Texte grec :
[1,6] ὁ τρεχέδειπνος, φησί, σοφιστής.
Κλέαρχός φησι Χάρμον τὸν Συρακούσιον
εὐτρεπίσθαι στιχίδια καὶ παροιμίας εἰς ἕκαστον
τῶν ἐν τοῖς δείπνοις παρατιθεμένων· εἰς μὲν τὸν ἰχθύν·
ἥκω λιπὼν Αἰγαῖον ἁλμυρὸν βάθος,
εἰς δὲ τοὺς κήρυκας·
χαίρετε, κήρυκες, Διὸς ἄγγελοι,
εἰς δὲ τὴν χορδήν·
ἑλικτὰ κοὐδὲν ὑγιές,
εἰς δὲ τὴν ὠνθυλευμένην τευθίδα·
σοφή, σοφὴ σύ,
εἰς δὲ τὸ ἐν τοῖς ἑψητοῖς ὡραῖον·
οὐκ ἀπ´ ἐμοῦ σκεδάσεις ὄχλον,
εἰς δὲ τὴν ἀποδεδαρμένην ἔγχελυν·
οὐ προκαλυπτομένα βοστρυχώδεα.
τοιούτους πολλούς φησι τῷ Λαρηνσίου παρεῖναι δείπνῳ,
ὥσπερ συμβολὰς κομίζοντας τὰ ἀπὸ τῶν στρωματοδέσμων
γράμματα. φησὶ δὲ καὶ ὅτι ὁ Χάρμος
εἰς ἕκαστον τῶν παρατιθεμένων ἔχων τι πρόχειρον,
ὡς προείρηται, ἐδόκει τοῖς Μεσσηνίοις πεπαιδευμένος
εἶναι, ὡς καὶ Καλλιφάνης ὁ τοῦ Παραβρύκοντος
κληθεὶς ἀρχὰς ποιημάτων πολλῶν καὶ λόγων
ἐκγραψάμενος ἀνειλήφει μέχρι τριῶν καὶ τεσσάρων
στίχων, πολυμαθείας δόξαν προσποιούμενος.
πολλοὶ δὲ καὶ ἄλλοι διὰ στόματος εἶχον τὰς ἐν
τῷ Σικελικῷ μυραίνας, τὰς πλωτὰς ἐγχέλεις, τῶν Παχυνικῶν
θύννων τὰς ἠτριαίας, τοὺς ἐν Μήλῳ ἐρίφους,
τοὺς ἐν Σκιάθῳ κεστρέας· καὶ τῶν ἀδόξων δὲ τὰς
Πελωρίδας κόγχας, τὰς ἐκ Λιπάρας μαινίδας, τὴν Μαντινικὴν
γογγυλίδα, τὰς ἐκ Θηβῶν βουνιάδας καὶ τὰ
παρ´ Ἀσκραίοις τεῦτλα.
Κλεάνθης δὲ ὁ Ταραντῖνος, ὥς φησι Κλέαρχος,
πάντα παρὰ τοὺς πότους ἔμμετρα ἔλεγε,
καὶ Πάμφιλος δὲ ὁ Σικελός, ὡς ταῦτα· ‘ἔγχει πιεῖν
μοι καὶ τὸ πέρδικος σκέλος.’ ‘ἀμίδα δότω τις ἢ πλακοῦντά τις δότω.’
τὸν βίον, φησίν, εὐσταθεῖς, οὐκ ἐγχειρογάστορες.
‘γυργάθους ψηφισμάτων φέροντες,’ Ἀριστοφάνης φησίν.
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Traduction française :
[1,6] Chap. IV. Le sophiste qui courait les festins avec avidité, dit alors :
Cléarque raconte que Charmus de Syracuse faisait, à chaque espèce de
mets qu'on présentait dans les plats, des applications ingénieuses, soit de
proverbes, soit de vers anciens. Par exemple, si l'on servait un poisson, il
rappelait ce vers d'Euripide :
« Je viens ici après avoir quitté les gouffres salés de la mer Egée. »
Si l'on servait des coquillages, appelés buccins, il leur adressait ce vers d'Homère :
« Je vous salue, hérauts, messagers de Jupiter. »
Servait-on des intestins ? il appliquait ce vers d'Euripide :
(4b) « Tripes entortillées, et rien de bon ! »
Si c'était un petit calmar bien arrosé d'huile et de vinaigre, il lui disait :
« Que tu montres d'intelligence ! «
Quant à la sauce piquante qui accompagnait la blanchaille, il disait d'un
ton grondeur : « Tu ne m'ôteras pas ce fretin? «
A une anguille écorchée, il adressait ces mots (pris d'Euripide) :
« Elle n'a plus la boucle ronde qui la couvrait... »
Athénée dit qu'il y avait à la table de Larensius plusieurs convives qui
apportaient pour leur écot de semblables passages, mis en réserve dans
leurs portefeuilles : qu'au reste ce Charmus (4c) était regardé chez les
Messinois comme un homme instruit, parce qu'à chaque chose que l’on
servait, il avait un passage tout prêt à y appliquer. Calliphane, fils de
Parabrycon en faisait autant : il mettait dans son portefeuille les trois ou
quatre premiers vers de plusieurs poèmes, et les récitait, pour faire accroire
qu'il en savait beaucoup.
La plupart des convives vantaient extrêmement les murènes et les
anguilles du détroit de Sicile, les ventres des thons du cap Pachino, les
chevreaux de l'île de Mélos, les muges de Scyathe; et entre les mets moins
renommés, les huîtres du cap Pélore, les mendoles de Lipara, les raves de
Mantinée, (4d) les navets de Thèbes, et la bette ou poirée d'Ascra....
Cléanthe de Tarente, dit Cléarque, parlait toujours en vers lorsqu'il était
à table, de même que Pamphile de Sicile : comme,
« Verse-moi à boire : qu'on me donne une cuisse de perdrix, l'urinal,
une galette....»
Aristophane dit:
« Ceux-là sont assurés d'un bien-être constant qui, au lieu de gagner
leur vie en mercenaires, ne portent que des sacs de procès. »
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