Texte grec :
[4,132] Ἀηδία γάρ ἐστιν Ἀττικὴ
(132) ὥσπερ ξενική· παρέθηκε πίνακα γὰρ μέγαν
ἔχοντα μικροὺς πέντε πινακίσκους ἄνω·
τούτων ὃ μὲν ἔχει σκόροδον, ὃ δ´ ἐχίνους δύο,
ὃ δὲ θρυμματίδα γλυκεῖαν, ὃ δὲ κόγχας δέκα,
ὃ δ´ ἀντακαίου μικρόν. Ἐν ὅσῳ δ´ ἐσθίω,
ἕτερος ἐκεῖν´, ἐν ὅσῳ δ´ ἐκεῖνος, τοῦτ´ ἐγὼ
ἠφάνισα. Βούλομαι δέ γ´, ὦ βέλτιστε σύ,
κἀκεῖνο καὶ τοῦτ´, ἀλλ´ ἀδύνατα βούλομαι·
(132b) οὔτε στόματα γὰρ οὔτε χεῖρας πέντ´ ἔχω.
Ὄψιν μὲν οὖν ἔχει τὰ τοιαῦτα ποικίλην,
ἀλλ´ οὐθέν ἐστι τοῦτο πρὸς τὴν γαστέρα·
κατέπασα γὰρ τὸ χεῖλος, οὐκ ἐνέπλησα δέ.
Τί οὖν ἔχεις; {Β.} Ὄστρεια πολλά. {Α.} Πίνακά μοι
τούτων παραθήσεις αὐτὸν ἐφ´ ἑαυτοῦ μέγαν.
Ἔχεις ἐχίνους; {Β.} Ἕτερος ἔσται σοι πίναξ·
αὐτὸς γὰρ αὐτὸν ἐπριάμην ὀκτὼ ὀβολῶν.
{Α.} Ὀψάριον αὐτὸ τοῦτο παραθήσεις μόνον,
ἵνα ταὐτὰ πάντες, μὴ τὸ μὲν ἐγώ, τὸ δ´ ἕτερος - - -»
(132c) Δρομέας δ´ ὁ παράσιτος ἐρωτήσαντός τινος αὐτόν, ὥς φησιν ὁ Δελφὸς
Ἡγήσανδρος, πότερον ἐν ἄστει γίνεται βελτίω δεῖπνα ἢ ἐν Χαλκίδι, τὸ προοίμιον εἶπε
τῶν ἐν Χαλκίδι δείπνων χαριέστερον εἶναι τῆς ἐν ἄστει παρασκευῆς, τὸ πλῆθος τῶν
ὀστρέων (καὶ τὴν ποικιλίαν) προοίμιον εἰπὼν δείπνου.
(9) Δίφιλος δ´ ἐν Ἀπολειπούσῃ μάγειρόν τινα παράγων ποιεῖ τάδε λέγοντα·
«Πόσοι τὸ πλῆθός εἰσιν οἱ κεκλημένοι
(132d) εἰς τοὺς γάμους, βέλτιστε, καὶ πότερ´ Ἀττικοὶ
ἅπαντες ἢ κἀκ τοὐμπορίου τινές; {Β.} Τί δαὶ
τοῦτ´ ἐστὶ πρὸς σὲ τὸν μάγειρον; {Α.} Τῆς τέχνης
ἡγεμονία τίς ἐστιν αὕτη σοι, πάτερ,
τὸ τῶν ἐδομένων τὰ στόματα προειδέναι.
Οἷον Ῥοδίους κέκληκας· εἰσιοῦσι δὸς
εὐθὺς ἀπὸ θερμοῦ τὴν μεγάλην αὐτοῖς σπάσαι,
ἀποζέσας σίλουρον ἢ λεβίαν, ἐφ´ ᾧ
χαριεῖ πολὺ μᾶλλον ἢ μυρίνην προσεγχέας.
(132e) {Β.} Ἀστεῖον ὁ σιλουρισμός. {Α.} Ἂν Βυζαντίους,
ἀψινθίῳ σφιν δεῦσον ὅσα γ´ ἂν παρατιθῇς,
κάθαλα ποιήσας πάντα κἀσκοροδισμένα.
Διὰ γὰρ τὸ πλῆθος τῶν παρ´ αὐτοῖς ἰχθύων
πάντες βλιχανώδεις εἰσὶ καὶ μεστοὶ λάπης.»
Μένανδρος δ´ ἐν Τροφωνίῳ·
«Ξένου τὸ δεῖπνόν ἐστιν ὑποδοχή. {Β.} Τίνος;
Ποδαποῦ; Διαφέρει τῷ μαγείρῳ τοῦτο γάρ.
Οἷον τὰ νησιωτικὰ ταυτὶ ξενύδρια,
ἐν προσφάτοις ἰχθυδίοις τεθραμμένα
(132f) καὶ παντοδαποῖς, τοῖς ἁλμίοις μὲν οὐ πάνυ
ἁλίσκετ´, ἀλλ´ οὕτως παρέργως ἅπτεται·
τὰς δ´ ὀνθυλεύσεις καὶ τὰ κεκαρυκευμένα
μᾶλλον προσεδέξατ´. Ἀρκαδικὸς τοὐναντίον
ἀθάλασσος ὢν τοῖς λοπαδίοις ἁλίσκεται·
Ἰωνικὸς πλούταξ ὑποστάσεις ποιῶν
κάνδαυλον, ὑποβινητιῶντα βρώματα.»
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Traduction française :
[4,132] car cette Attique est désagréable, (132) et a pour nous quelque chose
d'étranger. On nous y a servi un grand plat, où l'on en avait mis cinq autres
petits : dans l'un, c'était de l'ail; dans l'autre, des oursins; le troisième
contenait une douce thrymmalide ; le quatrième, dix conques; le cinquième, un
petit tronçon d'antacée : mais tandis que je mange d'une chose, un autre mange
d'une autre ; et tandis qu'il dévore ce à quoi je ne touche pas, je dépêche ce
que je tiens. Cependant, mon cher, je voudrais expédier aussi bien une chose
qu'une autre ; mais c'est vouloir l'impossible, (132b) car je n'ai ni cinq
bouches, ni dix lèvres. B. Voilà des choses qui nous flatteront sans doute par
leur diversité. A. Mais quand je me serai bien rempli l'entrée de la bouche, mon
ventre n'en sera pas plus plein avec cela. B. Que faire donc? A. As-tu beaucoup
d'huîtres ici ? Sers-m'en un plat, et un bon plat. As-tu aussi des oursins? B.
Oh ! je vais vous en arranger un plat, deux même. Je les ai moi-même payés huit
oboles. A. Eh bien, sers-nous seulement ce mets chétif, afin que nous puissions
au moins manger tous en même temps, et que, tandis que j'expédie une chose, les
autres n'en dévorent pas une autre.»
(132c) Hégésandre de Delphes rapporte que quelqu'un demandant au Parasite
Droméas, si les repas étaient meilleurs à Athènes qu'à Chalcis, il répondit :
«Les préludes valent mieux à Chalcis que tout l'appareil d'Athènes.»
Il appelait prélude du repas, force huîtres de différentes espèces.
(9) Diphile, introduisant sur la scène un cuisinier dans son Apolipuse, le fait
parler ainsi :
«A. Mon cher ! combien avez-vous invité de personnes à la noce? (132d) Sont-ce
tous Athéniens? ou, y a-t-il quelques trafiquants étrangers? B. Qu'est-ce que
cela te fait à toi, cuisinier? A. Oh ! papa, le point essentiel sur lequel doit
se régler mon art, est d'être bien instruit du goût des convives. Par exemple,
avez-vous invité des Rhodiens ? Dès qu'ils sont entrés, donnez-leur à dévorer un
grand silure sur une sauce bien chaude, et cuit au court bouillon, ou un foie
marin : vous les flatterez beaucoup plus que si vous leur présentiez du vin
aiguisé de myrrhe. (132e) Le silure est un mets exquis pour eux. Si vous voulez
traiter des Byzantins, arrosez bien d'absinthe tout ce que vous leur
présenterez, et que cela soit bien salé, et bien lardé d'ail. En effet, la grande quantité
de poissons qu'ils mangent, les remplit de saburre visqueuse et de pituite.»
Ménandre fait dire, dans son Trophonius :
«A. J'ai un hôte à qui je dois donner à souper. B. De quel pays? car il est
important, pour un cuisinier, de le savoir : par exemple, ces petits insulaires
qui viennent demander l'hospitalité, ne se nourrissent que de chétifs poissons,
qu'ils prennent et mangent aussitôt, (132f) de quelque espèce qu'ils soient ;
mais pour des salines, fi ! ces gens ne donnent pas là-dessus, ou ce n'est qu'en
passant qu'ils y touchent. Ils aiment bien mieux des viandes farcies et des mets
de haut goût. Si, d'un autre côté, c'est un Arcadien, habitant loin de la mer,
ou qui ne l'a jamais vue, il est affriandé par nos ragoûts salés. Est-ce un
riche Ionien ? il fera cas d'une sauce épaissie avec de la farine, d'un
kanthaule, et de ces mets qui stimulent l'amour.»
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