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[0] Ἐπικτήτου Ἐγχειρίδιον.
| [0] MANUEL D’ÉPICTÈTE (50 ? — 130 ?)
| [1] 1.1
Τῶν ὄντων τὰ μέν ἐστιν ἐφ' ἡμῖν, τὰ δὲ οὐκ ἐφ' ἡμῖν. ἐφ' ἡμῖν μὲν ὑπόληψις, ὁρμή,
ὄρεξις, ἔκκλισις καὶ ἑνὶ λόγῳ ὅσα ἡμέτερα ἔργα· οὐκ ἐφ' ἡμῖν δὲ τὸ σῶμα, ἡ κτῆσις,
δόξαι, ἀρχαὶ καὶ ἑνὶ λόγῳ ὅσα οὐχ ἡμέτερα ἔργα.
1.2
καὶ τὰ μὲν ἐφ' ἡμῖν ἐστι φύσει ἐλεύθερα, ἀκώλυτα, ἀπαραπόδιστα, τὰ δὲ οὐκ ἐφ' ἡμῖν
ἀσθενῆ, δοῦλα, κωλυτά, ἀλλότρια.
1.3
μέμνησο οὖν, ὅτι, ἐὰν τὰ φύσει δοῦλα ἐλεύθερα οἰηθῇς καὶ τὰ ἀλλότρια ἴδια,
ἐμποδισθήσῃ, πενθήσεις, ταραχθήσῃ, μέμψῃ καὶ θεοὺς καὶ ἀνθρώπους, ἐὰν δὲ τὸ σὸν
μόνον οἰηθῇς σὸν εἶναι, τὸ δὲ ἀλλότριον, ὥσπερ ἐστίν, ἀλλότριον, οὐδείς σε
ἀναγκάσει οὐδέποτε, οὐδείς σε κωλύσει, οὐ μέμψῃ οὐδένα, οὐκ ἐγκαλέσεις τινί, ἄκων
πράξεις οὐδὲ ἕν, οὐδείς σε βλάψει, ἐχθρὸν οὐχ ἕξεις, οὐδὲ γὰρ βλαβερόν τι πείσῃ.
1.4
τηλικούτων οὖν ἐφιέμενος μέμνησο, ὅτι οὐ δεῖ μετρίως κεκινημένον ἅπτεσθαι αὐτῶν,
ἀλλὰ τὰ μὲν ἀφιέναι παντελῶς, τὰ δ' ὑπερτίθεσθαι πρὸς τὸ παρόν. ἐὰν δὲ καὶ ταῦτ'
ἐθέλῃς καὶ ἄρχειν καὶ πλουτεῖν, τυχὸν μὲν οὐδ' αὐτῶν τούτων τεύξῃ διὰ τὸ καὶ τῶν
προτέρων ἐφίεσθαι, πάντως γε μὴν ἐκείνων ἀποτεύξη, δι' ὧν μόνων ἐλευθερία καὶ
εὐδαιμονία περιγίνεται.
1.5
εὐθὺς οὖν πάσῃ φαντασίᾳ τραχείᾳ μελέτα ἐπιλέγειν ὅτι ‘φαντασία εἶ καὶ οὐ πάντως
τὸ φαινόμενον’. ἔπειτα ἐξέταζε αὐτὴν καὶ δοκίμαζε τοῖς κανόσι τούτοις οἷς ἔχεις,
πρώτῳ δὲ τούτῳ καὶ μάλιστα, πότερον περὶ τὰ ἐφ' ἡμῖν ἐστιν ἢ περὶ τὰ οὐκ ἐφ' ἡμῖν·
κἂν περί τι τῶν οὐκ ἐφ' ἡμῖν ᾖ, πρόχειρον ἔστω τὸ διότι ‘οὐδὲν πρὸς ἐμέ’
| [1] 1. Des choses les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de
nous. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos
désirs, nos aversions, en un mot tout ce qui est opération de notre âme ;
ce qui ne dépend pas de nous, c’est le corps, la fortune, les témoignages
de considération, les charges publiques, en un mot tout ce qui n’est pas
opération de notre âme. 2. Ce qui dépend de nous est, de sa nature, libre,
sans empêchement, sans contrariété ; ce qui ne dépend pas de nous est
inconsistant, esclave, sujet à empêchement, étranger.
3. Souviens-toi donc que si tu regardes comme libre ce qui de sa nature
est esclave, et comme étant à toi ce qui est à autrui, tu seras contrarié,
tu seras dans le deuil, tu seras troublé, tu t’en prendras et aux dieux et
aux hommes ; mais si tu ne regardes comme étant à toi que ce qui est à
toi, et si tu regardes comme étant à autrui ce qui, en effet, est à
autrui, personne ne te contraindra jamais, personne ne t’empêchera, tu ne
t’en prendras à personne, tu n’accuseras personne, tu ne feras absolument
rien contre ton gré, personne ne te nuira ; tu n’auras pas d’ennemi,
car tu ne souffriras rien de nuisible. 4. Aspirant à de si grands biens,
songe qu’il ne faut pas te porter mollement à les rechercher, qu’il faut
renoncer entièrement à certaines choses et en ajourner d’autres quant à
présent. Mais si outre ces biens tu veux encore le pouvoir et la richesse,
peut-être n’obtiendras-tu même pas ces avantages parce que tu aspires en
même temps aux autres biens, et, en tout cas, ce qu’il y a de certain,
c’est que tu manqueras les biens qui peuvent seuls nous procurer la
liberté et le bonheur.
5. Ainsi, à toute idée rude, exerce-toi à dire aussitôt : « Tu es une
idée, et tu n’es pas tout à fait ce que tu représentes. » Puis examine-la,
applique les règles que tu sais, et d’abord et avant toutes les autres
celle qui fait reconnaître si quelque chose dépend ou ne dépend pas de
nous ; et si l’idée est relative à quelque chose qui ne dépende pas de
nous, sois prêt à dire : « Cela ne me regarde pas. »
| [2] 2.1
Μέμνησο, ὅτι ὀρέξεως ἐπαγγελία ἐπιτυχία, οὗ ὀρέγῃ, ἐκκλίσεως ἐπαγγελία τὸ μὴ
περιπεσεῖν ἐκείνῳ, ὃ ἐκκλίνεται, καὶ ὁ μὲν <ἐν> ὀρέξει ἀποτυγχάνων ἀτυχής, ὁ δὲ <ἐν>
ἐκκλίσει περιπίπτων δυστυχής. ἂν μὲν οὖν μόνα ἐκκλίνῃς τὰ παρὰ φύσιν τῶν ἐπὶ σοί,
οὐδενί, ὧν ἐκκλίνεις, περιπεσῇ· νόσον δ' ἂν ἐκκλίνῃς ἢ θάνατον ἢ πενίαν,
δυστυχήσεις.
2.2
ἆρον οὖν τὴν ἔκκλισιν ἀπὸ πάντων τῶν οὐκ ἐφ' ἡμῖν καὶ μετάθες ἐπὶ τὰ παρὰ φύσιν
τῶν ἐφ' ἡμῖν. τὴν ὄρεξιν δὲ παντελῶς ἐπὶ τοῦ παρόντος ἄνελε· ἄν τε γὰρ ὀρέγῃ τῶν
οὐκ ἐφ' ἡμῖν τινος, ἀτυχεῖν ἀνάγκη τῶν τε ἐφ' ἡμῖν, ὅσων ὀρέγεσθαι καλὸν ἄν, οὐδὲν
οὐδέπω σοι πάρεστι. μόνῳ δὲ τῷ ὁρμᾶν καὶ ἀφορμᾶν χρῶ, κούφως μέντοι καὶ μεθ'
ὑπεξαιρέσεως καὶ ἀνειμένως.
| [2] 1. Souviens-toi que ce que le désir déclare qu’il veut, c’est d’obtenir ce
qu’il désire, que ce que l’aversion déclare qu’elle ne veut pas, c’est de
tomber dans ce qu’elle a en aversion ; et quand on n’obtient pas ce qu’on
désire, on n’est pas heureux, quand on tombe dans ce qu’on a en aversion,
on est malheureux. Si donc tu n’as d’aversion que pour ce qui est
contraire à la nature dans ce qui dépend de toi, tu ne tomberas dans rien
de ce que tu as en aversion ; mais si tu as de l’aversion pour la maladie,
la mort ou la pauvreté, tu seras malheureux.
2. Cesse donc de donner pour objet à ton aversion rien de ce qui ne dépend
pas de nous, transporte-la sur ce qui est contraire à la nature dans ce
qui dépend de nous. Quant au désir, supprime-le absolument pour le
moment. En effet, si tu désires quelque chose qui ne dépende pas de
nous, infailliblement, tu ne seras pas heureux ; et quant aux choses qui
dépendent de nous, qu’il est beau de désirer, il n’en est aucune qui soit
encore à ta portée. Borne-toi à tendre vers les choses et à t’en éloigner,
mais légèrement, en faisant des réserves, et sans ardeur.
| [3] 3.1
Ἐφ' ἑκάστου τῶν ψυχαγωγούντων ἢ χρείαν παρεχόντων ἢ στεργομένων μέμνησο
ἐπιλέγειν, ὁποῖόν ἐστιν, ἀπὸ τῶν σμικροτάτων ἀρξάμενος· ἂν χύτραν στέργῃς, ὅτι
‘χύτραν στέργω’. κατεαγείσης γὰρ αὐτῆς οὐ ταραχθήσῃ· ἂν παιδίον σαυτοῦ
καταφιλῇς ἢ γυναῖκα, ὅτι ἄνθρωπον καταφιλεῖς· ἀποθανόντος γὰρ οὐ ταραχθήσῃ.
| [3] A propos de tout objet d’agrément, d’utilité ou d’affection, n’oublie pas
de te dire en toi-même ce qu’il est, à commencer par les moins
considérables. Si tu aimes une marmite, dis : « C’est une marmite que
j’aime ; » alors, quand elle se cassera, tu n’en seras pas troublé : quand
tu embrasses ton enfant ou ta femme, dis-toi que c’est un être humain
que tu embrasses ; et alors sa mort ne te troublera pas.
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