Texte grec :
[13,33] ῾Υπάρχοντος οὖν τοῦ τοιούτου νομίμου περὶ τὴν θὲον Ξενοφῶν ὁ Κορίνθιος ἐξιὼν εἰς
᾿Ολυμπίαν ἐπὶ τὸν ἀγώνα καὶ αὐτὸς ἀπάξειν ἑταίρας εὔξατο τῇ θεῷ νικήσας. Πίνδαρός τε τὸ
μὲν πρῶτον ἔγραψεν εἰς αὐτὸν ἐγκώμιον, οὗ ἡ ἀρχή 'τρισολυμπιονίκαν ἐπαινέων οἶκον,'
ὕστερον δὲ καὶ σκόλιον τὸ παρὰ τὴν θυσίαν ᾀσθέν, ἐν ᾧ τὴν ἀρχὴν εὐθέως πεποίηται πρὸς
τὰς ἑταίρας, αἳ παραγενομένου τοῦ Ξενοφῶντος καὶ θύοντος τῇ ᾿Αφροδίτῃ συνέθυσαν.
Διόπερ ἔφη·
ὦ Κύπρου δέσποινα, τεὸν δεῦτ' ἐς ἄλσος
φορβάδων κορᾶν ἀγέλαν ἑκατόγγυιον Ξενοφῶν τελέαις
ἐπήγαγ' εὐχωλαῖς ἰανθείς.
῎Ητξατο δ' οὕτως τοῦ μέλους·
Πολύξεναι νεάνιδες ἀμφίπολοι
Πειθοῦς ἐν ἀφνειῷ Κορίνθῳ,
αἵτε τὰς χλωρᾶς λιβάνου ξανθὰ δάκρη
θυμιᾶτε, πολλάκι ματέρ' ᾿Ερώτων οὐράνιαι πτάμεναι
νοήμα ποττὰν ᾿Αφροδίταν·
ὑμῖν ἄνωθεν ἀπαγορίας ἔπορεν,
ὦ παῖδες, ἐρατειναῖς <ἐν> εὐναῖς
μαλθακᾶς ὥρας ἀπὸ καρπὸν δρέπεσθαι
σύν δ' ἀνάγκᾳ πᾶν καλόν.
᾿Αρξάμενος δ' οὕτως ἑξῆς φησιν·
᾿Αλλὰ θαυμάζω τί με λεξοῦντι ᾿Ισθμου
δεσπόται τοιάνδε μελίφρονος ἀρχὰν εὑρὸμενον σκολιοῦ
ξυνάορον ξυναῖς γυναιξί.
Δῆλον γὰρ ὅτι πρὸς τὰς ἑταίρας διαλεγόμενος ἠγωνια ποῖόν τι φανήσεται τοῖς Κορινθίοις
τὸ πρᾶγμα. Πιστεύων δέ, ὡς ἕοικεν, αὐτῷ πεποίηκεν εὐθέως·
᾿Εδιδάξαμεν χρυσὸν καθαρᾷ βασάνῳ.
῞Οτι δὲ καὶ ᾿Αφροδίσια ἴδια ἄγουσιν αὐτόθι αἱ ἑταῖραι, ῎Αλεξις ἐν Φιλούσῃ φησίν·
᾿Αφροδίσι' ἦγε ταῖς ἑταίρας ἡ πόλις,
ἕτερα δὲ χωρίς ἐστι ταῖς ἐλευθέραις.
Ταῖς ἡμέραις ταύταις δὲ κωμάζειν ἔθος
ἐστὶν νόμος τε τὰς ἑταίρας ἐνθάδε
<μεθύειν> μεθ' ἡμῶν.
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Traduction française :
[13,33] La coutume relative à la déesse était si bien ancrée dans les
moeurs que, lorsque Xénophon de Corinthe alla concourir à Olympie,
il fit le voeu d'amener des courtisanes à Aphrodite en cas de
victoire. Et c'est ainsi que Pindare composa à son intention une
élégie commençant par ce vers :
«Je célèbre une maison par trois fois victorieuse à Olympie ...»
Un peu plus tard, il écrivit une ode qui fut chantée lors du repas
sacrificatoire, dont les premiers vers s'adressent aux courtisanes
sacrifiant à Aphrodite en même temps que Xénophon. Les voici :
«Ô reine de Chypre, ici, dans ce sanctuaire, Xénophon a offert en pâture
une troupe de cent filles, heureux que son voeu ait été exaucé.»
Voici ensuite la mélodie :
«Jeunes filles si accueillantes aux étrangers, prêtresses de la Persuasion
dans l'onctueuse Corinthe, vous qui sur l'autel faites brûler les larmes jaunes
de l'encens frais, souvent vous volez en pensée jusqu'à la mère des Amours,
la merveilleuse Aphrodite ; ô enfants, libres de reproches, elle vous a accordé
le droit de cueillir le fruit de la douce beauté dans vos étreintes passionnées.
Quand la nécessité l'exige, tout est beau.»
Après ce début, Pindare continue :
«Mais je me demande ce que les maîtres de l'Isthme diront de moi, qui,
pour prélude à mon chant, avec des mots d'une douceur de miel, me suis fait
l'allié de ces femmes publiques.»
En effet, il est évident qu'en s'adressant à ces prostituées, le
poète était curieux de savoir comment les Corinthiens prendraient
la chose. Mais, très confiant à l'égard de sa propre intégrité, il
poursuit ainsi :
«Nous avons voulu examiner l'or avec une pierre de touche pure.»
Du reste, les prostituées célèbrent aussi leur propre fête
d'Aphrodite à Corinthe, comme Alexis nous le rapporte dans ces
lignes tirées de son Amante :
«La ville célèbre une fête d'Aphrodite pour les prostituées, une fête qui
diffère notablement de celle qui est réservée aux femmes honnêtes. Durant
ces journées, il est de règle que les putains s'amusent, et il leur est même
permis de s'enivrer dans nos festins.»
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