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[16] 16.1
Ὅταν κλαίοντα ἴδῃς τινὰ ἐν πένθει ἢ ἀποδημοῦντος τέκνου ἢ ἀπολωλεκότα τὰ
ἑαυτοῦ, πρόσεχε μή σε ἡ φαντασία συναρπάσῃ ὡς ἐν κακοῖς ὄντος αὐτοῦ τοῖς ἐκτός,
ἀλλ' εὐθὺς ἔστω πρόχειρον ὅτι ‘τοῦτον θλίβει οὐ τὸ συμβεβηκός (ἄλλον γὰρ οὐ
θλίβει), ἀλλὰ τὸ δόγμα τὸ περὶ τούτου’. μέχρι μέντοι λόγου μὴ ὄκνει συμπεριφέρεσθαι
αὐτῷ, κἂν οὕτω τύχῃ, καὶ συνεπιστενάξαι· πρόσεχε μέντοι μὴ καὶ ἔσωθεν στενάξῃς.
| [16] Quand tu vois quelqu’un qui pleure, soit parce qu’il est en deuil, soit
parce que son fils est au loin, soit parce qu’il a perdu ce qu’il
possédait, prends garde de te laisser emporter par l’idée que les
accidents du dehors qui lui arrivent sont des maux. Rappelle-toi
sur-le-champ que ce qui l’afflige ce n’est pas l’accident, qui n’en
afflige pas d’autre que lui, mais le jugement qu’il porte sur cet
accident. Cependant n’hésite pas à lui témoigner, au moins des lèvres, ta
sympathie, et même, s’il le faut, à gémir avec lui ; mais prends garde de
gémir du fond de l’âme.
| [17] 17.1
Μέμνησο, ὅτι ὑποκριτὴς εἶ δράματος, οἵου ἂν θέλῃ ὁ διδάσκαλος· ἂν βραχύ, βραχέος·
ἂν μακρόν, μακροῦ· ἂν πτωχὸν ὑποκρίνασθαί σε θέλῃ, ἵνα καὶ τοῦτον εὐφυῶς
ὑποκρίνῃ ἂν χωλόν, ἂν ἄρχοντα, ἂν ἰδιώτην. σὸν γὰρ τοῦτ' ἔστι, τὸ δοθὲν
ὑποκρίνασθαι πρόσωπον καλῶς· ἐκλέξασθαι δ' αὐτὸ ἄλλου.
| [17] Souviens-toi que tu es l’acteur d’un rôle, tel qu’il plait à l’auteur
de te le donner : court, s’il l’a voulu court ; long, s’il l’a voulu long
; s’il veut que tu joues un rôle de mendiant, joue-le naïvement ; ainsi
d’un rôle de boiteux, de magistrat, de simple particulier. C’est ton fait
de bien jouer le personnage qui t’est donné ; mais de le choisir, c’est le
fait d’un autre.
| [18] 18.1
Κόραξ ὅταν μὴ αἴσιον κεκράγῃ, μὴ συναρπαζέτω σε ἡ φαντασία· ἀλλ' εὐθὺς διαίρει
παρὰ σεαυτῷ καὶ λέγε ὅτι ‘τούτων ἐμοὶ οὐδὲν ἐπισημαίνεται, ἀλλ' ἢ τῷ σωματίῳ μου ἢ
τῷ κτησειδίῳ μου ἢ τῷ δοξαρίῳ μου ἢ τοῖς τέκνοις ἢ τῇ γυναικί. ἐμοὶ δὲ πάντα αἴσια
σημαίνεται, ἐὰν ἐγὼ θέλω· ὅ τι γὰρ ἂν τούτων ἀποβαίνῃ, ἐπ' ἐμοί ἐστιν ὠφεληθῆναι
ἀπ' αὐτοῦ’.
| [18] Quand un corbeau pousse un cri de mauvais augure, ne te laisse pas
emporter par ton idée ; distingue aussitôt en toi-même, et dis :
« Dans tout cela il n’y a point de présage pour moi, il ne peut y en avoir
que pour mon corps, ma fortune, ma réputation, mes enfants, ma femme.
Quant à moi, tout est de bon augure, si je veux ; car quel que soit
l’événement, il dépend de moi d’en tirer profit. »
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