Texte grec :
[13,68] Μετὰ δὲ τήν Πυθιονίκης τελευτὴν ὁ ῞Αρπαλος Γλυκέραν
μετεπέμψατο καὶ ταύτην ἑταίραν, ὡς ὁ Θεόπομπος ἱστορεῖ,
φάσκων ἀπειρηκέναι τὸν ῞Αρπαλον μὴ στεφανοῦν ἑαυτόν, εἰ
μή τις στεφανώσειε καὶ τὴν πόρνην. «῞Εστησέν τε εἰκόνα
χαλκῆν τῆς Γλυκέρας ἐν ῾Ροσσῷ τῆς Συρίας, οὗπερ καὶ σὲ
καὶ αὑτὸν ἀνατιθέναι μέλλει. Παρέδωκέν τε αὐτῇ κατοικεῖν
ἐν τοῖς βασιλείοις τοῖς ἐν Ταρσῷ καὶ ὁρᾷ ὑπὸ τοῦ λαοῦ
προσκυνουμένην καὶ βασίλισσαν προσαγορευομένην καὶ
ταῖς ἄλλαις δωρεαῖς τιμωμένην, αἷς πρέπον ἦν τὴν σὴν
μητέρα καὶ τὴν σοὶ συνοικοῦσαν.» Συνεπιμαρτυρεῖ δὲ
τούτοις καὶ ὁ τὸν ᾿Αγῆνα τὸ σατυρικὸν δραμάτιον
γεγραφώς, ὅπερ ἐδίδαξεν Διονυσίων ὄντων ἐπὶ τοῦ ῾Υδάσπου
{τοῦ} ποταμοῦ εἴτε Πύθων ἦν ὁ Καταναῖος ἢ {ὁ} Βυζάντιος ἢ
καὶ αὐτὸς ὁ βασιλεύς. ᾿Εδιδάχθη δὲ τὸ δρᾶμα ἤδη φυγόντος
τοῦ ῾Αρπάλου ἐπὶ θάλατταν καὶ ἀποστάντος. Καὶ τῆς μὲν
Πυθιονίκης ὡς τεθνηκυίας μέμνηται, τῆς δὲ Γλυκέρας ὡς
οὔσης παρ' αὐτῷ καὶ τοῖς ᾿Αθηναίοις αἰτίας γινομένης τοῦ
δωρεὰς λαμβάνειν παρὰ ῾Αρπάλου, λέγων ὧδε ·
Ἔστιν δ' ὅπου μὲν ὁ κάλαμος πέφυχ' ὅδε
φέτωμ' ἄορνον. Οὑξ ἀριστερᾶς δ' ὅδε
πόρνης ὁ κλεινὸς ναός, ὃν δὴ Παλλίδης
τεύξας κατέγνω διὰ τὸ πρᾶγμ' αὑτοῦ φυγήν.
᾿Ενταῦθα δὴ τῶν βαρβάρων τινὲς μάγοι
ὁρῶντες αὐτὸν παγκάκως διακείμενον
ἔπεισαν ὡς ἄξουσι τὴν ψυχὴν ἄνω
τὴν Πυθιονίκης.
Παλλίδην δ' ἐνταῦθα ἐκάλεσε τὸν ῞Αρπαλον. ᾿Εν <δἐ> τοῖς
ἐξῆς τῷ κυρίῳ καλέσας αὐτόν φησιν ·
Ἐκμαθεῖν δέ σου ποθῶ
μακρὰν άποικῶν κεῖθεν, ᾿Ατθίδα χθόνα
τίνες τύχαι καλοῦσιν ἤ πράττουσι τί.
(Α) ῞Οτε μὲν ἔφασκον δοῦλον ἐκτῆσθαι βίον,
ἰκανὸν ἐδείπνουν · νῦν δὲ τὸν χέδροπα μόνον
καὶ τὸν μάραθον ἔσθουσι, πυροὺς δ' οὐ μάλα
(Β) Καὶ μὴν ἀκούω μυριάδας τὸν ῞Αρπαλον
αὐτοῖσι τῶν ᾿Αγῆνος οὐκ ἐλάσσονας
σίτου διαπέμψαι καὶ πολίτην γεγονέναι.
(Α) Γλυκέρας ὁ σῖτος οὗτος ἦν· ἔσται δ' ἴσως
αὐτοῖσιν ὀλέθρου κοὐχ ἑταίρας ἀρραβών.
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Traduction française :
[13,68] Après la mort de Pythionicé, Théopompe nous dit
qu'Harpalos eut une liaison avec Glycéra, dont nous avons
déjà parlé. L'auteur ajoute qu'il refusa de porter la
couronne, si sa maîtresse ne la portait pas aussi.
Théopompe écrivit ces lignes à Alexandre :
«À Rhossos de Syrie, il fit ériger une statue en bronze de
Glycéra, à l'endroit même où il devait en ériger une de toi et une
de lui ! Il autorisa cette femme à vivre dans le palais royal de
Tarse, lui permettant d'être adorée par le peuple et acclamée à
l'égal d'une reine ; enfin, il la combla de toutes ces prérogatives,
dont il aurait mieux que tu honores ta mère et ton épouse.»
Ce témoignage est confirmé par celui qui composa la
petite pièce satyrique intitulée Agen, oeuvre qui fut jouée
quand les Dionysies furent célébrées au fleuve Hydaspe.
On ne sait si l'auteur en est Python de Catane (ou de
Byzance) ou bien le roi lui-même. En tout cas, la pièce fut
représentée après la fuite en mer d'Harpalos. Dans cette
oeuvre, Pythionicé est visiblement déjà morte, puisque
Glycéra est la maîtresse d'Harpalos. Ce passage montre de
quelle façon la courtisane réussit à détourner vers Athènes
les largesses d'Harpalos.
«Il y a, dans ce lieu où croît le roseau, une forteresse
beaucoup trop élevée pour que les oiseaux y arrivent ; à gauche,
voyez ce temple célèbre dédié à une putain, que Pallidès
construisit avant d'être contraint à l'exil pour son forfait. Voyant la
beauté de cet édifice, certains mages barbares avaient persuadé
le malheureux qu'il pourrait entrer en contact avec l'esprit de Pythionicé.»
Dans ce passage, l'auteur désigne Harpalos sous le nom
de «Pallidès». Mais dans le vers suivant, il l'appelle par son vrai nom :
- «Je suis impatient d'apprendre de vous, puisque je vis très loin
de ce pays, quelle est donc cette terre d'Attique ? Est-elle heureuse ?
- Alors qu'ils se plainaient de mener une vie d'esclaves, ils avaient
largement de quoi se nourrir. Mais aujourd'hui, ils n'ont plus que
de l'ail et du fenouil. Par contre, de pain ils n'en ont guère !
-Mais j'ai entendu dire qu'Harpalos leur a expédié des milliers de
boisseaux de grain, bien plus qu'Agen. Et c'est ainsi qu'il a été fait citoyen.
-Ce grain arrive tout droit de Glycéra, et, sans nul doute, c'est le
gage de leur perte, autant que celui des faveurs d'une putain.»
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