HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre IV

φιλοσόφων



Texte grec :

[4,1k] Καὶ τί ταῦτα πρὸς ἐλευθερίαν; (-) Οὐκ ἄλλα μὲν οὖν ἢ ταῦτ´, ἄν τε θέλητε ὑμεῖς οἱ πλούσιοι ἄν τε μή. (-) Καὶ τί{ς} σοι μαρτυρεῖ ταῦτα; (-) Τί γὰρ ἄλλο ἢ αὐτοὶ ὑμεῖς οἱ τὸν κύριον τὸν μέγαν ἔχοντες καὶ πρὸς τὸ ἐκείνου νεῦμα καὶ κίνημα ζῶντες, κἄν τινα ὑμῶν ἴδῃ μόνον συνεστραμμένῳ βλέμματι, ἀποψυχόμενοι, τὰς γραίας θεραπεύοντες καὶ τοὺς γέροντας καὶ λέγοντες ὅτι ‘οὐ δύναμαι τοῦτο ποιῆσαι· οὐκ ἐξεστί μοι’; διὰ τί οὐκ ἔξεστίν σοι; οὐκ ἄρτι ἐμάχου μοι λέγων ἐλεύθερος εἶναι; ‘ἀλλὰ Ἄπρυλλά με κεκώλυκεν.’ λέγε οὖν τὰς ἀληθείας, δοῦλε, καὶ μὴ δραπέτευέ σου τοὺς κυρίους μηδ´ ἀπαρνοῦ μηδὲ τόλμα καρπιστὴν διδόναι τοσούτους ἔχων τῆς δουλείας ἐλέγχους. καίτοι τὸν μὲν ὑπ´ ἔρωτος ἀναγκαζόμενόν τι ποιεῖν παρὰ τὸ φαινόμενον καὶ ἅμα μὲν ὁρῶντα τὸ ἄμεινον, ἅμα δ´ οὐκ ἐξευτονοῦντα ἀκολουθῆσαι αὐτῷ ἔτι μᾶλλον ἄν τις συγγνώμης ἄξιον ὑπολάβοι, ἅθ´ ὑπό τινος βιαίου καὶ τρόπον τινὰ θείου κατεσχημένον. σοῦ δὲ τίς ἀνάσχοιτο τῶν γραῶν ἐρῶντος καὶ τῶν γερόντων καὶ ἐκείνας ἀπομύσσοντος καὶ ἀποπλύνοντος καὶ δωροδοκοῦντος καὶ ἅμα μὲν νοσούσας θεραπεύοντος ὡς δούλου, ἅμα δ´ ἀποθανεῖν εὐχομένου καὶ τοὺς ἰατροὺς διακρίνοντος, εἰ ἤδη θανασίμως ἔχουσιν; ἢ πάλιν ὅταν ὑπὲρ τῶν μεγάλων τούτων καὶ σεμνῶν ἀρχῶν καὶ τιμῶν τὰς χεῖρας τῶν ἀλλοτρίων δούλων καταφιλῇς, ἵνα μηδ´ ἐλευθέρων δοῦλος ᾖς; εἶτά μοι σεμνὸς περιπατεῖς στρατηγῶν, ὑπατεύων, οὐκ οἶδα, πῶς ἐστρατήγησας, πόθεν τὴν ὑπατείαν ἔλαβες, τίς σοι αὐτὴν ἔδωκεν; ἐγὼ μὲν οὐδὲ ζῆν ἤθελον, εἰ διὰ Φηλικίωνα ἔδει ζῆσαι τῆς ὀφρύος αὐτοῦ καὶ τοῦ δουλικοῦ φρυάγματος ἀνασχόμενον. οἶδα γάρ, τί ἐστι δοῦλος εὐτυχῶν ὡς δοκεῖ καὶ τετυφ{λ}ωμένος. Σὺ οὖν, φησίν, ἐλεύθερος εἶ; (-) Θέλω νὴ τοὺς θεοὺς καὶ εὔχομαι, ἀλλ´ οὔπω δύναμαι ἀντιβλέψαι τοῖς κυρίοις, ἔτι τιμῶ τὸ σωμάτιον, ὁλόκληρον αὐτὸ ἔχειν ἀντὶ πολλοῦ ποιοῦμαι καίτοι μηδ´ ὁλόκληρον ἔχων. ἀλλὰ δύναμαί σοι δεῖξαι ἐλεύθερον, ἵνα μηκέτι ζητῇς τὸ παράδειγμα. Διογένης ἦν ἐλεύθερος. πόθεν τοῦτο; οὐχ ὅτι ἐξ ἐλευθέρων ἦν (οὐ γὰρ ἦν), ἀλλ´ ὅτι αὐτὸς ἦν, ὅτι ἀποβεβλήκει πάσας τὰς τῆς δουλείας {β}λαβὰς οὐδ´ ἦν, ὅπως τις προσέλθῃ πρὸς αὐτὸν οὐδ´ ὅθεν λάβηται πρὸς τὸ καταδουλώσασθαι. πάντα εὔλυτα εἶχεν, πάντα μόνον προσηρτημένα. εἰ τῆς κτήσεως ἐπελάβου, αὐτὴν ἀφῆκεν ἄν σοι μᾶλλον ἢ ἠκολούθησεν δι´ αὐτήν· εἰ τοῦ σκέλους, τὸ σκέλος· εἰ ὅλου τοῦ σωματίου, ὅλον τὸ σωμάτιον· οἰκείους, φίλους, πατρίδα ὡσαύτως. ᾔδει, πόθεν ἔχει καὶ παρὰ τίνος καὶ ἐπὶ τίσιν λαβών. τοὺς μέν γ´ ἀληθ{ε}ινοὺς προγόνους, τοὺς θεούς, καὶ τὴν τῷ ὄντι πατρίδα οὐδεπώποτ´ ἂν ἐγκατέλ{ε}ιπεν οὐδὲ παρεχώρησεν ἄλλῳ μᾶλλον πείθεσθαι αὐτοῖς καὶ ὑπακούειν οὐδ´ ὑπεραπέθανεν ἂν εὐκολώτερον τῆς πατρίδος ἄλλος. οὐ γὰρ ἐζήτει ποτὲ δόξαι τι ποιεῖν ὑπὲρ τῶν ὅλων, ἀλλ´ ἐμέμνητο, ὅτι πᾶν τὸ γενόμενον ἐκεῖθέν ἐστιν καὶ ὑπὲρ ἐκείνης πράττεται καὶ ὑπὸ τοῦ διοικοῦντος αὐτὴν παρεγγυᾶται. τοιγαροῦν ὅρα, τί λέγει αὐτὸς καὶ γράφει· ‘διὰ τοῦτό σοι’, φησίν, ‘ἔξεστιν, ὦ Διόγενες, καὶ τῷ Περσῶν βασιλεῖ καὶ Ἀρχιδάμῳ τῷ Λακεδαιμονίων ὡς βούλει διαλέγεσθαι’. ἆρά γ´ ὅτι ἐξ ἐλευθέρων ἦν; πάντες γὰρ Ἀθηναῖοι καὶ πάντες Λακεδαιμόνιοι καὶ Κορίνθιοι διὰ τὸ ἐκ δούλων εἶναι οὐκ ἠδύναντο αὐτοῖς ὡς ἠβούλοντο διαλέγεσθαι, ἀλλ´ ἐδεδοίκεσαν καὶ ἐθεράπευον; διὰ τί οὖν, φησίν, ἔξεστιν; ‘ὅτι τὸ σωμάτιον ἐμὸν οὐχ ἡγοῦμαι, ὅτι οὐδενὸς δέομαι, ὅτι ὁ νόμος μοι πάντα ἐστὶ καὶ ἄλλο οὐδέν.’ ταῦτα ἦν τὰ ἐλεύθερον ἐκεῖνον ἐάσαντα.

Traduction française :

[4,1k] — Et quels rapports tout cela a-t-il avec la liberté? — Il n'y a que cela qui y conduise, que vous le vouliez ou non, vous autres riches. — Et quels témoins en as-tu? — Vous-mêmes, et pas d'autres, vous qui avez un maître tout puissant, et qui vivez les yeux sur ses gestes et sur ses mouvements. Qu'il regarde seulement l'un de vous en fronçant le sourcil, vous voilà morts de peur, vous qui faites votre cour aux vieilles et aux vieux, et vous dites : « Je ne puis pas faire cela. Cela ne m'est pas permis. » Et comment cela ne t'est-il pas permis? Ne soutenais-tu pas tout à l'heure contre moi que tu étais libre? — Mais Aprilla me l'a défendu ! — Dis donc la vérité, esclave; ne te sauve pas de chez tes maîtres ; ne les renie pas ; n'aie pas le front de te prétendre affranchi, quand tu portes de telles marques de ton esclavage. On pourrait plutôt concevoir comme digne de pardon celui que l'amour force à agir contre sa conviction, et qui, tout en voyant où est le mieux, n'a pas cependant la force de s'y conformer. Celui-là, au moins, cède à la violence, et en quelque sorte à un Dieu; mais toi, comment te supporter, mignon des vieilles et des vieux, qui mouches et qui laves ces dames, qui leur apportes des cadeaux, et qui, tout en les soignant comme un esclave, quand elles sont malades, fais des vœux pour qu'elles meurent, et demandes aux médecins si leur état est enfin mortel? Comment te supporter encore, quand, pour arriver à tes hautes charges et à tes grandes dignités, tu baises la main des esclaves d'un autre, si bien que tes maîtres ne sont même pas de condition libre. Puis, après cela, préteur ou consul, tu te promènes fièrement devant moi! Est-ce que je ne sais pas comment tu es devenu préteur, par quels moyens tu as obtenu le consulat, et qu'est-ce qui te l'a donné? Pour moi, je ne voudrais même pas de la vie, s'il me fallait vivre de par Félicion, en supportant son orgueil et son insolence d'esclave. Car je sais trop ce que c'est qu'un esclave, dans un semblant de bonheur qui l'enivre. « Toi donc, me dit-on, es-tu libre? » Je le voudrais, de par tous les Dieux, et je fais des vœux pour l'être ; mais je n'ai pas encore la force de regarder mes maîtres en face, je fais encore cas de mon corps, et j'attache un grand prix à l'avoir intact, bien que je ne l'aie pas tel. Mais je puis du moins te faire voir un homme libre, pour que tu cesses d'en chercher un exemple : Diogène était libre. Et d'où lui venait sa liberté? Non pas de ce qu'il était né de parents libres (il ne l'était pas), mais de ce qu'il était libre par lui-même : il s'était débarrassé de tout ce qui donne prise à la servitude ; on n'aurait su par où l'attraper ni par où le saisir, pour en faire un esclave. Il n'avait rien dont il ne pût se détacher sans peine ; il ne tenait à rien que par un fil. Si vous lui aviez enlevé sa bourse, il vous l'aurait laissée plutôt que de vous suivre à cause d'elle ; si sa jambe, sa jambe; si son corps tout entier, son corps tout entier; et si ses parents, ses amis, ou sa patrie, même chose encore. Il savait, en effet, d'où il tenait tout cela, de qui il l'avait reçu, et à quelles conditions. Quant à ses vrais parents, les Dieux, et quant à sa véritable patrie, jamais il n'y aurait renoncé ; jamais il n'aurait permis qu'un autre fût plus obéissant et plus soumis à ces Dieux ; et personne ne serait mort plus volontiers que lui pour cette patrie. Ce n'est pas qu'il cherchât jamais à paraître faire quelque chose en vue d'autres que lui; mais il se rappelait que tout ce qui arrive vient d'elle, que tout se fait pour elle, et par l'ordre de celui qui la gouverne. Aussi, vois ce qu'il dit et ce qu'il écrit : « C'est pour cela, dit-il, ô Diogène, qu'il t'est possible de parler du ton que tu voudras au roi des Perses, ou à Archidamus, le roi de Lacédémone. » Est-ce parce qu'il était né de parents libres? Mais alors ce serait comme fils d'esclaves que tous les Athéniens, tous les Lacédémoniens, tous les Corinthiens, ne pouvaient pas parler à ces rois du ton qu'ils voulaient, tremblaient devant eux, et les servaient. « Pourquoi donc cela m'est-il possible? » dit-il. « Parce que je ne regarde pas mon corps comme à moi ; parce que je n'ai besoin de rien; parce que la loi est tout pour moi, et que rien autre ne m'est quelque chose. » Voilà ce qui lui donnait le moyen d'être libre.





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Dernière mise à jour : 18/05/2007