HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Arrien, Les Entretiens d'Épictête, livre IV

τινος



Texte grec :

[4,8b] Ἀλλὰ καὶ αὐτοὶ οἱ καλούμενοι φιλόσοφοι ἀπὸ τῶν κοινῶν τὸ πρᾶγμα μετίασιν· εὐθὺς ἀναλαβόντες τρίβωνα καὶ πώγωνα καθέντες φασὶν ’ἐγὼ φιλόσοφός εἰμι‘. οὐδεὶς δ´ ἐρεῖ ’ἐγὼ μουσικός εἰμι‘, ἂν πλῆκτρον καὶ κιθάραν ἀγοράσῃ, οὐδ´ ’ἐγὼ χαλκεύς εἰμι‘, ἂν πιλίον καὶ περίζωμα περιθῆται, ἀλλ´ ἁρμόζεται μὲν τὸ σχῆμα πρὸς τὴν τέχνην, ἀπὸ τῆς τέχνης δὲ τὸ ὄνομα, οὐκ ἀπὸ τοῦ σχήματος ἀναλαμβάνουσιν. διὰ τοῦτο καλῶς Εὐφράτης ἔλεγεν ὅτι ’ἐπὶ πολὺ ἐπειρώμην λανθάνειν φιλοσοφῶν καὶ ἦν μοι‘, φησίν, ’τοῦτο ὠφέλιμον. πρῶτον μὲν γὰρ ᾔδειν, ὅσα καλῶς ἐποίουν, ὅτι οὐ διὰ τοὺς θεατὰς ἐποίουν, ἀλλὰ δι´ ἐμαυτόν· ἤσθιον ἐμαυτῷ καλῶς, κατεσταλμένον εἶχον τὸ βλέμμα, τὸν περίπατον· πάντα ἐμαυτῷ καὶ θεῷ. εἶτα ὥσπερ μόνος ἠγωνιζόμην, οὕτως μόνος καὶ ἐκινδύνευον· οὐδὲν ἐμοὶ δράσαντι τὸ αἰσχρὸν ἢ ἀπρεπὲς τὸ τῆς φιλοσοφίας ἐκινδυνεύετο, οὐδ´ ἔβλαπτον τοὺς πολλοὺς ὡς φιλόσοφος ἁμαρτάνων. διὰ τοῦτο οἱ μὴ εἰδότες μου τὴν ἐπιβολὴν ἐθαύμαζον, πῶς πᾶσι φιλοσόφοις χρώμενος καὶ συζῶν αὐτὸς οὐκ ἐφιλοσόφουν. καὶ τί κακόν, ἐν οἷς ἐποίουν ἐπιγιγνώσκεσθαι τὸν φιλόσοφον, ἐν δὲ τοῖς συμβόλοις μή;‘ βλέπε, πῶς ἐσθίω, πῶς πίνω, πῶς καθεύδω, πῶς ἀνέχομαι, πῶς ἀπέχομαι, πῶς συνεργῶ, πῶς ὀρέξει χρῶμαι, πῶς ἐκκλίσει, πῶς τηρῶ τὰς σχέσεις τὰς φυσικὰς ἢ ἐπιθέτους ἀσυγχύτως καὶ ἀπαραποδίστως· ἐκεῖθέν με κρῖνε, εἰ δύνασαι. εἰ δ´ οὕτως κωφὸς εἶ καὶ τυφλός, ἵνα μηδὲ τὸν Ἥφαιστον ὑπολαμβάνῃς καλὸν χαλκέα, ἂν μὴ τὸ πιλίον ἴδῃς περὶ τὴν κεφαλὴν περικείμενον, τί κακὸν ὑφ´ οὕτως ἠλιθίου κριτοῦ ἀγνοεῖσθαι; Οὕτως ἐλάνθανε παρὰ τοῖς πλείστοις Σωκράτης καὶ ἤρχοντο πρὸς αὐτὸν ἀξιοῦντες φιλοσόφοις συσταθῆναι. μή τι οὖν ἠγανάκτει ὡς ἡμεῖς καὶ ἔλεγεν ’ἐγὼ δέ σοι οὐ φαίνομαι φιλόσοφος;‘; ἀλλ´ ἀπῆγεν καὶ συνίστα ἑνὶ ἀρκούμενος τῷ εἶναι φιλόσοφος, χαίρων δὲ καί, ὅτι μὴ δοκῶν οὐκ ἐδάκνετο· ἐμέμνητο γὰρ τοῦ ἰδίου ἔργου. τί ἔργον καλοῦ καὶ ἀγαθοῦ; μαθητὰς πολλοὺς ἔχειν; οὐδαμῶς. ὄψονται οἱ περὶ τοῦτο ἐσπουδακότες. ἀλλὰ θεωρήματα δύσκολα ἀκριβοῦν; ὄψονται καὶ περὶ τούτων ἄλλοι. ποῦ οὖν αὐτὸς καὶ ἦν τις καὶ εἶναι ἤθελεν; ὅπου βλάβη καὶ ὠφέλεια. ’εἴ μέ τις‘, φησίν, ’βλάψαι δύναται, ἐγὼ οὐδὲν ποιῶ· εἰ ἄλλον περιμένω, ἵνα με ὠφελήσῃ, ἐγὼ οὐδέν εἰμι. θέλω τι καὶ οὐ γίνεται· ἐγὼ ἀτυχής εἰμι.‘ εἰς τοσοῦτο σκάμμα προεκαλεῖτο πάντα ὁντιναοῦν καὶ οὐκ ἄν μοι δοκεῖ ἐκστῆναι οὐδενί (-) τί δοκεῖτε; καταγγέλλων καὶ λέγων ’ἐγὼ τοιοῦτός εἰμι‘; μὴ γένοιτο, ἀλλὰ ὢν τοιοῦτος. πάλιν γὰρ τοῦτο μωροῦ καὶ ἀλαζόνος ’ἐγὼ ἀπαθής εἰμι καὶ ἀτάραχος· μὴ ἀγνοεῖτε, ὦ ἄνθρωποι, ὅτι ὑμῶν κυκωμένων καὶ θορυβουμένων περὶ τὰ μηδενὸς ἄξια μόνος ἐγὼ ἀπήλλαγμαι πάσης ταραχῆς‘. οὕτως οὐκ ἀρκεῖ σοι τὸ μηδὲν ἀλγεῖν, ἂν μὴ κηρύσσῃς ’συνέλθετε πάντες οἱ ποδαγρῶντες, οἱ κεφαλαλγοῦντες, οἱ πυρέσσοντες, οἱ χωλοί, οἱ τυφλοί, καὶ ἴδετέ με ἀπὸ παντὸς πάθους ὑγιᾶ‘; τοῦτο κενὸν καὶ φορτικόν, εἰ μή τι{ς} ὡς ὁ Ἀσκληπιὸς εὐθὺς ὑποδεῖξαι δύνασαι, πῶς θεραπεύοντες εὐθὺς ἔσονται ἄνοσοι κἀκεῖνοι, καὶ εἰς τοῦτο φέρεις παράδειγμα τὴν ὑγίειαν τὴν σεαυτοῦ.

Traduction française :

[4,8b] Malheureusement, ceux qui ont ce titre de philosophes, en cherchent eux-mêmes la justification dans les choses vulgaires. Dès qu'ils ont pris le vieux manteau et laissé pousser leur barbe, les voilà qui disent : « Je suis philosophe! » Personne pourtant ne dira : « Je suis musicien, parce qu'il aura acheté un archet et une harpe ; ni « Je suis forgeron, parce qu'il en aura pris le bonnet et le tablier. On prend un costume en rapport avec sa profession, mais c'est de sa profession, et non de son costume, que l'on tire son nom. C'est pour cela qu'Euphrates disait avec raison : « J'ai cherché pendant bien longtemps à dissimuler que j'étais philosophe; et cela me servait. D'abord je savais que tout ce que je faisais de bien, je ne le faisais pas pour les spectateurs, mais pour moi-même : c'était pour moi-même que j'étais convenable à table, que j'étais réservé dans mes regards et dans ma démarche. C'était pour moi et pour Dieu que je faisais tout. Puis, comme j'étais seul engagé dans la lutte, j'étais aussi seul en péril : si j'avais fait quelque action honteuse ou inconvenante, la philosophie n'en aurait pas été compromise ; et mes fautes, n'étant pas celles d'un philosophe, n'auraient pas fait de tort à tous les autres. Aussi, ceux qui ne connaissaient pas ma pensée, s'étonnaient que, fréquentant tous les philosophes et vivant avec eux, je ne fusse pas moi-même philosophe. Et quel mal y avait-il à ce qu'on me reconnût philosophe à mes actes, mais non à mon extérieur? Vois-moi manger, boire, dormir, patienter, m'abstenir, venir en aide aux autres, désirer, éviter, accomplir mes devoirs naturels et sociaux : Quel calme et quelle liberté ! Juge-moi donc par là, si tu le peux. Mais, si tu es aveugle et sourd au point de ne point reconnaître Vulcain lui-même pour un bon forgeron, à moins que tu ne lui voies le bonnet posé sur la tête, quel mal y a-t-il à ne pas être apprécié par un juge aussi niais? » C'est ainsi que Socrate était méconnu de la foule, et que des gens venaient le prier de les présenter à des philosophes. S'indignait-il alors comme nous le faisons, et disait-il : « Est-ce que tu ne vois pas que je suis philosophe? » Non ; il les conduisait et les présentait. Se contentant pour lui d'être réellement philosophe, il était heureux de ne pas le paraître, bien loin de s'en fâcher. Il savait trop bien quelle était sa tâche propre. Quelle est donc la tâche du Sage? Est-ce d'avoir de nombreux disciples? Non. C'est affaire à ceux qui en ont l'ambition. Serait-ce d'expliquer des points de science difficiles? C'est affaire à d'autres encore. De quoi se préoccupait-il donc? Qu'était-il? Et que voulait-il être? Il se préoccupait de ce qui lui était nuisible ou utile. « Si l'on peut me nuire, disait-il, je suis impuissant. Si j'attends qu'un autre vienne à mon aide, je ne suis rien. Si je veux une chose et qu'elle ne se fasse pas, je suis malheureux. » Sur ce terrain il défiait tout le monde, et je crois qu'il n'aurait eu à reculer devant personne. Pour quelle chose, suivant vous? Pour le talent de faire l'annonce et de dire : « Voilà ce que je suis? » A Dieu ne plaise! Mais pour ce qu'il était réellement. Il serait, en effet, d'un sot et d'un vaniteux de venir dire : « Je suis au-dessus de toute agitation et de tout trouble. Sachez-le, ô mortels : tandis que vous vous tourmentez et vous bouleversez pour des choses sans valeur, moi je suis exempt de toute espèce de trouble. » Ne te suffit-il donc pas pareillement de ne pas être malade, sans crier bien haut : « Réunissez-vous tous, vous qui avez la goutte, vous qui souffrez de la tête, vous qui êtes aveugles, vous qui êtes boiteux, et voyez-moi en bonne santé, sans nulle espèce de mal? » Il n'y aurait là en effet que vanité et sottise, à moins que, comme Esculape, tu ne pusses leur indiquer sur-le-champ le traitement qui les guérirait sur-le-champ eux aussi, et que ta santé ne fût un exemple que tu leur citasses dans ce but.





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Dernière mise à jour : 18/05/2007