HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, La Logique. La réfutation des sophistes. Première section (texte complet)



Texte grec :

[1,15] CHAPITRE ΧV. § 1. διαφέρει δ´ οὐ μικρὸν ἐὰν ταχθῇ πως τὰ περὶ τὴν ἐρώτησιν πρὸς τὸ λανθάνειν, ὥσπερ ἐν τοῖς διαλεκτικοῖς. Ἐφεξῆς οὖν τοῖς εἰρημένοις ταῦτα πρῶτον λεκτέον. § 2. Ἔστι δὴ πρὸς τὸ ἐλέγχειν ἓν μὲν μῆκος· χαλεπὸν γὰρ ἅμα πολλὰ συνορᾶν· εἰς δὲ τὸ μῆκος τοῖς προειρημένοις στοιχείοις χρηστέον. § 3. Ἓν δὲ τάχος· ὑστερίζοντες γὰρ ἧττον προορῶσιν. § 4. Ἔτι δ´ ὀργὴ καὶ φιλονεικία· ταραττόμενοι γὰρ ἧττον δύνανται φυλάττεσθαι πάντες· στοιχεῖα δὲ τῆς ὀργῆς τό τε φανερὸν ἑαυτὸν ποιεῖν βουλόμενον ἀδικεῖν καὶ τὸ παράπαν ἀναισχυντεῖν. § 5. Ἔτι τὸ ἐναλλὰξ τὰ ἐρωτήματα τιθέναι, ἐάν τε πρὸς ταὐτὸ πλείους τις ἔχῃ λόγους, ἐάν τε καὶ ὅτι οὕτως καὶ ὅτι οὐχ οὕτως· ἅμα γὰρ συμβαίνει πρὸς πλείω πρὸς τὰ ἐναντία ποιεῖσθαι τὴν φυλακήν. § 6. Ὅλως δὲ πάντα τὰ πρὸς τὴν κρύψιν λεχθέντα πρότερον χρήσιμα καὶ πρὸς τοὺς ἀγωνιστικοὺς λόγους· ἡ γὰρ κρύψις ἐστὶ τοῦ λαθεῖν χάριν, τὸ δὲ λαθεῖν τῆς ἀπάτης. § 7. Πρὸς δὲ τοὺς ἀνανεύοντας ἅττ´ ἂν οἰηθῶσιν εἶναι πρὸς τὸν λόγον, ἐξ ἀποφάσεως ἐρωτητέον ὡς τοὐναντίον βουλόμενον, καὶ ἐξ ἴσου ποιοῦντα τὴν ἐρώτησιν· ἀδήλου γὰρ ὄντος τοῦ τί βούλεται λαβεῖν ἧττον δυσκολαίνουσιν. § 8. Ὅταν τ´ ἐπὶ τῶν μερῶν διδῷ τις τὸ καθ´ ἕκαστον, ἐπάγοντα τὸ καθόλου πολλάκις οὐκ ἐρωτητέον ἀλλ´ ὡς δεδομένῳ χρηστέον· ἐνίοτε γὰρ καὶ αὐτοὶ οἴονται δεδωκέναι καὶ τοῖς ἀκούουσι φαίνονται διὰ τὴν τῆς ἐπαγωγῆς μνείαν, ὡς οὐκ ἂν ἠρωτημένα μάτην. § 9. Ἐν οἷς τε μὴ ὀνόματι σημαίνεται τὸ καθόλου ἀλλὰ τῇ ὁμοιότητι, χρηστέον πρὸς τὸ συμφέρον· λανθάνει γὰρ ἡ ὁμοιότης πολλάκις. § 10. Πρός τε τὸ λαβεῖν τὴν πρότασιν τοὐναντίον παραβάλλοντα (175a) χρὴ πυνθάνεσθαι· οἷον, εἰ δέοι λαβεῖν ὅτι δεῖ πάντα τῷ πατρὶ πείθεσθαι, "Πότερον ἅπαντα δεῖ πείθεσθαι τοῖς γονεῦσιν πάντ´ ἀπειθεῖν;" καὶ "Τὸ πολλάκις πολλά, πότερον πολλὰ συγχωρητέον ὀλίγα;" Μᾶλλον γάρ, εἴπερ ἀνάγκη, δόξειεν ἂν εἶναι πολλά· παρατιθεμένων γὰρ ἐγγὺς τῶν ἐναντίων καὶ μείω καὶ μείζω φαίνεται καὶ χείρω καὶ βελτίω τοῖς ἀνθρώποις. § 11. Σφόδρα δὲ καὶ πολλάκις ποιεῖ δοκεῖν ἐληλέγχθαι τὸ μάλιστα σοφιστικὸν συκοφάντημα τῶν ἐρωτώντων, τὸ μηδὲν συλλογισαμένους μὴ ἐρώτημα ποιεῖν τὸ τελευταῖον ἀλλὰ συμπεραντικῶς εἰπεῖν, ὡς συλλελογισμένους, "οὐκ ἄρα τὸ καὶ τό". § 12. Σοφιστικὸν δὲ καὶ τὸ κειμένου παραδόξου τὸ φαινόμενον ἀξιοῦν ἀποκρίνεσθαι, προκειμένου τοῦ δοκοῦντος ἐξ ἀρχῆς, καὶ τὴν ἐρώτησιν τῶν τοιούτων οὕτω ποιεῖσθαι, "πότερόν σοι δοκεῖ;" ἀνάγκη γάρ, ἂν ᾖ τὸ ἐρώτημα ἐξ ὧν ὁ συλλογισμός, ἔλεγχον παράδοξον γίνεσθαι, δόντος μὲν ἔλεγχον, μὴ δόντος δὲ μηδὲ δοκεῖν φάσκοντος ἄδοξον, μὴ δόντος δέ, δοκεῖν δ´ ὁμολογοῦντος, ἐλεγχοειδές. § 13. Ἔτι καθάπερ καὶ ἐν τοῖς ῥητορικοῖς, καὶ ἐν τοῖς ἐλεγκτικοῖς ὁμοίως τὰ ἐναντιώματα θεωρητέον πρὸς τὰ ὑφ´ ἑαυτοῦ λεγόμενα πρὸς οὓς ὁμολογεῖ καλῶς λέγειν πράττειν, ἔτι πρὸς τοὺς δοκοῦντας τοιούτους πρὸς τοὺς ὁμοίους, πρὸς τοὺς πλείστους πρὸς πάντας. § 14. Ὥσπερ τε καὶ ἀποκρινόμενοι πολλάκις, ὅταν ἐλέγχωνται, ποιοῦσι διττόν, ἂν μέλλῃ συμβαίνειν ἐλεγχθήσεσθαι, καὶ ἐρωτῶντας χρηστέον ποτὲ τούτῳ πρὸς τοὺς ἐνισταμένους—ἂν ὡδὶ μὲν συμβαίνῃ ὡδὶ δὲ μή, ὅτι οὕτως εἴληφεν, οἷον ὁ Κλεοφῶν ποιεῖ ἐν τῷ Μανδροβούλῳ. § 15. Δεῖ δὲ καὶ ἀφισταμένους τοῦ λόγου τὰ λοιπὰ τῶν ἐπιχειρημάτων ἐπιτέμνειν, καὶ ἀποκρινόμενον, ἂν προαισθάνηται, προενίστασθαι καὶ προαγορεύειν. § 16. Ἐπιχειρητέον δ´ ἐνίοτε καὶ πρὸς ἄλλα τοῦ εἰρημένου, ἐκεῖνο ἐκλαβόντας, ἐὰν μὴ πρὸς τὸ κείμενον ἔχῃ τις ἐπιχειρεῖν· ὅπερ ὁ Λυκόφρων ἐποίησε προβληθέντος λύραν ἐγκωμιάζειν. § 17. Πρὸς δὲ τοὺς ἀπαιτοῦντας πρὸς τί ἐπιχειρεῖ, ἐπειδὴ δοκεῖ δεῖν ἀποδιδόναι τὴν αἰτίαν, λεχθέντων δ´ ἐνίων εὐφυλακτότερον (τὸ καθόλου συμβαῖνον ἐν τοῖς ἐλέγχοις), λέγειν τὴν ἀντίφασιν, ὅτι ὃ ἔφησεν ἀπόφησι, ὃ ἀπέφησε φησί, ἀλλὰ μὴ ὅτι τῶν ἐναντίων ἡ αὐτὴ ἐπιστήμη οὐχ ἡ αὐτή. § 18. Οὐ δεῖ δὲ τὸ συμπέρασμα προτατικῶς ἐρωτᾶν. Ἔνια δ´ οὐδ´ ἐρωτητέον ἀλλ´ ὡς ὁμολογουμένοις χρηστέον. § 19. Ἐξ ὧν μὲν οὖν αἱ ἐρωτήσεις καὶ πῶς ἐρωτητέον ἐν ταῖς ἀγωνιστικαῖς διατριβαῖς, εἴρηται

Traduction française :

[1,15] CHAPITRE XV. {De la disposition des questions et des procédés de l'interrogation}. § 1. Il y a grande importance, pour cacher le but qu'on poursuit, de disposer les éléments de la question suivant une certaine méthode, comme dans la dialectique. Il faut donc parler de cet objet d'abord, à la suite de ce qui vient d'être dit. § 2. Une chose qui est utile pour réfuter, c'est la diffusion; car il est difficile de bien voir plusieurs choses à la fois. Il faut se servir pour la diffusion des moyens précédemment indiqués. § 3. Un second moyen, c'est la rapidité du raisonnement. Les interlocuteurs qui restent en arrière voient moins où on les conduit. § 4. On peut employer aussi la colère ou l'esprit de dispute ; car, lorsque l'on est troublé, on peut moins être sur ses gardes. Les éléments de la colère sont de montrer évidemment qu'on veut recourir à l'injustice, et surtout qu'on est prêt à ne rougir de rien. § 5. Il faut aussi bouleverser l'ordre naturel des questions, soit que l'on ait plusieurs arguments pour la même chose, soit qu'on soutienne que la chose est et n'est pas ainsi ; car l'adversaire doit à la fois se défendre, ou contre plusieurs choses, ou contre les contraires. § 6. Et tout ce qui a été dit plus haut sur les moyens de cacher sa pensée, est utile aussi dans les discussions contentieuses. On ne cache sa pensée que pour dissimuler son but, que pour tromper. § 7. A l'égard de ceux qui refusent ce qu'ils croient utile au raisonnement de l'adversaire, il faut les interroger par négation, comme si l'on voulait obtenir le contraire, ou du moins comme si l'on faisait la demande de l'un ou de l'autre avec une parfaite indifférence ; car, lorsqu'on ignore ce que veut obtenir l'adversaire, on fait moins de difficultés. § 8. Lorsque l'adversaire accorde parties à parties tous les cas particuliers, il faut souvent ne pas pousser l'induction en interrogeant jusqu'à l'universel; mais il faut s'en servir comme accordé. Bien plus, quelquefois l'adversaire lui-même croit l'avoir donné ; et c'est ce qui semble aussi aux auditeurs, parce qu'ils se souviennent de l'induction, et qu'ils pensent que les cas particuliers n'ont point été demandés en vain. § 9. Dans les cas où l'universel n'est point exprimé par un mot, il faut se servir de la ressemblance de ce qui s'en rapproche, selon que l'on en a besoin; car souvent la ressemblance est cachée. § 10. Mais pour obtenir la proposition qu'on veut, il faut interroger (175a) en faisant porter la comparaison sur les contraires. S'agit-il, par exemple, d'obtenir cette proposition, qu'il faut en tout obéir à son père, on peut demander s'il faut en tout obéir, ou désobéir en tout, à ses parents. Et si l'on veut prouver qu'il faut leur obéir souvent, on doit demander s'il faut avoir pour eux peu ou beaucoup de condescendance. En effet, il semblera plutôt que c'est beaucoup, puisqu'il faut nécessairement en avoir. En rapprochant ainsi les contraires, les choses paraissent avec toute leur grandeur; elles semblent plus grandes, meilleures, ou pires. § 11. Ce qui, très souvent, fait croire à la réfutation, c'est l'impudence sophistique de ceux qui interrogent, et qui, sans avoir fait de raisonnements, sans avoir fait une dernière question, n'en affirment pas moins sous forme de conclusion, comme s'ils avaient fait des Syllogismes réguliers : Donc telle chose n'est pas ; donc telle chose est. § 12. C'est encore un procédé sophistique de demander, que l'adversaire réponde ce qu'il lui a semblé un paradoxe que l'on a soutenu, bien qu'il ait dit son avis sur le sujet posé dès le principe, et de mettre en outre des questions de ce genre sous cette forme : Que vous semble? car si la question est composée des éléments mêmes du syllogisme, il faut nécessairement qu'on fasse une réfutation ou un paradoxe, ou une sorte de réfutation. Si l'on accorde la question, c'est une réfutation ; si on ne l'accorde pas et qu'on dise qu'on ne l'accepte pas, on soutient un paradoxe. Si on ne l'accorde pas, tout en disant que la chose est probable, on fait une sorte de réfutation. § 13. Comme dans la rhétorique, il faut voir aussi, dans les réfutations, aux contradictions que l'interlocuteur commet contre ce qu'il a dit lui-même, ou contre ce qu'ont dit ou fait ceux qui lui paraissent bien faire ou bien dire, ou contre ceux qui paraissent être ainsi, ou contre leurs semblables, ou du moins contre la plupart, si ce n'est contre tous. § 14. De même que souvent ceux qui répondent, quand ils se voient réfutés, font une distinction dans la question sur le point où la réfutation doit les atteindre, de même ceux qui interrogent peuvent se servir de ce moyen contre les objections, si l'objection a lieu dans un sens, et qu'elle n'ait pas lieu dans l'autre, en disant qu'on l'a prise dans le dernier sens, comme Cléophon le fait dans son Mandrobule. § 15. Il faut même, en s'éloignant du sujet, retrancher tout le reste des arguments ; mais celui qui répond, s'il s'en aperçoit d'abord, doit aller au-devant et le dire le premier. § 16.II faut diriger aussi ses arguments contre une chose différente de celle qui est en question, et s'y attacher quand on n'a point d'argument contre la question même. C'est ce que fit Lycophron, à qui l'on proposait de faire l'éloge d'une lyre. §17. Quand l'adversaire demande qu'on précise l'argument, parce qu'il lui paraît qu'il faut indiquer la cause de l'erreur, et qu'une fois certains points étant fixés, il est plus sur ses gardes, il faut, ce qui est général dans les réfutations, dire qu'on veut soutenir la contradiction, et nier ce que l'autre a dit, ou affirmer ce qu'il a nié. Mais il ne faut pas dire seulement que l'on prétend soutenir que la notion des contraires est ou n'est pas la même. § 18. Il ne faut pas demander la conclusion sous forme de proposition ; il ne faut pas non plus demander certaines choses, mais il faut les prendre comme accordées. § 19. On a donc expliqué d'où il faut tirer les questions, et comment il faut les poser dans les discussions contentieuses.





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Dernière mise à jour : 5/11/2009