HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre III

δεικνύοντος



Texte grec :

[3,21] Πρὸς τοὺς εὐκόλως ἐπὶ τὸ σοφιστεύειν ἐρχομένους. Ὅτι τὰ θεωρήματα ἀναλαβόντες ψιλὰ εὐθὺς αὐτὰ ἐξεμέσαι θέλουσιν ὡς οἱ στομαχικοὶ τὴν τροφήν. πρῶτον αὐτὸ πέψον, εἶθ´ οὕτω μὴ ἐξεμέσῃς· εἰ δὲ μή, ἔμετος τῷ ὄντι γίνεται, πρᾶγμ´ ἀκάθαρτον καὶ ἄβρωτον. ἀλλ´ ἀπ´ αὐτῶν ἀναδοθέντων δεῖξόν τινα ἡμῖν μεταβολὴν τοῦ ἡγεμονικοῦ τοῦ σεαυτοῦ, ὡς οἱ ἀθληταὶ τοὺς ὤμους, ἀφ´ ὧν ἐγυμνάσθησαν καὶ ἔφαγον, ὡς οἱ τὰς τέχνας ἀναλαβόντες, ἀφ´ ὧν ἔμαθον. οὐκ ἔρχεται ὁ τέκτων καὶ λέγει ‘ἀκούσατέ μου διαλεγομένου περὶ τῶν τεκτονικῶν’, ἀλλ´ ἐκμισθωσάμενος οἰκίαν ταύτην κατασκευάσας δείκνυσιν, ὅτι ἔχει τὴν τέχνην. τοιοῦτόν τι καὶ σὺ ποίησον· φάγε ὡς ἄνθρωπος, πίε ὡς ἄνθρωπος, κοσμήθητι, γάμησον, παιδοποίησον, πολίτευσαι· ἀνάσχου λοιδορίας, ἔνεγκε ἀδελφὸν ἀγνώμονα, ἔνεγκε πατέρα, ἔνεγκε υἱόν, γείτονα, σύνοδον. ταῦτα ἡμῖν δεῖξον, ἵν´ ἴδωμεν, ὅτι μεμάθηκας ταῖς ἀληθείαις τι τῶν φιλοσόφων. οὔ· ἀλλ´ ‘ἐλθόντες ἀκούσατέ μου σχόλια λέγοντος’. ὕπαγε, ζήτει τίνων κατεξεράσεις. ‘καὶ μὴν ἐγὼ ὑμῖν ἐξηγήσομαι τὰ Χρυσίππεια ὡς οὐδείς, τὴν λέξιν διαλύσω καθαρώτατα, προσθήσω ἄν που καὶ Ἀντιπάτρου καὶ Ἀρχεδήμου φοράν.’ Εἶτα τούτου ἕνεκα ἀπολίπωσιν οἱ νέοι τὰς πατρίδας καὶ τοὺς γονεῖς τοὺς αὑτῶν, ἵν´ ἐλθόντες λεξείδιά σου ἐξηγουμένου ἀκούσωσιν; οὐ δεῖ αὐτοὺς ὑποστρέψαι ἀνεκτικούς, συνεργητικούς, ἀπαθεῖς, ἀταράχους, ἔχοντάς τι ἐφόδιον τοιοῦτον εἰς τὸν βίον, ἀφ´ οὗ ὁρμώμενοι φέρειν δυνήσονται τὰ συμπίπτοντα καλῶς καὶ κοσμεῖσθαι ὑπ´ αὐτῶν; καὶ πόθεν σοι μεταδιδόναι τούτων ὧν οὐκ ἔχεις; αὐτὸς γὰρ ἄλλο τι ἐποίησας ἐξ ἀρχῆς ἢ περὶ ταῦτα κατετρίβης, πῶς οἱ συλλογισμοὶ ἀναλυθήσονται, πῶς οἱ μεταπίπτοντες, πῶς οἱ τῷ ἠρωτῆσθαι περαίνοντες; ‘ἀλλ´ ὁ δεῖνα σχολὴν ἔχει· διὰ τί μὴ κἀγὼ σχῶ;’ οὐκ εἰκῇ ταῦτα γίνεται, ἀνδράποδον, οὐδ´ ὡς ἔτυχεν, ἀλλὰ καὶ ἡλικίαν εἶναι δεῖ καὶ βίον καὶ θεὸν ἡγεμόνα. οὔ· ἀλλ´ ἀπὸ λι{πο}μένος μὲν οὐδεὶς ἀνάγεται μὴ θύσας τοῖς θεοῖς καὶ παρακαλέσας αὐτοὺς βοηθοὺς οὐδὲ σπείρουσιν ἄλλως οἱ ἄνθρωποι εἰ μὴ τὴν Δήμητρα ἐπικαλεσάμενοι· τηλικούτου δ´ ἔργου ἁψάμενός τις ἄνευ θεῶν ἀσφαλῶς ἅψεται καὶ οἱ τούτῳ προσιόντες εὐτυχῶς προσελεύσονται; τί ἄλλο ποιεῖς, ἄνθρωπε, ἢ τὰ μυστήρια ἐξορχῇ καὶ λέγεις ‘οἴκημά ἐστι καὶ ἐν Ἐλευσῖνι, ἰδοὺ καὶ ἐνθάδε. ἐκεῖ ἱεροφάντης· καὶ ἐγὼ ποιήσω ἱεροφάντην. ἐκεῖ κήρυξ· κἀγὼ κήρυκα καταστήσω. ἐκεῖ δᾳδοῦχος· κἀγὼ δᾳδοῦχον. ἐκεῖ δᾷδες· καὶ ἐνθάδε. αἱ φωναὶ αἱ αὐταί· τὰ γινόμενα τί διαφέρει ταῦτα ἐκείνων’; ἀσεβέστατε ἄνθρωπε, οὐδὲν διαφέρει; καὶ παρὰ τόπον ταῦτα ὠφελεῖ καὶ παρὰ καιρόν· καὶ μετὰ θυσίας δὲ καὶ μετ´ εὐχῶν καὶ προηγνευκότα καὶ προδιακείμενον τῇ γνώμῃ, ὅτι ἱεροῖς προσελεύσεται καὶ ἱεροῖς παλαιοῖς. οὕτως ὠφέλιμα γίνεται τὰ μυστήρια, οὕτως εἰς φαντασίαν ἐρχόμεθα, ὅτι ἐπὶ παιδείᾳ καὶ ἐπανορθώσει τοῦ βίου κατεστάθη πάντα ταῦτα ὑπὸ τῶν παλαιῶν. σὺ δ´ ἐξαγγέλλεις αὐτὰ καὶ ἐξορχῇ παρὰ καιρόν, παρὰ τόπον, ἄνευ θυμάτων, ἄνευ ἁγνείας· οὐκ ἐσθῆτα ἔχεις ἣν δεῖ τὸν ἱεροφάντην, οὐ κόμην, οὐ στρόφιον οἷον δεῖ, οὐ φωνήν, οὐχ ἡλικίαν, οὐχ ἥγνευκας ὡς ἐκεῖνος, ἀλλ´ αὐτὰς μόνας τὰς φωνὰς ἀνειληφὼς λέγεις. ἱεραί εἰσιν αἱ φωναὶ αὐταὶ καθ´ αὑτάς; Ἄλλον τρόπον δεῖ ἐπὶ ταῦτα ἐλθεῖν· μέγα ἐστὶ τὸ πρᾶγμα, μυστικόν ἐστιν, οὐχ ὡς ἔτυχεν οὐδὲ τῷ τυχόντι δεδομένον. ἀλλ´ οὐδὲ σοφὸν εἶναι τυχὸν ἐξαρκεῖ πρὸς τὸ ἐπιμεληθῆναι νέων· δεῖ δὲ καὶ προχειρότητά τινα εἶναι καὶ ἐπιτηδειότητα πρὸς τοῦτο, νὴ τὸν Δία, καὶ σῶμα ποιὸν καὶ πρὸ πάντων τὸν θεὸν συμβουλεύειν ταύτην τὴν χώραν κατασχεῖν, ὡς Σωκράτει συνεβούλευεν τὴν ἐλεγκτικὴν χώραν ἔχειν, ὡς Διογένει τὴν βασιλικὴν καὶ ἐπιπληκτικήν, ὡς Ζήνωνι τὴν διδασκαλικὴν καὶ δογματικήν. σὺ δ´ ἰατρεῖον ἀνοίγεις ἄλλο οὐδὲν ἔχων ἢ φάρμακα, ποῦ δὲ ἢ πῶς ἐπιτίθεται ταῦτα, μήτε εἰδὼς μήτε πολυπραγμονήσας. ‘ἰδοὺ ἐκεῖνος ταῦτα, κολλύρια· κἀγὼ ἔχω.’ μή τι οὖν καὶ τὴν δύναμιν τὴν χρηστικὴν αὐτοῖς; μή τι οἶδας καὶ πότε καὶ πῶς ὠφελήσει καὶ τίνα; τί οὖν κυβεύεις ἐν τοῖς μεγίστοις, τί ῥᾳδιουργεῖς, τί ἐπιχειρεῖς πράγματι μηδέν σοι προσήκοντι; ἄφες αὐτὸ τοῖς δυναμένοις, τοῖς κοσμοῦσι. μὴ προστρίβου καὶ αὐτὸς αἶσχος φιλοσοφίᾳ διὰ σαυτοῦ, μηδὲ γίνου μέρος τῶν διαβαλλόντων τὸ ἔργον. ἀλλὰ εἴ σε ψυχαγωγεῖ τὰ θεωρήματα, καθήμενος αὐτὰ στρέφε αὐτὸς ἐπὶ σεαυτοῦ· φιλόσοφον δὲ μηδέποτ´ εἴπῃς σεαυτὸν μηδ´ ἄλλου ἀνάσχῃ λέγοντος, ἀλλὰ λέγε ‘πεπλάνηται· ἐγὼ γὰρ οὔτ´ ὀρέγομαι ἄλλως ἢ πρότερον οὐδ´ ὁρμῶ ἐπ´ ἄλλα οὐδὲ συγκατατίθεμαι ἄλλοις οὐδ´ ὅλως ἐν χρήσει φαντασιῶν παρήλλαχά τι ἀπὸ τῆς πρότερον καταστάσεως’. ταῦτα φρόνει καὶ λέγε περὶ σεαυτοῦ, εἰ θέλεις τὰ κατ´ ἀξίαν φρονεῖν· εἰ δὲ μή, κύβευε καὶ ποίει ἃ ποιεῖς. ταῦτα γάρ σοι πρέπει.

Traduction française :

[3,21] CHAPITRE XXI : Contre ceux qui se mettent trop aisément à donner des leçons de philosophie. Il y a des gens qui, dès qu'ils ont reçu ce qui s'enseigne, et rien de plus, se hâtent de le rendre, comme ceux qui ont mal à l'estomac rendent leur nourriture. Commence par le digérer, puis ne le rends pas. Autrement, ce sera un vrai vomissement une chose dégoûtante, et qui ne pourra servir à nourrir personne. Digère-le, et fais-nous voir ensuite une transformation dans ta partie maîtresse, comme les athlètes nous montrent leurs épaules transformées par l'exercice et le genre de nourriture ; comme ceux qui ont étudié un métier se montrent transformés, par ce qu'ils ont appris. Le charpentier ne vient pas dire : Ecoutez-moi disserter sur la charpente ; mais il se charge de construire une maison, et il montre, en la bâtissant, qu'il possède son métier. Fais de même dans ton genre : mange comme doit le faire un homme; bois, habille-toi, marie-toi, procrée des enfants, remplis tes devoirs de citoyen, comme doit le faire un homme. Accepte les injures, supporte les torts de ton frère, de ton père, de ton fils, de ton voisin, de ton compagnon de route. Fais-nous voir tout cela, pour que nous nous apercevions que les philosophes t'ont réellement appris quelque chose. Tu ne fais rien de tout cela; mais tu dis : Venez m'entendre faire des commentaires. — Va-t'en, et cherche sur qui vomir. Tu ajoutes : Je vous expliquerai les livres de Chrysippe comme personne; j'aurai le style le plus doux et le plus pur; j'y joindrai même, par moment, l'impétuosité d'Antipater et d'Archédémus. Ainsi les jeunes gens auront quitté leur patrie et leurs parents à cette seule fin de venir t'entendre débiter de jolies petites leçons! Ne faut-il donc pas qu'ils retournent chez eux patients, secourables, calmes, tranquilles, emportant des provisions de route pour la vie entière, équipés de façon à pouvoir supporter bravement tout ce qui arrivera, et à en tirer de la gloire? Et comment pourras-tu leur communiquer ce que tu n'as point? Car, qu'as-tu fait autre chose depuis le commencement, que de t'occuper à analyser les syllogismes, les sophismes, et les raisonnements par interrogation? — Mais un tel a une école ; pourquoi n'en aurais-je pas une, moi aussi? — Esclave! ce n'est pas là une chose qui puisse se faire au gré du caprice, ou par le premier venu. Il y faut l'âge, la dignité de la vie, et Dieu pour nous guider. Cela ne serait-il pas vrai? Et, tandis que personne ne part du port sans avoir sacrifié aux Dieux et les avoir appelés à son aide; tandis que nul ne commence les semailles sans avoir invoqué Cérès, serait-il quelqu'un qui pût entreprendre sûrement une œuvre de cette importance sans le secours des Dieux? Et ceux qui iraient à son école pourraient-ils se trouver bien d'y aller? Homme, quelle autre chose fais-tu là que de parodier les mystères? Tu dis : Il y a un temple à Eleusis : il va y en avoir un ici aussi. Il y a là-bas un hiérophante : moi je ferai l'hiérophante. Il y a là-bas un héraut : moi j'établirai un héraut. Il y a là-bas un porte-torche : moi j'en établirai un. Il y a là-bas des flambeaux : il y en aura ici. Les mots sont les mêmes; en quoi les choses d'ici diffèreront-elles de celles de là-bas? En quoi elles en différeront, impie! C'est le lieu, c'est le moment, qui font l'utilité des choses de là-bas : on a sacrifié, on a prié, on s'est purifié, on s'est préparé à croire que l'on vient à des cérémonies saintes, et saintes de longue date. C'est par là que les mystères sont utiles ; c'est par là qu'on arrive à l'idée qu'ils ont été institués par les anciens pour notre instruction et pour l'amendement de notre vie. Toi tu n'as que le boniment et la parodie de tout cela : le lieu, le moment, les prières, la purification, tout te manque. Tu n'as pas le vêtement qu'il faut à un hiérophante ; tu n'as ni la chevelure, ni la bandelette qu'il doit avoir ; tu n'as ni sa voix, ni son âge, et tu n'as pas vécu pur comme lui. Tu n'as fait que lui prendre ses paroles, et tu cries : Voici les paroles saintes elles-mêmes! C'est d'une autre manière qu'il faut se mettre à enseigner : c'est là une grosse affaire, qui a ses mystères, et qui ne peut être entreprise à la légère, ni par le premier venu. Peut-être même ne suffit-il pas d'être vraiment sage pour se charger du soin des jeunes gens; il y faut encore, par Jupiter! certaines dispositions et certaines aptitudes ; il y faut même un certain extérieur, et, avant tout, que ce soit Dieu qui vous pousse à prendre ce rôle, comme il poussait Socrate à réfuter, les erreurs, Diogène à réprimander avec un ton de roi, Zénon à enseigner et à dogmatiser. Toi, tu ouvres une boutique de médecin, sans posséder autre chose que les médicaments : car tu ne sais pas comment les appliquer, ne l'ayant pas étudié. Un tel tient des onguents, dis-tu; et moi aussi j'en tiens. Mais possèdes-tu donc aussi l'art de t'en servir? Sais-tu quand et comment ils peuvent être utiles, et à qui? Pourquoi donc te jouer ainsi des choses les plus importantes? Pourquoi agir à la légère? Pourquoi entreprendre un métier qui ne te convient en aucune façon? Laisse-le à ceux qui le connaissent, et qui savent le faire. Ne veuille ni déshonorer la philosophie par toi-même, ni faire partie de ceux qui la calomnient. Si tu prends plaisir à ses enseignements, assieds-toi, et médite-les en toi-même, mais ne te prétends jamais philosophe, et ne souffre pas qu'un autre t'en donne le nom. Il se trompe, dois-tu dire; car je ne désire pas d'une autre manière qu'auparavant, je ne veux pas d'autres choses; je ne juge pas différemment; et dans l'usage que je fais des idées, je n'ai rien changé à ma façon antérieure. Voilà ce que tu dois penser et te dire sur ton propre compte, si tu veux penser juste. Sinon, continue de jouer et de faire ce que tu fais ; cela est digne de toi!





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Dernière mise à jour : 21/06/2007