Texte grec :
[15,696] Τούτῳ γὰρ ἀρῶ, τούτῳ θερίζω,
(696a) τούτῳ πατέω τὸν ἁδὺν οἶνον ἀπ´ ἀμπέλω,
τούτῳ δεσπότας μνοίας κέκλημαι.
Τοὶ δὲ μὴ τολμῶντ´ ἔχειν δόρυ καὶ ξίφος
καὶ τὸ καλὸν λαισήιον, πρόβλημα χρωτός,
πάντες γόνυ πεπτηῶτες ἐμὸν κυνέοντι, δεσπόταν
καὶ μέγαν βασιλῆα φωνέοντες. »
51. Τούτων λεχθέντων ὁ Δημόκριτος ἔφη· « ἀλλὰ μὴν καὶ τὸ ὑπὸ τοῦ
πολυμαθεστάτου γραφὲν Ἀριστοτέλους εἰς Ἑρμείαν τὸν Ἀταρνέα οὐ παιάν ἐστιν,
ὡς ὁ τὴν τῆς ἀσεβείας κατὰ τοῦ φιλοσόφου γραφὴν ἀπενεγκάμενος (696b)
Δημόφιλος εἰς αἰδωτε παρασκευασθεὶς ὑπ´ Εὐρυμέδοντος, ὡς ἀσεβοῦντος καὶ
ᾄδοντος ἐν τοῖς συσσιτίοις ὁσημέραι εἰς τὸν Ἑρμείαν παιᾶνα. Ὅτι δὲ παιᾶνος
οὐδεμίαν ἔμφασιν παρέχει τὸ ἆσμα, ἀλλὰ τῶν σκολίων ἕν τι καὶ αὐτὸ εἶδός
ἐστιν ἐξ αὐτῆς τῆς λέξεως φανερὸν ὑμῖν ποιήσω·
« Ἀρετὰ πολύμοχθε γένει βροτείῳ,
θήραμα κάλλιστον βίῳ,
σᾶς πέρι, παρθένε, μορφᾶς
(696c) καὶ θανεῖν ζηλωτὸς ἐν Ἑλλάδι πότμος
καὶ πόνους τλῆναι μαλεροὺς ἀκάμαντας·
τοῖον ἐπὶ φρένα βάλλεις
καρπόν τ´ ἀθάνατον χρυσοῦ τε κρείσσω
καὶ γονέων μαλακαυγήτοιό θ´ ὕπνου.
Σεῦ δ´ ἕνεχ´ οὑκ Διὸς Ἡρακλέης Λήδας τε κοῦροι
πόλλ´ ἀνέτλασαν ἔργοις σὰν ἀγρεύοντες δύναμιν.
(696d) Σοῖς δὲ πόθοις Ἀχιλεὺς Αἴας τ´ Ἀίδα δόμον ἦλθον.
Σᾶς δ´ ἕνεκεν φιλίου μορφᾶς καὶ Ἀταρνέος ἔντροφος
ἠελίου χήρωσεν αὐγάς.
Τοιγὰρ ἀοίδιμον ἔργοις ἀθάνατόν τέ μιν αὐξήσουσι Μοῦσαι,
Μνημοσύνης θύγατρες, Διὸς ξενίου σέβας αὔξουσαι
φιλίας τε γέρας βεβαίας. »
52. Ἐγὼ μὲν οὐκ οἶδα εἴ τίς τι κατιδεῖν ἐν τούτοις (696e) δύναται
παιανικὸν ἰδίωμα, σαφῶς ὁμολογοῦντος τοῦ γεγραφότος τετελευτηκέναι τὸν
Ἑρμείαν δι´ ὧν εἴρηκεν
« Σᾶς γὰρ φιλίου μορφᾶς Ἀταρνέος ἔντροφος ἠελίου χήρωσεν αὐγάς. »
Οὐκ ἔχει δ´ οὐδὲ τὸ παιανικὸν ἐπίρρημα, καθάπερ ὁ εἰς Λύσανδρον τὸν
Σπαρτιάτην γραφεὶς ὄντως παιάν, ὅν φησι Δοῦρις ἐν τοῖς Σαμίων
ἐπιγραφομένοις Ὥροις ᾄδεσθαι ἐν Σάμῳ.
Παιὰν δ´ ἐστὶν καὶ ὁ εἰς Κρατερὸν τὸν Μακεδόνα γραφείς, ὃν ἐτεκτήνατο
Ἀλεξῖνος ὁ διαλεκτικός, φησὶν (696f) Ἕρμιππος ὁ Καλλιμάχειος ἐν τῷ πρώτῳ
περὶ Ἀριστοτέλους. ᾌδεται δὲ καὶ οὗτος ἐν Δελφοῖς, λυρίζοντός γέ τινος
παιδός. Καὶ ὁ εἰς Ἀγήμονα δὲ τὸν Κορίνθιον Ἀλκυόνης πατέρα, ὃν ᾄδουσιν
Κορίνθιοι, ἔχει τὸ παιανικὸν ἐπίφθεγμα. Παρέθετο δ´ αὐτὸν Πολέμων ὁ
περιηγητὴς ἐν τῇ πρὸς Ἀράνθιον Ἐπιστολῇ.
Καὶ ὁ εἰς Πτολεμαῖον δὲ τὸν πρῶτον Αἰγύπτου βασιλεύσαντα παιάν ἐστιν, ὃν
ᾄδουσιν Ῥόδιοι·
|
|
Traduction française :
[15,696] C'est moyennant cette armure que je laboure, que je
moissonne, que je foule (696a) le doux jus de la treille, et que le Mnoias
me respecte comme son maître : mais ceux qui n'osent porter une lance, une
épée, une belle rondache, rempart du corps, viennent tous en tremblant à
mes genoux me présenter leurs hommages, et m'appellent grand roi. »
51. CHAP. XVI. On fînissait sur cette matière, lorsque Démocrite suivit la
conversation, et parla du prétendu Péan que le très savant Aristote avait
fait sur Ermias d'Atarnée. Mais ce n'est pas un Péan comme le prétendit
Dëmophile, qui osa accuser Aristote d'impiété pour l'avoir fait ; et pour
le chanter toutes les fois qu'il se trouvait à un repas. J'observe en
outre que ce fut Eurymédon qui porta Démophile à cette dénonciation, pour
y donner plus de poids. Quoiqu'il en soit, cette chanson n'a aucune
apparence de Péan, et je vais vous montrer clairement qu'il suffît de
l'entendre pour la ranger parmi les scolies.
« Vertu si pénible pour les mortels, acquisition la plus précieuse de
toutes, vierge ! c'est pour tes charmes (696b) ravissants que la Grèce
vole sans hésiter à la mort, ou supporte avec un courage inébranlable les
plus durs travaux, tant tu leur inspires le désir de l'immortalité, fruit
que tu leur présentes, plus agréable que les richesses de Crésus, plus
attrayant que la tendresse d'un père et d'une mère, plus doux que le calme
d'un doux sommeil qui fait cesser toute douleur. C'est pour toi qu'Hercule
fils de Jupiter, et les deux fils de Léda ont soutenu tant de travaux,
voulant jouir de tous les avantages après leurs glorieux exploits : (696d)
c'est par le désir de te posséder qu'Achille et le fils d'Ajax ont
sacrifié leur vie. C'est aussi pour tes charmes ravissants que le
nourrisson d'Atarnée s'est privé de la lumière du jour. Devenu célèbre par
ses hauts faits, il sera consacré au temple de l'immortalité par les
Muses, filles de Mnémosyne. Elles chanteront son respect pour Jupiter
hospitalier, et récompenseront ainsi son amitié inaltérable. »
52. Or, mes amis, je ne vois pas ce qu'on peut apercevoir (696e) ici
d'analogue au caractère du Péan: car l'auteur de cette chanson avoue
clairement qu'Ermias était mort. Voici ses termes :
« C'est pour tes charmes ravissants que le nourrisson d'Atarnée s'est
privé de la lumière du jour. »
D'ailleurs il n'y a pas le refrain ordinaire des Péans, comme on le voit à
celui qui fut fait pour Lysandre lorsqu'il était à Samos, et qui selon
Douris dans ses Limites de Samos, fut un véritable Péan qu'on chanta dans
cette ville.
Les vers qu'on fit pour Cratérus de Macédoine furent aussi un véritable
Péan. L'auteur était Alexinus le Dialecticien, comme le dit (696f) Ermippe
disciple de Callimaque lv. 1 de son ouvrage sur Aristote. On le chante à
Delphes, et un enfant l'accompagne en jouant de la lyre. Ce que les
Corinthiens chantent pour Agérnon de Corinthe, père d'Alcyone, a le
refrain des Péans. Polémon le périégète l'a rapporté dans la lettre qu'il
écrivait à Arantius.
C'est encore un Péan que les Rhodiens chantent en l'honneur de Ptolémée I,
roi d'Égypte :
|
|