Texte grec :
[1,59] τῶν οἴνων ὃ μὲν λευκός, ὃ δὲ κιρρός, ὃ δὲ
μέλας. καὶ ὁ μὲν λευκὸς λεπτότατος τῇ φύσει, οὐρητικός,
θερμὸς πεπτικός τε ὢν τὴν κεφαλὴν ποιεῖ διάπυρον·
ἀνωφερὴς γὰρ ὁ οἶνος. ὁ δὲ μέλας, ὁ μὴ γλυκάζων,
τροφιμώτατος, στυπτικός· ὁ δὲ γλυκάζων καὶ
τῶν λευκῶν καὶ τῶν κιρρῶν τροφιμώτατος. λεαίνει
γὰρ κατὰ τὴν πάροδον καὶ παχύνων τὰ ὑγρὰ μᾶλλον
κεφαλὴν ἧττον παρενοχλεῖ. ὄντως γὰρ ἡ τοῦ
γλυκέος οἴνου φύσις ἐγχρονίζει περὶ τὰ ὑποχόνδρια
καὶ πτυέλου ἐστὶν ἀναγωγός, ὡς Διοκλῆς καὶ Πραξαγόρας
ἱστοροῦσι. Μνησίθεος δ´ ὁ Ἀθηναῖός φησιν·
‘ὁ μέλας οἶνός ἐστι θρεπτικώτατος, ὁ δὲ λευκὸς
οὐρητικώτατος καὶ λεπτότατος, ὁ δὲ κιρρὸς ξηρὸς καὶ
τῶν σιτίων πεπτικώτερος.’ οἱ δ´ ἐπιμελέστερον τεθαλαττωμένοι
οἶνοι ἀκραίπαλοί τέ εἰσι καὶ κοιλίας λύουσιν
ἐπιδάκνουσί τε τὸν στόμαχον ἐμφυσήσεις τε ἐνεργάζονται
καὶ συγκατεργάζονται τὴν τροφήν. τοιοῦτος
δ´ ἐστὶν ὅ τε Μύνδιος καὶ ὁ ἀπὸ Ἁλικαρνασσοῦ. ὁ
γοῦν κυνικὸς Μένιππος ἁλμοπότιν τὴν Μύνδον φησίν.
ἱκανῶς δὲ καὶ ὁ Κῷος τεθαλάττωται. καὶ ὁ Ῥόδιος δὲ
ἐλάττονος μὲν κεκοινώνηκε θαλάσσης, ὁ δὲ πολὺς αὐτοῦ
ἀχρεῖός ἐστιν. ὁ δὲ νησιώτης εἴς τε τοὺς πότους
ἐστὶν εὖ πεφυκὼς καὶ πρὸς τὴν καθημερινὴν χρῆσιν
οὐκ ἀνοίκειος. ὁ δὲ Κνίδιος αἵματος γεννητικός,
τρόφιμος, κοιλίαν εὔλυτον κατασκευάζων· πλείων δὲ
πινόμενος ἐκλύει τὸν στόμαχον. ὁ δὲ Λέσβιος στῦψιν
μικροτέραν ἔχει καὶ μᾶλλον οὐρεῖται. χαριέστατος
δ´ ἐστὶν ὁ Χῖος καὶ τοῦ Χίου ὁ καλούμενος Ἀριούσιος.
διαφοραὶ δὲ αὐτοῦ εἰσι τρεῖς· ὃ μὲν γὰρ αὐστηρός
ἐστιν, ὃ δὲ γλυκάζων, ὃ δὲ μέσος τούτων τῇ
γεύσει αὐτόκρατος καλεῖται. ὁ μὲν οὖν αὐστηρὸς εὔστομός
ἐστι καὶ τρόφιμος καὶ μᾶλλον οὐρεῖται, ὁ δὲ
γλυκάζων τρόφιμος, πλήσμιος, κοιλίας μαλακτικός, ὁ
δ´ αὐτόκρατος τῇ χρείᾳ μέσος ἐστί. κοινῶς δ´ ὁ Χῖος
πεπτικός, τρόφιμος, αἵματος χρηστοῦ γεννητικός, προσηνέστατος,
πλήσμιος διὰ τὸ παχὺς εἶναι τῇ δυνάμει.
τῶν δ´ οἴνων χαριέστατος ὁ κατὰ τὴν Ἰταλίαν
Ἀλβανὸς καὶ ὁ Φαλερνίτης. ὁ δὲ τούτων πεπαλαιωμένος
καὶ κεχρονικὼς φαρμακώδης ὢν καροῖ λίαν ταχέως.
ὁ δὲ Ἀδριανὸς καλούμενος εὔπνους, εὐανάδοτος,
ἄλυπος τὸ σύνολον. οἰνοποιητέον δὲ αὐτοὺς πρό τινος
χρόνου καὶ εἰς ἀναπεπταμένον τόπον θετέον εἰς τὸ
διαπνεῦσαι τὸ παχὺ τῆς δυνάμεως αὐτῶν. χαριέστατος
δ´ οἶνος εἰς παλαίωσιν ὁ Κερκυραῖος. ὁ δὲ Ζακύνθιος
καὶ ὁ Λευκάδιος διὰ τὸ γύψον λαβεῖν καὶ
κεφαλὴν ἀδικοῦσιν. ὁ δ´ ἀπὸ Κιλικίας Ἀβάτης καλούμενος
κοιλίας μόνον ἐστὶ μαλακτικός. Κῴῳ δὲ καὶ
Μυνδίῳ καὶ Ἁλικαρνασσίῳ καὶ παντὶ τῷ ἱκανῶς τεθαλαττωμένῳ
συνᾴδει τὰ σκληρὰ τῶν ὑδάτων οἷον
κρηναῖα καὶ ὄμβρια, ἐὰν ᾖ διυλισμένα καὶ πλείονα
χρόνον καθεσταμένα. χρήσιμοι δ´ εἰσὶν οὗτοι Ἀθήνησι
καὶ Σικυῶνι· ἐν ταύταις γὰρ σκληρὰ τὰ ὕδατα.
τοῖς δ´ ἀθαλάσσοις τῶν οἴνων καὶ τοῖς παρέχουσιν
ἱκανωτέραν στύψιν, ἔτι δὲ τῷ Χίῳ καὶ Λεσβίῳ τὰ
ἀποιότατα τῶν ὑδάτων εὐθετεῖ.
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Traduction française :
[1,59] Il y a en général du vin de trois couleurs ; le blanc, le paillet et le
rouge très chargé. Le blanc est léger de sa nature, diurétique, chaud, digestif;
mais il porte des fumées à la tête, vu la volatilité de ses principes. Le rouge
foncé, et non douceâtre, est très nourrissant; mais il a un peu d'astringence.
Le vin douceâtre est le plus nourrissant des vins blancs et des paillets ; (32d)
car, outre qu'il lubrifie dans son passage, il donne de la consistance aux
humeurs ; d'ailleurs, il affecte moins la tête. En effet, le vin doux est de nature
à séjourner dans les hypo-chondres: il sollicite l'excrétion de la salive, si
l'on en croit Dioclès et Praxagoras.
Mnésithée d'Athènes, dit que le vin d'un rouge très chargé est le plus
nourrissant; le vin blanc, très diurétique et le plus léger; le paillet, sec, mais
plus favorable à la digestion des aliments.
Les vins que l’on combine par parties bien proportionnées avec de
l'eau de mer, n'enivrent pas: ils lâchent le ventre, (32e) pincent l'estomac,
causent quelques flatuosités ; cependant on les trouve très propres à
dissoudre les aliments : tels sont les vins de Mynde et d'Halicarnasse. C'est
sans doute à cause de ces vins marinés que le cynique Ménippe donne à la
ville de Mynde l'épithète d'almopotis (qui boit de la saumure).
Les vins de Coo portent beaucoup d'eau de mer. Il en faut moins à celui
du terroir même de Rhodes; mais en général ce vin a peu de valeur. Les
autres vins de cette île sont bons à boire en partie de plaisir, et même pour
en faire ordinaire. Celui de Cnide fait beaucoup de sang, nourrit bien, et tient
le ventre libre ; (32f) mais il affaiblit l'estomac quand on en boit trop.
Le vin de Lesbos a quelque légère astringence, et sollicite plus les
urines. Ceux de Chio ont cependant quelque chose de plus flatteur, mais
surtout celui d'Ariuse. Il y a trois espèces de ce vin ; l'une austère, l'autre
douceâtre ; la troisième tient le milieu entre ces deux-ci pour la saveur : on
l'appelle autocrate. L'austère flatte assez le palais : il est nourrissant et
plus diurétique ; le douceâtre nourrit, donne même de l'embonpoint, quoiqu'il
tienne le ventre à l'aise. L'autocrate a des qualités moyennes. En général, le
vin de Chio est digestif, nourrissant ; (33a) il fait un bon sang, engraisse, et
est des plus favorables à la santé, vu les excellents principes dont il est formé.
Quant aux vins d'Italie les plus flatteurs, ce sont certainement le Falerne
et l'Albe ; mais quand ils sont très vieux, ils causent un assoupissement
assez prompt, parce qu'on ne les garde si vieux qu'en les mixtionnant. Celui
qu'on appelle Adrian a un charmant bouquet, et passe aisément : (33b) c'est
un vin très innocent; mais il faut faire ces vins de bonne heure, et les mettre
dans un lieu bien aéré, afin que ce qu'ils ont de trop vif et de trop volatil
puisse s'évaporer.
Le vin de Corcyre devient très flatteur avec la vieillesse. Ceux de
Zacynthe et de Leucade sont imprégnés de gypse: voilà pourquoi ils sont
capiteux. L’abate, vin de Cilicie, n'a d'autre vertu que de tenir le ventre à
l’aise. Les eaux dures, telles que celles de sources et de pluie, filtrées et
laissées longtemps en résidence, vont bien avec les vins de Coo, de Mynde,
d'Halicarnasse, et en général avec tous ceux qui sont mêlés de beaucoup
d'eau de mer. Voilà pourquoi ces vins sont d'un grand débit à Athènes, à
Sicyone, (33c) où les eaux ont beaucoup de crudité. A l'égard des vins non
marines, et de ceux qui ont une astringence assez sensible, tels que ceux
de Lesbos et de Chio, il faut de l'eau qui ne contienne aucun principe
hétérogène.
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