Texte grec :
[4,1b] Σκέψαι δ´ ἐπὶ τῶν ζῴων, πῶς χρώμεθα τῇ ἐννοίᾳ
τῆς ἐλευθερίας. λέοντας τρέφουσιν ἡμέρους ἐγκλείσαντες καὶ σιτίζουσι καὶ
κομίζουσιν ἔνιοι μεθ´ αὑτῶν. καὶ
τίς ἐρεῖ τοῦτον τὸν λέοντα ἐλεύθερον; οὐχὶ δ´ ὅσῳ μαλακώτερον διεξάγει,
τοσούτῳ δουλικώτερον; τίς δ´ ἂν
λέων αἴσθησιν καὶ λογισμὸν λαβὼν βούλοιτο τούτων τις
εἶναι τῶν λεόντων; ἄγε, τὰ δὲ πτηνὰ ταῦτα ὅταν ληφθῇ
καὶ ἐγκεκλειμένα τρέφηται, οἷα πάσχει ζητοῦντα ἐκφυγεῖν; καὶ ἔνιά γε αὐτῶν
λιμῷ διαφθείρεται μᾶλλον ἢ
ὑπομένει τὴν τοιαύτην διεξαγωγήν, ὅσα δ´ οὖν διασῴζεται, μόγις καὶ χαλεπῶς
καὶ φθίνοντα, κἂν ὅλως εὕρῃ
τι παρεῳγμένον, ἐξεπήδησεν. οὕτως ὀρέγεται τῆς φυσικῆς ἐλευθερίας καὶ τοῦ
αὐτόνομα καὶ ἀκώλυτα εἶναι.
καὶ τί σοι κακόν ἐστιν ἐνταῦθα; ‘οἷα λέγεις; πέτεσθαι
πέφυκα ὅπου θέλω, ὕπαιθρον διάγειν, ᾄδειν ὅταν
θέλω· σύ με πάντων τούτων ἀφαιρῇ καὶ λέγεις "τί σοι
κακόν ἐστιν"’; διὰ τοῦτο ἐκεῖνα μόνα ἐροῦμεν ἐλεύθερα,
ὅσα τὴν ἅλωσιν οὐ φέρει, ἀλλ´ ἅμα τε ἑάλω καὶ ἀποθανόντα διέφυγεν.
οὕτως καὶ Διογένης που λέγει μίαν εἶναι μηχανὴν πρὸς ἐλευθερίαν
τὸ εὐκόλως ἀποθνῄσκειν, καὶ τῷ Περσῶν βασιλεῖ γράφει ὅτι ‘τὴν Ἀθηναίων
πόλιν καταδουλώσασθαι οὐ δύνασαι· οὐ μᾶλλον’, φησίν, ‘ἢ τοὺς ἰχθύας’.
‘πῶς; οὐ γὰρ λήψομαι αὐτούς;’ ‘ἂν λάβῃς’, φησίν,
‘εὐθὺς ἀπολιπόντες σε οἰχήσονται, καθάπερ οἱ
ἰχθύες.’ καὶ γὰρ ἐκείνων ὃν ἂν λάβῃς, ἀπέθανεν· καὶ
οὗτοι ληφθέντες ἐὰν ἀποθνῄσκωσιν, τί σοί ἐστι τῆς
παρασκευῆς ὄφελος; τοῦτ´ ἔστιν ἐλευθέρου ἀνδρὸς φωνὴ σπουδῇ
ἐξητακότος τὸ πρᾶγμα καὶ ὥσπερ εἰκὸς εὑρηκότος.
ἂν δ´ ἀλλαχοῦ ζητῇς ἢ ὅπου ἐστίν, τί θαυμαστόν, εἰ οὐδέποτε αὐτὸ εὑρίσκεις;
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Traduction française :
[4,1b] Vois comment nous appliquons l'idée de la liberté, quand il s'agit des
animaux. Certaines gens entretiennent des lions apprivoisés ; ils les
enferment, les nourrissent, et les emmènent partout avec eux : qui dira
qu'un tel lion est libre? N'est-il pas d'autant plus esclave qu'il a une
vie plus douce? Quel est l'être doué de sens et de raison qui voudrait
être un de ces lions? Vois, par contre, ces oiseaux que l'on prend, que
l'on enferme, et que l'on nourrit: que ne souffrent-ils pas en essayant de
s'échapper! Il en est même qui se laissent mourir de faim plutôt que de
supporter ce genre de vie. Quant à ceux que l'on conserve, c'est à grande
peine, avec bien de la difficulté, et encore ils dépérissent ! Et dès
qu'ils trouvent la moindre ouverture, les voilà partis! Tant ils aiment la
liberté, pour laquelle ils sont faits ! Tant ils ont besoin d'être
indépendants, et affranchis de toute entrave ! « Êtes-vous donc mal ici? »
leur dites-vous. Ils répondent : « Que dis-tu là? Nous sommes nés pour
voler où bon nous semble, pour vivre au grand air, et chanter quand nous
le voulons; tu nous enlèves tout cela, et tu dis : Êtes-vous mal ici?
Aussi, nous n'appellerons races libres que celles qui ne supportent pas
d'être prises, et qui, sitôt prises, échappent à la captivité par la mort. »
C'est ainsi que Diogène dit quelque part : « Il n'y a qu'un moyen d'être
libre, c'est d'être toujours disposé à mourir. » C'est ainsi encore qu'il
écrit au roi de Perse : « Tu ne pourras pas plus réduire en servitude les
Athéniens, que tu n'y peux réduire les poissons. »— Comment cela? Ne
puis-je pas les prendre? — Si tu les prends, ils auront bientôt fait de te
quitter et de s'en aller, comme les poissons. Si tu prends un poisson, il
meurt; et si eux meurent aussi, quand tu les auras pris, quel profit
tireras-tu de ton expédition? » Voilà le langage d'un homme libre, qui a
soigneusement examiné la question, et qui en a trouvé la solution, comme
cela devait être. Mais, si tu la cherches ailleurs qu'où elle est, comment
s'étonner que tu ne la trouves jamais?
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