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[10] 10.1
Ἐφ' ἑκάστου τῶν προσπιπτόντων μέμνησο ἐπιστρέφων ἐπὶ σεαυτὸν ζητεῖν, τίνα
δύναμιν ἔχεις πρὸς τὴν χρῆσιν αὐτοῦ. ἐὰν καλὸν ἴδῃς ἢ καλήν, εὑρήσεις δύναμιν πρὸς
ταῦτα ἐγκράτειαν· ἐὰν πόνος προσφέρηται, εὑρήσεις καρτερίαν· ἂν λοιδορία, εὑρήσεις
ἀνεξικακίαν. καὶ οὕτως ἐθιζόμενόν σε οὐ συναρπάσουσιν αἱ φαντασίαι.
| [10] A chaque occasion qui se présente, replie-toi sur toi-même et cherche
quelle faculté tu as en toi-même pour te conduire : si tu vois une belle
femme, tu trouveras en toi la faculté de la continence ; s’il se présente
une fatigue à supporter, tu trouveras celle de l’endurance ; une injure,
tu trouveras celle de la patience. Si tu prends cette habitude, tes idées
ne t’emporteront pas.
| [11] 11.1
Μηδέποτε ἐπὶ μηδενὸς εἴπῃς ὅτι ‘ἀπώλεσα αὐτό’, ἀλλ' ὅτι ‘ἀπέδωκα’. τὸ παιδίον
ἀπέθανεν; ἀπεδόθη. ἡ γυνὴ ἀπέθανεν; ἀπεδόθη. ‘τὸ χωρίον ἀφῃρέθην.’ οὐκοῦν καὶ
τοῦτο ἀπεδόθη. ‘ἀλλὰ κακὸς ὁ ἀφελόμενος.’ τί δὲ σοὶ μέλει, διὰ τίνος σε ὁ δοὺς
ἀπῄτησε; μέχρι δ' ἂν διδῷ, ὡς ἀλλοτρίου αὐτοῦ ἐπιμελοῦ, ὡς τοῦ πανδοχείου οἱ παριόντες.
| [11] Ne dis jamais de quoi que ce soit : « Je l’ai perdu, » mais : « Je l’ai
rendu. » Ton enfant est mort : il est rendu. Ta femme est morte : elle est
rendue. « On m’a enlevé mon bien. » — Eh bien ! il est rendu aussi. —
« Mais c’est un scélérat que celui qui me l’a enlevé. » — Eh ! que t’importe
par qui celui qui te l’a donné l’a réclamé ? Tant qu’il te le laisse,
occupe-t’en comme de quelque chose qui est à autrui, ainsi que les
passants usent d’une hôtellerie.
| [12] 12.1
Εἰ προκόψαι θέλεις, ἄφες τοὺς τοιούτους ἐπιλογισμούς. ‘ἐὰν ἀμελήσω τᾶν ἐμῶν, οὐχ
ἕξω διατροφάς’· ‘ἐὰν μὴ κολάσω τὸν παῖδα, πονηρὸς ἔσται.’ κρεῖσσον γὰρ λιμῷ
ἀποθανεῖν ἄλυπον καὶ ἄφοβον γενόμενον ἢ ζῆν ἐν ἀφθόνοις ταρασσόμενον. κρεῖττον
δὲ τὸν παῖδα κακὸν εἶναι ἢ σὲ κακοδαίμονα.
12.2
ἄρξαι τοιγαροῦν ἀπὸ τῶν σμικρῶν. ἐκχεῖται τὸ ἐλάδιον, κλέπτεται τὸ οἰνάριον·
ἐπίλεγε ὅτι ‘τοσούτου πωλεῖται ἀπάθεια, τοσούτου ἀταραξία’· προῖκα δὲ οὐδὲν
περιγίνεται. ὅταν δὲ καλῇς τὸν παῖδα, ἐνθυμοῦ, ὅτι δύναται μὴ ὑπακοῦσαι καὶ
ὑπακούσας μηδὲν ποιῆσαι ὧν θέλεις· ἀλλ' οὐχ οὕτως ἐστὶν αὐτῷ καλῶς, ἵνα ἐπ'
ἐκείνῳ ᾖ τὸ σὲ μὴ ταραχθῆναι.
| [12] 1. Si tu veux faire des progrès, laisse là toutes ces réflexions, comme :
« Si je néglige ma fortune, je n’aurai pas de quoi manger ; » « Si je ne
châtie pas mon esclave, il sera vicieux. » Il vaut mieux mourir de faim,
exempt de peine et de crainte, que de vivre dans l’abondance et le trouble
; il vaut mieux que ton esclave soit vicieux, et que tu ne sois pas
malheureux.
2. Commence donc par les petites choses. On laisse couler ton huile ; on
vole ton vin : dis-toi, « C’est à ce prix que se vend l’impassibilité,
c’est à ce prix que se vend le calme. » On n’a rien pour rien. Quand tu
appelles ton esclave, pense qu’il peut ne pas répondre à ton appel, et, y
répondant, ne rien faire de ce que tu veux, mais que sa situation n’est
pas assez belle pour qu’il dépende de lui que tu ne sois pas troublé.
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