HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre II

ἔξω



Texte grec :

[2,11] Τίς ἀρχὴ φιλοσοφίας. Ἀρχὴ φιλοσοφίας παρά γε τοῖς ὡς δεῖ καὶ κατὰ θύραν ἁπτομένοις αὐτῆς συναίσθησις τῆς αὑτοῦ ἀσθενείας καὶ ἀδυναμίας περὶ τὰ ἀναγκαῖα. ὀρθογωνίου μὲν γὰρ τριγώνου ἢ διέσεως ἡμιτονίου οὐδεμίαν φύσει ἔννοιαν ἥκομεν ἔχοντες, ἀλλ´ ἔκ τινος τεχνικῆς παραλήψεως διδασκόμεθα ἕκαστον αὐτῶν καὶ διὰ τοῦτο οἱ μὴ εἰδότες αὐτὰ οὐδ´ οἴονται εἰδέναι. ἀγαθοῦ δὲ καὶ κακοῦ καὶ καλοῦ καὶ αἰσχροῦ καὶ πρέποντος καὶ ἀπρεποῦς καὶ εὐδαιμονίας καὶ προσήκοντος καὶ ἐπιβάλλοντος καὶ ὅ τι δεῖ ποιῆσαι καὶ ὅ τι οὐ δεῖ ποιῆσαι τίς οὐκ ἔχων ἔμφυτον ἔννοιαν ἐλήλυθεν; διὰ τοῦτο πάντες χρώμεθα τοῖς ὀνόμασιν καὶ ἐφαρμόζειν πειρώμεθα τὰς προλήψεις ταῖς ἐπὶ μέρους οὐσίαις. καλῶς ἐποίησεν, δεόντως, οὐ δεόντως· ἠτύχησεν, εὐτύχησεν· ἄδικός ἐστιν, δίκαιός ἐστιν. τίς ἡμῶν φείδεται τούτων τῶν ὀνομάτων; τίς ἡμῶν ἀναβάλλεται τὴν χρῆσιν αὐτῶν μέχρι μάθῃ καθάπερ τῶν περὶ τὰς γραμμὰς ἢ τοὺς φθόγγους οἱ οὐκ εἰδότες; τούτου δ´ αἴτιον τὸ ἥκειν ἤδη τινὰ ὑπὸ τῆς φύσεως κατὰ τὸν τόπον ὥσπερ δεδιδαγμένους, ἀφ´ ὧν ὁρμώμενοι καὶ τὴν οἴησιν προσειλήφαμεν. (-) Διὰ γάρ, φησίν, οὐκ οἶδα ἐγὼ τὸ καλὸν καὶ τὸ αἰσχρόν; οὐκ ἔχω ἔννοιαν αὐτοῦ; (-) Ἔχεις. (-) Οὐκ ἐφαρμόζω τοῖς ἐπὶ μέρους; (-) Ἐφαρμόζεις. (-) Οὐ καλῶς οὖν ἐφαρμόζω; (-) Ἐνταῦθά ἐστι τὸ ζήτημα πᾶν καὶ οἴησις ἐνταῦθα προσγίνεται. ἀφ´ ὁμολογουμένων γὰρ ὁρμώμενοι τούτων ἐπὶ τὸ ἀμφισβητούμενον προάγουσιν ὑπὸ τῆς ἀκαταλλήλου ἐφαρμογῆς. ὡς εἴ γε καὶ τοῦτο ἔτι πρὸς ἐκείνοις ἐκέκτηντο, τί ἐκώλυεν αὐτοὺς εἶναι τελείους; νῦν δ´ ἐπεὶ δοκεῖς ὅτι καὶ καταλλήλως ἐφαρμόζεις τὰς προλήψεις τοῖς ἐπὶ μέρους, εἰπέ μοι, πόθεν τοῦτο λαμβάνεις; (-) Ὅτι δοκεῖ μοι. (-) Τουτὶ οὖν ᾧτινι οὐ δοκεῖ, καὶ οἴεται καὶ αὐτὸς ἐφαρμόζειν καλῶς· ἢ οὐκ οἴεται; (-) Οἴεται. (-) Δύνασθε οὖν περὶ ὧν τὰ μαχόμενα δοξάζετε ἀμφότεροι καταλλήλως ἐφαρμόζειν τὰς προλήψεις; (-) Οὐ δυνάμεθα. (-) Ἔχεις οὖν δεῖξαί τι ἡμῖν πρὸς τὸ αὐτὰς ἐφαρμόζειν ἄμεινον ἀνωτέρω τοῦ δοκεῖν σοι; ὁ δὲ μαινόμενος ἄλλα τινὰ ποιεῖ ἢ τὰ δοκοῦντά οἱ καλά; κἀκείνῳ οὖν ἀρκεῖ τοῦτο τὸ κριτήριον; (-) Οὐκ ἀρκεῖ. (-) Ἐλθὼν οὖν ἐπί τι ἀνωτέρω τοῦ δοκεῖν τί τοῦτό ἐστιν Ἴδ´ ἀρχὴ φιλοσοφίας· αἴσθησις μάχης τῆς πρὸς ἀλλήλους τῶν ἀνθρώπων καὶ ζήτησις τοῦ παρ´ ὃ γίνεται ἡ μάχη καὶ κατάγνωσις καὶ ἀπιστία πρὸς τὸ ψιλῶς δοκοῦν, ἔρευνα δέ τις περὶ τὸ δοκοῦν εἰ ὀρθῶς δοκεῖ καὶ εὕρεσις κανόνος τινός, οἷον ἐπὶ βαρῶν τὸν ζυγὸν εὕρομεν, οἷον ἐπὶ εὐθέων καὶ στρεβλῶν τὴν στάθμην. (-) Τοῦτ´ ἔστιν ἀρχὴ φιλοσοφίας; πάντα καλῶς ἔχει τὰ δοκοῦντα ἅπασι; (-) Καὶ πῶς δυνατὸν τὰ μαχόμενα καλῶς ἔχειν; οὐκοῦν οὐ πάντα, ἀλλὰ τὰ ἡμῖν δοκοῦντα. τί μᾶλλον ἢ τὰ Σύροις, τί μᾶλλον ἢ τὰ Αἰγυπτίοις, τί μᾶλλον ἢ τὰ ἐμοὶ φαινόμενα ἢ τὰ τῷ δεῖνι; (-) Οὐδὲν μᾶλλον. (-) Οὐκ ἄρα ἀρκεῖ τὸ δοκοῦν ἑκάστῳ πρὸς τὸ εἶναι· οὐδὲ γὰρ ἐπὶ βαρῶν ἢ μέτρων ψιλῇ τῇ ἐμφάσει ἀρκούμεθα, ἀλλὰ κανόνα τινὰ ἐφ´ ἑκάστου εὕρομεν. ἐνταῦθ´ οὖν οὐδεὶς κανὼν ἀνωτέρω τοῦ δοκεῖν; καὶ πῶς οἷόν τε ἀτέκμαρτα εἶναι καὶ ἀνεύρετα τὰ ἀναγκαιότατα ἐν ἀνθρώποις; (-) Ἔστιν οὖν. (-) Καὶ διὰ τί οὐ ζητοῦμεν αὐτὸν καὶ ἀνευρίσκομεν καὶ ἀνευρόντες λοιπὸν ἀπαραβάτως χρώμεθα δίχα αὐτοῦ μηδὲ τὸν δάκτυλον ἐκτείνοντες; τοῦτο γάρ, οἶμαι, ἐστὶν ὃ εὑρεθὲν ἀπαλλάσσει μανίας τοὺς μόνῳ τῷ δοκεῖν μέτρῳ πάντων χρωμένους, ἵνα λοιπὸν ἀπό τινων γνωρίμων καὶ διευκρινημένων ὁρμώμενοι χρώμεθα ἐπὶ τῶν ἐπὶ μέρους διηρθρωμέναις ταῖς προλήψεσι. Τίς ὑποπέπτωκεν οὐσία περὶ ἧς ζητοῦμεν; (-) Ἡδονή. (-) Ὕπαγε αὐτὴν τῷ κανόνι, βάλε εἰς τὸν ζυγόν. τὸ ἀγαθὸν δεῖ εἶναι τοιοῦτον, ἐφ´ ᾧ θαρρεῖν ἄξιον καὶ ᾧ πεποιθέναι; (-) Δεῖ. (- ) Ἀβεβαίῳ οὖν τινι θαρρεῖν ἄξιον; (-) Οὔ. (-) Μή τι οὖν βέβαιον ἡ ἡδονή; (-) Οὔ. (-) Ἆρον οὖν καὶ βάλε ἔξω ἐκ τοῦ ζυγοῦ καὶ ἀπέλασον τῆς χώρας τῶν ἀγαθῶν μακράν. εἰ δ´ οὐκ ὀξυβλεπτεῖς καὶ ἕν σοι ζυγὸν οὐκ ἀρκεῖ, φέρε ἄλλο. ἐπὶ τῷ ἀγαθῷ ἄξιον ἐπαίρεσθαι; (-) Ναί. (-) Ἐφ´ ἡδονῇ οὖν παρούσῃ ἄξιον ἐπαίρεσθαι; βλέπε μὴ εἴπῃς ὅτι ἄξιον· εἰ δὲ μή, οὐκέτι σε οὐδὲ τοῦ ζυγοῦ ἄξιον ἡγήσομαι. οὕτως κρίνεται τὰ πράγματα καὶ ἵσταται τῶν κανόνων ἡτοιμασμένων· καὶ τὸ φιλοσοφεῖν τοῦτό ἐστιν, ἐπισκέπτεσθαι καὶ βεβαιοῦν τοὺς κανόνας, τὸ δ´ ἤδη χρῆσθαι τοῖς ἐγνωσμένοις τοῦτο τοῦ καλοῦ καὶ ἀγαθοῦ ἔργον ἐστίν.

Traduction française :

[2,11] CHAPITRE XI : Quel est le commencement de la philosophie ? Le commencement de la philosophie, chez ceux du moins qui s'y attachent comme il convient et en chasseurs sérieux, est le sentiment de notre infirmité et de notre faiblesse dans les choses indispensables. Nous venons au monde sans avoir naturellement aucune notion du triangle rectangle, du dièse ou des demitons; chacune de ces choses ne s'apprend que par la transmission de la science ; aussi ceux qui ne les savent pas ne croient-ils pas les savoir. Mais quant au bien et au mal, quant à la beauté et à la laideur, quant à ce qui est séant ou malséant, quant au bonheur ou au malheur, quant à ce qui convient ou ne convient pas, quant à ce que nous devons faire ou ne pas faire, qu'est-ce qui est venu au monde sans en avoir en lui la notion? Aussi tout le monde se sert-il de ces termes, et essaie-t-il d'appliquer ces notions premières aux faits particuliers. Un tel a bien agi. C'était son devoir. C'était contre son devoir. Il a été heureux. Il a été malheureux. Il est injuste. Il est juste. Qui de nous s'abstient de ces façons de dire? Qui de nous en remet l'usage au temps où il sera instruit, comme le font, pour les figures de la géométrie et pour les notes de la musique, ceux qui ne s'y connaissent pas? La cause en est que nous venons au monde en tenant de la nature sur ce point une certaine instruction, d'où nous partons pour nous permettre de juger. Pourquoi en effet, dit-on, ne me connaîtrais-je pas au beau et au bien? N'en ai-je donc point les notions? — Tu les as. — Est-ce que je ne les applique pas aux faits particuliers? — Tu les appliques. — Est-ce que je ne les applique pas bien? — Toute la question est là; car c'est dans ces applications mêmes que consistent les jugements. Tous les hommes sont d'accord sur ces notions premières, qui sont leur point de départ ; mais ils arrivent à des conclusions douteuses parce qu'ils ne les appliquent pas bien. Si, avec ces notions elles-mêmes, on avait en plus le talent de les appliquer, qu'est-ce qui empêcherait d'être parfait? Mais enfin, puisque tu crois appliquer à propos ces notions premières aux faits particuliers, dis-moi d'où tu tires cette croyance? — De ce que les choses me paraissent ainsi. — Mais il est tel individu à qui elles ne paraissent pas ainsi, et qui croit lui aussi appliquer ces notions d'une manière convenable. Est-ce qu'il ne le croit pas par hasard? — Il le croit. — Mais se peut-il, quand vos jugements se contredisent, que des deux côtés vous appliquiez à propos les notions premières? — Cela ne se peut. — Pourrais-tu me montrer quelque chose qui, pour nous guider dans leur application, fût supérieur et préférable au : Cela me paraît être? Le fou lui-même fait-il autre chose que ce qui lui paraît bien? Et serait-ce donc là chez lui aussi un critérium suffisant? — Ce n'en est pas un suffisant. — Arrive donc à quelque chose qui soit supérieur à l'apparence. Mais quel est ce quelque chose? Le voici. Le commencement de la philosophie, c'est de s'apercevoir des contradictions qui existent entre les hommes, d'en rechercher la cause, de faire peu de cas de la simple apparence, de la tenir, pour suspecte, d'examiner avec soin si elle est fondée, de trouver un moyen de jugement qui soit pour elle ce qu'a été l'invention de la balance pour les poids, l'invention du fil à plomb pour les lignes droites ou courbes. Voilà le commencement de la philosophie. Ce qui parait vrai à chaque homme l'est-il réellement? — Comment des choses contradictoires pourraient-elles être également vraies? — Eh bien! ce ne sera pas ce qui parait vrai à chacun, mais ce qui nous paraît vrai à nous? Mais pourquoi à nous plutôt qu'aux Syriens? Pourquoi à nous plutôt qu'aux Egyptiens? Pourquoi de préférence ce qui paraît vrai à moi ou à un tel? Pas de raison pour cela. Donc parce qu'une chose paraît vraie à quelqu'un, ce n'est pas une raison pour qu'elle le soit. C'est ainsi qu'en fait de poids et de mesures nous ne nous en tenons pas à l'apparence, et que nous avons trouvé un moyen sûr de prononcer dans chaque cas. N'y a-t-il donc pas ici un moyen de juger qui soit supérieur à l'apparence? Eh! comment se pourrait-il que ce qu'il y a de plus nécessaire à l'homme fût impossible à découvrir et à reconnaître? Ce moyen existe donc. Pourquoi alors ne pas nous mettre à le chercher, à le trouver, pour nous en servir, après l'avoir trouvé, sans plus nous tromper désormais, car nous n'étendrons même plus le doigt sans recourir à lui? Or, ce moyen, dont la découverte guérira de leur folie ceux qu'égare l'apparence, leur seule mesure du vrai, le voici, je crois : désormais nous ne partirons que de principes bien reconnus et bien déterminés, et nous commencerons par bien éclaircir nos notions premières avant de les appliquer aux faits particuliers. Quel objet se présente donc à notre examen en ce moment? Le plaisir. Applique-lui la règle; mets-le dans la balance. Le bien doit-il être de nature à nous donner toute sécurité? — Oui. — A nous inspirer toute confiance? — Nécessairement. — Or, peut-on être sûr de ce qui est instable? — Non. — Le plaisir est-il stable? — Non. — Enlève-le donc; ôte-le de la balance; jette-le loin de la place des vrais biens. Que si tu n'as pas la vue bonne, et si une seule balance ne te suffit pas, en voici une autre. A-t-on le droit d'être fier de ce qui est bien? — Oui. — La présence du plaisir nous donne-t-elle donc le droit d'être fiers? Prends garde de répondre qu'elle nous le donne; si non, je ne te croirai plus de droits à te servir de la balance. Voilà comme on apprécie et comme on pèse ces choses, quand on s'est fait des règles de jugement. Philosopher n'est autre chose qu'examiner et consolider ces règles. Et appliquer celles qui sont reconnues est la tâche du sage.





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Dernière mise à jour : 14/06/2007