[9] Ἀφίημι τὰ καθ´ ἕκαστον ἀπαριθμεῖσθαι τῆς τοῦ Θεοῦ προνοίας,
ἃ πολλάκις ἐπὶ τῶν ἀνθρώπων πατρικῶς ἐνεδείξατο. Σὺ δὲ καρτέρησον
ὀλίγον ἐπὶ τῆς συμφορᾶς, ὡς ὁ γενναῖος Ἰὼβ,
καὶ μὴ περιτραπῇς ἐκ τοῦ κλύδωνος, μηδὲν ἀποβάλῃς ὧν
φέρεις ἀγωγίμων τῆς ἀρετῆς. Ὡς βαρύτιμον
ἐνθήκην τὴν εὐχαριστίαν διάσωσον ἐπὶ τῆς ψυχῆς,
καὶ λήψῃ καὶ σὺ τῆς εὐχαριστίας τὰ διπλασίονα τῆς
τρυφῆς. Μνημόνευε τῆς ἀποστολικῆς ῥήσεως·
Ἐν παντὶ εὐχαριστεῖτε. Πένης εἶ; Ἄλλον ἔχεις
πάντως πενέστερον. Σοὶ δέκα ἡμερῶν τὰ σιτία,
ἐκείνῳ μιᾶς. Ὡς καλὸς καὶ εὐγνώμων τὸ σὸν περιττὸν
ἐπανίσωσον πρὸς τὸν ἐνδεῆ. Μὴ ὀκνήσῃς ἐκ τοῦ
ὀλίγου δοῦναι· μὴ προτιμήσῃς τὸ σὸν συμφέρον ἐκ
τοῦ κοινοῦ κινδύνου. Κἂν εἰς ἕνα ἄρτον περιστῇ
ἡ τροφὴ, ἐπιστῇ δὲ ταῖς θύραις ὁ ζητῶν, προκόμισον
ἐκ τοῦ ταμιείου τὸν ἕνα, καὶ ἐπιθεὶς ταῖς χερσὶ
πρὸς οὐρανὸν ἀνατείνας, εἰπὲ λόγον ἐλεεινὸν ὁμοῦ καὶ
εὐγνώμονα· Εἷς ἄρτος, ὃν ὁρᾷς, Κύριε, καὶ ὁ κίνδυνος προφανὴς, ἀλλ´ ἐγὼ τὴν
σὴν ἐντολὴν ἐμοῦ προτίθημι, καὶ ἐκ τοῦ ὀλίγου δίδωμι τῷ λιμώττοντι
ἀδελφῷ· δὸς δὴ καὶ σὺ τῷ κινδυνεύοντι δούλῳ. Οἶδά
σου τὴν ἀγαθότητα, θαῤῥῶ καὶ τῇ δυνάμει· οὐχ
ὑπερτίθεσαι εἰς χρόνον τὰς χάριτας, ἀλλὰ σκεδαννύεις, ὅταν ἐθέλῃς,
τὰς δωρεάς. Κἂν οὕτως εἴπῃς καὶ
πράξῃς, ὃν δίδως ἐκ τῆς στενώσεως ἄρτον, σπέρμα
γίνεται γεωργίας, πολύχουν ἀπογεννᾷ τὸν καρπὸν,
ἀῤῥαβὼν τῆς τροφῆς, ἐλέου πρόξενος. Εἰπὲ καὶ
(p. 321) σὺ τῆς χήρας τῆς Σιδωνίας ῥῆμα ἐν τοῖς ὁμοίοις,
εὐκαίρως τῆς ἱστορίας μνημόνευσον· Ζῇ Κύριος, ὅτι
τοῦτον ἔχω ἐν τῇ οἰκίᾳ μου μόνον εἰς διατροφὴν
ἐμοὶ καὶ τοῖς παιδίοις. Κἂν δῷς ἐκ τοῦ λείποντος,
ἕξεις καὶ σὺ τὸν καμψάκην τοῦ ἐλαίου τῇ χάριτι
βρύοντα· τὴν ὑδρίαν τῶν ἀλεύρων ἀκένωτον.
Ἐπὶ γὰρ τῶν πιστῶν φιλότιμος ἡ τοῦ Θεοῦ χάρις μιμεῖται τὰ φρέατα, τὰ ἀεὶ
κενούμενα, καὶ μὴ ἐξαντλούμενα, τὸ διπλοῦν ἀντεισάγουσα.
Δάνεισον, ὁ ἄπορος, τῷ πλουσίῳ Θεῷ. Πίστευσον τῷ ἀεὶ εἰς πρόσωπον
ἴδιον ὑπὲρ τοῦ θλιβομένου λαμβάνοντι, καὶ οἴκοθεν
ἀποδιδόντι τὴν χάριν. Ἀξιόπιστος ἐγγυητὴς, πανταχοῦ γῆς καὶ θαλάττης
ἡπλωμένους ἔχων τοὺς θησαυρούς. Καὶ πλέων ἐὰν ἀπαιτήσῃς τὸ δάνεισμα,
λήψῃἐπὶ μέσου πελάγους σὺν τόκοις τὸ κεφάλαιον.
Φιλοτιμεῖται γὰρ ἐν ταῖς προσθήκαις.
| [9] Je n'entre pas dans le détail des prodiges qu'a opérés un Dieu attentif, ou plutôt
un père tendre, pour témoigner l'amour qu'il porte aux hommes; mais je vous
exhorte à supporter patiemment la calamité présente. Imitez le courage de Job, ne
vous laissez pas abattre par la tempête; ne perdez rien des vertus que vous portez
avec vous; conservez, comme le plus précieux des trésors, cette disposition de l’âme
qui nous fait rendre grâces à Dieu, laquelle vous vaudra plus que toutes les délices.
Souvenez-vous de cette parole de l'apôtre: Rendez grâces à Dieu en toute chose
(Thess. 5. 18). Vous êtes pauvre ! un autre est plus pauvre que vous. Vous avez du
pain pour dix jours, il n'en a que pour un jour. Faites part libéralement de votre
superflu à celui qui n'a rien. Ne sacrifiez pas le salut de tous à votre intérêt personnel.
Toute votre subsistance se réduit-elle à un pain si un pauvre se présente à votre
porte, tirez de votre garde-manger ce pain unique, et levant les mains au ciel,
adressez à Dieu ce discours aussi touchant que raisonnable : Je n'ai que ce pain que
vous voyez, Seigneur, le péril est évident; mais je sacrifie tout à votre précepte, et je
donne du peu que j'ai à mon frère qui a faim : assistez vous-même votre serviteur qui
est en péril. Je connais votre bonté, je me repose sur votre puissance, vous n'avez
pas coutume de différer vos grâces; vous répandez vos dons lorsqu'il vous plaît. Si
vous parlez et agissez de la sorte, le pain que vous donnerez dans votre détresse
produira des fruits multipliés; il sera le germe d'une moisson abondante, le gage de
votre nourriture, le garant de la miséricorde divine. Rappelez-vous à propos l'histoire
de la veuve de Sidonie, et répétez les paroles qu'elle prononçait dans une circonstance
semblable : Vive le Seigneur Dieu ! je n’ai que ce pain dans ma maison, pour me
nourrir moi et mon fils (3. Rois, 17. 12). Si vous donnez de votre indigence, vous
aurez, comme elle, un vase d'huile qui nec diminuera jamais, et une mesure de
froment qui ne s'épuisera pas. La libéralité de Dieu sur ses serviteurs fidèles rend le
double de ce qu'elle reçoit; elle ressemble aux eaux vives, dans lesquelles on puise
toujours sans que jamais elles s'épuisent. Vous qui êtes pauvre, prêtez à un Dieu
riche. Confiez-vous à celui qui reçoit pour lui-même ce que vous donnerez aux
malheureux, et qui se charge d'acquitter sa dette. C'est une excellente caution que cet
être dont les trésors s'étendent sur la terre et sur la mer. Quand vous lui demanderiez
votre dette dans le cours d'une navigation, il vous satisferait avec usure au milieu des
ondes; car il s'acquitte libéralement de ce qu'il doit.
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