Texte grec :
[13,32] Καταλέξω δέ σοι, Κύνουλκε, ᾿Ιωνικήν τινα ῥῆσιν ἐκτείνας κατὰ τὸν Αἰσχύλου - - - περὶ
ἑταιρῶν, ἀρξάμενος ἀπὸ τῆς καλῆς Κορίνθου, ἐπειδή μοι τὴν αὐτόθι σοφιστείαν ὠνείδισας.
Νόμιμόν ἐστιν ἀρχαῖον ἐν Κορίνθῳ ὡς καὶ Χαμαιλέων ὁ ῾Ηρακλεώτης ἱστορεῖ ἐν τῷ περὶ
Πινδάρου, ὅταν ἡ πόλις εὔχηται περὶ μεγάλων τῇ ᾿Αφροδίτῃ, συμπαραλαμβάνεσθαι πρὸς
τὴν ἱκετείαν τὰς ἑταίρας ὡς πλείστας, καὶ ταύτας προσεύχεσθαι τῇ θεῷ καὶ ὕστερον ἐπὶ
τοῖς ἱεροῖς παρεῖναι. Καἱ ὅτε δὴ ἐπἱ τὴν ῾Ελλάδα τὴν στρατείαν ἦγεν ὁ Περσής, ὡς καὶ
Θεόπομπος ἱστορεῖ καὶ Τίμαιος ἐν τῇ ἑβδόμῃ, αἱ Κορίνθιαι ἑταῖραι εὔξαντο ὑπὲρ τῆς τῶν
῾Ελλήνων σωτηρίας εἰς τὸν τῆς ᾿Αφροδίτης ἐλθοῦσα νεών. Διὸ καὶ Σιμωνίδης ἀναθέντων
τῶν Κορινθίων πίνακα τῇ θεῷ τὸν ἔτι καὶ νῦν διαμένοντα καὶ τὰς ἑταίρας ἰδίᾳ γραψάντων
τὰς τότε ποιησαμένας τὴν ἱκετείαν καὶ ὕστερον παρούσας συνέθηκε τόδε τὸ ἐπίγραμμα·
Αἵδε ὑπὲρ ῾Ελλήνων τε καὶ εὐθυμάχων πολιητᾶν
ἔσταθεν εὔχεσθαι Κύπριδι δαιμονίᾳ·
οὐ γὰρ τοξοφόροισιν ἐμήσατο δι' ᾿Αφροδίτα
Πέρσαις ῾Ελλάνων ἀκρόπολιν προδόμεν.
Καὶ οἱ ἰδιῶται δὲ κατεύχονται τῇ θεῷ τελεσθέντων περὶ ὧν ἂν ποιῶνται τὴν δέησιν ἀπάξειν
αὐτῇ καὶ τὰς ἑταίρας.
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Traduction française :
[13,32] Maintenant, rien que pour toi, mon cher Cynulcos, je vais t'offrir
un de ses discours à l'ionienne, comme sait à merveille en
concocter Eschyle dans son Agamemnon, quand il parle des
prostituées. Je commencerai par la belle ville de Corinthe, où tu me
reproches d'avoir été enseignant.
Il est une vieille coutume à Corinthe – c'est Chaméléon d'Héraclée
qui le rapporte dans son livre sur Pindare – selon laquelle, dans les
circonstances exceptionnelles où l'on adresse des prières à
Aphrodite, on invite le plus grand nombre possible de prostituées à
se joindre à la cérémonie. Une fois les prières terminées, elles ont
encore le droit d'assister aux sacrifices.
Au temps où la Perse était en conflit avec la Grèce, Théopompe,
mais également Timée dans son Livre VII, nous racontent que les
prostituées de Corinthe se rendirent au temple d'Aphrodite afin d'y
prier pour le salut des Grecs. En guise d'hommage, les Corinthiens
consacrèrent à la déesse une plaque commémorative que l'on voit
encore aujourd'hui, où l'on avait inscrit le nom des prostituées qui
avaient participé à ces prières publiques. Pour l'occasion, Simonide
composa l'épigramme suivante :
«Les voilà, ces excellentes citoyennes qui agirent en priant la Cyprienne en
faveur des vaillants Corinthiens ; {et leurs voeux furent exaucés : } la divine
Aphrodite se refusa à ce que l'acropole des Grecs fût livrée aux flèches des Mèdes.»
Il y a mieux. Quand de simples citoyens prient la déesse
d'exaucer leurs désirs, ils s'empressent d'ajouter que, si leur voeu
se réalise, ils lui amèneront, comme témoignage de leur gratitude,
des prostituées ...
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