Texte grec :
[5] Ὁρᾷς, ὡς καὶ Νινευΐται τῇ μεταμελείᾳ τὸν Θεὸν δυσωποῦντες,
καὶ πενθοῦντες ἐπὶ τοῖς ἁμαρτήμασιν, ἃ μετὰ
τὴν θάλασσαν καὶ τὸ κῆτος Ἰωνᾶς ἐξεβόησεν, οὐ τὰ
βρέφη μόνον εἰς τὴν μετάνοιαν προεστήσαντο,
αὐτοὶ δὲ τρυφῶντες, αὐτοὶ εὐωχούμενοι διέζων τὸν
βίον· ἀλλὰ πρώτους μὲν ἐδάμασε τοὺς πατέρας τοὺς
ἡμαρτηκότας ἡ νηστεία, καὶ ἡ τιμωρία τοὺς πατέρας
ἐκάκου, εἰς προσθήκης δὲ λόγον ἠναγκασμένως
ἐθρήνει τὰ βρέφη, ἵνα διὰ πάσης ἡλικίας ἡ σκυθρωπότης κρατήσῃ,
αἰσθανομένης τε καὶ ἀναισθήτου· τῆς μὲν κατὰ προαίρεσιν,
τῆς δὲ κατ´ ἀνάγκην. Καὶ οὕτως αὐτοὺς ἰδὼν ὁ Θεὸς ταπεινωθέντας, ὡς
ἐπὶ ὑπερβαίνουσαν ἑαυτῶν ταλαιπωρίαν παγγενῆ
κατακρίναντας, καὶ τὸ πάθος ἠλέησε, καὶ τῆς τιμωρίας ἀνῆκε, καὶ τὸ χαίρειν
ἐδωρήσατο τοῖς εὐαισθήτως πενθήσασιν. Ὢ τῆς ἐμμελοῦς μετανοίας!
ὢ τῆς σοφῆς καὶ πεπυκνωμένης θλίψεως! Οὐδὲ τὰ ἄλογα
ἀσυντελῆ τῆς τιμωρίας ἀφῆκαν· ἀλλὰ καὶ αὐτὰ βοᾷν
ἐξ ἀνάγκης ἐμηχανήσαντο. Ἐχωρίσθη γὰρ τῆς βοὸς
ὁ μόσχος, ἀπηλάθη τῆς μητρῴας θηλῆς ὁ ἀρνειὸς, παιδίον
ἐπιμάζιον οὐκ ἦν ἐν ταῖς τῆς τεκούσης
ἀγκάλαις· ἐν ἰδίοις σηκοῖς αἱ μητέρες, ἐν ἰδίοις τὰ
τέκνα· φωναὶ δὲ παρὰ πάντων οἰκτραὶ ἀλλήλαις
ἀντιβοῶσαι, καὶ ἀντηχοῦσαι. Τὰ τέκνα λιμώττοντα τὰς
πηγὰς ἐζήτει τοῦ γάλακτος· αἱ μητέρες, τῷ φυσικῷ
πάθει διακοπτόμεναι, συμπαθέσι φωναῖς ἀνεκαλοῦντο
τὰ ἔγγονα. Τὰ βρέφη, κατὰ τὸν ὅμοιον
τρόπον λιμώττοντα, σφοδροτάτῳ κλαυθμῷ ἀνεῤῥήγνυντο
καὶ ἀπέσπαιρον· αἱ τεκοῦσαι ταῖς φυσικαῖς
ἀλγηδόσι κατεκεντοῦντο τὰ σπλάγχνα. Καὶ διὰ τοῦτο
τὴν ἐκείνων μετάνοιαν εἰς κοινὸν τοῦ βίου διδασκάλιον
ὁ θεόπνευστος λόγος ἔγγραφον διέσωσεν. Ὁ πρεσβύτης
ἐπ´ ἐκείνων ἐθρήνει, καὶ τὴν πολιὰν
ἔτιλλε καὶ διεσπάραττεν. Ὁ νεανίσκος, καὶ ἀκμάζων,
(p. 313) σφοδρότερον ἀπωδύρετο· ὁ πένης ἐστέναζεν· ὁ
πλούσιος, ἐπιλαθόμενος τῆς τρυφῆς, ἤσκει τὴν κακοπάθειαν
ὡς σώφρονα. Ὁ βασιλεὺς αὐτῶν τὴν
λαμπρότητα καὶ τὴν δόξαν εἰς αἰσχύνην μετέβαλεν.
Ἀπέθετο τὸν στέφανον, καὶ κόνιν τῆς κεφαλῆς κατεχέετο· τὴν
ἁλουργίδα ῥίψας, σάκκον μετημφιάσατο· τὸν θρόνον τὸν ὑψηλὸν
ἀφεὶς καὶ μετέωρον, ἐλεεινὸς τῇ γῇ προσεσύρετο· τὴν ἰδιάζουσαν καὶ
βασιλικὴν καταλιπὼν εὐπάθειαν, συνεθρήνει τῷ δήμῳ·
εἷς ἐγένετο τῶν πολλῶν, ὅτε τὸν κοινὸν πάντων
Δεσπότην ἔβλεπεν ὀργιζόμενον.
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Traduction française :
[5] Voyez les Ninivites : ils voulaient apaiser Dieu par le repentir ; ils pleuraient les
péchés contre lesquels Jonas, au sortir du sein de la baleine s'était élevé avec force;
ils ne se contentèrent pas d'obliger leurs enfants à faire pénitence, tandis qu'ils
vivaient dans les délices et dans les festins : mais après avoir commencé eux-mêmes
par s’imposer le jeûne le plus austère et l'abstinence la plus rigoureuse, ils
contraignirent leurs enfants, comme par surcroît, à pleurer aussi, afin que la tristesse
de la pénitence s'étendit sur tous les âges depuis le plus tendre, et que tout le monde
sans distinction y participât, les uns de bonne volonté, les autres par contrainte.
Lorsque le Seigneur vit les Ninivites humiliés s'infliger à eux-mêmes les peines les plus
sévères, touché de compassion, il révoqua la sentence prononcée contre eux, et fit
succéder la joie à une tristesse si raisonnable. O pénitence bien réfléchie, ô affliction
sage et prudente ! ils firent partager leur jeûne aux animaux eux-mêmes, et
trouvèrent un moyen pour les obliger de crier comme eux au Seigneur. Le veau fut
séparé de la génisse, l'agneau fut éloigné de la brebis qui l'allaitait. Les mères et les
enfants, renfermés dans des étables particulières, se répondaient, les uns aux autres
par des voix lamentables. Les petits altérés redemandaient en criant les sources de
lait ou ils puisaient leur nourriture. Pénétrées d'une affection naturelle, les mères
appelaient par des cris pitoyables leur tendre progéniture. Parmi les hommes
pareillement, les enfants à la mamelle étaient arrachés des bras de celles qui leur
avaient donné le jour. Pressés par la faim et par la soif, ils se tourmentaient et
criaient jusqu'à perdre haleine. Les mères sentaient leurs entrailles déchirées par de
vives douleurs. Voilà pourquoi la divine Ecriture a consigné dans ses livres la
pénitence des Ninivites pour servir d'exemple à toute la terre. Les vieillards se
lamentaient et arrachaient leurs cheveux blancs ; les jeunes gens versaient des
larmes amères ; les pauvres gémissaient ; les riches, oubliant leurs délices, se
livraient à une affliction méritoire: le prince lui-même changea en une humiliation utile
toute sa pompe et toute sa magnificence; il déposa la couronne et se couvrit la tête de
cendre; il quitta la pourpre et se revêtit d'un sac ; il descendit du trône et se coucha
par terre dans un extérieur misérable ; il renonça aux délices, compagnes ordinaires
de la royauté, et gémit avec le peuple, comme un homme du commun, parce que le
Seigneur de tous les hommes était irrité.
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