Texte grec :
[3,18] Ὅτι οὐ δεῖ πρὸς τὰς ἀγγελίας ταράσσεσθαι.
Ὅταν σοί τι προσαγγελθῇ ταρακτικόν, ἐκεῖνο ἔχε
πρόχειρον, ὅτι ἀγγελία περὶ οὐδενὸς προαιρετικοῦ γίνεται.
μή τι γὰρ δύναταί σοί τις ἀγγεῖλαι, ὅτι κακῶς ὑπέλαβες
ἢ κακῶς ὠρέχθης; (-) Οὐδαμῶς. (-) Ἀλλ´ ὅτι ἀπέθανέν
τις· τί οὖν πρὸς σέ; ὅτι σε κακῶς τις λέγει· τί οὖν πρὸς
σέ; ὅτι ὁ πατὴρ τάδε τινὰ ἑτοιμάζεται· ἐπὶ τίνα; μή τι
ἐπὶ τὴν προαίρεσιν; πόθεν δύναται; ἀλλ´ ἐπὶ τὸ σωμάτιον,
ἐπὶ τὸ κτησείδιον· ἐσώθης, οὐκ ἐπὶ σέ. {οὐκοῦν}
ἀλλ´ ὁ κριτὴς ἀποφαίνεται ὅτι ἠσέβησας. περὶ Σωκράτους
δ´ οὐκ ἀπεφήναντο οἱ δικασταί; μή τι σὸν ἔργον
ἐστὶ τὸ ἐκεῖνον ἀποφήνασθαι; (-) Οὔ. (-) Τί οὖν ἔτι
σοι μέλει; ἔστι τι τοῦ πατρός σου ἔργον, ὃ ἂν μὴ
ἐκπληρώσῃ, ἀπώλεσεν τὸν πατέρα, τὸν φιλόστοργον, τὸν
ἥμερον. ἄλλο δὲ μηδὲν ζήτει τούτου ἕνεκα αὐτὸν
ἀπολές{θ}αι. οὐδέποτε γὰρ ἐν ἄλλῳ μέν τις ἁμαρτάνει, εἰς
ἄλλο δὲ βλάπτεται. πάλιν σὸν ἔργον τὸ ἀπολογηθῆναι
εὐσταθῶς, αἰδημόνως, ἀοργήτως. εἰ δὲ μή, ἀπώλεσας
καὶ σὺ τὸν υἱόν, τὸν αἰδήμονα, τὸν γενναῖον. τί οὖν; ὁ
κριτὴς ἀκίνδυνός ἐστιν; οὔ· ἀλλὰ κἀκείνῳ τὰ ἴσα
κινδυνεύεται. τί οὖν ἔτι φοβῇ, τί ἐκεῖνος κρινεῖ; τί σοὶ καὶ
τῷ ἀλλοτρίῳ κακῷ; σὸν κακόν ἐστι τὸ κακῶς
ἀπολογηθῆναι· τοῦτο φυλάσσου μόνον· κριθῆναι δ´ ἢ μὴ
κριθῆναι ὥσπερ ἄλλου ἐστὶν ἔργον, οὕτως κακὸν ἄλλου
ἐστίν. ‘ἀπειλεῖ σοι ὁ δεῖνα.’ ἐμοί; οὔ. ‘ψέγει σε.’ αὐτὸς ὄψεται,
πῶς ποιεῖ τὸ ἴδιον ἔργον. ‘μέλλει σε κατακρινεῖν ἀδίκως.’
ἄθλιος.
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Traduction française :
[3,18] CHAPITRE XVIII : Il ne faut pas se troubler des nouvelles.
Lorsqu'on t'annonce une nouvelle de nature à te troubler, aie présent à
l'esprit que jamais nouvelle ne porte sur ce qui dépend de notre libre
arbitre. Peut-on t'annoncer, en effet, que ton jugement a été bon, ou ton
désir mauvais? Non; mais on t'annonce qu'un tel est mort. Or, qu'est-ce
que cela te fait? qu'un tel a mal parlé de toi. Qu'est-ce que cela te
fait? que ton père prépare telle et telle chose. Contre quoi? Contre ton
libre arbitre? Eh! comment le pourrait-il? Contre ton corps? Contre ta
bourse? Tu es sauvé; ce n'est pas contre toi. Qu'un juge t'a déclaré
impie. Les juges n'ont-ils pas déclaré la même chose de Socrate? Peux-tu
quelque chose sur cette déclaration? Non. Pourquoi t'en inquiéter alors?
Il est un devoir que ton père doit remplir sous peine de perdre, avec son
caractère de père, son affection et sa bonté pour ses enfants. Ne demande
pas qu'il perde autre chose, s'il ne remplit pas ce devoir. Car jamais on
n'est puni que par où l'on a péché. A ton tour, ton devoir est de te
défendre contre lui tranquillement, respectueusement, avec calme ;
autrement, tu perdras ton caractère de fils, ton respect des convenances,
ta noblesse de cœur.
Celui qui juge est-il donc hors de tout péril? Non; le danger est égal
pour lui. Pourquoi donc redouter ce qu'il prononcera? Qu'y a-t-il entre
toi et le mal d'un autre? Ton mal à toi, c'est de mal te défendre. C'est
de cela seul que tu dois te garder. Quant à ta condamnation ou à ton
acquittement, comme ils sont l'œuvre d'un autre, c'est pour un autre aussi
qu'y est le mal.
— Un tel te menace. — Moi! non. — Il te blâme. — C'est à lui de voir
comment il accomplit cet acte qui est de lui. — Il va te condamner
injustement. — L'infortuné qu'il est!
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