Texte grec :
[12,17] ᾽Εφόρουν δ' οἱ Συβαρῖται καὶ ἱμάτια Μιλησίων ἐρίων πεποιημένα· ἀφ' ὧν
δὴ καὶ αἱ φιλίαι ταῖς πόλεσιν ἐγένοντο, ὡς ὁ Τίμαιος ἱστορεῖ, ἠγάπων (519c)
γὰρ τῶν μὲν ἐξ ᾽Ιταλίας Τυρρηνούς, τῶν δ' ἕωθεν τοὺς ῎Ιωνας ὅτι τρυφῇ
προσεῖχον. Οί δ' ἱππεῖς τῶν Συαριτῶν ὑπὲρ τοὺς πεντακισχιλίους ὄντες
ἐπόμπευον ἔχοντες κροκωτοὺς ἐπὶ τοῖς θώραξιν, καὶ τοῦ θέρους οἱ νεώτεροι
αὐτῶν εἰς τὰ τῶν Νυμφῶν ἄντρα τῶν Λουσιάδων ἀποδημοῦντες διετέλουν
μετὰ πάσης τρυφῆς. Οἱ δ' εὔποροι αὐτῶν ὁπότε εἰς ἀγρὸν παραβάλλοιεν
καίπερ ἐπὶ ζευγῶν πορευόμενοι τὴν ἡμερησίαν πορείαν ἐν τρισὶν ἡμέραις
διήνυον. Ἦσαν δέ τινες αὐτοῖς καὶ τῶν εἰς (519d) τοὺς ἀγροὺς φερουσῶν
ὁδῶν κατάστεγοι. Τοῖς δὲ πλείστοις αὐτῶν ὑπάρχουσιν οἰνῶνες ἐγγὺς τῆς
θαλάσσης, εἰς οὓς δι' ὀχετῶν τῶν οἴνων ἐκ τῶν ἀγρῶν ἀφειμένων τὸν μὲν
ἔξω τῆς χώρας πιπράσκεσθαι, τὸν δὲ εἰς τὴν πόλιν τοῖς πλοίοις
διακομίζεσθαι. Ποιοῦνται δὲ καὶ δημοσίᾳ πολλὰς καὶ πυκνὰς ἑστιάσεις καὶ
τοὺς λαμπρῶς φιλοτιμηθέντας χρυσοῖς στεφάνοις τιμῶσι καὶ τούτους
ἀνακηρύττουσιν ἐν ταῖς δημοσίαις θυσίαις καὶ τοῖς ἀγῶσιν,
προσκηρύττοντες οὐκ εὔνοιαν, ἀλλὰ τὴν εἰς τὰ (519e) δεῖπνα χορηγίαν· ἐν οἷς
στεφανοῦσθαι καὶ τῶν μαγείρων τοὺς ἄριστα τὰ παρατεθέντα
διασκευάσαντας. Παρὰ Συβαρίταις δ' εὑρέθησαν καὶ πύελοι ἐν αἷς
κατακείμενοι ἐπυριῶντο. Πρῶτοι δὲ καὶ ἀμίδας ἐξεῦρον, ἃς εἰσέφερον εἰς τὰ
συμπόσια. Καταγελῶντες δὲ τῶν ἀποδημούντων ἐκ τῶν πατρίδων αὐτοὶ
ἐσεμνύνοντο ἐπὶ τῷ γεγηρακέναι ἐπὶ ταῖς τῶν ποταμῶν γεφύραις.
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Traduction française :
[12,17] En outre, les Sybarites, portaient des manteaux tissés en laine de
Milet : d'ailleurs, ce fut ainsi que des alliances se nouèrent entre les
nations, s'il faut en croire Timée. Parmi les peuples d'Italie qui avaient
leur préférence, il faut citer les Étrusques ; s'agissant des peuples
orientaux, leur goût les portait principalement vers les Ioniens ; cela n'a
rien d'étonnant, sachant les prédispositions à la mollesse de ces deux peuples.
Les cavaliers sybarites, qui étaient au nombre de cinq mille, défilaient
revêtus de leurs manteaux couleur safran qui recouvraient leurs
cuirasses. Pendant l'été, toute la fine fleur de la jeunesse sybarite se
pressait dans les grottes des nymphes, à proximité du fleuve Lusias, où
ils s'abandonnaient à toutes sortes de débauches.
Quand un homme un peu opulent décidait de partir quelque temps en
villégiature, il parcourait en trois jours l'itinéraire qui, normalement, ne
nécessitait qu'une seule journée de voyage ; et pourtant, ils disposaient
de chariots et de routes en dur.
La plupart de ces gens fortunés étaient propriétaires de caves à vin,
creusées près de la côte, le vin étant envoyé, grâce à un réseau de
canalisations, de leurs domaines jusqu'aux caves. Les Sybarites
vendaient une partie de ce vin dans les contrées voisines ; l'autre partie
était destinée à la cité, et amenée par voie maritime.
L'organisation de banquets publics étaient une de leurs occupations
favorites, et ils offraient des couronnes d'or à quiconque s'y était
distingué, allant jusqu'à publier leurs noms aux sacrifices et aux jeux
civiques : à la vérité, ce qu'ils récompensaient, ce n'était sûrement pas
leur loyauté envers la cité, mais l'élégance vestimentaire qu'ils avaient
arborée lors des festins. On rapporte qu'ils honoraient même les
cuisiniers, s'ils s'étaient surpassés dans la confection de mets
particulièrement délicats.
Enfin, on trouvait chez les Sybarites des baignoires où ils se relaxaient ;
ils aimaient aussi se détendre dans les bains de vapeur. Ajoutons qu'on
leur doit l'invention des pots de chambre, dont ils ne se séparaient
jamais, pas même dans les banquets.
Ils trouvaient ridicule le fait de s'éloigner de leur patrie, et ils se faisaient
une gloire de n'avoir vieilli qu'entre les ponts de leurs deux fleuves, le
Crathis et le Sybaris.
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