Texte grec :
[2,33] CHAPITRE XXXIII.
§ 1. Δεῖ δὲ καὶ κατανοεῖν ὅτι πάντων τῶν λόγων οἱ μέν εἰσι ῥᾴους κατιδεῖν, οἱ δὲ χαλεπώτεροι, παρὰ τί καὶ ἐν τίνι παραλογίζονται τὸν ἀκούοντα, πολλάκις οἱ αὐτοὶ ἐκείνοις ὄντες· τὸν αὐτὸν γὰρ λόγον δεῖ καλεῖν τὸν παρὰ ταὐτὸ γινόμενον. Ὁ αὐτὸς δὲ λόγος τοῖς μὲν παρὰ τὴν λέξιν τοῖς δὲ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς τοῖς δὲ παρ´ ἕτερον δόξειεν ἂν εἶναι διὰ τὸ μεταφερόμενον ἕκαστον μὴ ὁμοίως εἶναι δῆλον. § 2. Ὥσπερ οὖν ἐν τοῖς παρὰ τὴν ὁμωνυμίαν, ὅσπερ δοκεῖ τρόπος εὐηθέστατος εἶναι τῶν παραλογισμῶν, τὰ μὲν καὶ τοῖς τυχοῦσίν ἐστι δῆλα (καὶ γὰρ οἱ λόγοι σχεδὸν οἱ γελοῖοι πάντες εἰσὶ παρὰ τὴν λέξιν, οἷον "Ἀνὴρ ἐφέρετο κατὰ κλίμακος δίφρον", καὶ "Ποῖ στέλλεσθε;" "Πρὸς τὴν κεραίαν", καὶ "Ποτέρα τῶν βοῶν ἔμπροσθεν τέξεται;" "Οὐδετέρα, ἀλλ´ ὄπισθεν ἄμφω", καὶ "Καθαρὸς ὁ βορέας;" "Οὐ δῆτα· ἀπεκτόνηκε γὰρ τὸν πτωχὸν κατῳνωμένον". "Ἆρ´ Εὔαρχος;" "Οὐ δῆτα, ἀλλ´ Ἀπολλωνίδης"· τὸν αὐτὸν δὲ τρόπον καὶ τῶν ἄλλων σχεδὸν οἱ πλεῖστοι)· τὰ δὲ καὶ τοὺς ἐμπειροτάτους φαίνεται λανθάνειν (σημεῖον δὲ τούτου ὅτι μάχονται πολλάκις περὶ τῶν ὀνομάτων, οἷον πότερον ταὐτὸ σημαίνει κατὰ πάντων τὸ ὂν καὶ τὸ ἕν, ἢ ἕτερον· τοῖς μὲν γὰρ δοκεῖ ταὐτὸ σημαίνειν τὸ ὂν καὶ τὸ ἕν, οἱ δὲ τὸν Ζήνωνος λόγον καὶ Παρμενίδου λύουσι διὰ τὸ πολλαχῶς φάναι τὸ ἓν λέγεσθαι καὶ τὸ ὄν). Ὁμοίως δὲ καὶ 〈τῶν〉 παρὰ τὸ συμβεβηκὸς καὶ παρὰ τῶν ἄλλων ἕκαστον οἱ μὲν ἔσονται ῥᾴους ἰδεῖν οἱ δὲ χαλεπώτεροι τῶν λόγων, καὶ λαβεῖν ἐν τίνι γένει, καὶ πότερον ἔλεγχος ἢ οὐκ ἔλεγχος, οὐ ῥᾴδιον ὁμοίως περὶ πάντων.
§ 3. Ἔστι δὲ δριμὺς λόγος ὅστις ἀπορεῖν ποιεῖ μάλιστα· δάκνει γὰρ οὗτος μάλιστα. § 4. Ἀπορία δ´ ἐστὶ διττή, ἡ μὲν ἐν τοῖς συλλελογισμένοις, ὅ τι ἀνέλῃ τις τῶν ἐρωτημάτων, ἡ δ´ ἐν τοῖς ἐριστικοῖς, πῶς εἴπῃ τις τὸ προταθέν. Διόπερ ἐν τοῖς συλλογιστικοῖς οἱ δριμύτεροι λόγοι ζητεῖν μᾶλλον ποιοῦσιν. § 5. Ἔστι δὲ συλλογιστικὸς μὲν λόγος δριμύτατος ἂν ἐξ ὅτι μάλιστα δοκούντων ὅτι μάλιστα ἔνδοξον ἀναιρῇ. Εἷς γὰρ ὢν ὁ λόγος μετατιθεμένης τῆς ἀντιφάσεως ἅπαντας ὁμοίους (183b) ἕξει τοὺς συλλογισμούς· ἀεὶ γὰρ ἐξ ἐνδόξων ὁμοίως ἔνδοξον ἀναιρήσει (ἢ κατασκευάσει), διόπερ ἀπορεῖν ἀναγκαῖον. Μάλιστα μὲν οὖν ὁ τοιοῦτος δριμύς, ὁ ἐξ ἴσου τὸ συμπέρασμα ποιῶν τοῖς ἐρωτήμασι, § 6. δεύτερος δ´ ὁ ἐξ ἁπάντων ὁμοίων· οὗτος γὰρ ὁμοίως ποιήσει ἀπορεῖν ὁποῖον τῶν ἐρωτημάτων ἀναιρετέον. § 7. Τοῦτο δὲ χαλεπόν· ἀναιρετέον μὲν γάρ, ὅ τι δ´ ἀναιρετέον ἄδηλον. Τῶν δ´ ἐριστικῶν δριμύτατος μὲν ὁ πρῶτον εὐθὺς ἄδηλος πότερον συλλελόγισται ἢ οὔ, καὶ πότερον παρὰ ψεῦδος ἢ διαίρεσίν ἐστιν ἡ λύσις· § 8. δεύτερος δὲ τῶν ἄλλων ὁ δῆλος μὲν ὅτι παρὰ διαίρεσιν ἢ ἀναίρεσίν ἐστι, μὴ φανερὸς δ´ ὢν διὰ τίνος τῶν ἠρωτημένων ἀναίρεσιν ἢ διαίρεσιν λυτέος ἐστίν, ἢ πότερον αὕτη παρὰ τὸ συμπέρασμα ἢ παρά τι τῶν ἐρωτημάτων ἐστίν.
§ 9. Ἐνίοτε μὲν οὖν ὁ μὴ συλλογισθεὶς λόγος εὐήθης ἐστίν, ἐὰν ᾖ λίαν ἄδοξα ἢ ψευδῆ τὰ λήμματα· ἐνίοτε δ´ οὐκ ἄξιος καταφρονεῖσθαι. Ὅταν μὲν γὰρ ἐλλείπῃ τι τῶν τοιούτων ἐρωτημάτων περὶ ἃ ὁ λόγος καὶ δι´ ἅ, (καὶ) μὴ προσλαβὼν τοῦτο καὶ μὴ συλλογισάμενος εὐήθης ὁ συλλογισμός· ὅταν δὲ τῶν ἔξωθεν, οὐκ εὐκαταφρόνητος οὐδαμῶς, ἀλλ´ ὁ μὲν λόγος ἐπιεικής, ὁ δ´ ἐρωτῶν ἠρώτηκεν οὐ καλῶς.
§ 10. Ἔστι δέ, ὥσπερ λύειν ὁτὲ μὲν πρὸς τὸν λόγον ὁτὲ δὲ πρὸς τὸν ἐρωτῶντα καὶ τὴν ἐρώτησιν ὁτὲ δὲ πρὸς οὐδέτερον τούτων—ὁμοίως καὶ ἐρωτᾶν ἔστι καὶ συλλογίζεσθαι καὶ πρὸς τὴν θέσιν καὶ πρὸς τὸν ἀποκρινόμενον καὶ πρὸς τὸν χρόνον, ὅταν ᾖ πλείονος χρόνου δεομένη ἡ λύσις (ἢ) τοῦ παρόντος καιροῦ τοῦ διαλεχθῆναι πρὸς τὴν λύσιν.
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Traduction française :
[2,33] CHAPITRE XXXIII.
§ 1. Il faut remarquer aussi que, parmi tous les paralogismes, il est facile pour les uns et difficile pour les autres, de voir sur quel point et de quelle manière ils font illusion à l'auditeur, parce qu'ils se confondent souvent les uns avec les autres à cause de leur ressemblance. En effet il faut appeler identique le raisonnement qui a le même point de départ, et cette identité paraît; tenir tantôt au mot, tantôt à l'accident, et tantôt à une autre cause encore, parce que toutes les fois qu'il y a quelque changement, les choses ne sont plus également évidentes. § 2. C'est donc comme pour les cas d'homonymie, et c'est là, ce semble, la source la plus ordinaire des paralogismes. Parmi ces cas, les uns sont évidents, même aux gens les moins exercés. En effet, presque tous les raisonnements ridicules jouent sur les mots mêmes. Par exemple, un homme portait sur l'échelle un char. Et comment allez-vous? À la voile. Laquelle des deux vaches mettra bas devant? Aucune : mais toutes les deux mettront bas par derrière. Borée est-il pur? Non, car il a tué le mendiant et le marchand. Est-ce Evarque? Non, c'est Apollonide. Et de même pour presque tous les autres jeux de mots. D'autres cas d'homonymie, au contraire, échappent aux plus habiles : et la preuve, c'est que souvent ils bataillent sur les mots. Ainsi, par exemple, l'un et l'être se confondent-ils dans tous les cas, ou sont-ils différents? C'est qu'en effet, pour certains philosophes, l'être et l'un semblent exprimer tout à fait la même chose; d'autres, au contraire, résolvent le paralogisme de Zénon et de Parménide, en prétendaut que l'être et l'un ont plusieurs sens. Et de même pour les paralogismes de l'accident et pour chacun des autres. Les uns seront plus faciles à découvrir, les autres plus difficiles, et il n'est pas également aisé pour tous de savoir dans quel genre ils sont, et s il y a ou non réfutation véritable.
§ 3. L'argumentation la plus redoutable est celle qui soulève le plus de doutes; car c'est celle qui gêne le plus. § 4. Le doute est de deux sortes : ainsi, dans les raisonnements vraiment réguliers, on ne sait quelle est celle des questions que l'on doit nier : et, dans les discussions purement contentieuses, on ne sait comment exprimer la chose qu'on veut soutenir. Et voilà pourquoi, dans les raisonnements syllogistiques, les plus embarrassants sont ceux qui font le plus chercher. § 5. Le raisonnement syllogistique qui est le plus embarrassant de tous, est celui par lequel on détruit ou l'on établit l'opinion la plus probable, par les opinions les plus probables aussi; car le raisonnement, tout en restant unique, pourra, (183b) rien que par un déplacement de la contradiction, recevoir toutes les mêmes conclusions. C'est qu'en effet on peut toujours, par des propositions probables, renverser ou établir une proposition qui n'est qu'également probable ; et c'est là ce qui cause nécessairement le doute. Ainsi, le raisonnement le plus embarrassant est celui où la conclusion est aussi forte que les questions. § 6. Celui qui vient le second, à cet égard, est celui où toutes les propositions sont égales ; car alors l'embarras est égal pour savoir quelle est celle des questions qu'il faut attaquer. Or, il est difficile de le savoir; on voit bien qu'il faut en détruire une; mais laquelle? c'est ce qu'on ignore. § 7. Parmi les raisonnements contentieux, le plus embarrassant, c'est celui dont on ne sait d'abord s'il conclut ou ne conclut pas, et si la solution doit en être cherchée dans la proposition fausse ou dans la division. § 8. Le second, en difficulté, est celui dont on voit bien qu'il doit être résolu par la division ou la négation, mais dont on ne sait sur quelle proposition on doit faire porter la négation ou la division pour le résoudre, la solution pouvant se rapporter également à la conclusion ou à l'une des questions.
§ 9. Quelquefois aussi le raisonnement qui ne conclut pas ne mérite aucune attention, si les données sont par trop improbables, ou si elles sont fausses. Quelquefois, cependant, il n'est pas digne de ce mépris. En effet, lorsqu'une de ces questions vient à être oubliée, sur laquelle et par laquelle le raisonnement s'établit, et que, négligeant de l'ajouter, on ne peut arriver à conclure, c'est alors que le syllogisme est parfaitement vain. Mais quand c'est par des motifs tout extérieurs qu'il ne conclut pas, il n'est pas du tout à mépriser ; car le raisonnement est bon, mais c'est celui qui interroge qui n'a pas bien interrogé.
§ 10. De même que l'on peut trouver la solution en s'en prenant tantôt au raisonnement, tantôt à celui qui questionne, tantôt à la question, et tantôt à toute autre autre chose; de même aussi, on peut interroger et conclure en s'en prenant à la thèse, ou à celui qui répond, ou même au temps, quand la solution exigerait plus de temps que l'on n'en peut donner pour discuter actuellement la solution présentée.
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