[1] Εἴρηται καὶ πρώην ἡμῖν τὰ περὶ τοῦ νεανίσκου τούτου, καὶ μέμνηται πάντως ὅ
γε φιλόπονος ἀκροατὴς τῶν ἐξητασμένων τότε· πρῶτον
μὲν, ὅτι οὐχ ὁ αὐτός ἐστι τῷ παρὰ τῷ Λουκᾷ νομικῷ. Ὁ μὲν γὰρ πειραστὴς ἦν,
εἰρωνικὰς τὰς ἐρωτήσεις ποιούμενος· οὗτος δὲ, ὑγιῶς μὲν ἐρωτῶν, οὐκ εὐπειθῶς
δὲ παραδεχόμενος. Οὐ γὰρ ἂν ἀπῆλθεν ἐπὶ ταῖς τοιαύταις ἀποκρίσεσιν τοῦ
Κυρίου λυπούμενος, εἰ καταφρονητικῶς αὐτῷ προσῆγε
τὰς πεύσεις. Διόπερ οἱονεὶ μικτὸν αὐτοῦ τὸ ἦθος ἡμῖν ἀνεφαίνετο· πῆ μὲν
ἐπαινετὸν δεικνύοντος τοῦ λόγου, πῆ δὲ ἀθλιώτατον καὶ πάντη ἀπεγνωσμένον.
Τὸ μὲν γὰρ γνωρίσαι τὸν ἀληθῶς διδάσκαλον, καὶ παρελθόντα τὴν
Φαρισαίων ἀλαζονείαν, καὶ νομικῶν οἴησιν, καὶ γραμματέων ὄχλον, τὴν
προσηγορίαν ταύτην ἀναθεῖναι τῷ μόνῳ ἀληθινῷ καὶ ἀγαθῷ διδασκάλῳ,
τοῦτο ἦν ὃ ἐπῃνεῖτο. Καὶ μέντοι τὸ φανῆναι φροντίδος ἄξιον ποιούμενον
πῶς ἂν τῆς αἰωνίου κληρονομήσειε ζωῆς, ἀποδεκτὸν καὶ τοῦτο. Ἐκεῖνο
δὲ λοιπὸν ἐλέγχει αὐτοῦ τὴν ὅλην προαίρεσιν, οὐ πρὸς τὸ ἀληθινῶς καλὸν
ἀποβλέπουσαν, ἀλλὰ τὸ τοῖς πολλοῖς ἀρέσκον περισκοποῦσαν· τὸ, μαθόντα
παρὰ τοῦ ἀληθινοῦ διδασκάλου μαθήματα σωτήρια, μὴ ἐγγράψαι τῇ ἑαυτοῦ
καρδίᾳ, μηδὲ εἰς ἔργον ἀγαγεῖν τὰ διδάγματα, ἀλλ´ ἀπελθεῖν ἀθυμοῦντα,
τῷ πάθει τῆς φιλοπλουτίας ἐσκοτωμένον. Τοῦτο δὲ τὴν ἀνωμαλίαν τῶν
τρόπων, καὶ τὸ πρὸς ἑαυτὸν ἀσύμφωνον ἀπελέγχει. Διδάσκαλον λέγεις,
καὶ τὰ μαθητῶν οὐ ποιεῖς; Ἀγαθὸν ὁμολογεῖς, καὶ τὰ διδόμενα παραπέμπῃ;
Καίτοι ὅ γε ἀγαθὸς ἀγαθῶν ἐστι παρεκτικὸς δηλονότι. Καὶ ἐρωτᾷς
μὲν περὶ τῆς αἰωνίου ζωῆς· ἐλέγχῃ δὲ ὅλως τῇ ἀπολαύσει τοῦ παρόντος
βίου προσδεδεμένος. Τί δέ σοι χαλεπὸν, ἢ βαρὺ, ἢ ὑπέρογκον ῥῆμα ὁ
διδάσκαλος προετείνατο; Πώλησόν σου τὰ ὑπάρχοντα, καὶ δὸς πτωχοῖς·
Εἴ σοι προέβαλε πόνους γεωργικοὺς, ἢ τοὺς ἐξ ἐμπορίας κινδύνους, ἢ ὅσα
ἄλλα τοῖς χρηματιζομένοις ἐπίπονα πρόσεστιν, ἔδει σε λυπηθῆναι δυσφοροῦντα
τῷ ἐπιτάγματι· εἰ δὲ οὕτως διὰ ῥᾳδίας ὁδοῦ, οὐδένα πόνον ἐχούσης οὐδὲ ἱδρῶτα,
ἐπαγγέλλεταί σε κληρονόμον τῆς αἰωνίου ζωῆς ἀποδείξειν, οὐ χαίρεις τῇ
εὐκολίᾳ τῆς σωτηρίας, ἀλλ´ ἀπέρχῃ ὀδυνώμενος
τὴν ψυχὴν καὶ πενθῶν, καὶ ποιεῖς σεαυτῷ ἄχρηστα πάντα ὅσα σοι
προπεπόνηται. Εἰ γὰρ οὐκ ἐφόνευσας, ὡς σὺ φῂς, οὔτε ἐμοίχευσας, οὔτε ἔκλεψας,
οὔτε κατεμαρτύρησάς τινος μαρτυρίαν ψευδῆ, ἀνόνητον σεαυτῷ ποιεῖς τὴν
περὶ ταῦτα σπουδὴν, μὴ προστιθεὶς τὸ λεῖπον, δι´ οὗ μόνου δυνήσῃ εἰσελθεῖν
εἰς τὴν βασιλείαν τοῦ Θεοῦ. Καὶ εἰ μὲν ἰατρὸς ἐπηγγέλλετο κολοβώματα
μελῶν ἐκ φύσεως ἢ ἐξ ἀῤῥωστίας προσόντα σοι διορθώσασθαι, οὐκ ἂν ἠθύμεις
ἀκούων· ἐπειδὴ δὲ ὁ μέγας τῶν ψυχῶν ἰατρὸς τέλειόν σε ποιῆσαι βούλεται
τοῖς καιριωτάτοις ἐλλείποντα, οὐ δέχῃ τὴν χάριν, ἀλλὰ πενθεῖς καὶ
σκυθρωπάζεις. Ἐκείνης μὲν γὰρ δῆλος εἶ τῆς ἐντολῆς μακρὰν ὑπάρχων, καὶ
ψευδῶς σεαυτῷ προσμαρτυρήσας αὐτὴν, ὅτι ἠγάπησας τὸν πλησίον σου ὡς
σεαυτόν. Ἰδοὺ γὰρ τὸ παρὰ τοῦ Κυρίου προταθὲν ἐλέγχει σε παμπληθὲς
τῆς ἀληθινῆς ἀγάπης ἀπολειπόμενον. Εἰ γὰρ ὅπερ διεβεβαιώσω ἀληθὲς ἦν,
ὅτι ἐφύλαξας ἐκ νεότητος τὴν ἐντολὴν τῆς ἀγάπης, καὶ τοσοῦτον ἀπέδωκας
ἑκάστῳ ὅσον καὶ σεαυτῷ, πόθεν σοι ἡ τῶν χρημάτων αὕτη περιουσία;
Δαπανητικὸν γὰρ πλούτου ἡ θεραπεία τῶν δεομένων· ὀλίγα μὲν ἑκάστου
πρὸς τὴν ἀναγκαίαν ἐπιμέλειαν δεχομένου, πάντων δὲ ὁμοῦ καταμεριζομένων
τὰ ὄντα, καὶ περὶ ἑαυτοὺς δαπανώντων. Ὥστε ὁ ἀγαπῶν τὸν πλησίον
ὡς ἑαυτὸν οὐδὲν περισσότερον κέκτηται τοῦ πλησίον· ἀλλὰ μὴν φαίνῃ ἔχων
κτήματα πολλά. Πόθεν ταῦτα; ἢ δῆλον ὅτι τὴν οἰκείαν ἀπόλαυσιν προτιμοτέραν
τῆς τῶν πολλῶν παραμυθίας ποιούμενος. Ὅσον οὖν πλεονάζεις
τῷ πλούτῳ, τοσοῦτον ἐλλείπεις τῇ ἀγάπῃ. Ἐπεὶ πάλαι ἂν ἐμελέτησας
τῶν χρημάτων τὴν ἀλλοτρίωσιν, εἰ ἠγαπήκεις σου τὸν πλησίον. Νυνὶ δὲ
προσπέφυκέ σοι τὰ χρήματα πλέον ἢ τὰ μέλη τοῦ σώματος, καὶ λυπεῖ σε
αὐτῶν ὁ χωρισμὸς ὡς ἀκρωτηριασμὸς τῶν καιρίων. Εἰ γὰρ ἠμφίασας γυμνὸν, εἰ
ἔδωκας πεινῶντι τὸν ἄρτον σου, εἰ ἡ θύρα σου ἠνέῳκτο παντὶ ξένῳ,
εἰ ἐγένου πατὴρ ὀρφανῶν, εἰ παντὶ συνέπασχες ἀδυνάτῳ, ὑπὲρ ποίων ἂν
ἐλυπήθης χρημάτων; Ποῦ δ´ ἂν καὶ ἐδυσχέρανας ἀποτιθέμενος τὰ λειπόμενα,
πάλαι μελετήσας αὐτὰ διανέμειν τοῖς ἐνδεέσιν; Εἶτα, ἐν μὲν πανηγύρει οὐδεὶς
λυπεῖται προϊέμενος τὰ παρόντα καὶ ἀντικτώμενος τὰ ἐνδέοντα·
ἀλλ´ ὅσῳπερ ἂν ἐλάττονος τιμῆς τὰ πολυτίμητα πρίηται, τοσούτῳ χαίρει,
ὡς λαμπροῦ αὐτῷ τοῦ συναλλάγματος γενομένου· σὺ δὲ λυπῇ, χρυσίον,
καὶ ἀργύριον, καὶ κτήματα διδούς· τουτέστι, λίθους καὶ χοῦν παρεχόμενος,
ἵνα κτήσῃ τὴν μακαρίαν ζωήν.
| [1] Nous avons parlé dernièrement du jeune homme dont il est question aujourd'hui,
et l'auditeur attentif se rappelle les observations que nous avons faites. D'abord, que
ce n’était pas le même que le docteur de la loi dont il est fait mention dans saint Luc
(Lc. 10. 28). Car l'un n'interrogeait Jésus-Christ que pour le tenter, et lui faisait des
questions captieuses. L'autre le questionne de bonne foi, mais ne sait pas profiter des
avis qu'il lui donne. En effet, s'il l'eût interrogé par mépris, il n'eût pas été si affligé de
ses réponses. L'Écriture nous le représente avec un caractère moitié bon, moitié
mauvais; louable d'un côté, malheureux et désespéré de l'autre. Reconnaître Jésus-Christ pour vraiment maître; et, dédaignant le faste des Pharisiens, l'orgueil des
docteurs de la loi, la foule des scribes, ne donner le nom de maître qu'à celui qui est le
seul vrai et bon Maître, voilà ce qui méritait d'être loué dans le jeune homme. Le désir
qu'il témoigne d'apprendre par quels moyens il pourra obtenir la vie éternelle, est
également digne de louanges. Mais ce qui annonce la disposition d'un cœur qui
recherchait moins le véritable bien que ce qui plaît à la multitude, c'est qu'après avoir
reçu du vrai Maître des conseils salutaires, au lieu de les graver dans son âme et de
les mettre en pratique, il s'est retiré fort triste, aveuglé par l'amour des richesses.
Voilà ce qui décèle un caractère équivoque et point d'accord avec lui-même. Quoi !
vous l'appelez maître, et vous ne remplissez pas le devoir de disciple ! vous convenez
qu'il est bon, et vous négligez ce qu'il vous offre ! toutefois, un être bon ne peut
donner que de bonnes choses. Vous l'interrogez sur la vie éternelle, et vous montrez
que vous êtes livré tout entier aux avantages de la vie présente !
Les conseils du Maître vous paraissent-ils exagérés, trop durs et trop difficiles ?
Vendez ce que vous avez et donnez-le aux pauvres (Mt. 19. 1).
S'il vous condamnait aux fatigues de ceux qui labourent la terre, ou à courir les
périls auxquels s'exposent les commerçants, ou à toutes les peines que se donnent
ceux qui ont envie de s'enrichir, vous auriez raison d'être attristé et rebuté de la
difficulté des conseils : mais si le chemin qu'il vous montre pour arriver à la vie
éternelle est aisé, s'il n'est point semé de ronces et d'épines, et que cette facilité de
faire votre salut, au lieu de vous inspirer de la joie, vous attriste et vous afflige, vous
perdez tout le mérite de vos bonnes œuvres. En effet, si, comme vous dites, vous
n'avez tué personne, si vous n'avez ni commis d'adultère, ni dérobé le bien d'autrui, ni
porté de faux témoignage, vous rendez inutile le soin que vous avez pris de pratiquer
la loi, faute d'ajouter ce qui reste et ce qui seul peut vous ouvrir l'entrée du royaume
de Dieu. Si un médecin s'engageait à redresser quelqu'un de vos membres qui serait
estropié par nature ou par accident, vous seriez satisfait sans doute : et lorsque le
grand Médecin des âmes veut vous rendre parfait en ajoutant ce qui vous manque
d'essentiel, vous êtes triste et mécontent. Il est clair que vous êtes bien éloigné du
précepte de l'amour du prochain, et que vous vous êtes rendu faussement le
témoignage de l’aimer comme vous-même. La proposition que vous fait le Sauveur,
est une preuve convaincante que vous manquez de la vraie charité. Car s'il était vrai,
comme vous l'avez assuré, que vous avez rempli dès votre jeunesse le précepte de
l'amour du prochain, et que vous avez donné à chacun autant qu' à vous-même,
comment auriez-vous une pareille abondance de richesses ? Le soin des pauvres
entraîne de grandes dépenses, pour que chacun ait ce qui est nécessaire, pour que
tous les hommes partagent également les biens de la terre et puissent fournir à leurs
besoins. Celui donc qui aime son prochain comme lui-même, ne doit rien avoir plus
que son prochain : or, il est constant que vous avez des possessions très étendues.
D’où vient cette inégalité, si ce n'est de ce que vous préférez vos propres jouissances
au soulagement des autres. Ainsi, plus vous abondez en richesses, plus vous manquez
de charité. Si vous aviez aimé votre prochain, il y a long temps que vous auriez songé
à lui faire pari de vos biens. Mais vous êtes attaché à ces biens comme à une partie de
vous-même, et leur privation vous causerait autant de douleur que la perte d'un
membre essentiel. Si vous vous étiez fait un devoir de vêtir celui qui est nu, de donner
du pain à celui qui a faim, d’ouvrir votre maison aux étrangers; si vous étiez le père
des orphelins, si vous aviez compassion de tous les misérables, auriez-vous tant de
peine à vous défaire de vos richesses ? Si vous vous étiez occupé il y a longtemps à
distribuer aux pauvres ce que vous avez, il ne vous en coûterait pas d'abandonner ce
qui vous reste. Les commerçants ne font nulle difficulté de donner leurs effets pour en
avoir d'autres ; et moins ils donnent pour recevoir en échange des choses d'un grand
prix, plus ils se réjouissent comme ayant fait une bonne affaire : et vous, vous vous
affligez lorsque vous donnez de l'or, de l'argent, des possessions terrestres, c'est-à-dire,
des pierres et de la boue, pour acheter un bonheur éternel.
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