Texte grec :
[3,10] Πῶς φέρειν δεῖ τὰς νόσους.
Ἑκάστου δόγματος ὅταν ἡ χρεία παρῇ, πρόχειρον αὐτὸ
ἔχειν δεῖ· ἐπ´ ἀρίστῳ τὰ περὶ ἀρίστου, ἐν βαλανείῳ
τὰ περὶ βαλανείου, ἐν κοίτῃ τὰ περὶ κοίτης.
μηδ´ ὕπνον μαλακοῖσιν ἐπ´ ὄμμασι προσδέξασθαι,
πρὶν τῶν ἡμερινῶν ἔργων λογίσασθαι ἕκαστα·
‘πῇ παρέβην; τί δ´ ἔρεξα; τί μοι δέον οὐ τετέλεσται;’
ἀρξάμενος δ´ ἀπὸ τοῦδε ἐπέξιθι· καὶ μετέπειτα
δειλὰ μὲν ῥέξας ἐπιπλήσσεο, χρηστὰ δὲ τέρπου.
καὶ τούτους τοὺς στίχους κατέχειν χρηστικῶς, οὐχ ἵνα
δι´ αὐτῶν ἀναφωνῶμεν, ὡς διὰ τοῦ Παιὰν Ἄπολλον.
πάλιν ἐν πυρετῷ τὰ πρὸς τοῦτο· μή, ἂν πυρέξωμεν,
ἀφιέναι πάντα καὶ ἐπιλανθάνεσθαι· ‘ἂν ἐγὼ ἔτι
φιλοσοφήσω, ὃ θέλει γινέσθω. πού ποτ´ ἀπελθόντα τοῦ
σωματίου ἐπιμελεῖσθαι εἴ τε καὶ πυρετὸς οὐκ ἔρχεται.
τὸ δὲ φιλοσοφῆσαι τί ἐστιν; οὐχὶ παρασκευάσασθαι πρὸς
τὰ συμβαίνοντα; οὐ παρακολουθεῖς οὖν, ὅτι τοιοῦτόν
τι λέγεις ‘ἂν ἔτι ἐγὼ παρασκευάσωμαι πρὸς τὸ πρᾴως
φέρειν τὰ συμβαίνοντα, ὃ θέλει γινέσθω’; οἷον εἴ τις
πληγὰς λαβὼν ἀποσταίη τοῦ παγκρατιάζειν. ἀλλ´ ἐκεῖ
μὲν ἔξεστι καταλῦσαι καὶ μὴ δέρεσθαι, ἐνθάδε δ´ ἂν
καταλύσωμεν φιλοσοφοῦντες, τί ὄφελος; τί οὖν δεῖ λέγειν
αὐτὸν ἐφ´ ἑκάστου τῶν τραχέων; ὅτι ‘ἕνεκα τούτου
ἐγυμναζόμην, ἐπὶ τοῦτο ἤσκουν’. ὁ θεός σοι λέγει ‘δός
μοι ἀπόδειξιν, εἰ νομίμως ἤθλησας, εἰ ἔφαγες ὅσα δεῖ,
εἰ ἐγυμνάσθης, εἰ τοῦ ἀλείπτου ἤκουσας’· εἶτ´ ἐπ´ αὐτοῦ
τοῦ ἔργου καταμαλακίζῃ; νῦν τοῦ πυρέττειν καιρός
ἐστιν, τοῦτο καλῶς γινέσθω· τοῦ διψᾶν, δίψα καλῶς·
τοῦ πεινᾶν, πείνα καλῶς. οὐκ {ἐξ}ἔστιν ἐπὶ σοί; τίς σε
κωλύσει; ἀλλὰ πιεῖν μὲν κωλύσει ὁ ἰατρός, καλῶς δὲ
διψᾶν οὐ δύναται· καὶ φαγεῖν μὲν κωλύσει, πεινᾶν δὲ
καλῶς οὐ δύναται.
Ἀλλ´ οὐ φιλολογῶ; (-) Τίνος δ´ ἕνεκα φιλολογεῖς;
ἀνδράποδον, οὐχ ἵνα εὐροῇς; οὐχ ἵνα εὐσταθῇς; οὐχ
ἵνα κατὰ φύσιν ἔχῃς καὶ διεξάγῃς; τί κωλύει πυρέςσοντα
κατὰ φύσιν ἔχειν τὸ ἡγεμονικόν; ἐνθάδ´ ὁ ἔλεγχος τοῦ
πράγματος, ἡ δοκιμασία τοῦ φιλοσοφοῦντος.
μέρος γάρ ἐστι καὶ τοῦτο τοῦ βίου, ὡς περίπατος, ὡς
πλοῦς, ὡς ὁδοιπορία, οὕτως καὶ πυρετός. μή τι περιπατῶν
ἀναγιγνώσκεις; (-) Οὔ. (-) Οὕτως οὐδὲ πυρέσσων.
ἀλλ´ ἂν καλῶς περιπατῇς, ἔχεις τὸ τοῦ περιπατοῦντος·
ἂν καλῶς πυρέξῃς, ἔχεις τὰ τοῦ πυρέσσοντος. τί ἐστι
καλῶς πυρέσσειν; μὴ θεὸν μέμψασθαι, μὴ ἄνθρωπον,
μὴ θλιβῆναι ὑπὸ τῶν γινομένων, εὖ καὶ καλῶς
προσδέχεσθαι τὸν θάνατον, ποιεῖν τὰ προστασσόμενα·
ὅταν ὁ ἰατρὸς εἰσέρχηται, μὴ φοβεῖσθαι, τί εἴπῃ, μηδ´ ἂν εἴπῃ
‘κομψῶς ἔχεις’, ὑπερχαίρειν· τί γάρ σοι ἀγαθὸν εἶπεν;
ὅτε γὰρ ὑγίαινες, τί σοι ἦν ἀγαθόν; μηδ´ ἂν εἴπῃ ‘κακῶς
ἔχεις’, ἀθυμεῖν· τί γάρ ἐστι τὸ κακῶς ἔχειν; ἐγγίζειν τῷ
διαλυθῆναι τὴν ψυχὴν ἀπὸ τοῦ σώματος. τί
οὖν δεινόν ἐστιν; ἐὰν νῦν μὴ ἐγγίσῃς, ὕστερον οὐκ
ἐγγιεῖς; ἀλλὰ ὁ κόσμος μέλλει ἀνατρέπεσθαι σοῦ
ἀποθανόντος; τί οὖν κολακεύεις τὸν ἰατρόν; τί λέγεις ‘ἐὰν
σὺ θέλῃς, κύριε, καλῶς ἕξω’; τί παρέχεις αὐτῷ ἀφορμὴν
τοῦ ἐπᾶραι ὀφρῦν; οὐχὶ δὲ τὴν αὑτοῦ ἀξίαν αὐτῷ
ἀποδίδως, ὡς σκυτεῖ περὶ τὸν πόδα, ὡς τέκτονι περὶ τὴν
οἰκίαν, οὕτως καὶ τῷ ἰατρῷ περὶ τὸ σωμάτιον, τὸ οὐκ
ἐμόν, τὸ φύσει νεκρόν; τούτων ὁ καιρός ἐστι τῷ
πυρέσσοντι· ἂν ταῦτα ἐκπληρώσῃ, ἔχει τὰ αὑτοῦ. οὐ γάρ
ἐστιν ἔργον τοῦ φιλοσόφου ταῦτα τὰ ἐκτὸς τηρεῖν, οὔτε τὸ
οἰνάριον οὔτε τὸ ἐλάδιον οὔτε τὸ σωμάτιον, ἀλλὰ τί;
τὸ ἴδιον ἡγεμονικόν. τὰ δ´ ἔξω πῶς; μέχρι τοῦ μὴ
ἀλογίστως κατὰ ταῦτα ἀναστρέφεσθαι. ποῦ οὖν ἔτι καιρὸς
τοῦ φοβεῖσθαι; ποῦ οὖν ἔτι καιρὸς ὀργῆς; ποῦ φόβου
περὶ τῶν ἀλλοτρίων, περὶ τῶν μηδενὸς ἀξίων; δύο γὰρ
ταῦτα πρόχειρα ἔχειν δεῖ· ὅτι ἔξω τῆς προαιρέσεως οὐδέν
ἐστιν οὔτε ἀγαθὸν οὔτε κακὸν καὶ ὅτι οὐ δεῖ προηγεῖσθαι
τῶν πραγμάτων, ἀλλ´ ἐπακολουθεῖν. ‘οὐκ ἔδει
οὕτως μοι προσενεχθῆναι τὸν ἀδελφόν.’ οὔ· ἀλλὰ τοῦτο
μὲν ἐκεῖνος ὄψεται. ἐγὼ δ´, ὡς ἂν προσενεχθῇ, αὐτὸς
ὡς δεῖ χρήσομαι τοῖς πρὸς ἐκεῖνον. τοῦτο γὰρ ἐμόν
ἐστιν, ἐκεῖνο δ´ ἀλλότριον· τοῦτο οὐδεὶς κωλῦσαι δύναται,
ἐκεῖνο κωλύεται.
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Traduction française :
[3,10] CHAPITRE X : Comment doit-on supporter les maladies?
Quand vient le moment d'appliquer quelques-uns de nos principes, il faut
toujours les avoir là présents : à table, ceux qui sont pour la table; aux
bains, ceux qui sont pour le bain ; au lit, ceux qui sont pour le lit.
Que tes yeux trop faibles ne donnent jamais entrée au sommeil, avant que
tu n'aies passé en revue toutes tes actions de la journée. Quelle loi
ai-je violée? Quel acte ai-je fait? A quel devoir ai-je failli? Pars de là
et continue. Puis, si tu as fait du mal, reproche-le toi; si tu as fait du
bien, sois-en content.
Voilà des vers qu'il faut retenir pour les mettre en pratique, et non pas
pour les débiter à haute voix, comme on débite le Péan Apollon!
Dans la fièvre à son tour, ayons présents les principes qui sont faits
pour elle, bien loin de les laisser de côté tous en masse et de les
oublier, parce que nous avons la fièvre. M'arrive ce qui voudra,
t'écries-tu, si je m'occupe encore de philosophie! Je m'en irai quelque
part, où je ne songerai qu'aux soins de mon corps, et où la fièvre ne me
viendra plus! Mais qu'est-ce que s'occuper de philosophie? N'est-ce pas se
préparer contre les événements? Ne comprends-tu pas alors que tes paroles
reviennent à dire : M'arrive ce qui voudra, si je me prépare encore à
supporter avec calme les événements! C'est comme si quelqu'un renonçait au
jeu du Pancrace, parce qu'il y aurait reçu des coups. Encore est-il tout
loisible dans ce cas de cesser la lutte et de ne plus être battu ; tandis
que nous, si nous cessons de nous occuper de philosophie, qu'est-ce que
nous y gagnerons? Que doit donc dire le philosophe, à chaque chose pénible
qui lui arrive? Voilà ce à quoi je me suis préparé, ce en vue de quoi je
me suis exercé. Dieu te dit : Donne-moi une preuve que tu t'es préparé à
la lutte suivant toutes les règles, que tu t'es nourri comme on doit le
faire, que tu as fréquenté le gymnase, que tu as écouté les leçons du
maître. Vas-tu maintenant mollir à l'instant décisif? Voici le moment
d'avoir la fièvre; qu'elle vienne, et sois convenable. Voici le moment
d'avoir soif; aie soif, et sois convenable. Voici le moment d'avoir faim;
aie faim, et sois convenable. Cela ne dépend-il pas de toi? Quelqu'un
peut-il t'en empêcher? Le médecin t'empêchera de boire; mais il ne peut
t'empêcher d'être convenable en ayant soif. Il t'empêchera de manger ;
mais il ne peut t'empêcher d'être convenable en ayant faim.
— Mais (en cet état) je ne puis pas étudier! — A quelle fin étudies-tu
donc, esclave? N'est-ce pas pour arriver au calme? à la tranquillité?
N'est-ce pas pour te mettre et te maintenir en conformité avec la nature?
Or, quand tu as la fièvre, qui t'empêche de mettre cet accord entre la
nature et ta partie maîtresse? C'est ici le moment de faire tes preuves ;
c'est ici l'épreuve du philosophe ; car la fièvre fait partie de la vie,
comme la promenade, les traversées, les voyages par terre. Est-ce que tu
lis en te promenant? — Non. — Eh bien, c'est la même chose quand tu as la
fièvre. Si tu restes convenable, en te promenant, tu es ce que doit être
un promeneur; si tu es convenable, en ayant la fièvre, tu es ce que doit
être un fiévreux. Qu'est-ce donc qu'être convenable en ayant la fièvre?
C'est de ne t'en prendre ni à Dieu ni aux hommes ; c'est de ne pas te
désoler de ce qui arrive; c'est d'attendre dignement et convenablement la
mort; c'est de faire tout ce que l'on t'ordonne ; c'est de ne pas
t'effrayer de ce que va dire le médecin, quand il arrive, et de ne pas te
réjouir outre mesure, quand il te dit : Tu te portes bien. Qu'est-ce là,
en effet, te dire de bon? Car, lorsque tu te portais bien, qu'y avait-il
là de bon pour toi? C'est encore de ne pas te désespérer, quand il te dit :
Tu te portes mal. Qu'est-ce, en effet, que se mal porter? Approcher du
moment où l'âme se sépare du corps. Qu'y a-t-il donc là de terrible?
Est-ce que, si tu n'en approches pas maintenant, tu n'en approcheras pas
plus tard? Est-ce encore que le monde doit être bouleversé par ta mort?
Pourquoi donc flattes-tu le médecin? Pourquoi lui dis-tu: Si tu le veux,
maître, je serai en bonne santé? Pourquoi lui donner un motif de porter
haut la tête? Pourquoi ne pas l'estimer juste ce qu'il vaut? Le cordonnier
est pour mon pied, le charpentier pour ma maison, et le médecin, à son
tour, pour mon misérable corps, c'est-à-dire pour quelque chose qui n'est
pas à moi, pour un être mort né. Voilà ce qu'a à faire le fiévreux ; et,
s'il le fait il est ce qu'il doit être. La tâche du philosophe, en effet,
n'est pas de sauvegarder les choses du dehors, son vin, son huile, son
corps, mais de sauvegarder sa partie maîtresse. Comment se conduira-t-il
vis-à-vis les choses du dehors? Il s'en occupera dans la mesure que la
raison comporte. Et alors quand aura-t-il encore à s'effrayer? Quand
aura-t-il encore à se mettre en colère? Quand aura-t-il encore à trembler
pour des choses qui ne sont pas à lui, et qui ne méritent pas qu'il en
fasse cas? Voici, en effet, les deux pensées qu'il faut avoir toujours
présentes : c'est qu'en dehors de notre libre arbitre, il n'y a rien de
bon ni de mauvais, et qu'il ne faut pas vouloir conduire les événements,
mais les suivre. Mon frère ne devait pas se conduire ainsi avec moi. Oui ;
mais c'est à lui d'y voir ; et quant à moi, de quelque façon qu'il se soit
conduit, j'agirai envers lui comme je le dois. Car voilà ce qui me
regarde, tandis que l'autre chose ne me regarde pas ; voilà ce que nul ne
peut empêcher, tandis qu'on peut empêcher l'autre chose.
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