Texte grec :
[7,1] I.
§ 1. (151b) (28) Πότερον δὲ ταὐτὸν ἢ ἕτερον κατὰ τὸν κυριώτατον τῶν ῥηθέντων περὶ ταὐτοῦ τρόπων (ἐλέγετο δὲ κυριώτατα ταὐτὸν (30) τὸ τῷ ἀριθμῷ ἕν) σκοπεῖν
§ 2. ἔκ τε τῶν πτώσεων καὶ τῶν συστοίχων καὶ τῶν ἀντικειμένων. Εἰ γὰρ ἡ δικαιοσύνη ταὐτὸν τῇ ἀνδρείᾳ, καὶ ὁ δίκαιος τῷ ἀνδρείῳ καὶ τὸ δικαίως τῷ ἀνδρείως. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἀντικειμένων· εἰ γὰρ τάδε ταὐτά, καὶ τὰ ἀντικείμενα τούτοις ταὐτὰ καθ´ ὁποιανοῦν τῶν (35) λεγομένων ἀντιθέσεων· οὐδὲν γὰρ διαφέρει τὸ τούτῳ ἢ τούτῳ ἀντικείμενον λαβεῖν, ἐπειδὴ ταὐτόν ἐστιν.
§ 3. Πάλιν ἐκ τῶν ποιητικῶν (152b) καὶ φθαρτικῶν καὶ γενέσεων καὶ φθορῶν καὶ ὅλως τῶν ὁμοίως ἐχόντων πρὸς ἑκάτερον· ὅσα γὰρ ἁπλῶς ταὐτά, καὶ αἱ γενέσεις αὐτῶν καὶ αἱ φθοραὶ αἱ αὐταὶ καὶ τὰ ποιητικὰ καὶ τὰ φθαρτικά.
§ 4. (5) Σκοπεῖν δὲ καὶ ὧν θάτερον μάλιστα λέγεται ὁτιοῦν, εἰ καὶ θάτερον τῶν αὐτῶν τούτων κατὰ τὸ αὐτὸ μάλιστα λέγεται, καθάπερ Ξενοκράτης τὸν εὐδαίμονα βίον καὶ τὸν σπουδαῖον ἀποδείκνυσι τὸν αὐτόν, ἐπειδὴ πάντων τῶν βίων αἱρετώτατος ὁ σπουδαῖος καὶ ὁ εὐδαίμων· ἓν γὰρ τὸ αἱρετώτα (10) τον καὶ μέγιστον. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων.
§ 5. Δεῖ δ´ ἑκάτερον ἓν ἀριθμῷ εἶναι τὸ λεγόμενον μέγιστον ἢ αἱρετώτατον· εἰ δὲ μή, οὐκ ἔσται δεδειγμένον ὅτι ταὐτόν. Οὐ γὰρ ἀναγκαῖον, εἰ ἀνδρειότατοι τῶν Ἑλλήνων Πελοποννήσιοι καὶ Λακεδαιμόνιοι, τοὺς αὐτοὺς εἶναι Πελοποννησίους Λακεδαιμονίοις, (15) ἐπειδὴ οὐχ εἷς ἀριθμῷ Πελοποννήσιος καὶ Λακεδαιμόνιος, ἀλλὰ περιέχεσθαι μὲν τὸν ἕτερον ὑπὸ τοῦ ἑτέρου ἀναγκαῖον, καθάπερ οἱ Λακεδαιμόνιοι ὑπὸ τῶν Πελοποννησίων, εἰ δὲ μή, συμβήσεται ἀλλήλων εἶναι βελτίους, ἐὰν μὴ περιέχωνται οἱ ἕτεροι ὑπὸ τῶν ἑτέρων. Ἀναγκαῖον γὰρ (20) τοὺς Πελοποννησίους βελτίους εἶναι τῶν Λακεδαιμονίων, εἴπερ μὴ περιέχονται οἱ ἕτεροι ὑπὸ τῶν ἑτέρων· πάντων γὰρ τῶν λοιπῶν εἰσι βελτίους. Ὁμοίως δὲ καὶ τοὺς Λακεδαιμονίους ἀνάγκη βελτίους εἶναι τῶν Πελοποννησίων· καὶ γὰρ οὗτοι πάντων τῶν λοιπῶν εἰσι βελτίους. Ὥστε ἀλλήλων βελτίους γίνονται. (25) Δῆλον οὖν ὅτι ἓν ἀριθμῷ δεῖ εἶναι τὸ βέλτιστον καὶ μέγιστον λεγόμενον, εἰ μέλλει ὅτι ταὐτὸν ἀποδείκνυσθαι. Διὸ καὶ Ξενοκράτης οὐκ ἀποδείκνυσιν· οὐ γὰρ εἷς ἀριθμῷ ὁ εὐδαίμων καὶ ὁ σπουδαῖος βίος, ὥστ´ οὐκ ἀναγκαῖον τὸν αὐτὸν εἶναι, διότι ἄμφω αἱρετώτατοι, ἀλλὰ τὸν ἕτερον ὑπὸ τὸν (30) ἕτερον.
§ 6. Πάλιν σκοπεῖν εἰ ᾧ θάτερον ταὐτόν, καὶ θάτερον· εἰ γὰρ μὴ ἀμφότερα τῷ αὐτῷ ταὐτά, δῆλον ὅτι οὐδ´ ἀλλήλοις.
§ 7. Ἔτι ἐκ τῶν τούτοις συμβεβηκότων καὶ οἷς ταῦτα συμβέβηκεν ἐπισκοπεῖν· ὅσα γὰρ θατέρῳ συμβέβηκε, καὶ θατέρῳ (35) δεῖ συμβεβηκέναι, καὶ οἷς θάτερον αὐτῶν συμβέβηκε, καὶ θάτερον δεῖ συμβεβηκέναι. Εἰ δέ τι τούτων διαφωνεῖ, δῆλον ὅτι οὐ ταὐτά.
§ 8. Ὁρᾶν δὲ καὶ εἰ μὴ ἐν ἑνὶ γένει κατηγορίας ἀμφότερα, ἀλλὰ τὸ μὲν ποιὸν τὸ δὲ ποσὸν ἢ πρός τι δηλοῖ.
§ 9. Πάλιν εἰ (152a) τὸ γένος ἑκατέρου μὴ ταὐτόν, ἀλλὰ τὸ μὲν ἀγαθὸν τὸ δὲ κακόν, ἢ τὸ μὲν ἀρετὴ τὸ δ´ ἐπιστήμη.
§ 10. Ἢ εἰ τὸ μὲν γένος ταὐτόν, αἱ δὲ διαφοραὶ μὴ αἱ αὐταὶ ἑκατέρου κατηγοροῦνται, ἀλλὰ τοῦ μὲν ὅτι θεωρητικὴ ἐπιστήμη, τοῦ δ´ ὅτι πρακτική. (5) Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων.
§ 11. Ἔτι ἐκ τοῦ μᾶλλον, εἰ τὸ μὲν δέχεται τὸ μᾶλλον τὸ δὲ μή, ἢ εἰ ἄμφω μὲν δέχεται μὴ ἅμα δέ· καθάπερ ὁ μᾶλλον ἐρῶν οὐ μᾶλλον ἐπιθυμεῖ τῆς συνουσίας, ὥστ´ οὐ ταὐτὸν ἔρως καὶ ἐπιθυμία συνουσίας.
§ 12. (10) Ἔτι ἐκ τῆς προσθέσεως, εἰ τῷ αὐτῷ ἑκάτερον προστιθέμενον μὴ ποιεῖ τὸ ὅλον ταὐτόν.
§ 13. Ἢ εἰ τοῦ αὐτοῦ ἀφ´ ἑκατέρου ἀφαιρεθέντος τὸ λοιπὸν ἕτερον, οἷον εἰ διπλάσιον ἡμίσεος καὶ πολλαπλάσιον ἡμίσεος ταὐτὸν ἔφησεν εἶναι. Ἀφαιρεθέντος γὰρ ἀφ´ ἑκατέρου τοῦ ἡμίσεος τὰ λοιπὰ ταὐτὸν ἔδει (15) δηλοῦν· οὐ δηλοῖ δέ· τὸ γὰρ διπλάσιον καὶ πολλαπλάσιον οὐ ταὐτὸν δηλοῖ.
§ 14. Σκοπεῖν δὲ μὴ μόνον εἰ ἤδη τι συμβαίνει ἀδύνατον διὰ τῆς θέσεως, ἀλλὰ καὶ εἰ δυνατὸν ἐξ ὑποθέσεως ὑπάρξαι, καθάπερ τοῖς τὸ κενὸν καὶ τὸ πλῆρες ἀέρος ταὐτὸν φάσκουσιν (20)· δῆλον γὰρ ὅτι ἐὰν ἐξέλθῃ ὁ ἀήρ, κενὸν μὲν οὐχ ἧττον ἀλλὰ μᾶλλον ἔσται, πλῆρες δ´ ἀέρος οὐκέτι ἔσται. Ὥστε ὑποτεθέντος τινὸς εἴτε ψευδοῦς εἴτ´ ἀληθοῦς (οὐδὲν γὰρ διαφέρει) τὸ μὲν ἕτερον ἀναιρεῖται αὐτῶν, τὸ δ´ ἕτερον οὔ. Ὥστ´ οὐ ταὐτόν.
§ 15. (25) Καθόλου δ´ εἰπεῖν ἐκ τῶν ὁπωσοῦν ἑκατέρου κατηγορουμένων καὶ ὧν ταῦτα κατηγορεῖται σκοπεῖν εἴ που διαφωνεῖ· ὅσα γὰρ θατέρου κατηγορεῖται, καὶ θατέρου κατηγορεῖσθαι δεῖ, καὶ ὧν θάτερον κατηγορεῖται, καὶ θάτερον κατηγορεῖσθαι δεῖ.
§ 16. (30) Ἔτι ἐπεὶ πολλαχῶς τὸ ταὐτὸν λέγεται, σκοπεῖν εἰ καθ´ ἕτερόν τινα τρόπον ταὐτά ἐστιν· τὰ γὰρ εἴδει ἢ γένει ταὐτὰ ἢ οὐκ ἀνάγκη ἢ οὐκ ἐνδέχεται ἀριθμῷ ταὐτὰ εἶναι· ἐπισκοποῦμεν δὲ πότερον οὕτω ταὐτὰ ἢ οὐχ οὕτως.
§ 17. Ἔτι εἰ δυνατὸν θάτερον ἄνευ θατέρου εἶναι· οὐ γὰρ ἂν (35) εἴη ταὐτόν.
§ 18. Οἱ μὲν οὖν πρὸς τὸ ταὐτὸν τόποι τοσοῦτοι λέγονται.
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Traduction française :
[7,1] CHAPITRE PREMIER.
§ 1. (151b) Il faut traiter maintenant la question de savoir si le sujet dont il s'agit est identique à un autre, ou s'il est différent, dans le sens le plus spécial de tous ceux que l'on a indiqués du mot identique. L'identité proprement dite, comme on s'en souvient, est celle de (30) l'unité numérique.
§ 2. Il faut regarder aux cas, aux conjugués, aux opposés; car si la justice est la même chose que le courage, le juste est identique au courageux, justement à courageusement. Et de même pour les opposés; car si telles choses sont les mêmes, les opposés de ces choses seront aussi les mêmes, de quelque espèce (35) d'opposition qu'on entende parler. En effet, il n'importe pas qu'on fasse le sujet opposé à ceci ou opposé à cela, puisque les choses sont identiques.
§ 3. Il faut regarder aussi aux choses qui produisent les sujets (152b) ou les détruisent, aux générations et aux destructions, et en général, aux choses qui sont d'une façon semblable relativement à l'un et à l'autre sujet ; car lorsque les choses sont absolument les mêmes, les générations et les destructions de ces choses-là sont les mêmes, et ce qui les fait est le même, ce qui les détruit est le même aussi.
§ 4. (5) Il faut voir encore pour les choses où l'une des deux est dite au superlatif, si l'autre de ces deux mêmes choses est dite aussi au superlatif pour le même sujet. Ainsi, par exemple, Xénocrate prétend que la vie vertueuse est la même que la vie heureuse, parce que de toutes les vies la plus désirable est la vie vertueuse et la vie heureuse. Mais il n'y a qu'une seule et unique chose qui soit la plus désirable et la (10) plus importante. Et de même pour toutes les autres définitions de ce genre.
§ 5. Il faut donc que l'une et l'autre des choses présentées, ou comme la plus désirable, ou comme la plus importante, soit numériquement une. Si non, il ne sera pas démontré qu'elle est la même; car il n'est pas nécessaire, si les Péloponnésiens et les Lacédémoniens sont les plus braves des Grecs, que les Péloponnésiens et les Lacédémoniens soient les mêmes, (15) puisque Péloponnésien et Lacédémonien ne sont pas numériquement un; mais il faut nécessairement que l'un soit compris dans l'autre, comme les Lacédémoniens le sont dans les Péloponnésiens. Sinon, il arrivera que les uns seront réciproquement meilleurs que les autres, si les uns ne sont pas compris dans les autres. Ainsi, (20) il faudra nécessairement que les Péloponnésiens soient plus braves que les Lacédémoniens, si les uns ne sont pas compris dans les autres, puisque les Péloponnésiens sont plus braves que tous les autres peuples. Et de même, il est nécessaire aussi que les Lacédémoniens soient plus braves que les Péloponnésiens; car, eux aussi, ils sont plus braves que le reste; de sorte qu'ils sont réciproquement plus braves les uns que les autres. (25) Il est donc évident qu'il faut que la chose la plus désirable, la plus importante, soit numériquement unique, si l'on veut démontrer l'identité. Aussi Xénocrate ne démontre-t-il pas sa proposition ; car la vie heureuse et la vie vertueuse ne forment pas numériquement une unité, et par conséquent il n'est pas nécessaire qu'elles soient la même vie, puisque toutes les deux sont les plus désirables: mais il faut que l'une soit comprise (30) dans l'autre.
§ 6. II faut voir encore si l'une des choses est identique à ce à quoi l'autre est identique; car si toutes deux ne sont pas identiques à un même sujet, il est clair qu'elles ne le sont pas non plus l'une à l'autre.
§ 7. Il faut voir en outre aux accidents de ces choses et aux choses dont elles sont les accidents; car tous les accidents qui sont à l'un devront aussi être (35) à l'autre, et les choses auxquelles l'un est comme accident auront aussi l'autre pour accident. Si l'une de ces relations ne s'accorde pas, il est clair que les choses en question ne sont pas identiques.
§ 8. II faut voir de plus si les deux choses, au lieu d'être dans un seul genre de catégorie n'expriment pas, l'une la quantité, l'autre la qualité ou la relation.
§ 9. De plus encore, si (152a) le genre des deux n'est pas le même, mais que l'une soit mauvaise et l'autre bonne, ou que l'une soit vertu et l'autre science.
§ 10. Ou bien, quand le genre est le même, il faut voir si les mêmes différences ne peuvent pas être attribuées aux deux : mais que pour l'une la science soit théorique, et qu'elle soit pratique pour l'autre. (5) Et de même pour le reste.
§ 11. Il faut aussi regarder à l'expression du plus, si l'une reçoit le plus et l'autre ne le reçoit pas; ou si la deux le reçoivent, mais non en même temps; comme celui qui aime plus ne désire pas plus la cohabitation, de sorte que l'amour et le désir de cohabitation ne sont pas du tout une même chose.
§ 12. (10) Il faut voir encore à l'addition, et examiner si l'une et l'autre, ajoutées au même sujet, ne font pas le tout identique.
§ 13. Ou bien, si le même terme étant retranché des deux, le reste n'est pas différent. Par exemple, si l'on a dit que le double de la moitié est la même chose que le multiple de la moitié, il faut qu'en retranchant la moitié de l'un et de l'autre côté, le reste exprime (15) la même chose; mais il ne l'exprime pas; car le double et le multiple n'expriment pas la même chose tous les deux.
§ 14. Il faut voir non seulement s'il ressort quelque chose d'impossible de la proposition, mais encore s'il est possible que la chose soit selon l'hypothèse. Ainsi, l'on dit que vide et plein d'air sont la même chose (20); or, il est évident que si l'air sort, il n'y aura pas moins vide, mais qu'il y en aura davantage, et que l'espace ne sera plus plein d'air. Par conséquent, en supposant ceci, que l'hypothèse d'ailleurs soit vraie ou fausse, ce qui importe peu, l'un des deux sera détruit tandis que l'autre ne le sera pas; donc ils ne sont pas la même chose.
§ 15. (25) En général, il faut voir s'il n'y a pas quelque discordance dans les choses attribuées d'une façon quelconque à l'une et à l'autre, et dans les choses auxquelles elles-mêmes sont attribuées; car tout ce qui est attribué à l'une doit être aussi attribué à l'autre: et les choses auxquelles l'une est attribuée, doivent aussi recevoir l'autre pour attribut.
§ 16. (30) De plus, comme le même a plusieurs sens, il faut voir si les choses sont les mêmes suivant une façon différente; car les choses qui sont les mêmes en espèce ou en genre, ne sont pas nécessairement les mêmes numériquement : et nous devons voir encore si elles sont les mêmes de cette façon, ou si elles ne le sont pas.
§ 17. Il faut voir enfin s'il est possible que l'une soit sans l'autre; car alors elles ne seraient pas la (35) même chose.
§ 18. Voilà donc tous les lieux pour l'identité.
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