Texte grec :
[1] CHAPITRE PREMIER.
§ 1. Ἐπεὶ δὲ περὶ ψυχῆς καθ΄ αὑτὴν διώρισται πρότερον καὶ περὶ τῶν δυνάμεων ἑκάστης κατὰ μόριον αὐτῆς͵ ἐχόμενόν ἐστι ποιήσασθαι τὴν ἐπίσκεψιν περὶ τῶν ζῴων καὶ τῶν ζωὴν ἐχόντων ἁπάντων͵ τίνες εἰσὶν ἴδιαι καὶ τίνες κοιναὶ πράξεις αὐτῶν. Τὰ μὲν οὖν εἰρημένα περὶ ψυχῆς ὑποκείσθω͵ περὶ δὲ τῶν λοιπῶν λέγωμεν͵ καὶ πρῶτον περὶ τῶν πρώτων.
§ 2. Φαίνεται δὲ τὰ μέγιστα͵ καὶ τὰ κοινὰ καὶ τὰ ἴδια τῶν ζῴων͵ κοινὰ τῆς τε ψυχῆς ὄντα καὶ τοῦ σώματος͵ οἷον αἴσθησις καὶ μνήμη καὶ θυμὸς καὶ ἐπιθυμία καὶ ὅλως ὄρεξις͵ καὶ πρὸς τούτοις ἡδονὴ καὶ λύπη· καὶ γὰρ ταῦτα σχεδὸν ὑπάρχει πᾶσι τοῖς ζῴοις.
§ 3. Πρὸς δὲ τούτοις τὰ μὲν πάντων ἐστὶ τῶν μετεχόντων ζωῆς κοινά͵ τὰ δὲ τῶν ζῴων ἐνίοις. Τυγχάνουσι δὲ τούτων τὰ μέγιστα τέτταρες οὖσαι συζυγίαι τὸν ἀριθμόν͵ οἷον ἐγρήγορσις καὶ ὕπνος͵ καὶ νεότης καὶ γῆρας͵ καὶ ἀναπνοὴ καὶ ἐκπνοή͵ καὶ ζωὴ καὶ θάνατος·
§ 4. Περὶ ὧν θεωρητέον͵ τί τε ἕκαστον αὐτῶν͵ καὶ διὰ τίνας αἰτίας συμβαίνει.
§ 5. Φυσικοῦ δὲ καὶ περὶ ὑγιείας καὶ νόσου τὰς πρώτας ἰδεῖν ἀρχάς· οὔτε γὰρ ὑγίειαν οὔτε νόσον οἷόν τε γίγνεσθαι τοῖς ἐστερημένοις ζωῆς. Διὸ σχεδὸν τῶν περὶ φύσεως οἱ πλεῖστοι καὶ τῶν ἰατρῶν οἱ φιλοσοφωτέρως τὴν τέχνην μετιόντες͵ οἱ μὲν τελευτῶσιν εἰς τὰ περὶ ἰατρικῆς͵ (436b) οἱ δ΄ ἐκ τῶν περὶ φύσεως ἄρχονται {περὶ τῆς ἰατρικῆς}. § 6. Ὅτι δὲ πάντα τὰ λεχθέντα κοινὰ τῆς τε ψυχῆς ἐστὶ καὶ τοῦ σώματος͵ οὐκ ἄδηλον. Πάντα γὰρ τὰ μὲν μετ΄ αἰσθήσεως συμβαίνει͵ τὰ δὲ δι΄ αἰσθήσεως͵ ἔνια δὲ τὰ μὲν πάθη ταύτης ὄντα τυγχάνει͵ τὰ δ΄ ἕξεις͵ τὰ δὲ φυλακαὶ καὶ σωτηρίαι͵ τὰ δὲ φθοραὶ καὶ στερήσεις· ἡ δ΄ αἴσθησις ὅτι διὰ σώματος γίγνεται τῇ ψυχῇ͵ δῆλον καὶ διὰ τοῦ λόγου καὶ τοῦ λόγου χωρίς. § 7. Ἀλλὰ περὶ μὲν αἰσθήσεως καὶ τοῦ αἰσθάνεσθαι͵ τί ἐστι καὶ διὰ τί συμβαίνει τοῖς ζῴοις τοῦτο τὸ πάθος͵ εἴρηται πρότερον ἐν τοῖς περὶ ψυχῆς. § 8. Τοῖς δὲ ζῴοις͵ ᾗ μὲν ζῷον ἕκαστον͵ ἀνάγκη ὑπάρχειν αἴσθησιν· τούτῳ γὰρ τὸ ζῷον εἶναι καὶ μὴ ζῷον διορίζομεν. Ἰδίᾳ δ΄ ἤδη καθ΄ ἕκαστον ἡ μὲν ἁφὴ καὶ γεῦσις ἀκολουθεῖ πᾶσιν ἐξ ἀνάγκης͵ ἡ μὲν ἁφὴ διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν ἐν τοῖς περὶ ψυχῆς͵ ἡ δὲ γεῦσις διὰ τὴν τροφήν· τὸ γὰρ ἡδὺ διακρίνει καὶ τὸ λυπηρὸν αὐτῇ περὶ τὴν τροφήν͵ ὥστε τὸ μὲν φεύγειν τὸ δὲ διώκειν͵ καὶ ὅλως ὁ χυμός ἐστι τοῦ θρεπτικοῦ πάθος. § 9. Αἱ δὲ διὰ τῶν ἔξωθεν αἰσθήσεις τοῖς πορευτικοῖς αὐτῶν͵ οἷον ὄσφρησις καὶ ἀκοὴ καὶ ὄψις͵ πᾶσι μὲν τοῖς ἔχουσι σωτηρίας ἕνεκεν ὑπάρχουσιν͵ ὅπως διώκωσί τε προαισθανόμενα τὴν τροφὴν καὶ τὰ φαῦλα καὶ τὰ φθαρτικὰ (437a) φεύγωσι͵ τοῖς δὲ καὶ φρονήσεως τυγχάνουσι τοῦ εὖ ἕνεκα· πολλὰς γὰρ εἰσαγγέλλουσι διαφοράς͵ ἐξ ὧν ἥ τε τῶν νοητῶν ἐγγίνεται φρόνησις καὶ ἡ τῶν πρακτῶν. § 10. Αὐτῶν δὲ τούτων πρὸς μὲν τὰ ἀναγκαῖα κρείττων ἡ ὄψις καθ΄ αὑτήν͵ πρὸς δὲ νοῦν κατὰ συμβεβηκὸς ἡ ἀκοή. Διαφορὰς μὲν γὰρ πολλὰς καὶ παντοδαπὰς ἡ τῆς ὄψεως εἰσαγγέλλει δύναμις διὰ τὸ πάντα τὰ σώματα μετέχειν χρώματος͵ ὥστε καὶ τὰ κοινὰ διὰ ταύτης αἰσθάνεσθαι μάλιστα (λέγω δὲ κοινὰ μέγεθος͵ σχῆμα͵ κίνησιν͵ ἀριθμόν)͵ ἡ δ΄ ἀκοὴ τὰς τοῦ ψόφου διαφορὰς μόνον͵ ὀλίγοις δὲ καὶ τὰς τῆς φωνῆς· κατὰ συμβεβηκὸς δὲ πρὸς φρόνησιν ἡ ἀκοὴ πλεῖστον συμβάλλεται μέρος. Ὁ γὰρ λόγος αἴτιός ἐστι τῆς μαθήσεως ἀκουστὸς ὤν͵ οὐ καθ΄ αὑτὸν ἀλλὰ κατὰ συμβεβηκός· ἐξ ὀνομάτων γὰρ σύγκειται͵ τῶν δ΄ ὀνομάτων ἕκαστον σύμβολόν ἐστιν.
§ 11. Διόπερ φρονιμώτεροι τῶν ἐκ γενετῆς ἐστερημένων εἰσὶν ἑκατέρας τῆς αἰσθήσεως οἱ τυφλοὶ τῶν ἐνεῶν καὶ κωφῶν.
§ 12. Περὶ μὲν οὖν τῆς δυνάμεως ἣν ἔχει τῶν αἰσθήσεων ἑκάστη͵ πρότερον εἴρηται.
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Traduction française :
[1] CHAPITRE PREMIER.
§ 1. Nous avons antérieurement étudié l'âme en elle-même, et les facultés que possèdent chacune des parties qui la composent; c'est continuer le même sujet que de rechercher dans les animaux, et même dans tous les êtres qui jouissent de la vie, quelles sont les fonctions qui sont spéciales et celles qui sont communes. Supposons donc connu tout ce qui a été dit de l'âme, et parlons ici du reste en commençant par les choses principales.
§ 2. Les facultés les plus importantes, tant celles qui sont communes que celles qui sont spéciales dans les animaux, paraissent appartenir en commun à l'âme et au corps : par exemple la sensibilité, la mémoire, la passion, le désir, et en général l'appétit; et l'on y peut ajouter le plaisir et la peine. La plupart des animaux possèdent ces facultés.
§ 3. En outre, il y a d'autres fonctions, dont les unes appartiennent communément à tous les êtres qui jouissent de la vie, et dont les autres ne sont accordées qu'à quelques-uns des animaux. Les plus essentielles, qui seules forment quatre couples où elles sont réunies deux à deux, sont : la veille et le sommeil, la jeunesse et la vieillesse, l'inspiration et l'expiration, enfin la vie et la mort.
§ 4. Nous analyserons chacun de ces phénomènes, et nous verrons ce qu'ils sont et quelles causes les produisent.
§ 5. Il appartient encore au naturaliste de rechercher quels sont les premiers principes de la santé et de la maladie , puisque la santé et la maladie ne sauraient s'appliquer à des êtres privés de la vie. Aussi la plupart de ceux qui s'occupent de la nature, et, parmi les médecins, ceux qui comprennent le plus philosophiquement leur art, arrivent, d'une part, de l'étude de la nature à la médecine, qui l'achève; et d'autre part, (436b) commencent les études médicales par l'étude de la nature. § 6. Les fonctions énoncées plus haut sont évidemment communes au corps et à l'âme; et ce qui le prouve, c'est que toutes se manifestent, soit en même temps que la sensation, soit à la suite de la sensation. Quelques-unes ne sont que des modifications de la sensibilité et de ses manières d'être; d'autres en sont la garantie et l'exercice régulier ; les autres, au contraire, en sont la perte et la privation. Or, s'il est quelque chose d'évident, c'est que la sensation n'arrive à l'âme que par le corps; et l'on peut s'en convaincre à la fois, et par le raisonnement, et sans le raisonnement. § 7. Mais nous avons déjà dit, dans le Traité de l'Ame, ce que c'est que la sensation et ce que c'est que sentir; et nous y avons expliqué le rôle que joue cette faculté dans les animaux. Tout animal doit de toute nécessité, en tant qu'animal, être doué de sensibilité ; car c'est par ce caractère que nous avons essentiellement distingué ce qui est animal de ce qui n'est point animal. § 8. Tous les animaux spécialement, et chacun comme tel, possèdent nécessairement les deux sens du toucher et du goût : le toucher, par la raison qui a été exposée dans le Traité de l'Ame; et le goût, en vue de l'alimentation. C'est ce sens, en effet, qui discerne dans les aliments ce qui plaît et ce qui est désagréable, afin que l'animal fuie l'un et recherche l'antre; et, en général, la saveur est l'affection propre de la partie de l'âme qui a le sens du goût. § 9. Les sensations provoquées par les choses extérieures, dans ceux des animaux qui sont doués de mouvement, et, par exemple, celles de l'odorat, de l'ouïe et de la vue, sont données à tous ceux qui en jouissent pour assurer leur conservation. Grâce à elles, après avoir senti préalablement leur nourriture, ils la recherchent; (437a) et ils fuient ce qui leur semble mauvais et dangereux. Mais dans les animaux qui sont doués en outre de la réflexion, ces facultés ont pour but d'assurer leur bien-être; elles leur apprennent à distinguer dans les choses une multitude de différences, qui leur fournissent la connaissance, et des choses que leur intelligence peut penser, et de celles qu'ils doivent faire. §10. De toutes ces facultés, la plus importante pour les besoins de l'animal, ainsi qu'en elle-même, c'est la vue; mais pour l'intelligence, bien qu'indirectement, c'est l'ouïe. Ainsi la faculté de la vue nous révèle dans les choses les différences les plus nombreuses et les plus variées ; car tous les corps, sans exception, ont couleur. Par suite, c'est surtout la vue qui nous en fait percevoir les propriétés communes ; j'appelle propriétés communes, la figure, la grandeur, le mouvement, le repos, le nombre. Au contraire, l'ouïe ne fournit, en général, que les différences du son ; et, pour quelques êtres, elle fournit aussi les différences de la voix. Mais indirectement , c'est l'ouïe qui rend les plus grands services à la pensée, puisque c'est le langage qui est cause que l'homme s'instruit, et que le langage est perçu par l'ouïe, non pas, il est vrai, en lui-même, mais indirectement. C'est que le langage se compose de mots, et que les mots ne sont jamais que des signes. § 11. Voilà bien pourquoi, parmi les hommes qui de naissance manquent de l'un de ces sens, les aveugles-nés sont plus intelligents que les sourds-muets.
§ 12 . Du reste, on a traité antérieurement des avantages spéciaux de chacun des sens.
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