[1] Οὔπω εἶχον τρίτην ἢ τετάρτην ἡμέραν πληγεὶς ἐπὶ τῇ
ἀκοῇ τοῦ ἀφορήτου πάθους, καὶ ἔτι ἀμφίβολος ὤν, διὰ τὸ
μηδὲ σαφῶς δυνηθῆναι ἡμῖν τὸν μηνυτὴν τῶν ἀνιαρῶν τὸ
συμβὰν διηγήσασθαι καὶ τὸ ἀπεύχεσθαι ἀληθῆ εἶναι,
δυσπαραδέκτως ἔχων πρὸς τὰ θρυλούμενα, ἐδεξάμην
γράμμα τοῦ ἐπισκόπου ἀκριβῶς σημαῖνον τὴν ἀπευκτὴν
ἀγγελίαν. Ἐφ´ ᾧ ὅσον μὲν ἐστέναξα καὶ ὅσον ἀφῆκα
δάκρυον τί χρὴ καὶ λέγειν; Καὶ γὰρ τίς οὕτω λίθινος
τὴν καρδίαν, ἢ ἔξω παντελῶς τῆς ἀνθρωπίνης φύσεως,
ὥστε ἀπαθῶς ἐνεγκεῖν τὸ συμβάν, ἢ μετρίῳ πάθει τὴν
ψυχὴν καταληφθῆναι; Οἴκου λαμπροῦ διαδοχή, ἔρεισμα
γένους, πατρίδος ἐλπίς, γονέων εὐσεβῶν βλάστημα ὑπὸ
μυρίαις εὐχαῖς ἐντραφέν, ἐν αὐτῷ τῷ ἄνθει τῆς ἡλικίας
ὤν, ἐκ μέσου τῶν πατρικῶν χειρῶν ἀναρπασθεὶς οἴχεται.
Ταῦτα ποίαν ἀδάμαντος φύσιν οὐχ ἱκανὰ ἐκλῦσαι καὶ εἰς
συμπάθειαν ἀγαγεῖν; Ὥστε οὐδὲν μέγα, εἰ καὶ ἡμῶν διὰ
βάθους ἥψατο τὸ κακόν, ὁλοκλήρως ἐξ ἀρχῆς προσπεφυκότων
ὑμῖν καὶ τάς τε εὐφροσύνας ὑμῶν καὶ τὰς λύπας
ἰδίας ἑαυτῶν ποιουμένων. Καίτοιγε ἐδόκει τὰ μέχρι τοῦ
παρόντος χρόνου ὀλίγα θεῖναι τὰ λυποῦντα ὑμᾶς, ἐν τοῖς
πλείστοις δὲ κατὰ ῥοῦν ὑμῖν τὰ πράγματα φέρεσθαι· ἀλλ´
ἀθρόως, βασκανίᾳ δαίμονος, πᾶσα τοῦ οἴκου ἐκείνου ἡ
εὐθηνία καὶ ἡ φαιδρότης ἠφάνισται, καὶ ἐγενόμεθα
τῷ βίῳ διήγημα σκυθρωπόν. Ἐὰν μὲν οὖν ποτνιᾶσθαι
ἐπὶ τοῖς συμβᾶσι καὶ δακρύειν βουλώμεθα, οὐκ ἐξαρκέσει
ἡμῖν ὁ χρόνος τοῦ βίου, πάντες δὲ ἄνθρωποι, μεθ´ ἡμῶν
στένοντες, παρισῶσαι τῷ πάθει τὸν ὀδυρμὸν οὐ δυνήσονται·
ἀλλὰ κἂν τὸ τῶν ποταμῶν ῥεῦμα δάκρυον γένηται,
ἐκπληρῶσαι τῶν συμβάντων τὸν θρῆνον οὐκ ἐξαρκέσει.
| [1] A peine s’était-il écoulé trois ou quatre jours depuis que la nouvelle de l'accident
le plus fâcheux m’avait alarmé, je ne pouvais me résoudre à la croire, parce que celui
qui l'apportait ne disait rien de positif, et parce que d'ailleurs je désirais qu'elle fût
fausse : j'ai reçu la lettre d'un évêque qui ne m'a que trop confirmé la vérité d'une
nouvelle aussi affligeante. Est-il besoin de vous dire combien j'ai poussé de
gémissements, combien j'ai versé de larmes? Pourrait-on avoir un cœur assez dur,
assez étranger à la nature humaine, pour être insensible à un événement pareil, ou
pour n'en ressentir qu'une douleur médiocre? L'héritier d'une maison illustre, l'appui
de sa famille, l'espérance de la patrie, le sang de parents si vertueux, l'objet de tous
leurs vœux et de tous leurs soins, a donc été arraché de leurs bras dans la fleur de
son âge ! Un accident aussi déplorable pourrait émouvoir un cœur d'airain et l'exciter
à la compassion ; faut-il s'étonner qu'il m'ait touché si vivement, moi qui vous fus
toujours si dévoué, et qui partageai toujours vos sujets de joie et de tristesse?
Jusqu'alors vous n'aviez éprouvé que des afflictions légères, et tout paraissait
s'arranger selon vos désirs : voilà que tout-à-coup, par la malice du démon, tout le
bonheur de votre maison s'est éclipsé, toute la satisfaction de vos âmes s'est
évanouie, et vous êtes devenus un triste exemple des misères humaines. Toute notre
vie ne pourrait suffire à déplorer ce malheur comme il le mérite. Quand tous les
hommes joindraient leurs gémissements aux nôtres, leurs plaintes ne pourraient
égaler l'étendue d'une pareille disgrâce. Quand l’eau des fleuves se convertirait en
pleurs, ce ne serait pas encore assez pleurer une perte aussi désolante.
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