Texte grec :
[1,24] ἐχρῶντο δ´ ἐν τοῖς συμποσίοις καὶ κιθαρῳδοῖς
καὶ ὀρχησταῖς, ὡς οἱ μνηστῆρες. καὶ παρὰ Μενελάῳ
‘ἐμέλπετο θεῖος ἀοιδός’, δύο δὲ κυβιστητῆρες
μολπῆς ἐξάρχοντες ἐδίνευον. μολπῆς δὲ ἀντὶ τοῦ παιδιᾶς.
σῶφρον δέ τι ἦν τὸ τῶν ἀοιδῶν γένος καὶ
φιλοσόφων διάθεσιν ἐπέχον. Ἀγαμέμνων γοῦν τὸν
ἀοιδὸν καταλείπει τῇ Κλυταιμνήστρᾳ φύλακα καὶ παραινετῆρά
τινα· ὃς πρῶτον μὲν ἀρετὴν γυναικῶν
διερχόμενος ἐνέβαλλέ τινα φιλοτιμίαν εἰς καλοκἀγαθίαν,
εἶτα διατριβὴν παρέχων ἡδεῖαν ἀπεπλάνα τὴν
διάνοιαν φαύλων ἐπινοιῶν. διὸ Αἴγισθος οὐ πρότερον
διέφθειρε τὴν γυναῖκα πρὶν τὸν ἀοιδὸν ἀποκτεῖναι
ἐν νήσῳ ἐρήμῃ. τοιοῦτός ἐστι καὶ ὁ παρὰ τοῖς μνηστῆρσιν
ἀείδων ἀνάγκῃ, ὃς τοὺς ἐφεδρεύοντας τῇ
Πηνελόπῃ ἐβδελύττετο. κοινῶς δέ που πάντας τοὺς
ἀοιδοὺς αἰδοίους τοῖς ἀνθρώποις εἶναί φησι·
τοὔνεκ´ ἄρα σφέας
οἴμας Μοῦς´ ἐδίδαξε φίλησέ τε φῦλον ἀοιδῶν.
ὁ δὲ παρὰ Φαίαξι Δημόδοκος ᾄδει Ἄρεος καὶ Ἀφροδίτης
συνουσίαν, οὐ διὰ τὸ ἀποδέχεσθαι τὸ
τοιοῦτον πάθος, ἀλλ´ ἀποτρέπων αὐτοὺς παρανόμων
ἔργων, ἢ εἰδὼς ἐν τρυφερῷ τινι βίῳ τεθραμμένους
κἀντεῦθεν ὁμοιότατα τοῖς τρόποις αὐτῶν τὰ πρὸς
ἀνάπαυσιν προφέρων. καὶ τοῖς μνηστῆρσιν ᾄδει πρὸς
τὴν αὐτὴν βουλὴν ὁ Φήμιος νόστον Ἀχαιῶν.
καὶ αἱ Σειρῆνες δὲ ᾄδουσι τῷ Ὀδυσσεῖ τὰ μάλιστα
αὐτὸν τέρψοντα καὶ τὰ οἰκεῖα τῇ φιλοτιμίᾳ αὐτοῦ καὶ
πολυμαθείᾳ λέγουσαι. ‘ἴσμεν γάρ, φασί, τά τ´
ἄλλα καὶ ὅσσα γένηται ἐν χθονὶ πολυβοτείρῃ.’
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Traduction française :
[1,24] Dans les grands repas on avait des citharèdes et des danseurs,
comme on le voit par les amants de Pénélope chez Ménélas :
« Un divin musicien chantait, et deux cubistétères, commençant leurs
jeux en suivant ses accents, se mirent à pirouetter. »
Le mot molpee, relatif aux cubistétères, est ici pour paidia, jeu.
Chap. XII. (14b) Ces musiciens étaient ordinairement des gens
circonspects, et même une espèce de philosophes. Agamemnon en laissa un
à sa femme Clytemnestre pour la garder, et l'aider de ses avis. Cet homme
l'entretenant surtout des vertus des femmes, lui inspirait l'amour du bien.
Comme il avait d'ailleurs le talent de la divertir, il la détournait du mal sans
même qu'elle s'aperçût de la ruse. C'est ainsi qu'Egiste n'a pu la corrompre,
qu'après qu'il eut tué ce gardien dans une île déserte.
Tel était encore ce musicien que les amants de Pénélope forçaient de
chanter à leurs repas, malgré les imprécations qu'il faisait contre eux, vu les
embûches qu'ils tendaient à cette reine. (14c) C’est ce qui fait dire à Homère
qu'en général ces chantres étaient des gens respectables ou circonspects.
« Voilà pourquoi, dit-il, les muses leur ont donné le talent de la musique,
et aiment tous les chantres. «
Il est vrai que Démodocus chante chez les Phéaciens les amours de
Mars et de Vénus ; mais il est évident que l'intention du poète n'est pas
d'approuver cette passion : au contraire, sachant qu'ils étaient élevés dans
une vie voluptueuse, il veut les détourner des désirs déréglés, en leur
présentant des choses toutes semblables à ce qui se passait chez eux,
tandis qu'il paraît ne vouloir que les amuser. (14d) Phémius chante aux
amants de Pénélope le retour des Grecs, comme ils le lui ordonnent; mais les
sirènes chantent à Ulysse ce qui peut lui faire le plus de plaisir, et flatter
davantage son amour pour la gloire, et sa grande expérience.
« Outre les autres choses qui nous sont connues, nous savons tout ce
que la terre fertile renferme dans son sein. »
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