Texte grec :
[4,11a] Περὶ καθαριότητος.
Ἀμφισβητοῦσί τινες, εἰ ἐν τῇ φύσει τοῦ ἀνθρώπου
περιέχεται τὸ κοινωνικόν· ὅμως δ´ αὐτοὶ οὗτοι οὐκ ἄν
μοι δοκοῦσιν ἀμφισβητῆσαι, ὅτι τό γε καθάριον πάντως περιέχεται καὶ εἴ τινι
ἄλλῳ καὶ τούτῳ τῶν ζῴων
χωρίζεται. ὅταν οὖν ἄλλο τι ζῷον ἴδωμεν ἀποκαθαῖρον
ἑαυτό, ἐπιλέγειν εἰώθαμεν θαυμάζοντες ὅτι ’ὡς ἄνθρωπος‘. καὶ πάλιν ἄν τις
ἐγκαλῇ τινι ζῴῳ, εὐθὺς εἰώθαμεν ὥσπερ ἀπολογούμενοι λέγειν ὅτι ’οὐ δήπου
ἄνθρωπός ἐστιν‘. οὕτως ἐξαίρετόν τι περὶ τὸν ἄνθρωπον εἶναι
οἰόμεθα ἀπὸ τῶν θεῶν αὐτὸ πρῶτον λαμβάνοντες. ἐπεὶ
γὰρ ἐκεῖνοι φύσει καθαροὶ καὶ ἀκήρατοι, ἐφ´ ὅσον ἠγγίκασιν αὐτοῖς οἱ ἄνθρωποι
κατὰ τὸν λόγον, ἐπὶ τοσοῦτον καὶ τοῦ καθαροῦ καὶ τοῦ καθαρίου εἰσὶν
ἀνθεκτικοί. ἐπεὶ δ´ ἀμήχανον τὴν οὐσίαν αὐτῶν παντάπασιν
εἶναι καθαρὰν ἐκ τοιαύτης ὕλης κεκραμένην, ὁ λόγος
παραληφθεὶς εἰς τὸ ἐνδεχόμενον ταύτην καθάριον ἀποτελεῖν πειρᾶται. πρώτη
οὖν καὶ ἀνωτάτω καθαρότης ἡ
ἐν ψυχῇ γενομένη καὶ ὁμοίως ἀκαθαρσία. ψυχῆς δ´ ὡς
σώματος μὲν ἀκαθαρσίαν οὐκ ἂν εὕροις, ὡς ψυχῆς δὲ
τί ἂν ἄλλο εὕροις ἢ τὸ παρέχον αὐτὴν ῥυπαρὰν πρὸς
τὰ ἔργα τὰ αὑτῆς; ἔργα δὲ ψυχῆς ὁρμᾶν, ἀφορμᾶν,
ὀρέγεσθαι, ἐκκλίνειν, παρασκευάζεσθαι, ἐπιβάλλεσθαι,
συγκατατίθεσθαι. τί ποτ´ οὖν ἐστι τὸ ἐν τούτοις τοῖς
ἔργοις ῥυπαρὰν παρέχον αὐτὴν καὶ ἀκάθαρτον; οὐδὲν
ἄλλο ἢ τὰ μοχθηρὰ κρίματα αὐτῆς. ὥστε ψυχῆς μὲν
ἀκαθαρσία δόγματα πονηρά, κάθαρσις δ´ ἐμποίησις οἵων
δεῖ δογμάτων. καθαρὰ δ´ ἡ ἔχουσα οἷα δεῖ δόγματα·
μόνη γὰρ αὕτη ἐν τοῖς ἔργοις τοῖς αὑτῆς ἀσύγχυτος καὶ
ἀμόλυντος. Δεῖ δέ τι ἐοικὸς τούτῳ καὶ ἐπὶ σώματος φιλοτεχνεῖν
κατὰ τὸ ἐνδεχόμενον. ἀμήχανον ἦν μύξας μὴ ῥεῖν τοῦ
ἀνθρώπου τοιοῦτον ἔχοντος τὸ σύγκραμα· διὰ τοῦτο
χεῖρας ἐποίησεν ἡ φύσις καὶ αὐτὰς τὰς ῥῖνας ὡς σωλῆνας πρὸς τὸ ἐκδιδόναι τὰ
ὑγρά. ἂν οὖν ἀναρροφῇ τις
αὐτάς, λέγω ὅτι οὐ ποιεῖ ἔργον ἀνθρωπικόν. ἀμήχανον
ἦν μὴ πηλοῦσθαι τοὺς πόδας μηδὲ ὅλως μολύνεσθαι
διὰ τοιούτων τινῶν πορευομένους· διὰ τοῦτο ὕδωρ
παρεσκεύασεν, διὰ τοῦτο χεῖρας. ἀμήχανον ἦν ἀπὸ τοῦ
τρώγειν μὴ ῥυπαρόν τι προσμένειν τοῖς ὀδοῦσι· διὰ
τοῦτο ’πλῦνον‘, φησίν, ’τοὺς ὀδόντας‘. διὰ τί; ἵν´ ἄνθρωπος ᾖς καὶ μὴ θηρίον
μηδὲ συίδιον. ἀμήχανον μὴ
ἀπὸ τοῦ ἱδρῶτος καὶ τῆς κατὰ τὴν ἐσθῆτα συνοχῆς
ὑπολείπεσθαί τι περὶ τὸ σῶμα ῥυπαρὸν καὶ δεόμενον
ἀποκαθάρσεως· διὰ τοῦτο ὕδωρ, ἔλαιον, χεῖρες, ὀθόνιον,
ξύστρα, νίτρον, ἔσθ´ ὅθ´ ἡ ἄλλη πᾶσα παρασκευὴ πρὸς
τὸ καθῆραι αὐτό. οὔ· ἀλλ´ ὁ μὲν χαλκεὺς {ὡς χαλκεὺς}
ἐξιώσει τὸ σιδήριον καὶ ὄργανα πρὸς τοῦτο ἕξει κατεσκευασμένα καὶ τὸ
πινάκιον αὐτὸς σὺ πλυνεῖς, ὅταν
μέλλῃς ἐσθίειν, ἐὰν μὴ ᾖς παντελῶς ἀκάθαρτος καὶ ῥυπαρός· τ
ὸ σωμάτιον δ´ οὐ πλυνεῖς οὐδὲ καθαρὸν ποιήσεις; (-) Διὰ τί; φησίν. (-) µ
Πάλιν ἐρῶ σοι· πρῶτον μὲν
ἵνα τὰ ἀνθρώπου ποιῇς, εἶτα ἵνα μὴ ἀνιᾷς τοὺς ἐντυγχάνοντας. τοιοῦτόν τι καὶ
ἐνθάδε ποιεῖς καὶ οὐκ
αἰσθάνῃ. σαυτὸν ἄξιον ἡγῇ τοῦ ὄζειν· ἔστω, ἴσθι ἄξιος.
μή τι καὶ τοὺς παρακαθίζοντας, μή τι καὶ τοὺς συγκατακλινομένους, μή τι καὶ
τοὺς καταφιλοῦντας; ἢ ἄπελθ´
εἰς ἐρημίαν πού ποτε, ἧς ἄξιος εἶ, καὶ μόνος δίαγε κατόζων σεαυτοῦ. δίκαιον γάρ
ἐστι τῆς σῆς ἀκαθαρσίας
σὲ μόνον ἀπολαύειν. ἐν πόλει δ´ ὄντα οὕτως ἀπερισκέπτως καὶ ἀγνωμόνως
ἀναστρέφεσθαι τίνος σοι φαίνεται; εἰ δ´ ἵππον σοι πεπιστεύκει ἡ φύσις,
περιεώρας αὐτὸν καὶ ἀτημέλητον; καὶ νῦν οἴου σου τὸ σῶμα ὡς
ἵππον ἐγκεχειρίσθαι· πλῦνον αὐτό, ἀπόσμηξον, ποίησον,
ἵνα σε μηδεὶς ἀποστρέφηται, μηδεὶς ἐκτρέπηται. τίς δ´
οὐκ ἐκτρέπεται ῥυπαρὸν ἄνθρωπον, ὄζοντα, κακόχρουν
μᾶλλον ἢ τὸν κεκοπρωμένον; ἐκείνη ἡ ὀσμὴ ἔξωθέν
ἐστιν ἐπίθετος, ἡ δ´ ἐξ ἀθεραπευσίας ἔσωθεν καὶ οἱονεὶ διασεσηπότος.
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Traduction française :
[4,11a] CHAPITRE XI : De la propreté.
Il est des gens qui doutent que la sociabilité soit dans la nature de
l'homme; mais je ne vois pas ces gens eux-mêmes douter que la propreté
soit réellement dans notre nature, et qu'à défaut d'autre trait, il y ait
là du moins quelque chose qui nous distingue des animaux. Lorsque nous
voyons un animal se nettoyer, nous avons l'habitude de dire avec surprise
: « C'est comme un homme; » et, par contre, si l'on reproche à un animal
sa malpropreté, nous avons l'habitude de dire aussitôt, comme pour le
défendre : « Ce n'est pas un homme. » Nous croyons donc qu'il y a là
quelque chose de spécial à l'homme, et ce quelque chose c'est des Dieux
mêmes que nous le tirons tout d'abord. Les Dieux, par leur nature, sont
purs et sans taches ; autant donc l'homme se rapproche d'eux par la
raison, autant il devra s'efforcer d'être pur et sans souillure. Il est
impossible à son être de se trouver jamais complètement pur, avec les
matériaux dont il est composé; mais là raison, qui lui a été donnée,
essaye du moins de le rendre pur dans la mesure du possible. La première
pureté, la plus noble, est celle de l'âme ; et réciproquement pour
l'impureté. On ne découvre pas les impuretés de l'âme aussi aisément que
celles du corps ; mais que peuvent être ces impuretés de l'âme, si ce
n'est ce qui l'encrasse et la gêne dans ses fonctions? Or, les fonctions
de l'âme sont de vouloir, de repousser, de désirer, de fuir, de se
préparer, d'entreprendre, de donner son adhésion. Qu'est-ce donc qui nuit
chez elle à ces fonctions, en la salissant et la rendant impure? Rien
autre chose que ses méchants jugements. L'impureté de l'âme, ce sont donc
ses opinions défectueuses ; et le moyen de la purifier, c'est de lui faire
des opinions telles qu'elle en doit avoir. L'âme pure est celle qui a les
opinions qu'elle doit avoir ; car c'est la seule dont les fonctions ne
soient troublées par aucune saleté.
Il y a quelque chose de pareil à faire pour le corps à son tour, autant
qu'il s'y prête. Il était impossible que les narines ne coulassent pas,
l'homme étant composé comme il l'est. C'est pour cela que la nature lui a
fait des mains et les narines elles-mêmes, espèces de canaux pour mettre
dehors les humeurs. Si donc quelqu'un ravale ces humeurs, je dis qu'il
n'agit pas comme doit le faire un homme. Il était impossible que les pieds
ne fussent jamais boueux, jamais sales d'aucune façon, avec les choses sur
lesquelles nous marchons. C'est pour cela que la nature nous a donné de
l'eau; c'est pour cela qu'elle nous a donné des mains. Il était impossible
qu'après que nous avons mangé, quelque saleté ne nous restât pas aux
dents. C'est pour cela qu'elle nous dit : « Lavez vos dents. » Et
pourquoi? Pour être des hommes, et non des bêtes sauvages ou des cochons.
Il était impossible avec la sueur et les habits que nous portons, qu'il ne
restât pas sur le corps quelque saleté qui eût besoin d'être nettoyée.
C'est pour cela que nous avons l'eau, l'huile, les mains, le linge, les
brosses, la soude, avec tout le reste de l'attirail pour nettoyer le
corps. « Non, » dis-tu. Mais quoi! l'ouvrier qui travaille les métaux
nettoiera le fer et aura des instruments faits pour cela; toi-même,
lorsque tu seras pour manger, tu laveras ton plat de bois, si tu n'es pas
complètement sale et malpropre ; et tu ne laveras ni ne nettoierais ton
corps ! — « Pourquoi le ferais-je? » dis-tu. — Je te répondrai : « D'abord
pour te conduire en homme; puis, pour ne pas incommoder » ceux qui se
trouvent avec toi. » Car c'est là ce que tu fais maintenant, sans t'en
apercevoir. Tu trouves convenable de t'empester toi-même; soit! Je veux
bien que ce soit convenable. Mais l'est-il également d'empester ceux qui
s'asseyent près de toi, ceux qui couchent avec toi, ceux qui te baisent?
Ou va-t'en dans un désert, ce qui est ta place; ou vis seul, à n'empester
que toi ! Il est bien juste que tu aies seul la jouissance de ta
malpropreté. Mais, quand tu es dans une ville, vivre avec cette négligence
et cette stupidité, de qui crois-tu que ce soit le fait? Si la nature
t'avait confié un cheval, le laisserais-tu ainsi sans soins? Regarde
aujourd'hui ton corps comme un cheval qu'on a remis entre tes mains;
lave-le, essuie-le; fais que personne ne s'en détourne, que personne ne
s'en recule. Qu'est-ce qui ne se recule pas d'un homme sale, d'un homme
qui sent, d'un homme qui pue, encore plus que d'un individu couvert
d'ordures? La puanteur dans ce dernier cas nous vient du dehors; mais
celle qui naît de notre incurie vient de nous : elle ressemble à celle
d'une charogne.
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