Texte grec :
[1,20] εὐωχοῦνται δὲ παρ´ Ὁμήρῳ καθήμενοι. οἴονται
δέ τινες καὶ ἑκάστῳ τῶν δαιτυμόνων κατ´ ἄνδρα
παρακεῖσθαι τράπεζαν. τῷ γοῦν Μέντῃ, φασίν, ἀφικομένῳ
πρὸς Τηλέμαχον τῶν τραπεζῶν παρακειμένων
ξεστὴ παρετέθη τράπεζα. οὔκ ἐστι δὲ τοῦτο
ἐμφανῶς τοῦ προκειμένου κατασκευαστικόν· δύναται
γὰρ ἡ Ἀθηνᾶ ἀπὸ τῆς Τηλεμάχου τραπέζης δαίνυσθαι.
παρ´ ὅλην δὲ τὴν συνουσίαν παρέκειντο αἱ
τράπεζαι πλήρεις, ὡς παρὰ πολλοῖς τῶν βαρβάρων
ἔτι καὶ νῦν ἔθος ἐστί, κατηρεφέες παντοίων ἀγαθῶν,
κατὰ Ἀνακρέοντα. μετὰ δὲ τὴν ἀναχώρησιν
αἱ δμωαὶ ἀπὸ μὲν σῖτον πολὺν ᾕρεον καὶ τράπεζαν
καὶ δέπα. ἰδιάζον δὲ τὸ παρὰ Μενελάῳ
εἰσάγει συμπόσιον. δειπνήσαντας γὰρ ποιεῖ ὁμιλοῦντας·
εἶτ´ ἀπονιψαμένους ποιεῖ πάλιν δειπνοῦντας
καὶ δόρπου ἐξαῦτις μεμνημένους μετὰ τὸν
κλαυθμόν. τῷ δὲ μὴ αἴρεσθαι τὰς τραπέζας ἐναντιοῦσθαι
δοκεῖ τὸ ἐν Ἰλιάδι·
ἔσθων καὶ πίνων, ἔτι καὶ παρέκειτο τράπεζα.
ἀναγνωστέον οὖν οὕτω·
ἔσθων καὶ πίνων ἔτι, καὶ παρέκειτο τράπεζα,
ἢ τὸν καιρὸν αἰτιᾶσθαι τὸν παρόντα δεῖ. πῶς γὰρ
ἦν πρέπον τῷ Ἀχιλλεῖ πενθοῦντι παρακεῖσθαι τράπεζαν
καθάπερ τοῖς εὐωχουμένοις παρ´ ὅλην τὴν
συνουσίαν; παρετίθεντο δὲ οἱ μὲν ἄρτοι σὺν τοῖς
κανοῖς, τὰ δὲ δεῖπνα κρέα μόνον ἦν ὀπτά. ‘ζωμὸν
δὲ οὐκ ἐποίει Ὅμηρος θύων βοῦς
οὐδ´ ἧψεν κρέα
οὐδ´ ἐγκέφαλον· ὤπτα δὲ καὶ τὰς κοιλίας.
οὕτω σφόδρ´ ἦν ἀρχαῖος,’
Ἀντιφάνης φησί.
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Traduction française :
[1,20] Dans Homère on mange assis. Il y a des gens qui pensent que
chaque convive avait sa table particulière. Ils se fondent sur ce que l'on
dressa une table bien polie pour Mentes, lorsqu'il arriva chez Télémaque,
toutes les tables étant déjà dressées ; mais cela ne prouve pas clairement ce
qu'on veut en conclure. En effet, ces termes peuvent signifier que Mentes (ou
Minerve) mangea à la table de Télémaque. Au reste, les tables de ces
assemblées étaient pleines ou, selon l'expression d'Anacréon, entièrement
couvertes de toutes sortes de biens, (12a) comme on le pratique encore chez
les Barbares en général. Dès qu'on avait quitté la table les servantes l'ôtaient,
emportant aussi les vases et le pain qui restait.
Homère nous présente une singularité dans le repas que Ménélas donne
à Télémaque. Il les fait converser ensemble après qu'ils ont soupé ; ensuite
ils se lavent, et se remettent à table pour souper : enfin ils pleurent, et
rappellent encore le souper : dorpe.
Un passage de l'Iliade semblerait contraire à ce que l'on vient de dire,
savoir, qu'après le repas on ôtait les tables,
(12b) « Il venait de finir de boire et de manger, et la table était encore dressée ; »
mais il faut ponctuer autrement, et lire :
« Il mangeait et buvait encore, et la table était dressée ; »
ou bien il faut dire que c'est dans ce passage une censure de ce qui se
faisait en ce moment-là chez Achille. En effet, il semble contre la bienséance
qu'il soit tout en larmes, et que la table se trouve dressée, comme elle l'est
devant une compagnie de convives, pendant toute la durée d'un repas.
On servait le pain dans des corbeilles ; mais on ne servait à souper que
du rôti: car, selon Antiphane,
« Quand Homère immole des bœufs, il ne fait point de ragoûts ; il ne fait
bouillir ni viande, ni cervelle :(12c) il rôtit jusqu'aux intestins, tant il tient aux
anciens usages. »
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