[3] Τίς οὖν ἄρα τῆς ἀταξίας καὶ τῆς συγχύσεως ἡ αἰτία; τίς ὁ
νεωτερισμὸς τῶν καιρῶν; Ἐρευνήσωμεν, ὡς νοῦν
ἔχοντες· ὡς λογικοὶ, λογισώμεθα. Μὴ ὁ κυβερνῶν τὸ πᾶν οὐκ ἔστι; μὴ ὁ
ἀριστοτέχνης Θεὸς ἐπελάθετο τῆς οἰκονομίας; μὴ ἀφῃρέθη τῆς ἐξουσίας
καὶ τῆς δυνάμεως; ἢ τὴν ἰσχὺν μὲν τὴν αὐτὴν ἔχει,
καὶ τοῦ κράτους οὐ παρελύθη· παρηνέχθη δὲ
εἰς σκληρότητα, καὶ τὸ λίαν ἀγαθὸν, καὶ τὸ περὶ
ἡμᾶς κηδεμονικὸν εἰς μισανθρωπίαν μετέβαλεν; Οὐκ
ἂν εἴποι τις σωφρονῶν· ἀλλὰ φανερὰ καὶ δῆλα τὰ
αἴτια δι´ ἃ συνήθως οὐ διοικούμεθα. Λαμβάνοντες
ἡμεῖς, ἄλλοις οὐ παρέχομεν· τὴν εὐεργεσίαν ἐπαινοῦμεν,
καὶ ταύτης ἀποστεροῦμεν τοὺς δεομένους.
Δοῦλοι ὄντες, ἐλευθερούμεθα, καὶ τοὺς ὁμοδούλους
οὐκ οἰκτείρομεν· πεινῶντες τρεφόμεθα, καὶ τὸν
ἐνδεῆ παρατρέχομεν. Ἀνενδεῆ χορηγὸν καὶ ταμίαν
Θεὸν ἔχοντες, φειδωλοὶ ἐγενόμεθα καὶ ἀκοινώνητοι
πρὸς τοὺς πένητας. Πολύτοκα ἡμῶν τὰ πρόβατα, καὶ
οἱ γυμνοὶ τῶν προβάτων πλείους. Αἱ ἀποθῆκαι τῷ
πλήθει τῶν ἀποκειμένων στενοῦνται, καὶ τὸν ἐστενωμένον
οὐκ ἐλεοῦμεν. Διὰ τοῦτο ἡμῖν ἀπειλεῖ τὸ δίκαιον κριτήριον.
| [3] Quelle est la cause de ce désordre et de cette triste confusion ? pourquoi les
saisons ont-elles changé à notre préjudice ? Examinons les choses en hommes sensés
et raisonnables. Est-ce qu'il n'y a point d'être pour régler cet univers? est-ce que
l'Administrateur suprême ne sait plus comment il faut nous gouverner ? a-t-il perdu
une partie de sa force et de sa puissance ? ou, s'il a toujours le même pouvoir, est-il
devenu dur et sévère à l'excès ? son amour tendre et ses soins attentifs pour le genre
humain se sont-ils changés en haine pour les hommes ? Nulle personne sage ne
pourrait parler de la sorte : mais voici la véritable raison pour laquelle Dieu change de
conduite à notre égard. Nous sommes comblés de ses biens; et nous n'en faisons
point part aux autres. Nous louons la bienfaisance; et nous ne soulageons point
l'indigent. Nous avons été mis en liberté quoique nous fussions esclaves; et nous
n’avons nulle pitié des compagnons de notre servitude. On nous fournit une nourriture
abondante ; et nous laissons périr le pauvre de faim. Dieu est prodigue en notre
faveur, ses trésors coulent sur nous sans cesse : et nous nous conduisons envers les
misérables avec une économie sordide. Nos troupeaux sont féconds; et quelle foule de
malheureux restent nus ! Nos magasins regorgent, trop étroits pour contenir toutes
nos provisions ; et nous ne sommes pas touchés du sort de celui qui est dans la
détresse. C'est pour cela que le souverain Juge nous menace.
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