[1] (p. 444) Κινεῖ μέν με πρὸς τὸν λόγον τὰ ἑσπερινὰ θεάματα· κατέχει δέ
μου πάλιν τὴν ὁρμὴν, καὶ ἀπαμβλύνει τὴν προθυμίαν τῶν προλαβόντων
πόνων τὸ ἄκαρπον. Ἐπεὶ καὶ γεωργὸς, τῶν πρώτων αὐτῷ
σπερμάτων μὴ ἐκφυέντων, ὀκνηρότερός ἐστι πρὸς
τὸ δεύτερον ταῖς αὐταῖς ἀρούραις πάλιν ἐγκαταβάλλειν.
Εἰ γὰρ ἐπὶ τοσαύταις παραινέσεσιν, ἃς ἔν
τε τῷ προλαβόντι χρόνῳ παρακαλοῦντες ὑμᾶς οὐ
διελίπομεν, καὶ ἐφεξῆς τῶν ἑπτὰ τούτων τῆς νηστείας ἑβδομάδων
νυκτὸς καὶ ἡμέρας διαμαρτυρόμενοι
(p. 445) ὑμῖν τὸ Εὐαγγέλιον τῆς χάριτος τοῦ Θεοῦ
οὐκ ἐπαυσάμεθα, οὐδὲν γέγονεν ὄφελος· ἐπὶ ποίαις
ἐλπίσι διαλεχθῶμεν σήμερον; Ὢ πόσας νύκτας εἰκῆ
ἠγρυπνήσατε! πόσας ἡμέρας εἰκῆ συνηθροίσθητε!
εἴ γε καὶ εἰκῆ. Ὁ γὰρ ἐν προκοπῇ γενόμενος ἀγαθῶν
ἔργων, εἶτα παλινδρομήσας πρὸς τὴν ἀρχαίαν συνήθειαν,
οὐ μόνον τὸν ἐπὶ τοῖς πεπονημένοις μισθὸν ἐζημιώθη, ἀλλὰ
καὶ βαρυτέρας ἀξιοῦται τῆς κατακρίσεως· ὅτι, γευσάμενος
καλὸν Θεοῦ ῥῆμα, καὶ γνώσεως μυστηρίων ἀξιωθεὶς, πάντα
προέδωκεν, ἡδονῇ βραχείᾳ δελεασθείς.
Ὁ μὲν γὰρ ἐλάχιστος συγγνωστός ἐστιν ἐλέους· δυνατοὶ
δὲ, φησὶ, δυνατῶς ἐτασθήσονται. Μία ἑσπέρα,
καὶ μία προσβολὴ τοῦ ἐχθροῦ πάντα τὸν πόνον
ἐκεῖνον διέλυσε καὶ ἠφάνισε. Ποία οὖν προθυμία τοῦ
νῦν λόγου; Ὥστε κἂν ἐσιώπησα, εὖ ἴστε, εἰ μὴ
ἐφοβούμην τὸ ὑπόδειγμα τοῦ Ἱερεμίου, ὃς, πρὸς
ἀπειθῆ λαὸν φθέγγεσθαι μὴ βουλόμενος, ἔπαθεν
ἐκεῖνα ἅπερ αὐτὸς διηγήσατο· ὅτι ἐγένετο αὐτῷ πῦρ
ἐν τοῖς ἐγκάτοις, καὶ παρεῖτο πάντοθεν, καὶ οὐκ ἠδύνατο φέρειν.
| [1] MES FRÈRES, les spectacles d'hier m'excitent à vous adresser une instruction ;
mais l'inutilité de mes peines par le passé, arrête mon empressement et ralentit mon
ardeur. Le laboureur qui voit que les premières semences qu'il a jetées en terre n'ont
rien produit, est moins empressé à ensemencer une seconde fois les mêmes
campagnes. Eh ! si je n'ai pu rien gagner par tant d'exhortations que je vous ai faites
dans les temps qui ont précédé, et surtout pendant les sept semaines du jeûne, où je
vous ai expliqué jour et nuit la doctrine évangélique, dans quelle espérance vous
parlerions-nous encore aujourd’hui ? Hélas ! que vous avez passé de nuits inutilement ! combien de jours vous vous êtes assemblés en vain ! Que dis-je en vain ? Quand on
s'est signalé par beaucoup de bonnes oeuvres, et qu'ensuite on se replonge dans ses
anciens désordres, non seulement on perd le fruit de ses travaux, mais on subit une
punition plus rigoureuse, parce qu'ayant goûté la parole de Dieu, et ayant eu
l'avantage de connaître ses mystères, on a tout abandonné, séduit par l'attrait d'un
court plaisir. Les faibles pourront être jugés dignes d’indulgence, mais les forts seront
tourmentés fortement (Sag. 6. 7). Un seul soir et une première attaque de l'ennemi
ont rendu inutiles toutes mes peines. Quelle ardeur pourrais-je donc avoir à vous
instruire encore ? Aussi aurais-je gardé le silence, n'en doutez pas, si l'exemple de
Jérémie ne m'eût effrayé. Ce Prophète ayant refusé de parler à un peuple rebelle,
éprouva les maux qu'il raconte lui-même (Jérem. 20. 9). Ses entrailles furent
brûlées par un feu dévorant qui le consumait sans cesse, et dont il ne pouvait
supporter la violence.
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