HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Discours aux jeunes sur l'utilité qu'ils peuvent retirer de la lecture des livres profanes

Chapitre 10

  Chapitre 10

[10] Ἀλλὰ ταῦτα μέν που κἀν τοῖς ἡμετέροις λόγοις τελειότερον μαθησόμεθα· ὅσον δὲ σκιαγραφίαν τινὰ τῆς ἀρετῆς, τό γε νῦν εἶναι, ἐκ τῶν ἔξωθεν παιδευμάτων περιγραψώμεθα. Τοῖς γὰρ ἐπιμελῶς ἐξ ἑκάστου τὴν ὠφέλειαν ἀθροίζουσιν, ὥσπερ τοῖς μεγάλοις τῶν ποταμῶν, πολλαὶ γίνεσθαι πολλαχόθεν αἱ προσθῆκαι πεφύκασι. Τὸ γὰρ καὶ σμικρὸν ἐπὶ σμικρῷ κατατίθεσθαι, οὐ μᾶλλον εἰς ἀργυρίου προσθήκην καὶ εἰς ἡντιναοῦν ἐπιστήμην, ὀρθῶς ἔχειν ἡγεῖσθαι τῷ ποιητῇ προσῆκεν. μὲν οὖν Βίας τῷ υἱεῖ, πρὸς Αἰγυπτίους ἀπαίροντι, καὶ πυνθανομένῳ τί ἂν ποιῶν αὐτῷ μάλιστα κεχαρισμένα πράττοι· «Ἐφόδιον, ἔφη, πρὸς γῆρας κτησάμενος», τὴν ἀρετὴν δὴ τὸ ἐφόδιον λέγων, μικροῖς ὅροις αὐτὴν περιγράφων, ὅς γε ἀνθρωπίνῳ βίῳ τὴν ἀπ´ αὐτῆς ὠφέλειαν ὡρίζετο. Ἐγὼ δὲ κἂν τὸ Τιθωνοῦ τις γῆρας, κἂν τὸ Ἀργανθωνίου λέγῃ, κἂν τὸ τοῦ μακροβιωτάτου παρ´ ἡμῖν Μαθουσάλα, ὃς χίλια ἔτη τριάκοντα δεόντων βιῶναι λέγεται, κἂν σύμπαντα τὸν ἀφ´ οὗ γεγόνασιν ἄνθρωποι χρόνον ἀναμετρῇ, ὡς ἐπὶ παίδων διανοίας γελάσομαι, εἰς τὸν μακρὸν ἀποσκοπῶν καὶ ἀγήρω αἰῶνα, οὗ πέρας οὐδὲν ἔστι τῇ ἐπινοίᾳ λαβεῖν, οὐ μᾶλλόν γε τελευτὴν ὑποθέσθαι τῆς ἀθανάτου ψυχῆς. Πρὸς ὅνπερ κτᾶσθαι παραινέσαιμ´ ἂν τὰ ἐφόδια, πάντα λίθον, κατὰ τὴν παροιμίαν, κινοῦντας, ὅθεν ἂν μέλλῃ τις ὑμῖν ἐπ´ αὐτὸν ὠφέλεια γενήσεσθαι. Μηδ´ ὅτι χαλεπὰ ταῦτα καὶ πόνου δεόμενα, διὰ τοῦτ´ ἀποκνήσωμεν· ἀλλ´ ἀναμνησθέντας τοῦ παραινέσαντος, ὅτι δέοι βίον μὲν ἄριστον αὐτὸν ἕκαστον προαιρεῖσθαι, ἡδὺν δὲ προσδοκᾶν τῇ συνηθείᾳ γενήσεσθαι, ἐγχειρεῖν τοῖς βελτίστοις. Αἰσχρὸν γὰρ τὸν παρόντα καιρὸν προεμένους ὕστερόν ποτ´ ἀνακαλεῖσθαι τὸ παρελθόν, ὅτε οὐδὲν ἔσται πλέον ἀνιωμένοις. Ἐγὼ μὲν οὖν κράτιστα εἶναι κρίνω, τὰ μὲν νῦν εἴρηκα, τὰ δὲ παρὰ πάντα τὸν βίον ὑμῖν συμβουλεύσω· ὑμεῖς δέ, τριῶν ἀρρωστημάτων, μὴ τῷ ἀνιάτῳ προσεοικέναι δόξητε, μηδὲ τὴν τῆς γνώμης νόσον παραπλησίαν τῇ τῶν εἰς τὰ σώματα δυστυχησάντων δείξητε. Οἱ μὲν γὰρ τὰ μικρὰ τῶν παθῶν κάμνοντες, αὐτοὶ παρὰ τοὺς ἰατροὺς ἔρχονται· οἱ δὲ ὑπὸ μειζόνων καταληφθέντες ἀρρωστημάτων, ἐφ´ ἑαυτοὺς καλοῦσι τοὺς θεραπεύσοντας· οἱ δὲ εἰς ἀνήκεστον παντελῶς μελαγχολίας παρενεχθέντες, οὐδὲ προσιόντας προσίενται. μὴ πάθητε νῦν ὑμεῖς τοὺς ὀρθῶς ἔχοντας τῶν λογισμῶν ἀποφεύγοντες. [10] Tout ce que je viens de dire, nous l'apprendrons plus parfaitement dans nos livres ; mais aidons-nous des instructions profanes pour tracer au moins une première ébauche de vertu. Ceux qui rassemblent de tous côtés ce qui peut leur être utile, sont comme les fleuves qui se grossissent des ruisseaux qu'ils recueillent de toutes parts dans leur course. Suivant Hésiode, les sciences s'acquièrent peu à peu, comme les trésors s'accumulent en réunissant plusieurs sommes modiques. Bias répondit à son fils qui partait pour l'Egypte, et qui lui demandait ce qu'il devait faire pour lui plaire davantage : Vous me plairez, lui dit-il, si vous amassez des provisions pour la vieillesse. Par ces provisions, il entendait la vertu qu'il resserrait dans des limites fort étroites, en bornant son utilité à la vie humaine. Pour moi, quand on compterait les années de Tithon ou d'Arganthonius, qu'on y joindrait celles de Mathusalem (Gen. 5. 27.), qui a vécu près de mille ans ; quand on rassemblerait tous les âges des hommes depuis qu'il en existe, je me rirais de tout cela comme d'une idée d'enfant, en le comparant à la vie future, dont il n'est pas plus possible d'imaginer le terme, que de supposer la fin de l’âme qui est immortelle. Je vous exhorte à faire des provisions pour le grand voyage, et à ne rien négliger de ce qui vous fera parvenir plus aisément a votre patrie véritable. Si le chemin offre des difficultés et des fatigues, ne perdons pas courage ; mais rappelons-nous celui qui nous engage à choisir le meilleur plan de vie, et à croire que l'habitude nous adoucira toutes les peines. Il est honteux de perdre le présent pour avoir à regretter le passé, lorsque tous les regrets seront superflus. Je viens de vous dire les vérités dont j'ai cru que vous retireriez le plus de fruit, et je ne cesserai jamais de vous donner les meilleurs conseils. Il est trois sortes de malades ; prenez garde de ressembler aux plus incurables, et que les infirmités de vos aînés ne se rapprochent de celles de leurs corps. Ceux qui ne sont que médiocrement malades vont trouver eux-mêmes le médecin ; d'autres, dont les maladies sont plus graves, le font venir dans leur maison ; mais ceux qui sont attaqués d'une mélancolie noire qu'il est impossible de guérir, ne peuvent souffrir le médecin qui vient les visiter. Craignez d'être aussi à plaindre qu'eux, si vous rebutez les esprits les plus sages.


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Dernière mise à jour : 2/04/2009