HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Sur le jeûne

μερίδα



Texte grec :

[9] Νηστεία προσευχὴν εἰς οὐρανὸν ἀναπέμπει, οἱονεὶ πτερὸν αὐτῇ γινομένη πρὸς τὴν ἄνω πορείαν. Νηστεία οἴκων αὔξησις, ὑγείας μήτηρ, νεότητος παιδαγωγὸς, κόσμος πρεσβύταις, ἀγαθὴ συνέμπορος ὁδοιπόροις, ἀσφαλὴς ὁμόσκηνος τοῖς συνοίκοις. Οὐχ ὑποπτεύει γάμων ἐπιβουλὴν ὁ ἀνὴρ, νηστείαις ὁρῶν τὴν γυναῖκα συζῶσαν. Οὐ τήκεται ζηλοτυπίαις γυνὴ, τὸν ἄνδρα βλέπουσα νηστείαν καταδεχόμενον. Τίς τὸν ἑαυτοῦ οἶκον ἠλάττωσεν ἐν νηστείᾳ; Ἀρίθμησον (p. 176) σήμερον τὰ ἔνδον, καὶ ἀρίθμησον μετὰ ταῦτα· οὐδὲν διὰ τὴν νηστείαν λείψει τῶν ἐν τῷ οἴκῳ. Οὐδὲν ζῶον ὀδύρεται θάνατον, οὐδαμοῦ αἷμα, οὐδαμοῦ ἀπόφασις παρὰ τῆς ἀπαραιτήτου γαστρὸς ἐκφερομένη κατὰ τῶν ζώων. Πέπαυται μαγείρων ἡ μάχαιρα· ἡ τράπεζα ἀρκεῖται τοῖς αὐτομάτοις. Τὸ Σάββατον ἐδόθη τοῖς Ἰουδαίοις, ἵνα ἀναπαύσηται, φησὶ, τὸ ὑποζύγιόν σου καὶ ὁ παῖς σου. Γινέσθω ἡ νηστεία ἀνάπαυσις ἐκ τῶν συνεχῶν πόνων τοῖς διὰ τοῦ ἐνιαυτοῦ παντὸς ὑπηρετοῦσιν οἰκέταις. Ἀνάπαυσόν σου τὸν μάγειρον, δὸς ἄδειαν τῷ τραπεζοποιῷ· στῆσον τὴν χεῖρα τῷ οἰνοχόῳ· παυσάσθω ποτὲ καὶ ὁ τὰς ποικιλίας τῶν πεμμάτων ἐπιτηδεύων. Ἡσυχασάτω ποτὲ καὶ ὁ οἶκος ἀπὸ τῶν μυρίων θορύβων, καὶ τοῦ καπνοῦ, καὶ τῆς κνίσσης, καὶ τῶν ἄνω καὶ κάτω διατρεχόντων, καὶ οἱονεὶ ἀπαραιτήτῳ δεσποίνῃ τῇ γαστρὶ λειτουργούντων. Πάντως ποτὲ καὶ οἱ φορολόγοι τοῖς ὑποχειρίοις ἐλευθεριάσαι μικρὸν ἐπιτρέπουσι. Δότω τινὰ ἐκεχειρίαν καὶ ἡ γαστὴρ τῷ στόματι, σπεισάσθω ἡμῖν πενθημέρους σπονδὰς, ἡ ἀεὶ ἀπαιτοῦσα καὶ οὐδέποτε λήγουσα, ἡ λαμβάνουσα σήμερον καὶ αὔριον ἐπιλανθανομένη. Ὅταν ἐμπλησθῇ, περὶ ἐγκρατείας φιλοσοφεῖ· ὅταν διαπνευσθῇ, ἐπιλανθάνεται τῶν δογμάτων. Νηστεία δανείου φύσιν οὐκ οἶδεν· οὐκ ὄζει τόκων τράπεζα τοῦ νηστεύοντος· οὐκ ἄγχουσιν ὀρφανὸν νηστευτοῦ παῖδα τόκοι πατρῷοι, ὥσπερ ὄφεις περιπλεκόμενοι. Καὶ ἄλλως δὲ ἀφορμὴ εἰς εὐφροσύνην ἐστὶ τὸ νηστεύειν. Ὡς γὰρ ἡ δίψα ἡδὺ τὸ ποτὸν εὐτρεπίζει, καὶ λιμὸς ἡγησάμενος ἡδεῖαν παρασκευάζει τὴν τράπεζαν· οὕτω καὶ τὴν τῶν βρωμάτων ἀπόλαυσιν νηστεία φαιδρύνει. Μέσην γὰρ ἑαυτὴν παρενθεῖσα, καὶ τὸ συνεχὲς τῆς τρυφῆς διακόψασα, ποθεινήν σοι τὴν μετάληψιν φανῆναι ποιήσει ὥσπερ ἀπόδημον. Ὥστε, εἰ βούλει σεαυτῷ ἐπιθυμητὴν κατασκευάσαι τὴν τράπεζαν, δέξαι τὴν ἐκ τῆς νηστείας μεταβολήν. Σὺ δὲ, ὑπὸ τοῦ σφόδρα τῆς τρυφῆς περιέχεσθαι, λέληθας σεαυτῷ ἀμαυρῶν τὴν τρυφὴν, καὶ ὑπὸ φιληδονίας τὴν ἡδονὴν ἀφανίζων. Οὐδὲν γὰρ οὕτως ἐπιθυμητὸν, ὡς μὴ τῇ συνεχείᾳ τῆς ἀπολαύσεως εὐκαταφρόνητον γίνεσθαι. Ὧν δὲ σπανία ἡ κτῆσις, τούτων περισπούδαστος ἡ ἀπόλαυσις. Οὕτω καὶ ὁ κτίσας ἡμᾶς, διὰ τῆς κατὰ τὸν βίον ἐναλλαγῆς παραμένειν ἡμῖν τὴν χάριν τῶν δεδομένων ἐμηχανήσατο. Οὐχ ὁρᾷς, ὅτι καὶ ἥλιος φαιδρότερος μετὰ τὴν νύκτα; καὶ ἐγρήγορσις (p. 177) ἡδίων μετὰ τὸν ὕπνον; καὶ ὑγεία ποθεινοτέρα μετὰ τὴν πεῖραν τῶν ἐναντίων; Καὶ τράπεζα τοίνυν χαριεστέρα μετὰ τὴν νηστείαν· ὁμοίως μὲν πλουσίοις καὶ εὐτραπέζοις, ὁμοίως δὲ τοῖς λιτοῖς καὶ αὐτοσχεδίοις τὴν δίαιταν. Φοβήθητι τὸ ὑπόδειγμα τοῦ πλουσίου. Ἐκεῖνον παρέδωκε τῷ πυρὶ ἡ διὰ βίου τρυφή. Οὐ γὰρ ἀδικίαν, ἀλλὰ τὸ ἁβροδίαιτον ἐγκληθεὶς, ἀπετηγανίζετο ἐν τῇ φλογὶ τῆς καμίνου. Ἵνα τοίνυν σβέσωμεν ἐκεῖνο τὸ πῦρ, ὕδατος χρεία. Καὶ οὐ πρὸς τὰ μέλλοντα μόνον ὠφέλιμος ἡ νηστεία, ἀλλὰ καὶ αὐτῇ τῇ σαρκὶ λυσιτελεστέρα. Αἱ γὰρ εἰς ἄκρον εὐεξίαι ὑποστροφὰς ἔχουσι καὶ μεταπτώσεις, ὀκλαζούσης τῆς φύσεως, καὶ ἀναφέρειν τὸ βάρος τῆς εὐεξίας ἀδυνατούσης. Ὅρα μὴ, νῦν διαπτύων τὸ ὕδωρ, ὕστερον ῥανίδος ἐπιθυμήσῃς, ὡς καὶ ὁ πλούσιος. Οὐδεὶς ἐκραιπάλησεν ἀπὸ ὕδατος. Οὐδενὸς κεφαλὴ ὠδυνήθη ποτὲ ὕδατι βαρηθεῖσα. Οὐδεὶς ἀλλοτρίων ποδῶν ἐδεήθη, ὑδροποσίᾳ συζῶν. Οὐδενὸς ἐδέθησαν πόδες, οὐδενὸς χεῖρες ἀπηχρειώθησαν, ὕδατι καταρδόμεναι. Τὸ γὰρ περὶ τὴν πέψιν πλημμελὲς, ὃ τοῖς τρυφῶσιν ἀναγκαίως ἀκολουθεῖ, τοῦτο τὰ σφοδρὰ νοσήματα τοῖς σώμασιν ἐνεργάζεται. Νηστεύοντος σεμνὸν τὸ χρῶμα, οὐκ εἰς ἐρύθημα ἀναιδὲς ἐξανθοῦν, ἀλλ´ ὠχρότητι σώφρονι κεκοσμημένον· ὀφθαλμὸς πραῢς, κατεσταλμένον βάδισμα, πρόσωπον σύννουν, ἀκολάστῳ γέλωτι μὴ καθυβριζόμενον, συμμετρία λόγου, καθαρότης καρδίας.

Traduction française :

[9] Le jeûne sert d'ailes à la prière pour s'élever en haut et pénétrer jusqu'aux cieux. Le jeûne est le soutien des maisons, le père de la santé, l'instituteur de la jeunesse, l’ornement des vieillards, l'agréable compagnon des voyageurs, l'ami sûr des époux. Un mari ne soupçonne pas la fidélité de sa femme, quand il la voit faire du jeûne ses délices: une femme n'est pas jalouse de son mari, quand elle le voit chérir et embrasser le jeûne. Le jeûne n'a jamais ruiné une maison. Comptez ce que vous avez de bien aujourd’hui ; comptez encore par la suite, et vous ne trouverez pas que le jeûne ait rien diminué de votre fortune. Lorsque l'abstinence règne, nul animal ne déplore son trépas : le sang ne coule nulle part, nulle part une voracité impitoyable ne prononce une sentence cruelle contre les animaux : le couteau des cuisiniers se repose; la table se contente des fruits que donne la nature. Le sabbat avait été donné aux Juifs, pour qu'ils laissassent reposer leurs bêtes de somme et leurs serviteurs (Exode. 20. 10). Que le jeûne donne quelque relâche à ceux qui vous servent toute l'année, qu’ils respirent de leurs continuels travaux. Qu'on n'entende plus dans votre maison tout ce tumulte, que la fumée et l'odeur des viandes en soient bannies; que cette foule d'hommes diversement employés au service de la table, qui vont et qui viennent sans cesse pour exécuter les ordres du ventre, de ce maître dur et sans pitié, se tiennent enfin tranquilles. Les collecteurs des tributs laissent au moins quelques moments de repos à ceux qui sont sous leur juridiction: que le ventre fasse au moins avec nous une trêve de cinq jours, ce ventre insatiable, qui demande toujours et n'est jamais satisfait, qui a déjà oublié aujourd'hui ce qu'on lui donna hier, qui raisonne par la tempérance lorsqu'il est rempli, et ne sonne plus à ses beaux préceptes dès qu'il a digéré. Le jeûne ne connaît pas l'usure ; ces intérêts accumulés, qui se replient comme des serpents, sont ignorés à la table de l’homme sobre. Ses enfants non plus ne recueillent pas le triste héritage de ses dettes. Le jeûne d'ailleurs est propre à inspirer la joie et la satisfaction. On boit avec plaisir quand on a soif, la faim assaisonne tous les mets: ainsi l'abstinence, qui interrompt le cours de la bonne chère, réveille l'appétit, et donne du goût aux viandes. Si donc vous voulez trouver agréable ce que vous mangez, faites diversion par le jeûne. La satiété des délices en émousse le goût, et l'excès du plaisir le fait disparaître. Les meilleures choses fatiguent par la continuité de la jouissance. On jouit avec empressement de ce qui ne s'offre que de loin à loin. C'est ainsi que le Créateur nous a ménagé par la vicissitude un plus vif agrément dans les faveurs journalières dont il nous comble. Le soleil paraît plus brillant après la nuit, le réveil est plus agréable après le sommeil, la santé est plus douce après la maladie ; la table de même est plus satisfaisante après le jeûne, pour le riche dont la table est somptueuse, comme pour le pauvre dont la nourriture est simple et frugale. Craignez le malheur de ce riche de l'Evangile, que les délices ont plongé dans les enfers (Luc. 16. 19 et suiv). Ce n'est point pour ses injustices, mais pour sa vie molle qu'il a été condamné à un feu éternel. Pour éteindre ce feu, il faut de l'eau. Ce n'est pas seulement pour la vie future que le jeûne est utile; il contribue encore à la santé dans cette vie. Un excessif embonpoint est sujet à bien des retours, parce que la nature qui succombe ne peut en soutenir le poids. Vous dédaignez maintenant de boire de l'eau; prenez garde d'avoir par la suite, comme le mauvais riche, à en désirer une seule goutte. L'eau n’a jamais enivré personne ; l'eau ne charge pas la tète, elle ne lie ni les pieds ni les mains quand on boit de l'eau, on n'a jamais besoin pour marcher du secours d'autrui. Les mauvaises digestions, suite de l'intempérance, occasionnent des maladies fâcheuses. L’extérieur de l’homme qui jeûne n'a rien que de vénérable. Son teint n'est pas fleuri, ni coloré d'un rouge insolent, mais décoré d'une pâleur modeste; ses yeux sont doux, sa démarche gave, son air réfléchi : il ne se permet pas un ris immodéré ; son langage est aussi tranquille que son âme est pure.





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Dernière mise à jour : 15/04/2009