[11] Σὺ δὲ ὑπερπιαίνων μὲν σεαυτὸν καὶ κατασαρκῶν οὐκ ἀνίης;
ἐκτήκων δὲ τὸν νοῦν ἐν ἀτροφίᾳ,
τῶν σωτηρίων καὶ ζωοποιῶν διδαγμάτων
οὐδένα λόγον ποιῇ; Ἢ ἀγνοεῖς, ὅτι, ὥσπερ ἐπὶ παρατάξεως ἡ τοῦ ἑτέρου
συμμαχία ἧτταν ποιεῖ τοῦ ἑτέρου, οὕτως ὁ τῇ σαρκὶ προσθέμενος τὸ πνεῦμα
καταγωνίζεται, καὶ ὁ πρὸς τὸ πνεῦμα μεταταξάμενος καταδουλοῦται τὴν σάρκα; Ταῦτα γὰρ ἀλλήλοις ἀντίκειται. Ὥστε, εἰ βούλει ἰσχυρὸν
ποιῆσαι τὸν νοῦν, δάμασον τὴν σάρκα διὰ νηστείας.
Τοῦτο γάρ ἐστιν ὅ φησιν ὁ Ἀπόστολος, ὅτι ὅσον ὁ
ἔξωθεν ἄνθρωπος διαφθείρεται, τοσοῦτον ὁ ἔσωθεν ἀνακαινοῦται·
καὶ τό· Ὅταν ἀσθενῶ, τότε δυνατός εἰμι. Οὐ καταφρονήσεις τῶν φθειρομένων βρωμάτων; οὐκ ἐπιθυμίαν λήψῃ τῆς ἐν τῇ βασιλείᾳ
τραπέζης, ἣν πάντως ἡ ἐνθάδε νηστεία προευτρεπίσει;
Ἀγνοεῖς τῇ ἀμετρίᾳ τοῦ κόρου παχὺν σεαυτῷ
τὸν βασανιστὴν κατασκευάζων σκώληκα; Τίς γὰρ ἐν
τροφῇ δαψιλεῖ καὶ τρυφῇ διηνεκεῖ ἐδέξατό τινα
κοινωνίαν χαρίσματος πνευματικοῦ; Μωϋσῆς, δευτέραν λαμβάνων νομοθεσίαν, δευτέρας νηστείας προσεδεήθη. Νινευΐταις εἰ μὴ καὶ
τὰ ἄλογα συνενήστευσεν, οὐκ ἂν διέφυγον τὴν ἀπειλὴν τῆς καταστροφῆς.
Τίνων ἔπεσε τὰ κῶλα ἐν τῇ ἐρήμῳ; Οὐ τῶν κρεωφαγίαν ἐπιζητούντων; Ἐκεῖνοι, ἕως μὲν ἠρκοῦντο τῷ μάννα καὶ τῷ ἐκ τῆς πέτρας ὕδατι,
Αἰγυπτίους ἐνίκων, διὰ θαλάσσης ὥδευον·
Οὐκ ἦν ἐν ταῖς φυλαῖς αὐτῶν ὁ ἀσθενῶν· ἐπειδὴ δὲ ἐμνήσθησαν τῶν
κρεῶν τῶν λεβήτων, καὶ ἐστράφησαν ταῖς ἐπιθυμίαις εἰς Αἴγυπτον,
οὐκ εἶδον τὴν γῆν τῆς ἐπαγγελίας. Οὐ φοβῇ τὸ ὑπόδειγμα; οὐ φρίσσεις
τὴν ἀδηφαγίαν, μήπου σε τῶν ἐλπιζομένων ἀγαθῶν ἀποκλείσῃ;
Ἀλλ´ οὐδ´ ἂν ὁ σοφὸς Δανιὴλ τὰς ὀπτασίας
εἶδεν, εἰ μὴ νηστείᾳ διαυγεστέραν ἐποίησε τὴν
ψυχήν. Ἐκ γὰρ τῆς παχείας τροφῆς οἷον αἰθαλώδεις
ἀναθυμιάσεις ἀναπεμπόμεναι, νεφέλης δίκην
πυκνῆς, τὰς ἀπὸ τοῦ ἁγίου Πνεύματος ἐγγινομένας
ἐλλάμψεις ἐπὶ τὸν νοῦν διακόπτουσιν.
Εἰ δὲ καὶ ἀγγέλων ἐστί τις τροφὴ, ἄρτος
ἐστὶν, ὥς φησιν ὁ προφήτης· Ἄρτον ἀγγέλων ἔφαγεν ἄνθρωπος· οὐ κρέα,
οὐδὲ οἶνος, οὐδὲ ὅσα τοῖς δούλοις τῆς γαστρὸς
διεσπούδασται. Νηστεία ὅπλον ἐστὶ πρὸς τὴν κατὰ τῶν
δαιμόνων στρατιάν· Τοῦτο γὰρ τὸ γένος οὐκ ἐξέρχεται
(p. 181) εἰ μὴ ἐν προσευχῇ καὶ νηστείᾳ. Καὶ τὰ μὲν
ἐκ τῆς νηστείας ἀγαθὰ τοσαῦτα· ὁ δὲ κόρος ὕβρεων
ἀρχή. Εὐθὺς γὰρ συνεισπίπτει τῇ τρυφῇ καὶ τῇ
μέθῃ καὶ ταῖς παντοδαπαῖς καρυκείαις πᾶν εἶδος
ἀκολασίας βοσκηματώδους. Ἔνθεν ἵπποι θηλυμανεῖς
οἱ ἄνθρωποι διὰ τὸν ἐκ τῆς τρυφῆς οἶστρον ἐγγινόμενον τῇ ψυχῇ.
Παρὰ τῶν μεθυόντων αἱ τῆς φύσεως
ἐναλλαγαὶ, ἐν ἄῤῥενι μὲν τὸ θῆλυ, ἐν δὲ τῷ θήλει τὸ
ἄῤῥεν ἐπιζητούντων. Νηστεία δὲ καὶ γαμικῶν ἔργων
μέτρα γνωρίζει, καὶ τῶν ἐκ νόμου συγκεχωρημένων τὴν ἀμετρίαν κολάζουσα, σύμφωνον σχολὴν ἐμποιεῖ, ἵνα παραμείνωσι τῇ προσευχῇ.
| [11] Et vous, vous ne cesserez pas d'engraisser votre corps à l’excès, tandis que vous
ne vous embarrasserez nullement de laisser dessécher votre esprit en négligeant de le
nourrir d'une doctrine salutaire et vivifiante! Dans la mêlée, secourir un parti, c’est
faire succomber l'autre: ainsi se ranger du parti de la chair, c'est combattre contre
l'esprit; comme passer du côté de l'esprit, c'est assujettir la chair: car ce sont deux
puissances opposées. Si donc vous voulez fortifier l'esprit, il vous faut dompter la
chair par le jeûne. C'est-là ce qui a fait dire à l’apôtre : Plus l’homme intérieur se
détruit en nous, plus l'homme extérieur se renouvelle ; et ailleurs : Lorsque je suis
faible, c'est alors que je suis fort (2. Cor. 4. 16. - 12. 10). Ne mépriserez-vous pas
des viandes corruptibles? ne désirerez-vous pas la table du royaume céleste, que vous
préparera le jeûne d'ici-bas, ignorez-vous que l'intempérance vous engendre une foule
de vers rongeurs ? Qui jamais dans les délices continuelles d'une table abondante,
mérita de participer aux grâces spirituelles ? Il fallut que Moïse se disposât par un
second jeûne à recevoir une seconde fois les préceptes de la loi (Exode. 34. 28). Les
Ninivites n'auraient pu échapper à la ruine totale dont ils étaient menacés s'ils
n'eussent fait jeûner jusqu'à leurs animaux. Quels sont les Juifs dont les corps sont
restés étendus dans le désert (Heb. 3. 17) ? ne sont-ce pas ceux qui demandaient à
manger de la chair ? Tant qu'ils se commuèrent de la manne et de l'eau du rocher, ils
vainquirent les Egyptiens, ils passèrent la mer à pied sec, il n'y avait pas de malades
dans leurs tribus (Ps. 104. 37) ; mais lorsqu'ils regrettèrent les chairs de l'Egypte
(Exode. 16. 3), qu’ils se transportèrent dans ce pays par leurs désirs, ils furent
privés du bonheur de voir la terre promise. Cet exemple ne vous fait-il pas trembler?
ne craignez-vous pas que votre amour pour des viandes terrestre ne vous prive des
biens éternels ? Le sage Daniel n'eût pas eu des visions aussi merveilleuses, sil n'eût
purifié et éclairé son âme par le jeûne. Les vapeurs et les fumées qui s'élèvent d'une
nourriture grossière, sont comme un nuage épais qui offusque les lumières par
lesquelles l'Esprit-Saint éclaire nos intelligences. Si les anges prennent quelque
nourriture, ce n'est que du pain selon le témoignage du Prophète: L'homme a mangé
le pain des anges (Ps. 77. 25). Ils ne connaissent ni la chair, ni le vin, ni rien de
ce que désirent avec tant d'ardeur les esclaves du ventre. Le jeûne est une arme qui
nous fait triompher de l'armée des démons. Cette sorte de démons, dit Jésus-Christ,
ne se chasse que par la prière et par le jeûne. Tels sont les grands avantages que le
jeûne nous procure. L'intempérance est la source des plus affreux désordres. Les mets
délicats et les vins exquis nous portent à des passions brutales. Les délices irritent la
concupiscence et allument dans les hommes des désirs furieux qui les rendent
semblables à des chevaux indomptés. Les excès du vin nous font renverser l'ordre de
la nature, pervertir et corrompre l'usage des différents sexes. Le jeûne au contraire
entretient la modestie et la continence dans le mariage; il fait qu'on se retranche
même les choses permises, et que deux époux se les interdisent de concert pendant
quelque temps pour vaquer plus librement à l'oraison.
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