Texte grec :
[13,18] ῾Υμεῖς δὲ ξυρουμένους τὰ γένεια περιφέρετε τοὺς
ἐρωμένους· τοῦ ξύρεσθαι τὸν πώγωνα κατ' ᾿Αλέξανδρον
εὑρημένους, ὥς φησιν ὑμῶν ὁ Χρύσιππος ἐν τῷ τετάρτῳ περὶ
τοῦ Καλοῦ καὶ τῆς ῾Ηδονῆς. Οὐκ ἀκαίρως δ', ὡς ἐμαυτὸν
πείθω, μεμνήσομαι τῆς λέξεως· χαίρω γὰρ πάνυ τῷ ἀνδρὶ διά
τε τὴν πολυμαθίαν καὶ τὴν τοῦ ἤθους ἐπιείκειαν. Λέγει δὲ
οὕτως ὁ φιλόσοφος· «Τὸ ξύρεσθαι τὸν πώγωνα κατ'
᾿Αλέξανδρον προῆκται, τῶν προτέρων οὐ χρωμένων αὐτῷ.
Καὶ γὰρ Τιμόθεος ὁ αὐλητὴς πώγωνα μέγαν ἔχων ηὔλει, καὶ
ἐν ᾿Αθήναις διατηροῦσιν οὐ σφόδρα ἀρχαῖον τὸν πρῶτον
περικειράμενον παρωνύμιον ἔχει Κόρσην.» - Διὸ καὶ ῎Αλεξις
ἔφη που·
<ἂν> πιττοκοπούμενόν τιν' ἢ ξυρούμενον
ὁρᾷς, τοῦτον ἔχει τι θάτερον·
ἢ γὰρ στρατεύειν ἐπινοεῖν μοι φαίνεται
καὶ πάντα τῷ πώγωνι δρᾶν ἐναντία,
ἢ πλουσιακὸν τούτῳ <τι> προσπίπτει κακόν.
Τί γὰρ αἱ τρίχες λυποῦσιν ἡμᾶς, πρὸς θεῶν;
Δι' ἃς ἀνὴρ ἕκαστος ἡμῶν φαίνεται,
εἰ μή τι ταύταις ἀντιπράττεσθ' ὑπονοεῖς; -
«Διογένης δὲ ἰδών τινα οὕτως ἔχοντα τὸ γένειον ἔφησεν· «
Μή τι ἔχεις ἐγκαλεῖν τῇ φύσει, ὅτι ἄνδρα σὲ ἐποίησε καὶ οὐ
γυναῖκα; » Ἕτερον δέ τινα ἐπὶ ἵππου ἰδὼν παραπλησίως
ἔχοντα καὶ μεμυρισμένον καὶ τούτοις ἀκολούθως
ἠμφιεσμένον, πρότερον μὲν ἔφησε ζητεῖν τί ἐστιν ὁ
ἱππόπορνος, νῦν δ' εὑρηκέναι. ᾿Εν ῾Ρόδῳ δὲ νόμου ὄντος μὴ
ξύρεσθαι οὐδ' ὁ ἐπιληψόμενος οὐδείς ἐστιν διὰ τὸ πάντας
ξύρεσθαι. ᾿Εν Βυζαντίῳ δὲ ζημίας ἐπικειμένης τῷ ἔχοντι
{κουρεῖ} ξυρὸν οὐδὲν ἧππον πάντες χρῶνται αὐτῷ.» Καὶ
ταῦτα μὲν ὁ θαυμάσιος εἴρηκε Χρύσιππος.
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Traduction française :
[13,18] Mais, vous les Stoïciens, vous préférez vous exhiber avec vos
mignons et leurs jolis mentons bien lisses.
Sachez pourtant que le fait de se raser est une mode héritée du
temps d'Alexandre, comme le souligne Chrysippe dans le quatrième
livre de son ouvrage sur le Beau et le Plaisir. Je pense qu'il n'est pas
inopportun de vous rappeler ce qu'il nous dit à ce sujet. Le personnage
m'est infiniment sympathique tant pour l'immense érudition que pour
le caractère si tempérant. Je vous livre ses propos :
«La coutume de se raser la barbe prit de l'ampleur sous le règne
d'Alexandre. Jusque-là, les anciens ne se rasaient guère et je le prouve :
le joueur de flûte Timothéos portait une très longue barbe mais
réussissait néanmoins à jouer de son instrument. À Athènes, il n'y a pas si
longtemps, le premier homme qui se rasa de près fut affublé du surnom
de «Tondu». C'est pourquoi, Alexis, si je me souviens bien, dit ceci :
«Si tu vois un homme dont tous les poils ont disparu soit par la poix,
soit par l'épilation, de deux choses l'une : soit il veut nous dire par là qu'il
part en campagne et désire faire ce qui est indigne d'une barbe ; soit il est
possédé par un vice bien typique des richards. Par les dieux, en quoi ces
pauvres petits poils vous embarrassent-ils ? Après tout, grâce à eux, vous
apparaissez au moins comme des hommes, des vrais ! À moins que vous
ayez la secrète intention de vous opposer à eux par vos agissements ?
Diogène, voyant un homme avec un menton glabre, lui lança :
«Reprocherais-tu à la nature de t'avoir fait homme et non point femme ?»
Un autre jour, apercevant un individu à cheval, bien rasé, parfumé et vêtu
comme le sont habituellement ces gens aux moeurs particulières, il s'écria
qu'il avait autrefois cherché à comprendre ce qui signifiait le mot «putain
de cheval» et qu'il avait enfin compris.
Á Rhodes, bien que la loi interdise de se raser, nul n'est inquiété, et ce,
pour la simple raison que tout le monde se rase. À Byzance, c'est la même
chose : on punit quiconque possède un rasoir mais le tout-venant a
recourt à lui !»
Voilà ce que dit cet excellent Chrysippe.
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