| [3] Μέθη, ὁ αὐθαίρετος δαίμων, ἐξ ἡδονῆς ταῖς ψυχαῖς ἐμβαλλόμενος, 
μέθη, κακίας μήτηρ, ἀρετῆς
ἐναντίωσις, τὸν ἀνδρεῖον δειλὸν ἀποδείκνυσι, τὸν
σώφρονα ἀσελγῆ· δικαιοσύνην οὐκ οἶδε, φρόνησιν
ἀναιρεῖ. Ὥσπερ γὰρ ὕδωρ πολέμιόν ἐστι πυρὶ, οὕτως ἀμετρία 
οἴνου λογισμὸν κατασβέννυσι. Διόπερ ὤκνουν τι λέγειν κατὰ μέθης, 
οὐχ ὡς περὶ μικροῦ τινος κακοῦ ἢ παροφθῆναι ἀξίου, ἀλλ´ ὡς οὐδὲν
ὄφελος παρεχομένου τοῦ λόγου. Εἰ γὰρ ὁ μεθύων
παραφρονεῖ καὶ ἐσκότωται, εἰκῆ ῥαψῳδεῖ ὁ ἐπιπλήττων τῷ μὴ ἀκούοντι. Τίσιν οὖν διαλεχθῶμεν; εἴπερ ὁ μὲν χρῄζων τῆς παραινέσεως 
οὐκ ἀκούει τῶν λεγομένων· ὁ δὲ σωφρονῶν καὶ 
νήφων οὐ δεῖται τῆς ἐκ τοῦ λόγου βοηθείας, καθαρεύων τοῦ πάθους. Τί
οὖν χρήσομαι τοῖς παροῦσιν, εἰ καὶ ὁ λόγος ἄχρηστος, καὶ ἡ σιωπὴ ἄπορος; 
Παρίδωμεν τὴν ἐπιμέλειαν; Ἀλλ´ ἐπικίνδυνος ἡ ἀμέλεια. Ἀλλὰ φθέγξομαί 
τι κατὰ τῶν μεθυόντων; Ἀλλ´ εἰς νεκρὰς ἀκοὰς
ἐνηχοῦμεν. Μήποτε οὖν, ὡς ἐπὶ τῶν λοιμικῶν νοσημάτων οἱ τῶν σωμάτων 
θεραπευταὶ τοὺς μὲν ὑγιαίνοντας τοῖς προφυλακτικοῖς βοηθήμασιν 
ἀσφαλίζονται, τοῖς δὲ κεκρατημένοις ὑπὸ τοῦ πάθους οὐκ
ἐγχειροῦσιν· οὕτω καὶ ὑμῖν ἐξ ἡμισείας ἔχει ὁ
λόγος τὸ χρήσιμον· φυλακὴν ὑποδεικνὺς τοῖς ἀπαθέσιν, 
οὐκ ἀπαλλαγὴν καὶ ἴασιν τοῖς ὑπὸ τοῦ πάθους κεκρατημένοις.
 | [3]  L'ivresse est un démon volontaire, qui s'empare de l'âme par le plaisir. L’ivresse 
est la mère du vice, l’ennemie de la vertu. Elle rend timide l'homme le plus 
courageux, et insolent l'homme le plus modeste. Elle ne connaît point la justice, elle 
détruit la prudence. L'eau éteint le feu ; le vin bu avec excès étouffe les lumières de la 
raison. Aussi me faisais-je une peine de parler de l’ivresse : non que je regardasse ce 
vice comme de peu de conséquence; mais je craignais que mes discours ne fussent 
inutiles, d'autant plus que l'homme ivre étant attaqué d'une espèce de folie et de 
vertige, c'est parler en vain que de reprendre quelqu'un qui n'écoute pas. A qui donc 
m'adresserai-je, puisque ceux qui auraient besoin de mes avis ne sont pas en état de 
m'entendre, et que les personnes tempérantes et sobres, n'étant pas atteintes du vice 
dont je parle, ne tireront aucun secours de mes exhortations ? Que ferai-je donc dans 
la situation où je me trouve, lorsqu'il m'est aussi inutile de parler qu'embarrassant de 
me taire ? Négligerai-je d'apporter remède au mal ? mais la négligence serait 
dangereuse. Parlerai-je à des hommes ivres ? mais ce serait faire retentir des sons à 
des oreilles mortes. Dans des maladies pestilentielles, les médecins donnent des 
préservatifs à ceux que la contagion n'a pas encore atteints, sans entreprendre ceux 
qu'elle a violemment attaqués. C'est ainsi que mon instruction pourra être utile à demi 
; et si elle ne guérit pas ceux que la passion de boire domine, peut-être du moins 
préservera-t-elle ceux qu'elle n'a pas encore assujettis. 
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