Texte grec :
[1,19] ὅτι τροφαῖς ἐχρῶντο οἱ ἥρωες παρ´ Ὁμήρῳ
πρῶτον μὲν τῷ καλουμένῳ ἀκρατίσματι, ὃ λέγει ἄριστον·
οὗ ἅπαξ μέμνηται ἐν Ὀδυσσείᾳ· ‘Ὀδυσεὺς
καὶ δῖος ὑφορβὸς ἐντύνοντ´ ἄριστον κειαμένω πῦρ,’
καὶ ἅπαξ ἐν Ἰλιάδι·
ἐσσυμένως ἐπένοντο καὶ ἐντύνοντ´ ἄριστον.
λέγει δὲ τὸ πρωινὸν ἔμβρωμα, ὃ ἡμεῖς ἀκρατισμὸν
καλοῦμεν διὰ τὸ ἐν ἀκράτῳ βρέχειν καὶ προσίεσθαι
ψωμούς, ὡς Ἀντιφάνης·
ἄριστον ἐν ὅσῳ - - - ὁ μάγειρος ποιεῖ,
εἶτ´ ἐπάγει·
συνακρατίσασθαι πῶς ἔχεις μετ´ ἐμοῦ;
καὶ Κάνθαρος·
οὐκοῦν ἀκρατισώμεθ´ αὐτοῦ. {Β.} μηδαμῶς·
Ἰσθμοῖ γὰρ ἀριστήσομεν.
Ἀριστομένης·
ἀκρατιοῦμαι μικρόν, εἶθ´ ἥξω πάλιν,
ἄρτου δὶς ἢ τρὶς ἀποδακών.
Φιλήμων δέ φησιν ὅτι τροφαῖς δʹ ἐχρῶντο οἱ παλαιοί,
ἀκρατίσματι, ἀρίστῳ, ἑσπερίσματι, δείπνῳ. τὸν
μὲν οὖν ἀκρατισμὸν διανηστισμὸν ἔλεγον, τὸ δ´ ἄριστον
- - - δορπηστόν, τὸ δὲ δεῖπνον ἐπιδορπίδα.
ἐστὶ δ´ ἡ τάξις καὶ παρ´ Αἰσχύλῳ τῶν ὀνομάτων
ἐν οἷς ὁ Παλαμήδης πεποίηται λέγων·
καὶ ταξιάρχας καὶ στρατάρχας καὶ ἑκατοντάρχας
ἔταξα. σῖτον δ´ εἰδέναι διώρισα
ἄριστα, δεῖπνα, δόρπα δ´ αἱρεῖσθαι τρίτα.
τῆς δὲ τετάρτης τροφῆς οὕτως Ὅμηρος μέμνηται·
‘σὺ δ´ ἔρχεο δειελιήσας’, ὃ καλοῦσί τινες δειλινόν,
ὅ ἐστι μεταξὺ τοῦ ὑφ´ ἡμῶν λεγομένου ἀρίστου
καὶ δείπνου. καὶ ἄριστον μέν ἐστι τὸ ὑπὸ τὴν
ἕω λαμβανόμενον, δεῖπνον δὲ τὸ μεσημβρινόν, ὃ ἡμεῖς
ἄριστον, δόρπον δὲ τὸ ἑσπερινόν. μήποτε δὲ καὶ συνωνυμεῖ
τὸ ἄριστον τῷ δείπνῳ. ἐπὶ γὰρ τῆς πρωινῆς
που τροφῆς ἔφη· ‘οἳ δ´ ἄρα δεῖπνον ἕλοντο,
ἀπὸ δ´ αὐτοῦ θωρήσσοντο.’ μετὰ γὰρ τὴν ἀνατολὴν
εὐθὺς δειπνοποιησάμενοι προέρχονται εἰς τὴν μάχην.
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Traduction française :
[1,19] Homère nous apprend les différents repas que faisaient ses héros.
Le premier était l’acratisme ou déjeuner, qu'il appelle ariste. Il en fait une fois
mention dans l'Odyssée :
« Ulysse et le divin Porcher ayant allumé du feu et préparé l’ariste. »
(11c) Et une fois dans l’Iliade :
« Ils se mirent promptement à préparer l’ariste. »
Or, on voit dans ces vers qu'il parle d'un repas qu'on faisait du matin, et
que nous appelons acratisme, parce que ce ne sont que quelques morceaux
de pain qu'on prend trempés dans de l’acrate ou vin pur; c'est ce que désigne
Antiphane :
« Pendant que le cuisinier préparera le dîner ; puis il ajoute : Tu peux
faire l’acratisme avec moi. »
Cantharus a dit acratisometha dans le même sens :
« A. Est-ce que nous ne déjeunerons pas ici ? B. Non, car nous devons
dîner à l'isthme. »
Aristomène a dit, acratioumai.
(11d) « Je vais prendre un petit déjeuner, et je reviens après avoir
mangé deux ou trois bouchées de pain. »
Philémon dit que les anciens faisaient quatre repas, l’acratisme, ou le
déjeuner ; l’ariste ou le dîner ; l’hespérisme ou le goûter ; et le deipne ou le
souper. Ils appelaient aussi l'acratisme dianestisme, l'ariste dorpiste ; et le
deipne epidorpide.
Voici comme Eschyle rapporte l'ordre des repas.
« J'ai, dit Talamède, assigné le rang aux Taxiarques, aux Stratarques et
aux Hecatontarques : (11e) quant à la nourriture, j'ai réglé qu'on ferait trois
repas, l’ariste, le deipne et le dorpe. »
Chap. X. Homère fait mention d'un quatrième repas en ces termes :
« Mais toi, viens après avoir goûté ; deieliehsas. »
Ce repas, qu'on faisait entre le dîner et le souper, s'appelle, selon
quelques-uns, deilinon.
On voit, par le passage d'Eschyle, que l’ariste se prenait du matin, le
deipne à midi, et le dorpe au soir. Mais on pourrait présumer que les mots
ariste ou déjeuner, et deipne, ont été synonymes : car Homère dit, en parlant
d'un repas du matin : « Ils prirent donc le deipne, et s'armèrent après. «
(11f) Or, on sait que ces guerriers prenaient de la nourriture dès que le
soleil était levé, et qu'ils marchaient aussitôt au combat.
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