HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, La Logique. La réfutation des sophistes. Première section (texte complet)



Texte grec :

[1,6] CHAPITRE VI. § 1. Ἢ δὴ οὕτως διαιρετέον τοὺς φαινομένους συλλογισμοὺς καὶ ἐλέγχους, ἢ πάντας ἀνακτέον εἰς τὴν τοῦ ἐλέγχου ἄγνοιαν, ἀρχὴν ταύτην ποιησαμένους· ἔστι γὰρ ἅπαντας ἀναλῦσαι τοὺς λεχθέντας τρόπους εἰς τὸν τοῦ ἐλέγχου διορισμόν. § 2. Πρῶτον μὲν εἰ ἀσυλλόγιστοι· δεῖ γὰρ ἐκ τῶν κειμένων συμβαίνειν τὸ συμπέρασμα ὥστε λέγειν ἐξ ἀνάγκης ἀλλὰ μὴ φαίνεσθαι. § 3. Ἔπειτα καὶ κατὰ τὰ μέρη τοῦ διορισμοῦ. Τῶν μὲν γὰρ ἐν τῇ λέξει οἱ μέν εἰσι παρὰ τὸ διττόν, οἷον ἥ τε ὁμωνυμία καὶ ὁ λόγος καὶ ἡ ὁμοιοσχημοσύνη (σύνηθες γὰρ τὸ πάντα ὡς τόδε τι σημαίνειν), ἡ δὲ σύνθεσις καὶ διαίρεσις καὶ προσῳδία τῷ μὴ τὸν αὐτὸν εἶναι τὸν λόγον ἢ τὸ ὄνομα τὸ διαφέρον. Ἔδει δὲ καὶ τοῦτο, καθάπερ καὶ τὸ πρᾶγμα ταὐτόν, εἰ μέλλει ἔλεγχος ἢ συλλογισμὸς ἔσεσθαι, οἷον εἰ λώπιον, μὴ ἱμάτιον συλλογίσασθαι ἀλλὰ λώπιον. Ἀληθὲς μὲν γὰρ κἀκεῖνο, ἀλλ´ οὐ συλλελόγισται, ἀλλ´ ἔτι ἐρωτήματος δεῖ εἰ ταὐτὸν σημαίνει, πρὸς τὸν ζητοῦντα τὸ διὰ τί. § 4. Οἱ δὲ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς ὁρισθέντος τοῦ συλλογισμοῦ φανεροὶ γίνονται. Τὸν αὐτὸν γὰρ ὁρισμὸν δεῖ καὶ τοῦ ἐλέγχου γίνεσθαι, πλὴν προσκεῖσθαι τὴν ἀντίφασιν· ὁ γὰρ ἔλεγχος συλλογισμὸς ἀντιφάσεως. Εἰ οὖν μὴ ἔστι συλλογισμὸς τοῦ συμβεβηκότος, οὐ γίνεται ἔλεγχος. Οὐ γὰρ εἰ τούτων ὄντων ἀνάγκη τόδ´ εἶναι (τοῦτο δ´ ἐστὶ λευκόν), ἀνάγκη λευκὸν εἶναι διὰ τὸν συλλογισμόν. Οὐδ´ εἰ τὸ τρίγωνον (169a) δυοῖν ὀρθαῖν ἴσας ἔχει, συμβέβηκε δ´ αὐτῷ σχήματι εἶναι ἢ πρώτῳ ἢ ἀρχῇ, ὅτι σχῆμα ἢ ἀρχὴ ἢ πρῶτον τοῦτό ἐστιν· οὐ γὰρ ᾗ σχῆμα οὐδ´ ᾗ πρῶτον ἀλλ´ ᾗ τρίγωνον ἡ ἀπόδειξις. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Ὥστ´ εἰ ὁ ἔλεγχος συλλογισμός τις, οὐκ ἂν εἴη ὁ κατὰ συμβεβηκὸς ἔλεγχος. Ἀλλὰ παρὰ τοῦτο καὶ οἱ τεχνῖται καὶ ὅλως οἱ ἐπιστήμονες ὑπὸ τῶν ἀνεπιστημόνων ἐλέγχονται· κατὰ συμβεβηκὸς γὰρ ποιοῦνται τοὺς συλλογισμοὺς πρὸς τοὺς εἰδότας· οἱ δ´ οὐ δυνάμενοι διαιρεῖν ἢ ἐρωτώμενοι διδόασιν ἢ οὐ δόντες οἴονται δεδωκέναι. § 5. Οἱ δὲ παρὰ τὸ πῂ καὶ ἁπλῶς, ὅτι οὐ τοῦ αὐτοῦ ἡ κατάφασις καὶ ἡ ἀπόφασις. Τοῦ γὰρ πῂ λευκοῦ τὸ πῂ οὐ λευκόν, τοῦ δ´ ἁπλῶς λευκοῦ τὸ ἁπλῶς οὐ λευκὸν ἀπόφασις· εἰ οὖν δόντος πῂ εἶναι λευκὸν ὡς ἁπλῶς εἰρημένου λαμβάνει, οὐ ποιεῖ ἔλεγχον, φαίνεται δὲ διὰ τὴν ἄγνοιαν τοῦ τί ἐστιν ἔλεγχος. § 6. Φανερώτατοι δὲ πάντων οἱ πρότερον λεχθέντες παρὰ τὸν τοῦ ἐλέγχου διορισμόν· διὸ καὶ προσηγορεύθησαν οὕτως· παρὰ γὰρ τοῦ λόγου τὴν ἔλλειψιν ἡ φαντασία γίνεται, καὶ διαιρουμένοις οὕτως κοινὸν ἐπὶ πᾶσι τούτοις θετέον τὴν τοῦ λόγου ἔλλειψιν. § 7. Οἱ δὲ παρὰ τὸ λαμβάνειν τὸ ἐν ἀρχῇ καὶ τὸ ἀναίτιον ὡς αἴτιον τιθέναι δῆλοι διὰ τοῦ ὁρισμοῦ. Δεῖ γὰρ τὸ συμπέρασμα "τῷ ταῦτ´ εἶναι" συμβαίνειν, ὅπερ οὐκ ἦν ἐν τοῖς ἀναιτίοις· καὶ πάλιν "μὴ ἐναριθμουμένου τοῦ ἐξ ἀρχῆς", ὅπερ οὐκ ἔχουσιν οἱ παρὰ τὴν αἴτησιν τοῦ ἐν ἀρχῇ. § 8. Οἱ δὲ παρὰ τὸ ἑπόμενον μέρος εἰσὶ τοῦ συμβεβηκότος· τὸ γὰρ ἑπόμενον συμβέβηκε. Διαφέρει δὲ τοῦ συμβεβηκότος, ὅτι τὸ μὲν συμβεβηκὸς ἔστιν ἐφ´ ἑνὸς μόνου λαβεῖν, οἷον ταὐτὸ εἶναι τὸ ξανθὸν καὶ μέλι, καὶ τὸ λευκὸν καὶ κύκνον, τὸ δὲ παρὰ τὸ ἑπόμενον ἀεὶ ἐν πλείοσιν· τὰ γὰρ ἑνὶ καὶ ταὐτῷ ταὐτὰ καὶ ἀλλήλοις ἀξιοῦμεν εἶναι ταὐτά· διὸ γίνεται παρὰ τὸ ἑπόμενον ἔλεγχος. Ἔστι δ´ οὐ πάντως ἀληθές, οἷον ἂν ᾖ κατὰ συμβεβηκός· καὶ γὰρ ἡ χιὼν καὶ ὁ κύκνος τῷ λευκῷ ταὐτόν. Ἢ πάλιν, ὡς ἐν τῷ Μελίσσου λόγῳ, τὸ αὐτὸ εἶναι λαμβάνει τὸ γεγονέναι καὶ ἀρχὴν ἔχειν, ἢ τὸ ἴσοις γίνεσθαι καὶ ταὐτὸ μέγεθος λαμβάνειν. Ὅτι γὰρ τὸ γεγονὸς ἔχει ἀρχήν, καὶ τὸ ἔχον ἀρχὴν γεγονέναι ἀξιοῖ, ὡς ἄμφω ταὐτὰ ὄντα τῷ ἀρχὴν ἔχειν, τό τε γεγονὸς καὶ τὸ πεπερασμένον. Ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἴσων γινομένων, (169b) εἰ τὰ τὸ αὐτὸ μέγεθος καὶ ἓν λαμβάνοντα ἴσα γίνεται, καὶ τὰ ἴσα γινόμενα ἓν μέγεθος λαμβάνειν. Ὥστε τὸ ἑπόμενον λαμβάνει. Ἐπεὶ οὖν ὁ παρὰ τὸ συμβεβηκὸς ἔλεγχος ἐν τῇ ἀγνοίᾳ τοῦ ἐλέγχου, φανερὸν ὅτι καὶ ὁ παρὰ τὸ ἑπόμενον. Ἐπισκεπτέον δὲ τοῦτο καὶ ἄλλως. § 9. Οἱ δὲ παρὰ τὸ τὰ πλείω ἐρωτήματα ἓν ποιεῖν ἐν τῷ μὴ διαρθροῦν ἡμᾶς τὸν τῆς προτάσεως λόγον. γὰρ πρότασίς ἐστιν ἓν καθ´ ἑνός· ὁ γὰρ αὐτὸς ὅρος ἑνὸς μόνου καὶ ἁπλῶς τοῦ πράγματος, οἷον ἀνθρώπου καὶ ἑνὸς μόνου ἀνθρώπου· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Εἰ οὖν μία πρότασις ἡ ἓν καθ´ ἑνὸς ἀξιοῦσα, καὶ ἁπλῶς ἔσται πρότασις ἡ τοιαύτη ἐρώτησις. Ἐπεὶ δ´ ὁ συλλογισμὸς ἐκ προτάσεων, ὁ δ´ ἔλεγχος συλλογισμός, καὶ ὁ ἔλεγχος ἔσται ἐκ προτάσεων. Εἰ οὖν ἡ πρότασις ἓν καθ´ ἑνός, φανερὸν ὅτι καὶ οὗτος ἐν τῇ τοῦ ἐλέγχου ἀγνοίᾳ· φαίνεται γὰρ εἶναι πρότασις ἡ οὐκ οὖσα πρότασις. Εἰ μὲν οὖν δέδωκεν ἀπόκρισιν ὡς πρὸς μίαν ἐρώτησιν, ἔσται ἔλεγχος· εἰ δὲ μὴ δέδωκεν ἀλλὰ φαίνεται, φαινόμενος ἔλεγχος. § 10. Ὥστε πάντες οἱ τόποι πίπτουσιν εἰς τὴν τοῦ ἐλέγχου ἄγνοιαν, οἱ μὲν οὖν παρὰ τὴν λέξιν, ὅτι φαινομένη ἡ ἀντίφασις, ὅπερ ἦν ἴδιον τοῦ ἐλέγχου, οἱ δ´ ἄλλοι παρὰ τὸν τοῦ συλλογισμοῦ ὅρον.

Traduction française :

[1,6] CHAPITRE VI. {On peut rapporter tous les paralogismes à l'ignorance de la définition vraie de la réfutation - Résumé.} § 1. C'est donc ainsi qu'il faut diviser les syllogismes apparents et les réfutations apparentes : ou l'on peut encore les ramener à l'ignorance de la réfutation, et partir de ce principe. En effet, on peut très bien rapporter toutes les nuances indiquées à la définition de la réfutation. § 2. D'abord, on le peut, si ces paralogismes ne sont pas concluants; car il faut que la conclusion sorte des données, de telle sorte qu'on la tire nécessairement, et que ce ne soit pas une simple apparence. § 3. Ensuite, on le peut même en ne s'attachant qu'aux parties de la définition. Ainsi, des paralogismes relatifs au mot, les uns viennent d'un double sens: par exemple, l'homonymie, l'amphibologie et la similitude de forme. On admet habituellement que tous ces paralogismes signifient quelque chose d'analogue. Quant à la combinaison, la division et la prosodie, elles forment des paralogismes parce que le sens n'est pas le même, ou que le mot est différent. Or, il faudrait que le mot fût identique, comme il faudrait que la chose le fût, pour qu'il y eût syllogisme ou réfutation. Par exemple, s'il s'agit de vêtement, il faut conclure non pas manteau, mais vêtement; car manteau peut être très vrai, mais on ne l'a pas mis dans le syllogisme. Il faut donc encore se faire accorder, par une nouvelle interrogation, que ce mot signifie la même chose que l'autre, si l'interlocuteur demande pourquoi on l'emploie. § 4. Les paralogismes relatifs à l'accident sont de toute évidence, quand on définit le syllogisme. Ainsi, il faut que la définition de la réfutation soit la même, si ce n'est qu'on y ajoute la contradiction ; car la réfutation n'est que le syllogisme de la contradiction. Si donc il n'y a pas de syllogisme de l'accident, il n'y a pas non plus de réfutation. En effet, si telles choses étant, il y a nécessité que telle autre chose soit, il ne s'ensuit pas que telle chose étant blanche il y ait nécessité que, par syllogisme, telle autre chose soit blanche. Il n'y a pu plus nécessité que le triangle (169a) ayant ses angles égaux à deux droits, et ayant pour accident d'être une figure, soit comme primitif, soit comme principe, la figure primitif ou principe, ait cette propriété du triangle. La démonstration de cette propriété se fait du triangle. non pas en tant qu'il est figure ou primitif, mais en tans que triangle. Et de même pour tous les autres cas. Ainsi donc, si la réfutation est une sorte de syllogisme, il n'y aura pas de réfutation venant de l'accident. Mais pour, tant c'est sur ce point-là que les artistes et les habiles, en général, sont réfutés par les ignorants; car ils font des syllogismes de l'accident contre ceux qui savent; mais ceux qui ne peuvent diviser la question, ou accordent ce qu'on leur demande, ou, sans l'avoir accordé, paraissent pourtant l'avoir concédé. § 5. Les réfutations par expression restrictive et absolue, ont lieu parce que la négation et l'affirmation ne s'appliquent pas à la même chose; car de ce qui est blanc en partie, la négation est ce qui n'est pas blanc en partie; de ce qui est blanc absolument, la négation est ce qui n'est pas blanc absolument. Si donc, lorsqu'on accorde que la chose est blanche en partie, l'adversaire suppose qu'elle l'est absolument, il ne fait pas une réfutation véritable; mais s'il paraît en faire une, c'est seulement parce qu'on ignore ce que c'est que la réfutation. § 6. Les plus évidents de tous les paralogismes sont ceux dont on a parlé d'abord, et qui sont relatifs à la définition de la réfutation. Voici pourquoi on les a nommés ainsi : c'est que cette apparence de réfutation se produit par l'absence même de la définition. Mais, en divisant les paralogismes, ainsi que nous l'avons fait, on peut dire qu'un vice commun à tous, c'est le défaut de définition. § 7. Ceux qui viennent de pétition de principe, et de ce qu'on prend pour cause ce qui ne l'est pas, ceux-là sont évidents par la définition même de la réfutation; car il faut que la conclusion ait lieu parce que telles propositions sont vraies, ce qui ne peut se faire avec des termes qui ne sont pas causes, et de plus en tenant compte du principe, ce que ne font pas les paralogisme par pétition de principe. § 8. Ceux qui ont lieu par consécution ne sont qu'une partie de ceux qui sont relatifs à l'accident; car le conséquent n'est qu'un accident. Mais il diffère de l'accident en ce que l'accident ne s'applique qu'à une seule chose par exemple, le blond et le miel sont la même chose, ainsi que le blanc et le cygne; mais le conséquent est toujours dans plusieurs choses. En effet, pour les choses qui sont identiques à une seule et même chose, nous admettons qu'elles sont identiques entre elles, et voilà comment a lieu la réfutation par consécution. Mais ce n'est pas absolument vrai, et par exemple, ceci est faux si une chose n'est blanche que par accident. Ainsi la neige le cygne sont identiques sous le rapport de la blancheur. Ou encore, c'est comme dans la définition de Mélissus qui suppose que naître et avoir un commencement c'est la même chose. Ou bien, c'est supposer qu'il y a identité entre devenir égal et prendre la même grandeur. En effet Mélissus pense que ce qui est né a un commencement et que ce qui a un commencement doit être né, comme si le créé et le fini étaient tous deux identiques, en ce qu'ils ont tous deux un commencement. Et de même pour les choses qui deviennent égales, (169b) si l'on suppose que les choses qui prennent une seule et même grandeur deviennent égales, et que les choses devenues égales reçoivent aussi une même grandeur. Ainsi Mélissus prend ici le conséquent pour le sujet même. Puis donc que la réfutation de l'accident vient de l'ignorance de la réfutation, il est évident qu'il en est de même du paralogisme par consécution. On peut encore examiner ceci d'une autre manière. § 9. Les réfutations qui se font parce qu'on réunit plusieurs questions en une seule, ont lieu parce qu'on ne démembre pas, et qu'on ne divise pas la définition de la proposition. La proposition est une seule chose dite pour une seule chose; car la même définition ne va qu'à une seule chose et absolument à cette seule chose: par exemple, la définition de l'homme ne va qu'à l'homme seul : et de même pour les autres cas. Si donc une proposition une et seule est celle qui ne prononce qu'une chose d'une seule chose, une interrogation de ce genre sera absolument aussi une proposition. Or, les syllogismes se composant de propositions, et la réfutation étant un syllogisme, la réfutation aussi se composera de propositions. Si donc la proposition n'énonce qu'une chose d'une seule chose, il est évident que le syllogisme rentre aussi dans l'ignorance de la réfutation. En effet, c'est alors une proposition qui paraît être proposition sans l'être réellement. Si donc l'on donne la réponse comme pour une seule demande, il y aura réfutation; si on ne l'a pas donnée, mais qu'on paraisse l'avoir donnée, ce ne sera qu'une réfutation apparente. § 10. En résumé donc, toutes ces nuances reviennent à l'ignorance de la réfutation, les unes relatives au mot parce qu'il y a contradiction apparente, ce qui était le propre de la réfutation, les autres parce qu'elles se rapportent à la définition du syllogisme.





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Dernière mise à jour : 5/11/2009