλ´ ὁμοίως ἁπάντων ἀλλότρια φαίνεται, τῶν
τε ἀπολαύειν δοκούντων, τῶν τε οὔτε προσπελαζόντων αὐτοῖς.
Οὐδὲ γὰρ εἰ χρυσόν τινες ἐν τῷ βίῳ
συναγάγοιεν ἄπλετον, ἴδιος αὐτῶν μένει διηνεκῶς·
ἀλλ´ ἢ ζῶντας ἔτι πανταχόθεν αὐτὸν περισφίγγοντας
ἀποδιδράσκει, πρὸς τοὺς δυνατωτέρους μεταῤῥυεὶς,
ἢ πρὸς τῷ θανάτῳ γεγενημένους ἤδη καταλιμπάνει,
καὶ οὐκ ἐθέλει τοῖς κτησαμένοις συνεκδημεῖν. Ἀλλ´
οἱ μὲν ὑπὸ τοῦ πρὸς βίαν χωρίζοντος τὰς ψυχὰς τῆς
ταλαιπώρου ταύτης σαρκὸς ἑλκόμενοι πρὸς τὴν
ἀναγκαῖαν ὁδὸν, πυκνὰ μεταστρεφόμενοι πρὸς τὰ
χρήματα, τοὺς ἐκ νεότητος ἐπ´ αὐτοῖς ἱδρῶτας ἀποδακρύουσιν·
ὁ πλοῦτος δὲ εἰς ἑτέρων χεῖρας ὁρᾷ, μόνον ἐκείνοις τὸν
ἐπὶ τῇ συλλογῇ μόχθον καὶ τὸ τῆς
πλεονεξίας ἔγκλημα προστριψάμενος. Οὔτε εἰ ἐπὶ
γῆς πλέθρα κτήσαιτό τις μυρία, καὶ μεγαλοπρεπεῖς
οἰκίας, καὶ ζώων ἀγέλας παντοδαπῶν, καὶ τὴν ἐν ἀνθρώποις
ἅπασαν περιβάλοιτο δυναστείαν, ἀπολαύει
(p. 548) δι´ αἰῶνος αὐτῶν· ἐπ´ ὀλίγον δὲ ἀπὸ τούτων· ὀνομασθεὶς,
ἄλλοις πάλιν τῆς εὐπορίας ἐκστήσεται, βραχεῖαν
γῆν αὐτὸς ὑποδὺς, πολλάκις δὲ καὶ πρὸ τοῦ τάφου,
καὶ πρὸ τῆς ἐντεῦθεν ἀπαναστάσεως, εἰς ἑτέρους,
καὶ πολεμίους τυχὸν, τὴν εὐπραγίαν ὄψεται
μεταβαίνουσαν. Ἢ οὐκ ἴσμεν ὁπόσοι μὲν ἀγροὶ,
πόσαι δὲ οἰκίαι, πόσα δὲ ἔθνη καὶ πόλεις, καὶ ζώντων
ἔτι τῶν κτησαμένων, ἑτέρων ὀνόματα μετημφιάσαντο
δεσποτῶν; καὶ ὡς οἱ μὲν πάλαι δουλεύοντες ἐπὶ τὸν
τῆς ἀρχῆς θρόνον ἀνέβησαν, οἱ δὲ κύριοι καὶ δεσπόται
καλούμενοι στῆναι μετὰ τῶν ἀρχομένων ἠγάπησαν,
καὶ τοῖς ἑαυτῶν δούλοις ὑπέκυψαν, ὥσπερ ἐν
κύβων περιτροπαῖς, μεταχθέντων ἄφνω τῶν
πραγμάτων αὐτοῖς;
Τά γε μὴν εἰς βρῶσιν ἡμῖν ἐπινενοημένα καὶ
πόσιν, καὶ πάντα, ὅσα πέρα τῆς χρείας ὁ πλοῦτος
ὑβρίζων ἐμηχανήσατο πρὸς θεραπείαν τῆς ἀχαρίστου
καὶ μηδὲν στεγούσης γαστρὸς, πότ´ ἂν ἡμέτερα
γένοιτο, κἂν ἐπαντλῆται διηνεκῶς;
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Traduction française :
[5] Je crois que les moins éclairés savent assez que les objets les plus agréables de
cette vie, les objets que les hommes recherchent avec le plus de fureur, ne sont pas
de nature à être vraiment à nous; qu'ils sont aussi étrangers à ceux qui croient en
jouir, qu'à ceux qui en sont privés absolument. Celui qui a amassé des monceaux d'or
n'en sera pas toujours le maître : il a beau le lier de toutes parts à sa personne, ou il
lui échappe dès cette vie et passe en des mains plus puissantes ; ou du moins, à
l'instant du trépas, il l’abandonne sans vouloir l'accompagner au-delà de ce terme. Le
malheureux dont on sépare malgré lui l’âme du corps, et que l'on contraint de partir
pour un autre monde, jette souvent les yeux vers ses richesses, et déplore les peines
qu'il s'est données pour les amasser; tandis que ces richesses songent à passer entre
d'autres mains, en ne lui laissant que le regret de s'être consumé pour elles en vains
travaux, et de s’être souillé du crime de l'avarice. Quand un homme possèderait de
vastes domaines, des palais magnifiques, de nombreux troupeaux de toutes espèces,
quand il serait environné de toute la puissance humaine, il ne jouira pas éternellement
de ces avantages ; mais après qu'ils lui auront fait quelque temps un nom, il sera
bientôt obligé de céder tout cela à d'autres, et de se contenter pour son partage de
quelques pieds de terre. Souvent même avant le tombeau, avant que de sortir de la
vie, il verra toute sa prospérité passer à des étrangers, à ses ennemis peut-être. Que
de grands héritages, que de palais, que de villes et de nations n'avons-nous pas vu
changer de maîtres du vivant de ceux qui les possédaient ! N'avons-nous pas vu des
esclaves monter sur le trône, et leurs maîtres réduits à être les sujets et les serviteurs
de leur propres esclaves, les choses humaines changeant tout-à-coup de face comme
dans les jeux de hasard ? Quant à ce que nous avons imaginé pour le boire et le
manger, quant à tous ces raffinements qu'un faste insolent a inventés pour satisfaire
un ventre ingrat, qui ne garde rien de ce qu'on lui confie ; quand nous serions occupés
sans cesse à le remplir, ce que nous lui donnons serait-il à nous ?
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