HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Basile de Césarée, Contre les riches

οὕτω



Texte grec :

[5] Ἀλλὰ πένητα λέγεις σαυτόν· κἀγὼ συντίθεμαι. Πένης γάρ ἐστιν ὁ πολλῶν ἐνδεής. Πολλῶν δὲ ὑμᾶς ἐνδεεῖς ποιεῖ τὸ τῆς ἐπιθυμίας ἀκόρεστον. Τοῖς δέκα ταλάντοις δέκα ἕτερα προστιθέναι σπουδάζεις· ἐπειδὰν εἴκοσι γένηται, ἄλλα τοσαῦτα ἐπιζητεῖς, καὶ ἀεί σοι τὸ προστιθέμενον, οὐχὶ τὴν ὁρμὴν ἵστησιν, ἀλλ´ ἀναφλέγει τὴν ὄρεξιν. Ὥσπερ γὰρ τοῖς μεθύουσιν ἀφορμὴ τοῦ πίνειν ἡ προσθήκη τοῦ οἴνου γίνεται, οὕτω καὶ οἱ νεόπλουτοι, πολλὰ κτησάμενοι, πλειόνων ἐπιθυμοῦσι, τῷ ἀεὶ προστιθεμένῳ τὴν νόσον τρέφοντες, καὶ περιτρέπεται αὐτοῖς ἡ σπουδὴ πρὸς τὸ ἐναντίον. Οὐ γὰρ εὐφραίνει αὐτοὺς τὰ παρόντα τοσαῦτα ὄντα, ὅσον λυπεῖ τὰ ἐνδέοντα ἅπερ ἂν αὐτοῖς ἐλλείπειν ὑπόθωνται· ὥστε ἀεὶ τὴν ψυχὴν αὐτοῖς ταῖς μερίμναις ἐκτήκεσθαι, πρὸς τὸ ὑπερβάλλον τὴν ἅμιλλαν ποιουμένοις. Δέον γὰρ εὐφραίνεσθαι καὶ χάριν ἔχειν, τοσούτων ὄντας εὐπορωτέρους· οἱ δὲ δυσφοροῦσιν καὶ ὀδυνῶνται, ὅτι ἑνός που ἢ δευτέρου τῶν ὑπερπλουτούντων ἀπολιμπάνονται. Ὅταν τοῦτον τὸν πλούσιον καταλάβωσιν, εὐθὺς τῷ πλουσιωτέρῳ παρισωθῆναι φιλονεικοῦσιν· κἂν ἐπ´ ἐκεῖνον φθάσωσιν, ἐπὶ τὸν ἄλλον τὴν σπουδὴν μεταφέρουσιν. Ὥσπερ γὰρ οἱ τὰς κλίμακας ἀναβαίνοντες, ἀεὶ πρὸς τὴν ὑπερκειμένην βαθμίδα τὸ ἴχνος αἴροντες, οὐ πρότερον ἵστανται πρὶν ἂν τῆς ἄκρας ἐφίκωνται· οὕτω καὶ οὗτοι οὐ παύονται τῆς κατὰ τὴν δυναστείαν ὁρμῆς, ἕως ἂν ὑψωθέντες, ἀπὸ μετεώρου τοῦ πτώματος ἑαυτοὺς καταῤῥάξωσιν. Τὴν σελευκίδα τὸ ὄρνεον ἐπ´ εὐεργεσίᾳ τῶν ἀνθρώπων ἀκόρεστον εἶναι ὁ κτίστης τῶν ὅλων ἐμηχανήσατο· σὺ δὲ ἐπὶ βλάβῃ τῶν πολλῶν ἀκόρεστον εἶναι ὁ κτίστης τῶν ὅλων ἐμηχανήσατο· σὺ δὲ ἐπὶ βλάβῃ τῶν πολλῶν ἀκόρεστον τὴν σεαυτοῦ ψυχὴν κατεσκεύασας. Ὅσα βλέπει ὀφθαλμὸς, τοσούτων ἐπιθυμεῖ ὁ πλεονέκτης· Οὐ πλησθήσεται ὀφθαλμὸς τοῦ ὁρᾷν· καὶ οὐ κορεσθήσεται φιλάργυρος τοῦ λαμβάνειν. Ὁ ᾅδης οὐκ εἶπεν· Ἀρκεῖ, οὐδὲ ὁ πλεονέκτης εἶπέ ποτε· Ἀρκεῖ. Πότε χρήσῃ τοῖς παροῦσι; πότε ἀπολαύσεις αὐτῶν, ἀεὶ τοῖς πόνοις τῆς κτήσεως συνεχόμενος; Οὐαὶ οἱ συνάπτοντες οἰκίαν πρὸς οἰκίαν, καὶ ἀγρὸν πρὸς ἀγρὸν ἐγγίζοντες, ἵνα τοῦ πλησίον ἀφέλωνταί τι· Σὺ δὲ τί ποιεῖς; Οὐ προφασίζῃ μυρία, ἵνα λάβῃς τὰ τοῦ πλησίον; Ἐπισκοτεῖ μοι, φησὶν, ἡ τοῦ γείτονος οἰκία, θορύβους ἐνίησιν, ἢ τὸ πλανώμενον ὑποδέχεται, ἢ ὅ τι ἂν τύχῃ αἰτιασάμενος, περιελαύνων, καὶ ἐξωθῶν, καὶ ἕλκων ἀεὶ, καὶ σπαράσσων, οὐ πρότερον παύεται, πρὶν ἂν ἐπαγάγῃ αὐτοῖς ἀνάγκην μεταναστάσεως. Τί τὸν Ναβουθὲ τὸν Ἰεζραηλίτην ἀπέκτεινεν; Οὐχ ἡ τοῦ Ἀχαὰβ ἐπιθυμία τοῦ ἀμπελῶνος; Πονηρὸς ἐν πόλει σύνοικος, πονηρὸς ἐν ἀγροῖς, ὁ πλεονέκτης. Ἡ θάλασσα οἶδεν τὰ ὅρια αὐτῆς· ἡ νὺξ οὐχ ὑπερβαίνει ὁροθεσίας ἀρχαίας. Ὁ δὲ πλεονέκτης οὐκ αἰδεῖται χρόνον, οὐ γνωρίζει ὅρον, οὐ συγχωρεῖ ἀκολουθίαν διαδοχῆς, ἀλλὰ μιμεῖται τοῦ πυρὸς τὴν βίαν· πάντα ἐπιλαμβάνει, πάντα ἐπινέμεται. Καὶ ὥσπερ οἱ ποταμοὶ, ἐκ μικρᾶς τῆς πρώτης ἀρχῆς ὁρμηθέντες, εἶτα ταῖς κατ´ ὀλίγον προσθήκαις ἀνυπόστατον λαβόντες τὴν αὔξησιν, τῷ βιαίῳ τῆς φορᾶς τὸ ἐνιστάμενον παρασύρουσιν· οὕτω καὶ οἱ ἐπὶ μέγα τῆς δυνάμεως προελθόντες, ἐκ τῶν ἤδη καταδυναστευθέντων τὴν τοῦ πλείονας ἀδικεῖν δύναμιν προσλαμβάνοντες, τοῖς προηδικημένοις τοὺς λειπομένους καταδουλοῦνται, καὶ γίνεται αὐτοῖς δυνάμεως αὔξησις ἡ περιουσία τῆς πονηρίας. Οἱ γὰρ προπεπονθότες κακῶς, ἠναγκασμένην αὐτοῖς παρεχόμενοι τὴν βοήθειαν, τὰς καθ´ ἑτέρων βλάβας καὶ ἀδικίας συνεκπονοῦσιν. Ποῖος γὰρ γείτων, ποῖος σύνοικος, τίς συναλλάκτης οὐ παρασύρεται; Οὐδὲν ὑφίσταται τὴν βίαν τοῦ πλούτου· Πάντα ὑποκύπτει τῇ τυραννίδι, πάντα ὑποπτήσσει τὴν δυναστείαν, πλείονα λόγον ἑκάστου τῶν ἠδικημένων ἔχοντος μὴ προσπαθεῖν τι κακὸν, ἢ δίκην λαβεῖν ὑπὲρ τῶν φθασάντων. Ἐπάγει τὰ ζεύγη τῶν βοῶν, ἀροτριᾷ, κατασπείρει, θερίζει τὰ μὴ προσήκοντα. Ἐὰν ἀντείπῃς, αἱ πληγαί· ἐὰν ὀδύρῃ, ὕβρεων γραφαὶ, ἀγώγιμος εἶ, οἰκήσεις τὸ δεσμωτήριον, οἱ συκοφάνται εὐτρεπεῖς, εἰς τὸν ὑπὲρ τοῦ ζῇν κίνδυνον καθιστῶντες. Ἀγαπήσεις, καὶ ἄλλο τι προσδοὺς, ἀπηλλάχθαι πραγμάτων.

Traduction française :

[5] Vous dites que vous êtes pauvre ; j'en conviens avec vous. Celui-là est pauvre qui a beaucoup de besoins: or vous avez beaucoup de besoins, parce que vos désirs sont insatiables. Vous voulez ajouter dix talents à dix autres que vous avez déjà: quand vous en aurez vingt, vous voudrez en avoir encore un pareil nombre ; et votre bien qui grossit ne fait qu'allumer votre convoitise loin de l'éteindre. Plus un homme ivre boit, plus il veut boire: ainsi plus un homme nouvellement enrichi amasse de biens, plus il désire d'en amasser, et sa maladie augmente avec ses trésors. L'amour des richesses produit dans le cœur des riches des effets contraires à leurs désirs. Ils ne sont pas aussi réjouis de ce qu'ils possèdent, qu’affligés de ce qui leur manque, ou plutôt de ce qu'ils croient leur manquer. Leur esprit est déchiré par mille inquiétudes, parce qu'ils sont jaloux de surpasser toujours ce qui est au-dessus d’eux. Ils devraient se réjouir et remercier le Seigneur de ce qu'ils sont plus à l'aise que tant d'autres: ils s'affligent et se désespèrent d'être moins riches que deux ou trois personnes. Quand ils sont parvenus à atteindre un homme qui était plus riche, ils font aussitôt de nouveaux efforts pour égaler la fortune d'un autre qui les surpasse. Quand ils ont égalé celui-ci, leur émulation se porte vers un troisième. Et comme ceux qui montent les degrés d'une échelle vont toujours d'échelons en échelons jusqu'à ce qu'ils soient parvenus au dernier: ainsi les hommes cupides ne s'arrêtent dans leur folle passion que lorsque, montés au plus haut degré de la fortune, ils s'exposent eux-mêmes à une chute plus fâcheuse. Le Créateur de l'univers a rendu l'oiseau seleucis insatiable pour l'utilité des hommes: et vous, vous vous rendez vous même insatiable pour le malheur des autres. L'homme avide dévore des yeux tout ce qu'il voit: il ne se lasse point de prendre, comme l'œil ne se lasse point de regarder (Ec. 1. 8.); semblable à la mort, il ne dit jamais: C'est assez (Prov. 27.20. — 30. 16). Malheureux, quand vous servirez-vous de ce que vous avez acquis? quand jouirez-vous enfin sans vous tourmenter continuellement pour faire de nouvelles acquisitions ? Malheur, dit le Prophète, malheur à ceux qui, pour faire tort à leur prochain, joignent maison à maison et champ à champ (Is. 5. 8). Que faites-vous autre chose, vous qui inventez mille prétextes pour envahir ce qui appartient à votre prochain? La maison de ce voisin, dites-vous, offusque la mienne ; c'est une maison de bruit et de tumulte; c'est un refuge de vagabonds. Quel prétexte n'alléguez-vous pas pour inquiéter un voisin qui vous gêne? vous ne lui donnez aucun repos, vous le persécutez sans relâche, vous ne cessez pas de le tourmenter et de le vexer jusqu'à ce que vous l'avez contraint de chercher une autre retraite. Qu'est-ce qui a fait périr Naboth (3. Rois. 21) ? N'est-ce point l'avidité d'Achab qui voulait, s'emparer de la vigne de cet infortuné Israélite ? L'homme cupide est un mauvais voisin à la ville comme à la campagne. La mer respecte les bornes qui lui ont été assignées; la nuit observe toujours les mêmes règles: l'homme cupide ne connaît ni temps, ni mesure ; incapable de suivre des degrés, il ressemble au feu qui saisit et dévore tout. Les fleuves qui n'ont que de petits commencements, croissent peu à peu, se débordent enfin avec impétuosité, et entraînent tout ce qui s'oppose à leur passage. C'est ainsi que ceux qui ont établi leur puissance sur les ruines de plusieurs qu'ils ont opprimés, s'enhardissent à des injustices nouvelles, et se servent des premières victimes de leur cupidité comme d'un instrument pour en accabler d'autres. C'est des excès même de leurs crimes qu'ils tirent les moyens d'augmenter leur puissance. Les premiers qu'ils ont rendus malheureux, ils les contraignent de les seconder dans leurs injustes projets, de leur prêter du secours pour faire à d'autres tout le mal qu'ils pourront. Est-il un voisin, est-il un ami, est-il un associé qui soit à l'abri de leurs fureurs? Rien ne résiste à la violence des richesses; tout cède à leur tyrannie, tout redoute cette puissance énorme. Quand on a souffert d'un riche, on est moins occupé à s'en venger qu'à prendre des mesures pour n'en pas souffrir de nouveau. Le riche inique accouple ses bœufs; il laboure, sème, recueille ce qui ne lui appartient pas. Si vous lui résistez, il vous charge de coups: si vous vous plaignez, vous serez accusé de l'avoir insulté, vous serez traîné devant les tribunaux, jeté en prison. On trouvera des faux témoins qui mettront votre vie en péril. Vous serez trop heureux de donner encore de l'argent pour vous délivrer de cette persécution.





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Dernière mise à jour : 2/04/2009