Texte grec :
[2,20] CHAPITRE XX.
§ 1. Φανερὸν δὲ καὶ τοὺς παρὰ τὴν διαίρεσιν καὶ σύνθεσιν πῶς λυτέον· ἂν γὰρ διαιρούμενος καὶ συντιθέμενος ὁ λόγος ἕτερον σημαίνῃ, συμπεραινομένου τοὐναντίον λεκτέον. § 2. Εἰσὶ δὲ πάντες οἱ τοιοῦτοι λόγοι παρὰ τὴν σύνθεσιν ἢ διαίρεσιν· "ἆρ´ ᾧ εἶδες σὺ τοῦτον τυπτόμενον, τούτῳ ἐτύπτετο οὗτος; καὶ ᾧ ἐτύπτετο, τούτῳ σὺ εἶδες;". § 3. Ἔχει μὲν οὖν τι κἀκ τῶν ἀμφιβόλων (178a) ἐρωτημάτων, ἀλλ´ ἔστι παρὰ σύνθεσιν. Οὐ γάρ ἐστι διττὸν τὸ παρὰ τὴν διαίρεσιν· οὐ γὰρ ὁ αὐτὸς λόγος γίνεται, διαιρούμενος, εἴπερ μὴ 〈ὡς〉 καὶ τὸ "ὄρος", (καὶ) "ὅρος" τῇ προσῳδίᾳ λεχθέν, σημαίνει ἕτερον. Ἀλλ´ ἐν μὲν τοῖς γεγραμμένοις τὸ αὐτὸ 〈τὸ〉 ὄνομα, ὅταν ἐκ τῶν αὐτῶν στοιχείων γεγραμμένον ᾖ καὶ ὡσαύτως (κἀκεῖ δ´ ἤδη παράσημα ποιοῦνται), τὰ δὲ φθεγγόμενα οὐ ταὐτά. § 4. Ὥστ´ οὐ διττὸν τὸ παρὰ διαίρεσιν. Φανερὸν δὲ καὶ ὅτι οὐ πάντες οἱ ἔλεγχοι παρὰ τὸ διττόν, καθάπερ τινές φασιν.
§ 5. Διαιρετέον οὖν τῷ ἀποκρινομένῳ· οὐ γὰρ ταὐτὸ 〈τὸ〉 ἰδεῖν "Τοῖς ὀφθαλμοῖς τυπτόμενον" καὶ τὸ φάναι "ἰδεῖν τοῖς ὀφθαλμοῖς" τυπτόμενον. § 6. Καὶ ὁ Εὐθυδήμου δὲ λόγος "Ἆρ´ οἶδας σὺ νῦν οὔσας ἐν Πειραιεῖ τριήρεις ἐν Σικελίᾳ ὤν;" § 7. καὶ πάλιν "Ἆρ´ ἔστιν ἀγαθὸν ὄντα σκυτέα μοχθηρὸν εἶναι; εἴη δ´ ἄν τις ἀγαθὸς ὢν σκυτεὺς μοχθηρός· ὥστ´ ἔσται ἀγαθὸς σκυτεὺς μοχθηρός". § 8. "Ἆρ´ ὧν αἱ ἐπιστῆμαι σπουδαῖαι, σπουδαῖα τὰ μαθήματα; τοῦ δὲ κακοῦ σπουδαία ἡ ἐπιστήμη· σπουδαῖον ἄρα μάθημα τὸ κακόν. Ἀλλὰ μὴν καὶ κακὸν καὶ μάθημα τὸ κακόν, ὥστε κακὸν μάθημα τὸ κακόν. Ἀλλ´ ἔστι κακῶν σπουδαία ἡ ἐπιστήμη." § 9. "Ἆρ´ ἀληθὲς εἰπεῖν νῦν ὅτι σὺ γέγονας; γέγονας ἄρα νῦν." Ἢ ἄλλο σημαίνει διαιρεθέν; ἀληθὲς γὰρ εἰπεῖν νῦν ὅτι σὺ γέγονας, ἀλλ´ οὐ "Νῦν γέγονας". "§ 10. Ἆρ´ ὡς δύνασαι καὶ ἃ δύνασαι, οὕτως καὶ ταῦτα ποιήσαις ἄν; οὐ κιθαρίζων δ´ ἔχεις δύναμιν τοῦ κιθαρίζειν· κιθαρίσαις ἂν ἄρα οὐ κιθαρίζων." Ἢ οὐ τούτου ἔχει τὴν δύναμιν, τοῦ οὐ κιθαρίζων κιθαρίζειν, ἀλλ´, ὅτε οὐ ποιεῖ, τοῦ ποιεῖν. § 11. Λύουσι δέ τινες τοῦτον καὶ ἄλλως. Εἰ γὰρ ἔδωκεν ὡς δύναται ποιεῖν, οὔ φασι συμβαίνειν μὴ κιθαρίζοντα κιθαρίζειν· οὐ γὰρ πάντως ὡς δύναται ποιεῖν δεδόσθαι ποιήσειν· οὐ ταὐτὸ δ´ εἶναι ὡς δύναται καὶ πάντως ὡς δύναται ποιεῖν. § 12. Ἀλλὰ φανερὸν ὅτι οὐ καλῶς λύουσιν· τῶν γὰρ παρὰ ταὐτὸν λόγων ἡ αὐτὴ λύσις, αὕτη δ´ οὐχ ἁρμόσει ἐπὶ πάντας οὐδὲ πάντως ἐρωτωμένοις, ἀλλ´ ἔστι πρὸς τὸν ἐρωτῶντα, οὐ πρὸς τὸν λόγον.
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Traduction française :
[2,20] CHAPITRE XX.
§ 1. On voit aussi clairement comment il faut résoudre les réfutations qui tiennent à la division et à la réunion de certains mots; car, si la proposition divisée ou combinée a un sens différent, il faut soutenir le contraire de la conclusion. § 2. Mais tous les raisonnements captieux qui se fondent sur la division et la combinaison, sont du genre des suivants : Ce par quoi tu as vu cet homme frappé, est-ce par cela qu'il a été frappé? et ce par quoi il a été frappé, est-ce par cela que tu l'as vu? § 3. Il y a aussi dans cet exemple l'une des questions (178a) qui est amphibologique : mais le paralogisme tient surtout à la combinaison; car le double sens ne subsiste pas après la division, parce que la proposition n'est plus la même quand elle est.divisée. Ne suffit-il pas d'un simple changement dans la prosodie, pour que le même mot signifie autre chose ? Mais ce mot est le même dans sa forme écrite, puisqu'il est écrit des mêmes lettres et de la même manière; or, là aussi il y a des signes qui font que les mots dans la prononciation ne sont plus les mêmes; ainsi, une fois la division faite, le double sens disparaît. § 4. II est évident aussi que toutes les réfutations ne viennent pas, sans exception, de ce que le sens est double, ainsi que quelques-uns le prétendent.
§ 5. Il faut donc diviser quand on répond, car ce n'est pas la même chose de dire qu'on a vu de ses yeux tel homme frappé, et de dire qu'on a vu tel homme frappé de ses yeux. § 6. C'est là aussi le raisonnement d'Euthydème : Est-ce que tu vois, étant en Sicile, les galères qui sont maintenant dans le Pirée? § 7. Ou bien encore, est-ce qu'étant un bon tanneur il est possible d'être mauvais ? Or, quelqu'un qui est bon tanneur pourrait être mauvais, de sorte qu'il sera un tanneur mauvais. § 8. L'apprentissage des choses dont la science est bonne est-il bon aussi ? Or, l'apprentissage du mal est-il bon ? donc le mal est un bon apprentissage. Mais le mal est mal et apprentissage à la fois : donc le mal est un mauvais apprentissage. Mais la science de ce qui est mal est bonne. § 9. Est-il vrai de dire maintenant que tu es né? tu es donc né maintenant? mais par la division cela signifie autre chose; car il est vrai de dire maintenant que tu es né, mais tu n'es pas né maintenant. § 10. Fais-tu les choses que tu peux de la façon que tu peux les faire? Bien que tu ne joues pas de la cithare, tu as le pouvoir de jouer de la cithare; tu joues donc de la cithare sans jouer de la cithare. Ou bien ne doit-on pas dire qu'on n'a pas la puissance de jouer de la cithare quand on n'en joue pas, mais qu'on peut le faire quand on ne le fait pas? § 11. On résout encore autrement ce paralogisme; car si l'interlocuteur accorde qu'on fait comme on peut faire, on soutient qu'il n'en faut pas conclure qu'on joue de la cithare en n'en jouant pas. En effet, il n'a pas été accordé qu'il le fera de quelque façon qu'il puisse le faire ; car ce n'est pas la même chose de dire comme il peut, ou de dire de quelque façon qu'il puisse le faire. § 12. Mais évidemment, cette solution n'est pas bonne; car pour les raisonnements identiques, la solution est la même. Mais celle-ci ne conviendra pas à tous les raisonnements analogues ni à tous les interlocuteurs. Elle convient uniquement à celui qui interroge, et non pas au raisonnement lui-même.
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