Texte grec :
[13,86] ῾Υμεῖς δὲ, ὦ φιλοσόφοι, καὶ τῶν δελφίνων καὶ τῶν
ἐλεφάντων ἐστὲ κατὰ τὴν γνώμην ἀγριώτεροι ἔτι τε
ἀνημερώτεροι. Καίτοι Περσαίου τοῦ Κιτιέως ἐν τοῖς
Συμποτικοῖς ῾Υπομνήμασιν βοῶντος καὶ λέγοντος «περὶ
ἀφροδισίων ἁρμοστὸν εἶναι ἐν τῷ οἶνῳ μνείαν ποιεῖσθαι · καὶ
γὰρ πρὸς ταῦτα ἡμᾶς ὅταν ὑποπίωμεν ἐπορρεπεῖς εἶναι. Καὶ
ἐνταῦθα τοὺς μὲν ἡμέρως τε καὶ μετρίως αὐτοῖς χρωμένους
ἐπαινεῖν δεῖ, τοὺς δὲ θηριωδῶς καὶ ἀπλήστως ψέγειν. Καὶ εἰ
διαλεκτικοὶ συνελθόντες εἰς πότον περὶ συλλογισμῶν
διαλέγοιντο ἀλλοτρίως ἂν αὐτοὺς ὑπολάβοι τις ποιεῖν τοῦ
παρόντος καιροῦ, <ὅτε> καὶ ὁ καλὸς κἀγαθὸς ἀνὴρ
μεθυσθείη ἄν. Οἱ δὲ βουλόμενοι σωφρονικοὶ εἶναι σφόδρα
μέχρι τινὸς διατηροῦσιν ἐν τοῖς πότοις τὸ τοιοῦτον · εἶθ' ὅταν
παρεισδυῇ τὸ οἰνάριον, τὴν πᾶσαν ἀσχημοσύνην
ἐπιδείκνυνται · ὃ καὶ πρώην ἐγένετο ἐπὶ τῶν ἐξ ᾿Αρκαδίας
θεωρῶν πρὸς ᾿Αντίγονον παραγενομένων. ᾿Εκεῖνοι {τε} γὰρ
ἠρίστων σφόδρα σκυθρωπῶς καὶ εὐσχημόνως, ὡς ᾤοντο,
οὐχ ὅτι ἡμῶν τινα προσβλέποντες, ἄλλα οὐδ' ἀλλήλους. ῾Ως
δὲ ὁ πότος προέβαινεν καὶ εἰσῆλθεν ἄλλα τε ἀκροάματα καὶ
αἱ Θετταλαὶ αὗται ὀρχηστριδες, καθάπερ αὐταῖς ἔθος ἐστίν,
ἐν ταῖς διαζώστραις γυμναὶ ὠχροῦντο, οὐκ ἔτι κατεῖχον
αὑτοὺς οἱ ἄνδρες, ἀλλὰ ἐκ τῶν κλινῶν ἀνώρμων καὶ ἐβόων
ὡς θαυμαστόν τι θέαμα θεώμενοι · καὶ μακάριον τὸν
βασιλέα άπεκάλουν, ὅτι ἔξεστι αὐτῷ τούτων ἀπολαύειν. Καὶ
ἕτερα τούτοις παραπλήσια πάνυ πολλὰ τῶν φορτικῶν
ἐποίουν. Τῶν φιλοσόφων δέ τις συμπίνων ἡμῖν εἰσελθούσης
αὐλητρίδος καὶ οὔσης εὐρυχωρίας παρ' αὐτῷ, βουλομένης
τῆς παιδίσκης παρακαθίσαι οὐκ ἐπέτρεψεν, ἀλλὰ σκληρὸν
αὑτὸν εἰσῆγεν. Εἶθ' ὕστερον πώλουμένης τῆς αὐλητρίδος,
καθάπερ ἔθος ἐστὶν ἐν τοῖς πότοις γίνεσθαι, ἐν τε τῷ
ἀγοράζειν πάνυ νεανικὸς ἦν καὶ τῷ πωλοῦντι ἄλλῳ τινὶ
θᾶττον προσθέντι ἠμφισβήτει καὶ οὐκ ἔφη αὐτὸν
πεπρακέναι · καὶ τέλος εἰς πυγμὰς ἦλθεν ὁ σκληρὸς ἐκεῖνος
φιλόσοφος καὶ ἐν ἀρχῇ οὐδ' ἄν παρακαθίσαι ἐπιτρέπων τῇ
αὐλητρίδι». Μήποτε αὐτό ἐστι {ὁ} Περσαῖος ὁ περὶ τῆς
αὐλητρίδος διαπυκτεύσας. Φησὶν γὰρ ᾿Αντίγονος ὁ
Καρύστιος ἐν τῷ περὶ Ζήνωνος γράφων ὧδε · «Ζήνων ὁ
Κιτιεὺς Περσαίου παρὰ πότον αὐλητρίδιον πριαμένου καὶ
διοκνοῦντος εἰσαγαγεῖν πρὸς αὐτὀν διὰ τὸ τὴν αὐτὴν οἰκεῖν
οἰκίαν, συναισθόμενος εἰσείλκυσε τὴν παιδίσκην καὶ
συγκατέκλεισε τῷ Περσαίῳ.» Οἶδα δὲ καὶ Πολύστρατον τὸν
᾿Αθηναῖον, μαθητὴν δὲ Θεοφράστου, τὸν ἐπικαλούμενον
Τυρρηνόν, ὅτι τῶν αὐλητρίδων τὰ ἱμάτια περιέδυεν.
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Traduction française :
[13,86] Mais vous, mes chers philosophes, vous êtes plus cruels et
moins policés dans vos coeurs que les dauphins et les éléphants. Il
est vrai que Persée de Cition crie haut et fort ces mots dans ses
Souvenirs de Banquet :
«Il est tout à fait normal qu'un homme sous l'empire du vin se
laisse aller à parler de sexe. En effet, tous autant que nous
sommes, nous inclinons vers ce genre de conversation quand nous
buvons plus qu'il ne faut. C'est pourquoi il faut féliciter ceux qui en
usent avec modération, et blâmer ceux qui s'enivrent
vulgairement. Si quelques habiles dialecticiens se mettent à jeter
des syllogismes en plein coeur d'un banquet bien arrosé, on
pourrait les critiquer car la chose est peu circonstanciée. Il peut
arriver qu'un homme sage s'enivre. Et ceux qui se sont jurés de
rester sobres, on sait bien qu'ils ne tiennent que peu de temps :
dès qu'une méchante petite coupe leur passe entre les mains, ils
se montrent bientôt dans toute leur grossièreté.
C'est ce qui arriva, il y a peu, aux ambassadeurs envoyés par
Antigone. Ceux-ci déjeunaient avec solennité et décence, selon
leurs coutumes, ne jetant pas un seul regard sur nous, ni même
entre eux. Cependant, alors que le vin commençait à faire son
effet, on vit entrer pour le divertissement des danseuses
thessaliennes qui dansèrent, comme elles en ont l'habitude, c'est-
à-dire dire nues sous leur pagne. Les hommes ne pouvant plus se
retenir, se levèrent soudain de leurs lits de table et poussèrent
des cris frénétiques à la vue de ce spectacle à leurs yeux
confondants de beauté. Ils proclamèrent que le roi était
décidément un bien heureux homme puisqu'il lui était permis de
contempler de si belles choses. Enfin, ils se livrèrent à des actes
tous plus désolants les uns que les autres.
Avec nous, buvait un philosophe. Une joueuse de flûte entra et
demanda à s'asseoir sur son lit. Il refusa en prenant un air pincé.
Mais plus tard, la joueuse de flûte fut mise aux enchères, comme
c'est la coutume dans les banquets. Alors, plus vif qu'un jeune
puceau, il participa à l'adjudication ; quand la jeune fille fut
adjugée à un autre que lui, il se fâcha tout rouge contre l'homme,
en prétendant qu'il n'avait pas agi de façon légale. En fin de
compte, ce philosophe austère en vint aux coups, lui, qui, quelques
instants auparavant, n'avait pas même daigné offrir à la jeune fille
une petite place à ses côtés.»
Ne serait-ce point Persée lui-même qui se battit pour obtenir
cette joueuse de flûte ? Antigone de Caryste rapporte l'anecdote
suivante dans son livre sur Zénon :
«Persée acheta une petite joueuse de flûte lors d'un banquet,
mais il hésitait à l'emmener chez lui parce qu'il habitait dans la
même maison que Zénon. Dès que Zénon de Cition le sut, il invita
la jeune fille à venir chez lui et l'enferma aussitôt avec Persée.»
J'ai appris aussi que Polystrate d'Athènes, surnommé l'Étrusque,
et disciple de Théophraste, avait l'habitude d'effeuiller les joueuses de flûte…
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