HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Athénée de Naucratis, les Deipnosophistes (ou Le Banquet des sages), livre V



Texte grec :

[5,15] Ὁ γὰρ Πλάτων φησὶν τρεῖς στρατείας στρατεύσασθαι Σωκράτη, τὴν μὲν εἰς Ποτίδαιαν, (215d) τὴν δὲ εἰς Ἀμφίπολιν, τὴν δὲ εἰς Βοιωτοὺς ὅτε καὶ συνέβη τὴν ἐπὶ Δηλίῳ μάχην γενέσθαι. Μηδενὸς δὲ τοῦθ´ ἱστορηκότος αὐτὸς καὶ ἀριστείων φησὶν αὐτὸν τετυχηκέναι πάντων τῶν Ἀθηναίων φυγόντων, πολλῶν δὲ καὶ ἀπολομένων. Πάντα δὲ ταῦτα ἐψευδολόγηται. Ἡ μὲν γὰρ ἐπὶ Ἀμφίπολιν στρατεία γέγονεν ἐπὶ Ἀλκαίου ἄρχοντος Κλέωνος ἡγουμένου ἐξ ἐπιλέκτων ἀνδρῶν, ὥς φησι Θουκυδίδης. Τούτων οὖν τῶν ἐπιλέκτων ἀνάγκη εἶναι καὶ Σωκράτην, ᾧ πλὴν τρίβωνος καὶ βακτηρίας οὐδὲν ἦν. (215e) Τίς οὖν εἶπεν ἱστοριογράφος ἢ ποιητής; ἢ ποῦ Θουκυδίδης τὸν Σωκράτη παρενέχρωσε τὸν Πλάτωνος στρατιώτην; « Τί γὰρ ἀσπίδι ξύνθημα καὶ βακτηρίᾳ; » πότε δὲ καὶ εἰς Ποτίδαιαν ἐστρατεύσατο, ὡς ἐν τῷ Χαρμίδῃ εἴρηκεν Πλάτων φάσκων αὐτὸν καὶ τῶν ἀριστείων τότε Ἀλκιβιάδῃ παραχωρῆσαι; τοῦτο οὔτε Θουκυδίδου ἀλλ´ οὐδ´ Ἰσοκράτους εἰρηκότος ἐν τῷ περὶ τοῦ ζεύγους. Ποίας δὲ καὶ μάχης γενομένης ἔλαβε τὰ ἀριστεῖα Σωκράτης καὶ τί πράξας ἐπιφανὲς καὶ διάσημον; καθόλου μάχης μηδεμιᾶς συμπεσούσης, (215f) ὡς ἱστόρηκε Θουκυδίδης. Οὐκ ἀρκεσθεὶς δὲ ταύτῃ τῇ τερατολογίᾳ Πλάτων ἐπάγει καὶ τὴν ἐπὶ Δηλίῳ γενομένην, μᾶλλον δὲ πεπλασμένην ἀνδραγαθίαν. Εἰ γὰρ καὶ τὸ Δήλιον ᾑρήκει Σωκράτης, ὡς ἱστορεῖ Ἡρόδικος Κρατήτειος ἐν τοῖς πρὸς τὸν Φιλοσωκράτην, ἅμα τοῖς πολλοῖς ἀσχημόνως ἂν ἔφυγε, Παγώνδου δύο τέλη περιπέμψαντος τῶν ἱππέων ἐκ τοῦ ἀφανοῦς περὶ τὸν λόφον. Τότε γὰρ οἳ μὲν πρὸς τὸ Δήλιον τῶν Ἀθηναίων ἔφυγον, (216a) οἳ δ´ ἐπὶ θάλατταν, ἄλλοι δὲ ἐπὶ Ὠρωπόν, οἳ δὲ πρὸς Πάρνηθα τὸ ὄρος· Βοιωτοὶ δ´ ἐφεπόμενοι ἔκτεινον καὶ μάλιστα οἱ ἱππεῖς οἵ τε αὐτῶν καὶ οἱ Λοκρῶν. Τοιούτου οὖν κυδοιμοῦ καὶ φόβου καταλαβόντος τοὺς Ἀθηναίους, μόνος Σωκράτης « Βρενθυόμενος καὶ τὠφθαλμὼ παραβάλλων » εἱστήκει ἀναστέλλων τὸ Βοιωτῶν καὶ Λοκρῶν ἱππικόν; καὶ ταύτης τῆς ἀνδρείας αὐτοῦ οὐ Θουκυδίδης μέμνηται, οὐκ ἄλλος οὐδεὶς ... ποιητής. Πῶς δὲ καὶ τῶν ἀριστείων Ἀλκιβιάδῃ παραχωρεῖ τῷ μηδ´ ὅλως κεκοινωνηκότι (216b) ταύτης τῆς στρατείας; ἐν δὲ τῷ Κρίτωνι τῇ Μνημοσύνῃ φίλος Πλάτων οὐδὲ ποιήσασθαι πώποτε ἀποδημίαν τὸν Σωκράτη ἔξω τῆς εἰς Ἰσθμὸν θεωρίας εἴρηκε. Καὶ Ἀντισθένης δ´ Σωκρατικὸς περὶ τῶν ἀριστείων τὰ αὐτὰ τῷ Πλάτωνι ἱστορεῖ. « Οὔκ ἐστιν δ´ ἔτυμος λόγος οὗτος. » Χαρίζεται γὰρ καὶ κύων οὗτος πολλὰ τῷ Σωκράτει· ὅθεν οὐδετέρῳ αὐτῶν δεῖ πιστεύειν σκοπὸν ἔχοντας Θουκυδίδην. Ὁ γὰρ Ἀντισθένης καὶ προσεπάγει τῇ ψευδογραφίᾳ λέγων οὕτως· (216c) « Ἡμεῖς δὲ ἀκούομεν κἀν τῇ πρὸς Βοιωτοὺς μάχῃ τὰ ἀριστεῖά σε λαβεῖν. — Εὐφήμει, ὦ ξένε· Ἀλκιβιάδου τὸ γέρας, οὐκ ἐμόν. — Σοῦ γε δόντος, ὡς ἡμεῖς ἀκούομεν. » Ὁ δὲ Πλάτωνος Σωκράτης εἰς Ποτίδαιαν λέγει παρεῖναι καὶ τῶν ἀριστείων Ἀλκιβιάδῃ παρακεχωρηκέναι. Προτερεῖ δὲ κατὰ πάντας τοὺς ἱστορικοὺς τῆς ἐπὶ Δήλιον στρατείας ἡ περὶ Ποτίδαιαν, ἧς Φορμίων ἐστρατήγει.

Traduction française :

[5,15] Chap. XV. Platon, il est vrai, nous dit que Socrate fit trois campagnes ; la première à Potidée, (215d) la seconde à Amphipolis, la troisième contre les Béotiens, et dans laquelle se donna la bataille près de Délion. Quoique personne n'ait dit cela, Platon assure que Socrate y mérita le prix de la valeur, tandis que les Athéniens prirent tous la fuite, et qu'il en périt un grand nombre; mais ce sont autant de mensonges. En effet, ce fut sous l'archonte Alcée que se fit la campagne d'Amphipolis, Cléon commandant un corps de citoyens d'élite, selon Thucydide. Il fallait donc que Socrate fût du nombre de ces citoyens d'élite, lui qui n'avait que son manteau et son bâton. (215e) Or, quel historien, quel poète l'a dit : où Thucydide nous a-t-il peint ce brave de Platon? qu'y-a-t-il d'analogue entre un bouclier et un bâton? quand Socrate a-t-il marché vers Potidée, comme Platon le dit dans son Charmide? ajoutant même que Socrate céda le prix de la valeur à Alcibiade. Ni Thucydide, ni Isocrate n'ont rien dit de tel, l'un dans son histoire, l'autre dans son discours sur l’Attelage. Dans quel combat Socrate a-t-il remporté le prix de la valeur? enfin, qu'a-t-il donc fait en général de si éclatant, de si remarquable, tandis qu'il ne se livrait aucun combat, (215f) selon l'histoire de Thucydide? Mais Platon ne s'en tient pas aux détails de ces prodiges, il ajoute le combat qui se livra près de Délion, supposant dans Socrate une valeur qu'il n'a pas eue. En accordant que Socrate eût pris Délion, comme le rapporte Hérodique, disciple de Cratès, dans ce qu'il adresse au Philosocrate, il n'en a pas moins fui honteusement, lorsque Pagondas fit sortir à l'improviste deux brigades de cavalerie cachées derrière une éminence, pour fondre sur les Athéniens. Ce fut alors qu'ils quittèrent précipitamment Délion, fuyant, (216a) les uns vers la mer, les autres vers Oropus, et plusieurs vers le mont Parnèthe, poursuivis par la cavalerie Béotienne et celle de Locres, qui massacrèrent ceux qu'ils purent joindre. C'est donc au milieu de ce désordre et de cette terreur des Athéniens, que Socrate, bravant l'ennemi, et dardant les yeux sur lui, tint ferme seul, et arrêta la cavalerie Béotienne et celle de Locres; mais Thucydide n'en fait aucune mention; aucun poète n'en parle. D'ailleurs, comment Socrate a-t-il pu céder le prix de la valeur à Alcibiade, n'ayant eu lui-même aucune part (216b) à cette expédition? Platon, cet homme chéri de Mnémosyne, dit, dans son Criton, que Socrate ne fît jamais de voyage que pour aller à l'Isthme. Il est vrai qu'Antisthène, disciple de Socrate, dit la même chose que Platon au sujet du prix de la valeur ; mais ce rapport est faux, car ce chien flatte beaucoup Socrate : ainsi nous ne devons croire ni l'un ni l'autre. Or, voici ce qu'écrit Antisthène, ajoutant encore au faux récit de Platon : — (216c) « Nous avons appris, Socrate, que tu as remporté le prix de la valeur contre les Béotiens — Doucement, étranger : ce fut Alcibiade qui eut ce prix, et non moi. — Oui, parce que tu le lui cédas, comme nous l'avons su. » Mais le Socrate de Platon dit s'être trouvé à Potidée, et que c'est là qu'il céda le prix de la valeur à Alcibiade. Or, selon tous les historiens, la campagne de Potidée, où Phormion commandait, est antérieure à celle de Délion.





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Dernière mise à jour : 11/06/2008