HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Athénée de Naucratis, les Deipnosophistes (ou Le Banquet des sages), livre V



Texte grec :

[5,19] 60. Κἀν ἄλλοις δ´ Πλάτων φησὶ Χαιρεφῶντα ἐρωτῆσαι τὴν Πυθίαν εἴ τις εἴη Σωκράτους σοφώτερος· καὶ τὴν ἀνελεῖν μηδένα. Κἀν τούτοις δὲ μὴ συμφωνῶν Ξενοφῶν φησι· « Χαιρεφῶντος γάρ ποτε ἐπερωτήσαντος ἐν Δελφοῖς ὑπὲρ ἐμοῦ, ἀνεῖλεν Ἀπόλλων πολλῶν παρόντων μηδένα εἶναι ἀνθρώπων ἐμοῦ μήτε δικαιότερον μήτε σωφρονέστερον. » (218f) Πῶς οὖν εὔλογον ἢ πιθανὸν Σωκράτη τὸν μολογοῦντα μηδὲν ἐπίστασθαι σοφώτατον ἁπάντων ὑπὸ τοῦ πάντα ἐπισταμένου θεοῦ ἀναρρηθῆναι; εἰ γὰρ τοῦτό ἐστι σοφία, τὸ μηδὲν εἰδέναι, τὸ πάντα εἰδέναι φαυλότης ἂν εἴη. Τίς δ´ ἦν χρεία τῷ Χαιρεφῶντι παρενοχλεῖν τὸν θεὸν περὶ Σωκράτους πυνθανόμενον; αὐτὸς γὰρ ἦν ἀξιόπιστος ὑπὲρ αὑτοῦ λέγων ὡς οὔκ ἐστι σοφός. (219a) « Βλὰξ γάρ τις ἦν τοιαῦτ´ ἐρωτῶν τὸν θεόν, » ὡς ἂν εἰ καὶ τοιαῦτα, τίνα τῶν Ἀττικῶν ἐρίων ἄλλ´ ἐστὶ μαλακώτερα, εἰ τῶν ἐν Βάκτροις καμήλων εἰσί τινες δυνατώτεροι, ἢ εἰ Σωκράτους ἐστί τις σιμότερος; τοὺς γὰρ τὰ τοιαῦτα πυνθανομένους εὐστόχως ἐπιρραπίζει θεός, ὡς καὶ τὸν πυθόμενον, εἴτ´ Αἴσωπός ἐστιν λογοποιὸς ἢ ἄλλος τις, Πῶς ἂν πλουτήσαιμι, Διὸς καὶ Λητοῦς υἱέ; χλευάζων ἀπεκρίνατο· Εἰ τὸ μέσον κτήσαιο Κορίνθου καὶ Σικυῶνος. 61. Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ὧν Πλάτων εἴρηκε περὶ Σωκράτους τῶν κωμικῶν τις εἴρηκεν, (219b) οὔθ´ ὅτι μαίας βλοσυρᾶς υἱὸς ἦν οὔθ´ ὅτι Ξανθίππη χαλεπὴ ἦν γυνή, ἥτις καὶ νιπτῆρας αὐτοῦ κατέχει τῆς κεφαλῆς, οὔθ´ ὡς Ἀλκιβιάδῃ συνεκοιμήθη ὑπὸ τὴν αὐτὴν γενόμενος χλαῖναν. Καίτοι ἀναγκαῖον ἦν τοῦτο ἐκκωδωνισθῆναι ὑπὸ Ἀριστοφάνους τοῦ καὶ ἐν τῷ συμποσίῳ κατὰ Πλάτωνα· οὐ γὰρ ἂν ἐσίγησε τοῦτ´ Ἀριστοφάνης ... ὡς τοὺς νέους διαφθείροντος. Ἀσπασία μέντοι ἡ σοφὴ τοῦ Σωκράτους (219c) διδάσκαλος τῶν ῥητορικῶν λόγων ἐν τοῖς φερομένοις ὡς αὐτῆς ἔπεσιν, ἅπερ Ἡρόδικος Κρατήτειος παρέθετο, φησὶν οὕτως· Σώκρατες, οὐκ ἔλαθές με πόθῳ δηχθεὶς φρένα τὴν σὴν παιδὸς Δεινομάχης καὶ Κλεινίου. Ἀλλ´ ὑπάκουσον, εἰ βούλει σοι ἔχειν εὖ παιδικά· μηδ´ ἀπιθήσῃς ἀγγέλῳ, ἀλλὰ πιθοῦ· καί σοι πολὺ βέλτιον ἔσται. Κἀγὼ ὅπως ἤκουσα, χαρᾶς ὕπο σῶμα λιπάνθη (219d) ἱδρῶτι, βλεφάρων δὲ γόος πέσεν οὐκ ἀθελήτῳ. Στέλλου πλησάμενος θυμὸν Μούσης κατόχοιο, ᾗ τόνδ´ αἱρήσεις, ὠσὶν δ´ ἐνίει ποθέουσιν· ἀμφοῖν γὰρ φιλίας ἥδ´ ἀρχή· τῇδε καθέξεις αὐτόν, προσβάλλων ἀκοαῖς ὀπτήρια θυμοῦ. Κυνηγεῖ οὖν καλὸς Σωκράτης ἐρωτοδιδάσκαλον ἔχων τὴν Μιλησίαν, ἀλλ´ οὐκ αὐτὸς θηρεύεται, ὡς Πλάτων ἔφη, λινοστατούμενος ὑπὸ Ἀλκιβιάδου. Καὶ μὴν οὐ διαλείπει γε κλαίων ὡς ἄν, οἶμαι, (219e) δυσημερῶν. Ἰδοῦσα γὰρ αὐτὸν ἐν οἵῳ ἦν καταστήματι Ἀσπασία φησίν· Τίπτε δεδάκρυσαι, φίλε Σώκρατες; ἦ ς´ ἀνακινεῖ στέρνοις ἐνναίων σκηπτὸς πόθος ὄμμασι θραυσθεὶς παιδὸς ἀνικήτου; τὸν ἐγὼ τιθασόν σοι ὑπέστην ποιῆσαι. Ὅτι δὲ ὄντως ἤρα τοῦ Ἀλκιβιάδου δῆλον ποιεῖ Πλάτων ἐν τῷ Πρωταγόρᾳ, καίτοι μικρὸν ἀπολείποντος τῶν τριάκοντα ἐτῶν. (219f) Λέγει δ´ οὕτως· « Πόθεν, ὦ Σώκρατες, φαίνει; ἢ δηλαδὴ ἀπὸ κυνηγεσίου τοῦ περὶ τὴν Ἀλκιβιάδου ὥραν; καὶ μήν μοι καὶ πρώην ἰδόντι καλὸς ἐφαίνετο ἀνὴρ ἔτι· ἀνὴρ μέντοι, ὦ Σώκρατες, ὥς γε ἐν ἡμῖν αὐτοῖς εἰρῆσθαι, καὶ πώγωνος ἤδη ὑποπιμπλάμενος. (220a) — Εἶτα τί δὴ τοῦτ´; οὐ σὺ μέντοι Ὁμήρου ἐπαινέτης εἶ, ὃς ἔφη χαριεστάτην ἥβην εἶναι τοῦ ὑπηνήτου, ἣν νῦν Ἀλκιβιάδης αὐτὸς ἔχει. »

Traduction française :

[5,19] Chap. XIX. Platon dit ailleurs que Chæréphon demandant à la Pythie s'il y avait un homme plus sage que Socrate y elle répondit : Personne. Mais Xénophon ne s'accorde pas avec cela dans ce qu'il dit : « Chæréphon interrogeant un jour l'oracle de Delphes à mon sujet, Apollon répondit, devant plusieurs témoins, qu'il n'y avait personne de plus juste et de plus circonspect que moi. » (218f) Or, comment se persuader avec raison que Socrate, avouant lui-même qu'il ne soit rien, a été déclaré le plus sage des hommes par un dieu qui sait tout? car si ne rien savoir est vraiment la sagesse, savoir tout est donc le vice même ; mais qu'avait besoin Chæréphon d'importuner ce dieu, en l'interrogeant au sujet de Socrate, qui était assez croyable par lui-même, lorsqu'il disait : Je ne suis pas un sage. (219a) Il était aussi absurde d'aller faire une telle demande à l'oracle, que de faire celles-ci: « Y a-t-il d'autres laines plus mollettes que celles de l'Attique? y a-t-il des Souverains plus puissants que ceux de la Bactriane et des Mèdes? ou s'il y a quelqu'un plus camus que Socrate? » Ce dieu se moque, sans doute avec justice, de ceux qui lui font de semblables questions, comme il fit à l'égard de celui qui lui dit : « Fils de Jupiter et de Latone, comment pourrai-je m'enrichir? » (soit Esope le fabuliste, soit tout autre qui l'ait imaginé.) Le dieu lui répondit en le bernant : « Si tu parviens à posséder tout le terrain qui est entre Corinthe et Sicyone. » 61. Mais aucun des poètes comiques n'a rappelé ce que Platon a dit de Socrate; savoir, (219b) qu'il était fils d'une sage-femme aux sourcils rabattus, ni que Xanthippe fût une femme acariâtre, qui lui jeta un bassin d'eau à laver les mains, sur la tête, ni qu'Alcibiade eût couché avec lui sous la même couverture : or, Aristophane, qui se trouvait au Banquet de Platon, s'en serait infailliblement moqué sur le théâtre. Non, Aristophane n'aurait pas manqué de le traduire à cet égard, comme corrupteur de la jeunesse. Voici comment parle à cet égard Aspasie, (219c) qui enseigna la rhétorique à Socrate, art dans lequel elle était si versée. Les vers que je vais rapporter de cette femme, ont été publiés par Héradicus, disciple de Cratès, comme étant vraiment d'elle. « Aspasie : Socrate, tu n'as pu me cacher que le fils de Dinomaque et de Clinias a fait la plus vive impression sur ton âme. Mais, écoute, si tu veux te bien trouver de l'amour que tu as pour ce jeune homme, et ne te refuse pas à ce que je te conseille : au contraire, sois docile, et tu réussiras beaucoup mieux. Socr. A peine eus-je entendu cela, qu'extasié de joie, je baignai mon corps (219d) de sueur; je soupirai, mes yeux fondirent en pleurs malgré moi. Asp. Arrête ces soupirs, et remplis-toi l'esprit de l'enthousiasme de la poésie. Oui, tu pourras te l'attacher par les charmes puissants de la musique; car c'est le premier lien de l'amitié : c'est par la musique que tu le captiveras, en portant jusqu'à son âme, par la voie des oreilles, l'image entière de ta passion. » C'est donc le bon Socrate qui va à la poursuite de celui qu'il aime, ayant une Milésienne pour maîtresse en amour : ainsi, ce n'est plus Socrate qui est recherché, comme le dit Platon, et à qui Alcibiade tendait un appât au fil d'une ligne. Socrate ne cesse même de pleurer dans le malheur qu'il éprouve. C'est pourquoi Aspasie, qui voit l'état où il est réduit, lui dit : « Pourquoi pleures-tu, mon cher Socrate? te sens-tu l'âme troublée par le désir qui s'y est fixé, après avoir éclaté, comme la foudre, des yeux de ce jeune homme insensible? mais je t'ai promis de le fléchir en ta faveur. » Platon montre bien, dans son Protagoras, que Socrate est réellement pris d'amour pour Alcibiade, qui cependant est déjà âgé de presque trente ans. (219f) Voici ce qu'il dit : « D'où viens-tu donc Socrate? est-ce de courir après la beauté d'Alcibiade? Pour moi, je le vis dernièrement, et il me parut réellement encore beau, quoique dans l'âge viril. Je dis homme, mon cher Socrate; car il peut vraiment être compté parmi nous autres, puisqu'il a déjà le menton couvert de barbe. (220a) Socr. Mais qu'est-ce que cela fait! toi qui es grand panégyriste d'Homère, tu sais qu'il a dit que le premier poil qui fleurit sur le menton, tel qu'Alcibiade l'a maintenant, est quelque chose de bien beau. »





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Dernière mise à jour : 11/06/2008